Le surnom de «Don King» ne vous gêne-t-il pas, surtout que des concurrents essayent de vous disputer ce titre ?
Le surnom de Don King ne peut me gêner en aucune façon. Au contraire, c’est une réelle fierté pour moi car ce titre constitue une référence au plan mondial. Il est attribué au plus grand organisateur de spectacles et de combats de boxe de tous les temps. Cela prouve que les gens ont compris que Gaston réalise de grandes affiches à l’image de Don King. C’est un sacre et je ne dispute ce titre avec personne car aucun parmi ces gens qui s’agitent n’a fait ce que j’ai réalisé dans ce milieu. C’est le public qui essaie d’entretenir ce genre de flou. Je ne parle même pas de cette année, mais depuis 1992, j’ai été le seul à me démener sur le terrain. Ce n’est qu’en 1998, que Serigne Modou Niang m’a rejoint. Jusqu’en 2010, et malgré tous les surnoms et titres pompeusement attribués à certains, ils ne feront jamais comme Gaston.
Une personne peut aussi organiser un gala de cinquante journées, mais ses 20 journées auront le même budget qu’une seule soirée que Gaston organise. La concurrence peut bien exister mais je suis convaincu que ce sont vos confrères qui jettent de l’huile sur le feu pour écouler plus facilement leurs journaux. En réalité, ils sont tous convaincus qu’il n’existe pas d’opposition, et que les choses ne sont pas pareilles. On ne boxe pas dans la même catégorie. Ces personnes qui entretiennent ces illusions se trompent elles-mêmes. Il y a aussi les communicateurs traditionnels et beaucoup de personnes qui ne vivent que de la lutte. Ces dernières sont obligées de jouer aux laudateurs et flagorneurs pour bénéficier de subsides. Toute modestie mise à part, il n’existe sur la place qu’un seul Gaston. Je souhaite, à mon retrait de l’arène, qu’il puisse exister des promoteurs plus huppés que moi, mais pour le moment, il faut rendre à César ce qui appartient à César. J’ai beaucoup bourlingué et galéré dans l’arène pour qu’ils puissent bénéficier des retombées, donc ces promoteurs doivent être modestes et attendre leur heure avec patience. Il faut qu’ils se limitent à leur place. J’ai entendu Gris Bordeaux dire à Baye Mandione qu’ils sont dans la même école, mais qu’ils ne sont pas dans la même classe. Ils ne partagent que la cour de récréation. Moi aussi, je peux vous affirmer que je ne partage que le milieu avec eux mais je ne suis pas dans la même catégorie.
N’est-ce pas cette concurrence qui entraîne la hausse vertigineuse des cachets ?
Elle peut être une raison, mais nous aussi, les promoteurs, nous sommes coupables. Je commencerai par mon propre exemple, car parfois, nous sommes trop irréfléchis. En voulant suivre des rumeurs et des surenchères médiatiques pour vouloir monter un combat, nous tombons dans un piège. Ce ne sont pas les staffs de Luc, Serigne Modou ou Gaston qui démarchent les chocs. L’autre jour, en répondant à une question, Bombardier a clairement affirmé que depuis le début de la saison, il n’a discuté qu’avec un seul promoteur, Gaston Mbengue qui veut monter son combat contre Yékini. Pourtant, il l’a répété à satiété et cela n’empêche pas les membres des autres staffs de claironner souvent qu’ils sont en train de faire des démarches. Ils se font un nom et de la publicité sur cette affiche. Si un lutteur se contente de ces folles rumeurs pour élever les enchères, il risque tout bêtement de passer une année blanche.
Abordons votre différend avec Luc Nicolaï, votre concurrent le plus direct. Quel est votre problème. Est-ce que le courant passe entre vous ?
C’est mon jeune frère. On s’est parlé il y a deux jours, comme on le fait très souvent. Il vient régulièrement me rendre visite à la maison. Ce sont des personnes malintentionnées et qui n’ont rien compris qui véhiculent des contre - vérités pour se remplir les poches. Ces espèces de communicateurs traditionnels et grandes voix de la télévision l’encensent pour espérer gagner des sous. Je peux même nommément citer Bécaye Mbaye, car j’assume ce que je dis. Il ne s’agit pas de tous les communicateurs car certains sont intègres et dignes à l’image de Khadim Samb, Lamine Thiam Dogo ou encore Mamadou Mbaye Garmi. Ces vautours ont été punis par le bon Dieu car qui s’attaque à moi, en récolte les conséquences (Sama akh dal naléne). J’insiste : il faut bien écrire ce que je dis-là. On n’a jamais vu des promoteurs se battre. Pourtant eux, ils se sont battus au stade pour des histoires d’argent. C’est tout juste une punition divine et qui se sent morveux, se mouche. Pourtant nous, les prometteurs, malgré tout ce que ces gens racontent en utilisant leur médium pour nous attaquer à longueur de programme, nous n’en sommes pas encore arrivés à ce stade. Ceux qui disent que ce sont les journalistes qui sont coupables d’aller vers Gaston et les promoteurs, ont tout simplement bouffé l’argent de leurs collègues. Ce qui est avilissant et dégradant.
Pour clore ce volet, parlons du mysticisme dans l’arène et surtout de votre fameuse canne que vous exhibez lors des grands événements. Est-ce que c’est pour contrecarrer les missiles ? Et avez-vous déjà été victime de «khons» ?
Personne ne peut me toucher mystiquement. Et quiconque essaye de m’atteindre en subira inévitablement les conséquences. Il sera touché ou encore les membres de sa famille. Quiconque amène mon nom chez un marabout subira des conséquences fâcheuses. Sur ce plan, je suis très confiant et j’ai la conscience tranquille. Je suis convaincu que je suis très bien protégé et j’en rends grâce à Dieu. Pour mettre les gens en garde et leur éviter de subir un mauvais sort, je leur demande de me laisser en paix dans mon coin.
Vous devez être immensément riche pour investir tant d’argent dans l’arène, presque un milliard entre ces deux dernières saisons. Comment arrivez-vous à vous en sortir ?
Je ne suis pas riche. Je ne dors pas la nuit à cause de mes soucis, mais je prends souvent des initiatives et je suis capable de faire des montages grandioses…
Où avez-vous appris à les faire ?
Je n’ai jamais appris cela, encore moins les rouages de l’arène. Je n’ai pas du tout effectué d’études financières. Cependant, j’ai très tôt affronté la vie et j’ai souvent pris des risques car encore une fois qui ne risque rien, n’a rien C’est cela qui m’a amené dans ce milieu. Chaque année, je prends des centaines de millions de crédit à la banque pour pouvoir satisfaire le public et le peuple. Je le fais tout en croyant que je vais y gagner quelque chose, même si j’essuie des pertes. Aujourd’hui, j’ai gagné en crédibilité et en popularité. A ce jour, je suis respecté de tout le monde et beaucoup de portes me sont ouvertes. Et cela est de loin plus important que l’argent.
