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Gangstérisme foncier sur des terres de l'aéroport : Le m2 bradé à 4 410 francs Cfa

C’est un très gros scandale qui plane au-dessus de l’aéroport international de Dakar. Les terres allant de la route de Ngor aux Mamelles ont été «offertes» à Mbackiou Faye, puisqu’elles ne lui ont été cédées qu’à 4 410 francs Cfa le m2.


Rédigé par leral.net le Mercredi 23 Juillet 2008 à 10:33 | | 0 commentaire(s)|

Le brouillard est en train de se lever sur le mystère qui flottait sur le terrassement d’un vaste espace allant de la route de Ngor aux Mamelles, dans l’enclos des terrains relevant du domaine de l’aéroport. Et le voile qui se lève, laisse la place à l’envol d’un gros scandale ayant comme point de départ la construction du Monument de la Renaissance africaine.
Dans la réalisation de ce projet, l’Etat en a profité tout simplement pour brader les terres de l’aéroport. C’est ainsi que 30 ha à distraire du titre foncier 4 407 ont été cédés à 4410 francs Cfa le m2. L’acquéreur de cette «aubaine» se trouve être la Sci Promobilière, dont le gérant n’est autre que M. Hamadoul Mbackiou Faye. Ainsi après morcellement, Mbackiou Faye se retrouve propriétaire des titres fonciers n° 14 842, 14 843, 14 909 et 14 910. A charge pour lui de les exploiter et d’en obtenir une bonne rentabilité financière. Car il a pour mission de rémunérer la société Mansudae Overseas Project Group, l’entreprise nord coréenne qui doit ériger sur une surface de 7 ha du titre foncier n° 10 940 dans une zone communément appelée ex-champ de tirs, le Monument de la Renaissance africaine.
Dans Le Quotidien n°1580 du mardi 15 avril 2008, il était question des terres que l’on devrait céder à l’entreprise coréenne en échange du travail accompli. Il est avéré aujourd’hui que les Coréens n’ont jamais vraiment été emballés par ce troc. Même si la proposition leur en a été faite. Leurs réticences se notaient dans le fait qu’ils se méfiaient des nombreuses paperasseries et autres démarches à faire pour obtenir ces terres, mais c’est surtout par le fait que ces espaces proposés se trouvaient dans une zone aéroportuaire. Et que, pour des raisons techniques et de sécurité évidentes, tout cela pourrait leur être arraché un beau jour.
Et c’est à ce niveau que se situe l’entrée en jeu de Mbackiou Faye. Là où l’on attendait la mairie de Dakar. En effet, comme a eu à le souligner l’architecte Pierre Goudiaby Atepa dans l’édition du journal Le Quotidien du 15 avril 2008, il ne restait plus que quelques détails à mettre au point. A savoir entre autres, «déterminer et localiser les terres qui seront concédées aux constructeurs». Ce, avant de souligner qu’à sa connaissance, ce sera «un accord qui va concerner la mairie de Dakar et l’entreprise coréenne». Mais au finish, force est de reconnaître qu’il n’en est rien. Du moins officiellement.
L’Etat du Sénégal a pris la «souveraine» décision de se faire substituer dans ce dossier à une entreprise privée. Convention en date du 11 avril 2008 à l’appui. Dans cette convention, il a été clairement établi que c’est la Sci Promobilière de Mbackiou Faye qui va se substituer à l’Etat pour payer la facture de l’entreprise coréenne Mansudae Overseas Project Group. En contrepartie, il a été cédé à Mbackiou Faye tous ces hectares pour exploitation. Et ont apposé leur signature à la fin de document, le responsable de Mansudae Overseas Project Group, le gérant de la Promobilière, Mbackiou Faye, le ministre d’Etat, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, de l’Hydraulique urbaine, de l’Hygiène publique et de l’Assainissement, M. Oumar Sarr et le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances chargé du Budget, M. Ibrahima Sar. Tout ce beau monde est donc tombé d’accord sur le modus operandi, à savoir qu’en échange des terres, la Promobilière va se charger de payer la facture de la construction du Monument de la Renaissance africaine.
Ainsi donc, en donnant à exploiter près de 30 ha à une société privée, l’Etat choisit de manière délibérée d’enrichir une entreprise sans édicter les bases concrètes de ce choix. Sans pour autant épiloguer sur la légalité ou l’illégalité de l’acte posé. Dans cette zone, le m2 s’échange aujourd’hui à 250 000 francs Cfa, en sachant que 30 ha font 300 000 m2, la société Promobilière peut s’attendre à des recettes minimales de l’ordre de 75 milliards de francs Cfa. Et ce chiffre n’est qu’estimatif, car il se dit qu’un autre protagoniste de l’affaire, un célèbre industriel, qui s’est dévoyé dans des affaires foncières, a pu vendre 21 ha sur les mêmes terres, à 500 000 francs Cfa le m?. Quand on sait que la construction du monument est estimé à 11 milliards…, bonjour le pactole.

Par Mamadou BIAYE - mbiaye@lequotidien.sn

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