Le ton monte en Géorgie entre le camp du président Saakachvili et celui de son adversaire, le milliardaire pro-russe Bidzina Ivanichvili, avant les élections législatives du 1er octobre. Après la diffusion par l'opposition d'une vidéo montrant des actes de tortures perpétrés dans un centre pénitencier, le pouvoir a lancé un contre-feu en dénonçant les liens présumés entre le clan Ivanichvili et la mafia géorgienne.
«Khaindrava semble vouloir se faire soutenir par les “Voleurs dans la loi” [membres d'une mafia héritée de l'époque soviétique, NDLR] en vue des prochaines élections parlementaires et présidentielles en Géorgie. La promesse du retour des “Voleurs dans la loi” en Géorgie, où ils pourront reprendre leur place dans la société, paraît être la monnaie d'échange contre ce soutien d'influence, financier et voire armé.»
Voilà ce que l'on peut lire, page 6, sur un procès-verbal de synthèse de la gendarmerie française établi fin 2011. Ce document a été transmis cette semaine aux autorités géorgiennes. Aussitôt, les télévisions contrôlées par le pouvoir ont relayé l'information, illustrée par des vidéos montrant Goga Khaindrava, figure de l'opposition, rencontrant des «Voleurs dans la loi» dans l'Aveyron.
Le Quai d'Orsay mécontent
L'affaire a suscité la colère du Quai d'Orsay comme de la Place Vendôme: «Le pouvoir géorgien fait un usage politique d'éléments d'enquête loin d'être concluants», y explique-t-on en substance. Eka Zgouladzé, la ministre de l'Intérieur géorgienne, estime pour sa part que «ces éléments confirment nos craintes quant aux intentions de l'opposition, étayées par ce qui s'est passé à chaque fois qu'il y a eu des manifestations importantes ces dernières années. En 2009, par exemple, la police autrichienne nous avait déjà fourni des retranscriptions de conversations téléphoniques prouvant que ces Voleurs voulaient déstabiliser la situation à l'occasion des manifestations de l'opposition».
Mardi soir, les personnalités soutenant la coalition le Rêve géorgien, réunie autour de l'oligarque Bidzina Ivanichvili, tournaient en ridicule l'usage que le pouvoir fait de ces informations. «À côté du scandale des vidéos de tortures, ces informations ne sont rien. Cela montre combien Saakachvili [le président] est désespéré», expliquait l'un des invités. M. Khaindrava ne fait même pas partie de la coalition d'Ivanichvili, ajoutait-on. La Géorgie est bien entrée dans la guerre des «kompromati» (des informations compromettantes) qu'a évoquée le président Saakachvili après l'affaire des vidéos.
«Nous n'entendons pas nous dérober devant nos responsabilités. Il y a eu des tortures dans nos prisons. Mais je souligne que ce n'est pas par hasard si ces vidéos sont sorties à dix jours d'un scrutin crucial», précise de son côté Mme Zgouladzé.
Dans le même temps, la Russie procède à des manœuvres militaires tout autour de la Géorgie (au Nord-Caucase, en Arménie et dans les deux régions séparatistes de Géorgie qu'elle soutient). «On ne peut pas imaginer une approche plus provocatrice et irresponsable que de mobiliser des forces militaires à un moment aussi crucial pour la vie démocratique d'une nation», a déclaré le président Saakachvili hier lors de son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies.
Par Régis Genté
«Khaindrava semble vouloir se faire soutenir par les “Voleurs dans la loi” [membres d'une mafia héritée de l'époque soviétique, NDLR] en vue des prochaines élections parlementaires et présidentielles en Géorgie. La promesse du retour des “Voleurs dans la loi” en Géorgie, où ils pourront reprendre leur place dans la société, paraît être la monnaie d'échange contre ce soutien d'influence, financier et voire armé.»
Voilà ce que l'on peut lire, page 6, sur un procès-verbal de synthèse de la gendarmerie française établi fin 2011. Ce document a été transmis cette semaine aux autorités géorgiennes. Aussitôt, les télévisions contrôlées par le pouvoir ont relayé l'information, illustrée par des vidéos montrant Goga Khaindrava, figure de l'opposition, rencontrant des «Voleurs dans la loi» dans l'Aveyron.
Le Quai d'Orsay mécontent
L'affaire a suscité la colère du Quai d'Orsay comme de la Place Vendôme: «Le pouvoir géorgien fait un usage politique d'éléments d'enquête loin d'être concluants», y explique-t-on en substance. Eka Zgouladzé, la ministre de l'Intérieur géorgienne, estime pour sa part que «ces éléments confirment nos craintes quant aux intentions de l'opposition, étayées par ce qui s'est passé à chaque fois qu'il y a eu des manifestations importantes ces dernières années. En 2009, par exemple, la police autrichienne nous avait déjà fourni des retranscriptions de conversations téléphoniques prouvant que ces Voleurs voulaient déstabiliser la situation à l'occasion des manifestations de l'opposition».
Mardi soir, les personnalités soutenant la coalition le Rêve géorgien, réunie autour de l'oligarque Bidzina Ivanichvili, tournaient en ridicule l'usage que le pouvoir fait de ces informations. «À côté du scandale des vidéos de tortures, ces informations ne sont rien. Cela montre combien Saakachvili [le président] est désespéré», expliquait l'un des invités. M. Khaindrava ne fait même pas partie de la coalition d'Ivanichvili, ajoutait-on. La Géorgie est bien entrée dans la guerre des «kompromati» (des informations compromettantes) qu'a évoquée le président Saakachvili après l'affaire des vidéos.
«Nous n'entendons pas nous dérober devant nos responsabilités. Il y a eu des tortures dans nos prisons. Mais je souligne que ce n'est pas par hasard si ces vidéos sont sorties à dix jours d'un scrutin crucial», précise de son côté Mme Zgouladzé.
Dans le même temps, la Russie procède à des manœuvres militaires tout autour de la Géorgie (au Nord-Caucase, en Arménie et dans les deux régions séparatistes de Géorgie qu'elle soutient). «On ne peut pas imaginer une approche plus provocatrice et irresponsable que de mobiliser des forces militaires à un moment aussi crucial pour la vie démocratique d'une nation», a déclaré le président Saakachvili hier lors de son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies.
Par Régis Genté