Quel est le business de Gaston en dehors de la lutte. Avez-vous une structure et combien de personnes employez-vous ?
Avant la lutte, je me déployais dans le domaine du prêt-à-porter et c’est ce que je connais le mieux. Avant Différence Boutique, j’ai été marchand ambulant.
Vous avez également eu à vendre de la boisson alcoolisée ?
Non, je n’ai vendu de la boisson alcoolisée que durant quelques jours. C’est mon père qui m’a dissuadé de poursuivre dans cette voie bannie par l’islam. Le même jour, je suis allé à la Sonadis pour échanger la marchandise avec du riz, de l’huile et du savon. Après cet échange, j’ai tout écoulé durant trois mois. Cependant, je me suis rapidement rendu compte que l’alcool rapportait dix fois plus de bénéfice que les denrées alimentaires et j’ai tout bonnement arrêté car je suis un homme pressé. J’ai alors tout rétrocédé à mes fournisseurs avant de venir m’installer à Dakar en 1975.
Gaston Production, est-ce une entreprise avec des salariés, etc. ?
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Non, il s’agit avant tout d’une grande famille. Il ne s’agit pas d’une affaire de salariés. Nous sommes des frères unis et soudés. Nous partageons tout ce que nous gagnons. Je préfère aller à la banque trouver quelque chose à leur remettre en cas de pépins que de les entraîner avec mes pertes. Ce sont des personnes dignes et courageuses qui sont avec Gaston pour le meilleur et le pire. Ils sont avec moi par pure solidarité, car ils ont tous autre chose à faire en dehors de Gaston Production. Ils sont loyaux et honnêtes avec moi. Toujours est-il que nous sommes embarqués dans la même galère. Quelquefois, ils ont pitié de moi.
Il se dit que Gaston est épuisé financièrement et c’est pourquoi vous annoncez toujours votre départ ?
Je suis fatigué physiquement et financièrement car, comme je l’ai dit, je ne dors plus la nuit. Mais cela ne veut pas dire que je suis malheureux, car Dieu est à mes côtés et il ne me laissera jamais tomber. C’est parce que j’ai eu la bénédiction de mes parents et de mes guides religieux. Tout ce que je gagne, je le partage avec les membres de ma famille. Je suis convaincu que je ne serais jamais blâmé ou puni pour avoir négligé mes devoirs envers mes parents et les membres de ma famille et j’en rends grâce à Dieu. Ces moments de spleen et d’essoufflement arrivent à tous les travailleurs, mais à chaque fois, je me débrouille pour m’en sortir. J’ai des partenaires qui me soutiennent beaucoup, mais cela ne suffit pas toujours. Il faut de l’entregent et un bon esprit d’initiative. Il faut inévitablement trouver des ressources additionnelles au niveau des banques. Heureusement que je dispose de ma boutique de prêt-à-porter et j’ai mes femmes qui travaillent aussi pour m’épauler. Nous sommes tous solidaires et chacun joue son rôle à la perfection. C’est une association ou plus exactement une communauté où chacun apporte sa pierre à l’édifice.
Vous affirmez toujours que vous ne gagnez rien dans l’arène et pourtant vous êtes encore dans le milieu. Qu’est-ce qui vous retient ? Êtes-vous un philanthrope qui se soucie uniquement du sort des lutteurs ?
Je répondrai simplement qu’il s’agit avant tout de mon destin. Ou de loyauté envers mes sponsors et tous ceux qui sont derrière moi. Je parlerai plutôt de partenaires. Je pars du principe que je ne dois jamais les décevoir et que je dois toujours être avec eux et en toutes circonstances favorables comme défavorables jusqu’à atteindre le point de non retour. Je suis toujours loyal envers les sponsors. Je n’ai jamais lâché un sponsor en cours de route. C’est toujours le partenaire qui décidait de partir après avoir choisi une autre option de communication ou une nouvelle politique de marketing. Je ne travaille jamais avec deux sponsors concurrents. Sur un tout autre registre, je parlerai de volonté divine «Natou Yalla La». Même l’alcool peut détruire des vies malgré les sacrifices et prières des proches. C’est une volonté divine et le jour où le Tout Puissant sortira les adeptes de l’alcool de cet enfer, tout rentrera dans l’ordre. Il en est de même pour moi et ma passion pour l’arène. Qu’il s’agisse de moi ou des autres promoteurs, nous sommes tous fatigués dans l’arène. Les gros cachets que nous payons aux lutteurs ne peuvent pas être récupérés au niveau des guichets, le dixième n’est même pas encaissé. Pourtant, ceux qui parlent de l’apport des sponsors ne savent pas que, mis à part le leader, les autres ne font que des gestes symboliques. Le partenaire leader prend les deux tiers de l’espace, c’est pourquoi les autres rechignent à donner de grosses sommes et ils ne font que participer modestement.
Comment percevez-vous l’irruption du fisc dans l’arène ?
Nous sommes tous des citoyens et nous sommes tenus de passer à la caisse comme tout le monde. Toutefois, je demanderai à certains dirigeants de ce pays d’incarner une autre approche. Il ne faut pas bousculer les gens du jour au lendemain. Dans de pareils cas, il convient de mieux communiquer, sensibiliser et expliquer... Si je prends le cas de ces lutteurs analphabètes pour la plupart, et pas du tout préparés à cela, il ne sied pas de se lever un beau jour pour leur envoyer des lettres et leur demander de passer à la caisse. C’est vrai qu’ils vous diront que nul n’est censé ignorer la loi, mais dans ce pays, il est bien établi que tout le monde est censé ignorer la loi ou du moins certaines des lois sont totalement inconnues. Il fallait à mon avis passer par le canal de l’information, de la sensibilisation et de la communication pour que les gens soient mieux préparés. Je l’ai déjà suggéré il y a trois années, il faut qu’ils se rapprochent du CNG de lutte pour essayer d’initier un large débat qui débouchera sur un consensus. A ce moment, les retenues pourront se faire directement à la source sans aucun problème. Tout ce qui peut faire mal à un lutteur, c’est de rétrocéder une partie de son argent après l’avoir encaissé. Mais si le retrait se fait au départ, on n’y trouvera rien à redire. C’est comme ces TVA que nous payons automatiquement, personne ne s’en soucie. Je demande alors au fisc d’être plus ouvert et plus souple. La lutte génère beaucoup d’argent et crée beaucoup d’emplois, il ne faudrait pas contribuer à son implosion. Surtout que je ne peux pas comprendre que des Occidentaux, sortis de nulle part, se font exonérer de toutes taxes pour des résultats bien moindres. Ce milieu qui polarise plus de cinq mille lutteurs mérite d’être mieux soutenu. Nous, qui y évoluons, nous payons toutes nos charges et nous ne disposons pas encore d’arène digne de ce nom. Donc, au lieu de nous harceler, il faudrait nous soutenir et nous mettre dans de meilleures conditions et aussi nous traiter comme les toubabs. Il faut plus de souplesse et de communication. Nous méritons d’être subventionnés et exonérés plus que tout le monde car nous luttons contre l’émigration, le banditisme et les agressions en créant des milliers d’emplois.
L’année dernière vous aviez des problèmes avec Luc Nicholai. Cette année, vous risquez d’en avoir avec Double Less par rapport à l’organisation du combat de son fils Balla Gaye 2 ….
( Il coupe ) …Il faut tirer les choses au clair. L’année dernière, je n’ai pas eu de problèmes avec Luc. C’est un gars très rusé et très fin. Il savait pertinemment que cette date était déjà réservée, il a voulu faire sa publicité en jouant sur les dates et cela a payé, car il y a eu beaucoup de bruits pour son affiche et à moindre frais. Pour le combat de cette année, je suis persuadé que Double Less n’est pas l’auteur des propos rapportés par la presse parce qu’avec vous on ne sait jamais. Il fait du business et nous aussi ! Mais cela exige des règles et des comportements à adopter. Même le président Wade a été obligé de repousser des élections faute de moyens. Il arrive chaque jour qu’un lutteur tombe malade et que l’on attende sa guérison etc. Le report est une éventualité dans ce domaine. Il m’arrive de concéder des traites de cent millions à une banque sans pour autant arriver à les honorer et dans ce cas, on rééchelonne. Si je n’arrive pas à percevoir certaines sommes promises, je suis obligé de reporter. Cela ne veut pas dire que le report est définitif car je garde toujours un espoir. Il se trouve que je leur dois plus que ce que je leur ai versé comme avance. Pire, si jamais je n’arrive pas à réunir le reliquat, ce sera plus dramatique. Le CNG est là pour protéger les lutteurs mais aussi les promoteurs. La preuve, le combat Moustapha Guèye - Eumeu Séne de l’année dernière a été annulé après l’épuisement de toutes les procédures. J’ai lu quelque part qu’un amateur a dit que Gaston a mis en gage tous ses biens pour ce combat. Ce qui est totalement faux et insensé. Je suis rassuré car aucun des deux lutteurs ne tient ce langage. On se parle tous les jours et la confiance règne entre nous, il n’y a aucun souci à ce niveau.
En parlant de ce combat vous avez choisi de le lancer à Bercy. Pourquoi ce choix et quelles sont les véritables relations avec Youssou Ndour ?
Au Sénégal, on a l’habitude de ne jamais reconnaître le mérite des gens. Ils préfèrent attendre votre mort pour évoquer vos réalisations. Youssou Ndour est un grand Sénégalais qui est reconnu partout à travers le monde. Il fait partie des cent personnes les plus influentes du globe et il est honoré partout. En passant, je remercie le président Wade qui lui a octroyé sa fréquence de télévision car à chaque fois qu’il dérape, on ne le rate pas. Youssou Ndour est mon ami et nous avons signé un contrat depuis 2005, mais pas en exclusivité. Mais comme la télé n’avait pas encore démarré, j’ai signé avec mon ami Babacar Diagne et j’ai pris le soin de lui dire que j’avais déjà signé avec Youssou. Donc, les gens qui s’agitent ne comprennent rien mais toutes les parties concernées savent bien à quoi s’en tenir. Comme je ne peux rien faire pour Youssou, j’ai choisi de lancer ce combat à Bercy qui est devenu un événement de dimension mondiale….C’est pour rendre hommage à mon ami Youssou Ndour. Il ne faut pas attendre qu’il nous quitte et que les autres pays le plébiscitent pour suivre la mouvance. Je constitue l’exemple le plus patent, car malgré tout ce que j’ai fait pour la lutte, il ne se passe pas un seul jour sans que l’on ne me dénigre. Si jamais je quitte la scène, ce sera un scandale et ces mêmes gens vont se mobiliser pour me faire revenir. Certains menacent de m’envoyer au tribunal si jamais je quitte le milieu. Tout cela est la rançon du succès et il faut le comprendre ainsi car on ne parle pas des nuls.
Certains vous présentent comme un homme belliqueux. Des journalistes, de Cheikh Tidiane Ndiaye en passant par les gars de la 2STV, vous tirez sur tout ce qui bouge, pourquoi ?
Je ne me suis jamais disputé avec les gens. Il se trouve que les gens n’aiment pas entendre la vérité. Je suis un homme entier, franc, loyal, un homme véridique. Je ne suis pas un hypocrite et je préfère cracher mes vérités en face et passer à l’essentiel. Je n’attaque jamais en premier. Cheikh Tidiane fait partie de mes meilleurs amis au CNG avec Alioune Sarr. Nous n’avons aucun contentieux. Mais si tes confrères déforment ses propos et me les rapportent dans le feu de l’action, j’ai répondu avec mon tempérament car je suis un être humain. Par la suite, quand j’ai fait mes investigations et trouvé que Cheikh a récusé ses propos, je suis retourné à la télévision pour remettre les pendules à l’heure. A ce niveau, j’ai été naïf, car je sais que j’ai été fautif et je me suis excusé.
Pourquoi avez-vous dit que les journalistes sont de pauvres types. Leur remettez-vous des enveloppes ?
Comprenons-nous bien ! Je n’ai pas dit que les journalistes sont de pauvres hères. Ce sont eux qui ont tenu ces propos. Je n’ai pas utilisé ce terme et je n’ai insulté personne. J’ai bien dit : certains parmi les journalistes. Dans ma prime jeunesse, les journalistes étaient des références et on les confondait avec les autorités tant ils étaient adulés au même titre que les magistrats, les médecins et les enseignants. C’est ce qui m’a amené à dire qu’il y a certains qui se déploient dans le milieu et qui ne sont pas de vrais journalistes. Ils sont en train de ternir l’image des véritables professionnels. Certains se basent sur des rumeurs et affectionnent les questions tendancieuses. Ce qui est dommage. Je compte des amis dans le milieu et certains que je considère comme des intrus sont aussi mes amis. On se parle tout le temps au téléphone. Même ces gens avec qui j’échangeais l’autre jour continuent de parler avec moi. Gaston est un élément de vente et ils font tout pour me mettre au devant, mais moi je ne me laisse pas faire et personne ne pourra me mettre en mal avec mes concitoyens.
Politiquement, Gaston se dit socialiste mais c’est comme si vous avez transhumé sans y mettre les formes car vous êtes très proche de Wade ?
Je ne serai jamais un transhumant car c’est une pratique inconnue au niveau de ma famille. Je suis socialiste et je le demeure. J’ai une carte de ce parti et si j’entre dans l’urne, c’est pour voter pour cette formation. Après avoir voté, je reste un citoyen sénégalais et je suis pour le peuple. Il se trouve que je ne suis pas un politicien professionnel et j’ai mon franc-parler. Je compte beaucoup plus d’amis au sein du pouvoir et des autres formations politiques qu’au sein du PS. Je ne vais pas résumer le Sénégal à l’action politique. Je suis libre d’apprécier le travail du chef de l’Etat. Ecoutez ! Abdoulaye Wade est en train de travailler et il a fait de grandes réalisations. Il se trouve que je ne suis pas dans les hautes sphères de l’Etat, mais avec tout ce que je vois, je peux bien apprécier ce qui a été fait de manière positive. Comme tout le monde, j’entends dire qu’il y a des scandales mais je ne peux jurer de rien. Il se trouve que des avancées ont été notées et personne ne peut m’empêcher d’émettre mon avis. Si je prends l’exemple du Monument de la renaissance que l’on tente de diaboliser, je vois ce que cela rapporte à mon pays. Il se trouve que dans ce pays les gens sont ingérables. Partout où je me place, on me taxe de partisan. Au PS, on me dit que je suis pro Wade et au PDS, on me reproche mon appartenance au PS. Nous sommes tous des parents et nous devons nous retrouver autour de l’essentiel. Abdoulaye Wade est le président et il est bien le maître du jeu et il fait de son mieux et personne ne m’empêchera de donner mon avis. Wade, tout le monde l’apprécie car il fait des efforts. Après plus de quarante d’indépendance et vingt-six ans d’opposition, il est arrivé au pouvoir par la grâce de Dieu et il se démène comme il peut à son âge. Mieux vaut le laisser comme il est et savoir que tout cela découle de la volonté divine.
Comment appréciez-vous l’implication de Karim Wade ?
C’est un ministre de la République comme tous les autres et il fait le travail qui lui est confié. C’est un citoyen et il a le droit de travailler pour son pays. Il n’est pas seulement le fils du président mais aussi un citoyen de ce pays. Maintenant, c’est à nous de juger son travail et de le sanctionner par conséquent. Il ne m’appartient pas de juger son travail. Il a le droit de faire de la politique et de soutenir son père. Nous aspirons tous à bénéficier de la bénédiction de nos parents pourquoi devons-nous l’interdire à Karim Wade.
Entre Wade et Abdou Diouf qui vous a le plus soutenu et aussi qui a fait plus pour l’arène ?
(Il éclate de rires et hésite un peu). Ils sont tous les deux de très proches parents. Cependant, j’entretiens des relations privilégiées avec Diouf et à chaque fois que je vais à Paris, je vais le voir. C’est mon ami, mon parent et mon grand-frère. Je vais vous dire qu’ils ne m’ont jamais concrètement soutenu dans mon travail. S’ils n’ont jamais fait quelque chose pour moi, c’est qu’ils ont dirigé le pays dans la paix. Ce qui m’a permis de bien faire mon boulot. Pour l’heure, je demanderais qu’on nous facilite la tâche en nous subventionnant et en construisant enfin une arène nationale. Je n’ai rien à leur reprocher car ils n’ont jamais entravé la bonne marche de mes activités.
A quand la retraite et que pensez-vous du lutteur turc qui a lancé un défi à Yékini. Etes-vous intéressé par cette affiche ?
Comme je l’ai dit tantôt, la lutte est mon chemin de croix et si cela ne tenait qu’à moi, j’allais abandonner tout de suite. Je prie le Bon Dieu pour que je puisse sortir de ce milieu la tête haute et la conscience tranquille. Je prie pour que cela arrive le plus tôt possible, au plus tard l’année prochaine. En ce qui concerne ce turc-là, je dis tout de suite que je ne suis pas intéressé. Aucun occidental ne bouffera un seul de mes centimes. Ils ne peuvent pas nous coloniser et ensuite revenir profiter de nos acquis. Et en parlant de lutte, il ne faut jamais oublier la base affective et le poids des écuries. Et ce toubab-là, il ne dispose de rien de tout cela et il ne peut pas amener cent personnes au stade. Je ne ferai jamais cela car il ne peut rien nous apporter.
Une télévision privée de la place a laissé entendre que vous avez épousé une troisième femme. Qu’en est-il exactement ?
Je n’ai pas pris une troisième épouse. Cependant, j’ai le droit d’épouser autant de femmes que je voudrais. Mais, si jamais je devais le faire, je passerais par le canal de mes parents que je respecte beaucoup. Je ne suis pas un va-nu-pied et un rat de bar débarqué à Dakar qui se permet d’épouser à tout vent sans se référer à ses parents. Je suis assez responsable pour assumer mes actes. Actuellement, mes nombreux soucis, les problèmes que me posent vos confrères et mes chantiers ardus me suffisent largement. Je ne pense pas à une troisième femme. Ces gens font de l’humour et de la dérision, car comme Gaston vend, on en profite. Il se trouve que si on évoque mon nom dans certains travers, j’irai enfin et pour la première fois au tribunal. Comme ils n’ont pas cité de nom et ils font dans la devinette, je laisse passer. Il ne faut pas oublier que je suis un homme qui a une famille et des enfants. Il ne faut pas trop tirer sur la corde.
Gaston aime les grosses cylindrées, pourquoi ce penchant ?
Effectivement, et je dois en rendre grâce à Dieu. Tout cela fait partie de la bienveillance divine «Soutoura Yala la». Une belle villa, de belles femmes et de belles voitures, sans oublier la bonne chair, le respect des préceptes religieux, l’amour de mes parents, constituent des piliers sur lesquels je me repose et je l’assume. Le fait de m’appeler « Sa Ndiambour », c’est le sobriquet qui me fait le plus plaisir et je remercie vraiment vos confrères qui m’ont affublé de ce nom. Cela est une fierté pour moi et je le revendique car Louga représente tout pour moi. Je remercie tout le monde et prie pour que la Paix règne dans ce pays.
bRecueillis par Tapha pour Icone Magazine
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Le surnom de Don King ne peut me gêner en aucune façon. Au contraire, c’est une réelle fierté pour moi car ce titre constitue une référence au plan mondial. Il est attribué au plus grand organisateur de spectacles et de combats de boxe de tous les temps. Cela prouve que les gens ont compris que Gaston réalise de grandes affiches à l’image de Don King. C’est un sacre et je ne dispute ce titre avec personne car aucun parmi ces gens qui s’agitent n’a fait ce que j’ai réalisé dans ce milieu. C’est le public qui essaie d’entretenir ce genre de flou. Je ne parle même pas de cette année, mais depuis 1992, j’ai été le seul à me démener sur le terrain. Ce n’est qu’en 1998, que Serigne Modou Niang m’a rejoint. Jusqu’en 2010, et malgré tous les surnoms et titres pompeusement attribués à certains, ils ne feront jamais comme Gaston.
Une personne peut aussi organiser un gala de cinquante journées, mais ses 20 journées auront le même budget qu’une seule soirée que Gaston organise. La concurrence peut bien exister mais je suis convaincu que ce sont vos confrères qui jettent de l’huile sur le feu pour écouler plus facilement leurs journaux. En réalité, ils sont tous convaincus qu’il n’existe pas d’opposition, et que les choses ne sont pas pareilles. On ne boxe pas dans la même catégorie. Ces personnes qui entretiennent ces illusions se trompent elles-mêmes. Il y a aussi les communicateurs traditionnels et beaucoup de personnes qui ne vivent que de la lutte. Ces dernières sont obligées de jouer aux laudateurs et flagorneurs pour bénéficier de subsides. Toute modestie mise à part, il n’existe sur la place qu’un seul Gaston. Je souhaite, à mon retrait de l’arène, qu’il puisse exister des promoteurs plus huppés que moi, mais pour le moment, il faut rendre à César ce qui appartient à César. J’ai beaucoup bourlingué et galéré dans l’arène pour qu’ils puissent bénéficier des retombées, donc ces promoteurs doivent être modestes et attendre leur heure avec patience. Il faut qu’ils se limitent à leur place. J’ai entendu Gris Bordeaux dire à Baye Mandione qu’ils sont dans la même école, mais qu’ils ne sont pas dans la même classe. Ils ne partagent que la cour de récréation. Moi aussi, je peux vous affirmer que je ne partage que le milieu avec eux mais je ne suis pas dans la même catégorie.
N’est-ce pas cette concurrence qui entraîne la hausse vertigineuse des cachets ?
Elle peut être une raison, mais nous aussi, les promoteurs, nous sommes coupables. Je commencerai par mon propre exemple, car parfois, nous sommes trop irréfléchis. En voulant suivre des rumeurs et des surenchères médiatiques pour vouloir monter un combat, nous tombons dans un piège. Ce ne sont pas les staffs de Luc, Serigne Modou ou Gaston qui démarchent les chocs. L’autre jour, en répondant à une question, Bombardier a clairement affirmé que depuis le début de la saison, il n’a discuté qu’avec un seul promoteur, Gaston Mbengue qui veut monter son combat contre Yékini. Pourtant, il l’a répété à satiété et cela n’empêche pas les membres des autres staffs de claironner souvent qu’ils sont en train de faire des démarches. Ils se font un nom et de la publicité sur cette affiche. Si un lutteur se contente de ces folles rumeurs pour élever les enchères, il risque tout bêtement de passer une année blanche.
Abordons votre différend avec Luc Nicolaï, votre concurrent le plus direct. Quel est votre problème. Est-ce que le courant passe entre vous ?
C’est mon jeune frère. On s’est parlé il y a deux jours, comme on le fait très souvent. Il vient régulièrement me rendre visite à la maison. Ce sont des personnes malintentionnées et qui n’ont rien compris qui véhiculent des contre - vérités pour se remplir les poches. Ces espèces de communicateurs traditionnels et grandes voix de la télévision l’encensent pour espérer gagner des sous. Je peux même nommément citer Bécaye Mbaye, car j’assume ce que je dis. Il ne s’agit pas de tous les communicateurs car certains sont intègres et dignes à l’image de Khadim Samb, Lamine Thiam Dogo ou encore Mamadou Mbaye Garmi. Ces vautours ont été punis par le bon Dieu car qui s’attaque à moi, en récolte les conséquences (Sama akh dal naléne). J’insiste : il faut bien écrire ce que je dis-là. On n’a jamais vu des promoteurs se battre. Pourtant eux, ils se sont battus au stade pour des histoires d’argent. C’est tout juste une punition divine et qui se sent morveux, se mouche. Pourtant nous, les prometteurs, malgré tout ce que ces gens racontent en utilisant leur médium pour nous attaquer à longueur de programme, nous n’en sommes pas encore arrivés à ce stade. Ceux qui disent que ce sont les journalistes qui sont coupables d’aller vers Gaston et les promoteurs, ont tout simplement bouffé l’argent de leurs collègues. Ce qui est avilissant et dégradant.
Pour clore ce volet, parlons du mysticisme dans l’arène et surtout de votre fameuse canne que vous exhibez lors des grands événements. Est-ce que c’est pour contrecarrer les missiles ? Et avez-vous déjà été victime de «khons» ?
Personne ne peut me toucher mystiquement. Et quiconque essaye de m’atteindre en subira inévitablement les conséquences. Il sera touché ou encore les membres de sa famille. Quiconque amène mon nom chez un marabout subira des conséquences fâcheuses. Sur ce plan, je suis très confiant et j’ai la conscience tranquille. Je suis convaincu que je suis très bien protégé et j’en rends grâce à Dieu. Pour mettre les gens en garde et leur éviter de subir un mauvais sort, je leur demande de me laisser en paix dans mon coin.
Vous devez être immensément riche pour investir tant d’argent dans l’arène, presque un milliard entre ces deux dernières saisons. Comment arrivez-vous à vous en sortir ?
Je ne suis pas riche. Je ne dors pas la nuit à cause de mes soucis, mais je prends souvent des initiatives et je suis capable de faire des montages grandioses…
Où avez-vous appris à les faire ?
Je n’ai jamais appris cela, encore moins les rouages de l’arène. Je n’ai pas du tout effectué d’études financières. Cependant, j’ai très tôt affronté la vie et j’ai souvent pris des risques car encore une fois qui ne risque rien, n’a rien C’est cela qui m’a amené dans ce milieu. Chaque année, je prends des centaines de millions de crédit à la banque pour pouvoir satisfaire le public et le peuple. Je le fais tout en croyant que je vais y gagner quelque chose, même si j’essuie des pertes. Aujourd’hui, j’ai gagné en crédibilité et en popularité. A ce jour, je suis respecté de tout le monde et beaucoup de portes me sont ouvertes. Et cela est de loin plus important que l’argent.
Quel est le business de Gaston en dehors de la lutte. Avez-vous une structure et combien de personnes employez-vous ?
Avant la lutte, je me déployais dans le domaine du prêt-à-porter et c’est ce que je connais le mieux. Avant Différence Boutique, j’ai été marchand ambulant.
Vous avez également eu à vendre de la boisson alcoolisée ?
Non, je n’ai vendu de la boisson alcoolisée que durant quelques jours. C’est mon père qui m’a dissuadé de poursuivre dans cette voie bannie par l’islam. Le même jour, je suis allé à la Sonadis pour échanger la marchandise avec du riz, de l’huile et du savon. Après cet échange, j’ai tout écoulé durant trois mois. Cependant, je me suis rapidement rendu compte que l’alcool rapportait dix fois plus de bénéfice que les denrées alimentaires et j’ai tout bonnement arrêté car je suis un homme pressé. J’ai alors tout rétrocédé à mes fournisseurs avant de venir m’installer à Dakar en 1975.
Gaston Production, est-ce une entreprise avec des salariés, etc. ?
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Non, il s’agit avant tout d’une grande famille. Il ne s’agit pas d’une affaire de salariés. Nous sommes des frères unis et soudés. Nous partageons tout ce que nous gagnons. Je préfère aller à la banque trouver quelque chose à leur remettre en cas de pépins que de les entraîner avec mes pertes. Ce sont des personnes dignes et courageuses qui sont avec Gaston pour le meilleur et le pire. Ils sont avec moi par pure solidarité, car ils ont tous autre chose à faire en dehors de Gaston Production. Ils sont loyaux et honnêtes avec moi. Toujours est-il que nous sommes embarqués dans la même galère. Quelquefois, ils ont pitié de moi.
Il se dit que Gaston est épuisé financièrement et c’est pourquoi vous annoncez toujours votre départ ?
Je suis fatigué physiquement et financièrement car, comme je l’ai dit, je ne dors plus la nuit. Mais cela ne veut pas dire que je suis malheureux, car Dieu est à mes côtés et il ne me laissera jamais tomber. C’est parce que j’ai eu la bénédiction de mes parents et de mes guides religieux. Tout ce que je gagne, je le partage avec les membres de ma famille. Je suis convaincu que je ne serais jamais blâmé ou puni pour avoir négligé mes devoirs envers mes parents et les membres de ma famille et j’en rends grâce à Dieu. Ces moments de spleen et d’essoufflement arrivent à tous les travailleurs, mais à chaque fois, je me débrouille pour m’en sortir. J’ai des partenaires qui me soutiennent beaucoup, mais cela ne suffit pas toujours. Il faut de l’entregent et un bon esprit d’initiative. Il faut inévitablement trouver des ressources additionnelles au niveau des banques. Heureusement que je dispose de ma boutique de prêt-à-porter et j’ai mes femmes qui travaillent aussi pour m’épauler. Nous sommes tous solidaires et chacun joue son rôle à la perfection. C’est une association ou plus exactement une communauté où chacun apporte sa pierre à l’édifice.
Vous affirmez toujours que vous ne gagnez rien dans l’arène et pourtant vous êtes encore dans le milieu. Qu’est-ce qui vous retient ? Êtes-vous un philanthrope qui se soucie uniquement du sort des lutteurs ?
Je répondrai simplement qu’il s’agit avant tout de mon destin. Ou de loyauté envers mes sponsors et tous ceux qui sont derrière moi. Je parlerai plutôt de partenaires. Je pars du principe que je ne dois jamais les décevoir et que je dois toujours être avec eux et en toutes circonstances favorables comme défavorables jusqu’à atteindre le point de non retour. Je suis toujours loyal envers les sponsors. Je n’ai jamais lâché un sponsor en cours de route. C’est toujours le partenaire qui décidait de partir après avoir choisi une autre option de communication ou une nouvelle politique de marketing. Je ne travaille jamais avec deux sponsors concurrents. Sur un tout autre registre, je parlerai de volonté divine «Natou Yalla La». Même l’alcool peut détruire des vies malgré les sacrifices et prières des proches. C’est une volonté divine et le jour où le Tout Puissant sortira les adeptes de l’alcool de cet enfer, tout rentrera dans l’ordre. Il en est de même pour moi et ma passion pour l’arène. Qu’il s’agisse de moi ou des autres promoteurs, nous sommes tous fatigués dans l’arène. Les gros cachets que nous payons aux lutteurs ne peuvent pas être récupérés au niveau des guichets, le dixième n’est même pas encaissé. Pourtant, ceux qui parlent de l’apport des sponsors ne savent pas que, mis à part le leader, les autres ne font que des gestes symboliques. Le partenaire leader prend les deux tiers de l’espace, c’est pourquoi les autres rechignent à donner de grosses sommes et ils ne font que participer modestement.
Comment percevez-vous l’irruption du fisc dans l’arène ?
Nous sommes tous des citoyens et nous sommes tenus de passer à la caisse comme tout le monde. Toutefois, je demanderai à certains dirigeants de ce pays d’incarner une autre approche. Il ne faut pas bousculer les gens du jour au lendemain. Dans de pareils cas, il convient de mieux communiquer, sensibiliser et expliquer... Si je prends le cas de ces lutteurs analphabètes pour la plupart, et pas du tout préparés à cela, il ne sied pas de se lever un beau jour pour leur envoyer des lettres et leur demander de passer à la caisse. C’est vrai qu’ils vous diront que nul n’est censé ignorer la loi, mais dans ce pays, il est bien établi que tout le monde est censé ignorer la loi ou du moins certaines des lois sont totalement inconnues. Il fallait à mon avis passer par le canal de l’information, de la sensibilisation et de la communication pour que les gens soient mieux préparés. Je l’ai déjà suggéré il y a trois années, il faut qu’ils se rapprochent du CNG de lutte pour essayer d’initier un large débat qui débouchera sur un consensus. A ce moment, les retenues pourront se faire directement à la source sans aucun problème. Tout ce qui peut faire mal à un lutteur, c’est de rétrocéder une partie de son argent après l’avoir encaissé. Mais si le retrait se fait au départ, on n’y trouvera rien à redire. C’est comme ces TVA que nous payons automatiquement, personne ne s’en soucie. Je demande alors au fisc d’être plus ouvert et plus souple. La lutte génère beaucoup d’argent et crée beaucoup d’emplois, il ne faudrait pas contribuer à son implosion. Surtout que je ne peux pas comprendre que des Occidentaux, sortis de nulle part, se font exonérer de toutes taxes pour des résultats bien moindres. Ce milieu qui polarise plus de cinq mille lutteurs mérite d’être mieux soutenu. Nous, qui y évoluons, nous payons toutes nos charges et nous ne disposons pas encore d’arène digne de ce nom. Donc, au lieu de nous harceler, il faudrait nous soutenir et nous mettre dans de meilleures conditions et aussi nous traiter comme les toubabs. Il faut plus de souplesse et de communication. Nous méritons d’être subventionnés et exonérés plus que tout le monde car nous luttons contre l’émigration, le banditisme et les agressions en créant des milliers d’emplois.
L’année dernière vous aviez des problèmes avec Luc Nicholai. Cette année, vous risquez d’en avoir avec Double Less par rapport à l’organisation du combat de son fils Balla Gaye 2 ….
( Il coupe ) …Il faut tirer les choses au clair. L’année dernière, je n’ai pas eu de problèmes avec Luc. C’est un gars très rusé et très fin. Il savait pertinemment que cette date était déjà réservée, il a voulu faire sa publicité en jouant sur les dates et cela a payé, car il y a eu beaucoup de bruits pour son affiche et à moindre frais. Pour le combat de cette année, je suis persuadé que Double Less n’est pas l’auteur des propos rapportés par la presse parce qu’avec vous on ne sait jamais. Il fait du business et nous aussi ! Mais cela exige des règles et des comportements à adopter. Même le président Wade a été obligé de repousser des élections faute de moyens. Il arrive chaque jour qu’un lutteur tombe malade et que l’on attende sa guérison etc. Le report est une éventualité dans ce domaine. Il m’arrive de concéder des traites de cent millions à une banque sans pour autant arriver à les honorer et dans ce cas, on rééchelonne. Si je n’arrive pas à percevoir certaines sommes promises, je suis obligé de reporter. Cela ne veut pas dire que le report est définitif car je garde toujours un espoir. Il se trouve que je leur dois plus que ce que je leur ai versé comme avance. Pire, si jamais je n’arrive pas à réunir le reliquat, ce sera plus dramatique. Le CNG est là pour protéger les lutteurs mais aussi les promoteurs. La preuve, le combat Moustapha Guèye - Eumeu Séne de l’année dernière a été annulé après l’épuisement de toutes les procédures. J’ai lu quelque part qu’un amateur a dit que Gaston a mis en gage tous ses biens pour ce combat. Ce qui est totalement faux et insensé. Je suis rassuré car aucun des deux lutteurs ne tient ce langage. On se parle tous les jours et la confiance règne entre nous, il n’y a aucun souci à ce niveau.
En parlant de ce combat vous avez choisi de le lancer à Bercy. Pourquoi ce choix et quelles sont les véritables relations avec Youssou Ndour ?
Au Sénégal, on a l’habitude de ne jamais reconnaître le mérite des gens. Ils préfèrent attendre votre mort pour évoquer vos réalisations. Youssou Ndour est un grand Sénégalais qui est reconnu partout à travers le monde. Il fait partie des cent personnes les plus influentes du globe et il est honoré partout. En passant, je remercie le président Wade qui lui a octroyé sa fréquence de télévision car à chaque fois qu’il dérape, on ne le rate pas. Youssou Ndour est mon ami et nous avons signé un contrat depuis 2005, mais pas en exclusivité. Mais comme la télé n’avait pas encore démarré, j’ai signé avec mon ami Babacar Diagne et j’ai pris le soin de lui dire que j’avais déjà signé avec Youssou. Donc, les gens qui s’agitent ne comprennent rien mais toutes les parties concernées savent bien à quoi s’en tenir. Comme je ne peux rien faire pour Youssou, j’ai choisi de lancer ce combat à Bercy qui est devenu un événement de dimension mondiale….C’est pour rendre hommage à mon ami Youssou Ndour. Il ne faut pas attendre qu’il nous quitte et que les autres pays le plébiscitent pour suivre la mouvance. Je constitue l’exemple le plus patent, car malgré tout ce que j’ai fait pour la lutte, il ne se passe pas un seul jour sans que l’on ne me dénigre. Si jamais je quitte la scène, ce sera un scandale et ces mêmes gens vont se mobiliser pour me faire revenir. Certains menacent de m’envoyer au tribunal si jamais je quitte le milieu. Tout cela est la rançon du succès et il faut le comprendre ainsi car on ne parle pas des nuls.
Certains vous présentent comme un homme belliqueux. Des journalistes, de Cheikh Tidiane Ndiaye en passant par les gars de la 2STV, vous tirez sur tout ce qui bouge, pourquoi ?
Je ne me suis jamais disputé avec les gens. Il se trouve que les gens n’aiment pas entendre la vérité. Je suis un homme entier, franc, loyal, un homme véridique. Je ne suis pas un hypocrite et je préfère cracher mes vérités en face et passer à l’essentiel. Je n’attaque jamais en premier. Cheikh Tidiane fait partie de mes meilleurs amis au CNG avec Alioune Sarr. Nous n’avons aucun contentieux. Mais si tes confrères déforment ses propos et me les rapportent dans le feu de l’action, j’ai répondu avec mon tempérament car je suis un être humain. Par la suite, quand j’ai fait mes investigations et trouvé que Cheikh a récusé ses propos, je suis retourné à la télévision pour remettre les pendules à l’heure. A ce niveau, j’ai été naïf, car je sais que j’ai été fautif et je me suis excusé.
Pourquoi avez-vous dit que les journalistes sont de pauvres types. Leur remettez-vous des enveloppes ?
Comprenons-nous bien ! Je n’ai pas dit que les journalistes sont de pauvres hères. Ce sont eux qui ont tenu ces propos. Je n’ai pas utilisé ce terme et je n’ai insulté personne. J’ai bien dit : certains parmi les journalistes. Dans ma prime jeunesse, les journalistes étaient des références et on les confondait avec les autorités tant ils étaient adulés au même titre que les magistrats, les médecins et les enseignants. C’est ce qui m’a amené à dire qu’il y a certains qui se déploient dans le milieu et qui ne sont pas de vrais journalistes. Ils sont en train de ternir l’image des véritables professionnels. Certains se basent sur des rumeurs et affectionnent les questions tendancieuses. Ce qui est dommage. Je compte des amis dans le milieu et certains que je considère comme des intrus sont aussi mes amis. On se parle tout le temps au téléphone. Même ces gens avec qui j’échangeais l’autre jour continuent de parler avec moi. Gaston est un élément de vente et ils font tout pour me mettre au devant, mais moi je ne me laisse pas faire et personne ne pourra me mettre en mal avec mes concitoyens.
Politiquement, Gaston se dit socialiste mais c’est comme si vous avez transhumé sans y mettre les formes car vous êtes très proche de Wade ?
Je ne serai jamais un transhumant car c’est une pratique inconnue au niveau de ma famille. Je suis socialiste et je le demeure. J’ai une carte de ce parti et si j’entre dans l’urne, c’est pour voter pour cette formation. Après avoir voté, je reste un citoyen sénégalais et je suis pour le peuple. Il se trouve que je ne suis pas un politicien professionnel et j’ai mon franc-parler. Je compte beaucoup plus d’amis au sein du pouvoir et des autres formations politiques qu’au sein du PS. Je ne vais pas résumer le Sénégal à l’action politique. Je suis libre d’apprécier le travail du chef de l’Etat. Ecoutez ! Abdoulaye Wade est en train de travailler et il a fait de grandes réalisations. Il se trouve que je ne suis pas dans les hautes sphères de l’Etat, mais avec tout ce que je vois, je peux bien apprécier ce qui a été fait de manière positive. Comme tout le monde, j’entends dire qu’il y a des scandales mais je ne peux jurer de rien. Il se trouve que des avancées ont été notées et personne ne peut m’empêcher d’émettre mon avis. Si je prends l’exemple du Monument de la renaissance que l’on tente de diaboliser, je vois ce que cela rapporte à mon pays. Il se trouve que dans ce pays les gens sont ingérables. Partout où je me place, on me taxe de partisan. Au PS, on me dit que je suis pro Wade et au PDS, on me reproche mon appartenance au PS. Nous sommes tous des parents et nous devons nous retrouver autour de l’essentiel. Abdoulaye Wade est le président et il est bien le maître du jeu et il fait de son mieux et personne ne m’empêchera de donner mon avis. Wade, tout le monde l’apprécie car il fait des efforts. Après plus de quarante d’indépendance et vingt-six ans d’opposition, il est arrivé au pouvoir par la grâce de Dieu et il se démène comme il peut à son âge. Mieux vaut le laisser comme il est et savoir que tout cela découle de la volonté divine.
Comment appréciez-vous l’implication de Karim Wade ?
C’est un ministre de la République comme tous les autres et il fait le travail qui lui est confié. C’est un citoyen et il a le droit de travailler pour son pays. Il n’est pas seulement le fils du président mais aussi un citoyen de ce pays. Maintenant, c’est à nous de juger son travail et de le sanctionner par conséquent. Il ne m’appartient pas de juger son travail. Il a le droit de faire de la politique et de soutenir son père. Nous aspirons tous à bénéficier de la bénédiction de nos parents pourquoi devons-nous l’interdire à Karim Wade.
Entre Wade et Abdou Diouf qui vous a le plus soutenu et aussi qui a fait plus pour l’arène ?
(Il éclate de rires et hésite un peu). Ils sont tous les deux de très proches parents. Cependant, j’entretiens des relations privilégiées avec Diouf et à chaque fois que je vais à Paris, je vais le voir. C’est mon ami, mon parent et mon grand-frère. Je vais vous dire qu’ils ne m’ont jamais concrètement soutenu dans mon travail. S’ils n’ont jamais fait quelque chose pour moi, c’est qu’ils ont dirigé le pays dans la paix. Ce qui m’a permis de bien faire mon boulot. Pour l’heure, je demanderais qu’on nous facilite la tâche en nous subventionnant et en construisant enfin une arène nationale. Je n’ai rien à leur reprocher car ils n’ont jamais entravé la bonne marche de mes activités.
A quand la retraite et que pensez-vous du lutteur turc qui a lancé un défi à Yékini. Etes-vous intéressé par cette affiche ?
Comme je l’ai dit tantôt, la lutte est mon chemin de croix et si cela ne tenait qu’à moi, j’allais abandonner tout de suite. Je prie le Bon Dieu pour que je puisse sortir de ce milieu la tête haute et la conscience tranquille. Je prie pour que cela arrive le plus tôt possible, au plus tard l’année prochaine. En ce qui concerne ce turc-là, je dis tout de suite que je ne suis pas intéressé. Aucun occidental ne bouffera un seul de mes centimes. Ils ne peuvent pas nous coloniser et ensuite revenir profiter de nos acquis. Et en parlant de lutte, il ne faut jamais oublier la base affective et le poids des écuries. Et ce toubab-là, il ne dispose de rien de tout cela et il ne peut pas amener cent personnes au stade. Je ne ferai jamais cela car il ne peut rien nous apporter.
Une télévision privée de la place a laissé entendre que vous avez épousé une troisième femme. Qu’en est-il exactement ?
Je n’ai pas pris une troisième épouse. Cependant, j’ai le droit d’épouser autant de femmes que je voudrais. Mais, si jamais je devais le faire, je passerais par le canal de mes parents que je respecte beaucoup. Je ne suis pas un va-nu-pied et un rat de bar débarqué à Dakar qui se permet d’épouser à tout vent sans se référer à ses parents. Je suis assez responsable pour assumer mes actes. Actuellement, mes nombreux soucis, les problèmes que me posent vos confrères et mes chantiers ardus me suffisent largement. Je ne pense pas à une troisième femme. Ces gens font de l’humour et de la dérision, car comme Gaston vend, on en profite. Il se trouve que si on évoque mon nom dans certains travers, j’irai enfin et pour la première fois au tribunal. Comme ils n’ont pas cité de nom et ils font dans la devinette, je laisse passer. Il ne faut pas oublier que je suis un homme qui a une famille et des enfants. Il ne faut pas trop tirer sur la corde.
Gaston aime les grosses cylindrées, pourquoi ce penchant ?
Effectivement, et je dois en rendre grâce à Dieu. Tout cela fait partie de la bienveillance divine «Soutoura Yala la». Une belle villa, de belles femmes et de belles voitures, sans oublier la bonne chair, le respect des préceptes religieux, l’amour de mes parents, constituent des piliers sur lesquels je me repose et je l’assume. Le fait de m’appeler « Sa Ndiambour », c’est le sobriquet qui me fait le plus plaisir et je remercie vraiment vos confrères qui m’ont affublé de ce nom. Cela est une fierté pour moi et je le revendique car Louga représente tout pour moi. Je remercie tout le monde et prie pour que la Paix règne dans ce pays.
bRecueillis par Tapha pour Icone Magazine
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