Le Ghana a réussi, en 10 ans, à transformer une économie calamiteuse en un modèle économique d’émergence. Voici les instruments de ce succès économique unique.
On les appelle en anglais par les vocables «Excecutive director ». Ces puissants messieurs du FMI qui ont le privilège d’analyser l’évolution économique de tous les pays membres du FMI. Chaque année, ils siègent et analysent la stabilité macroéconomique des pays. Les résultats de leurs analyses, qui sont exposés dans les salles de conférences, sont très vites relégués aux oubliettes. Pour moi, ce sont des mines d’or qui d’une façon indirecte montrent la dynamique économique des pays sous études. Dans cet article, j’ai retracé l’histoire économique du Ghana au travers des recommandations des directeurs exécutifs du FMI. J’ai trouvé beaucoup de choses intéressantes, à savoir comment le Ghana a pu transformer en 10 ans une économie languissante en une economie en pleine émergence.
Instabilité généralisée en 2000
Le rapport du FMI sur le Ghana en 2001 a souligné la pratique d’une politique macroéconomique inconsistante. Dans le cas du Ghana en 2000 :
1) Une politique monétaire et fiscale trop expansionniste a créé de l’inflation. Les taux d’intérêts faibles ont encore fait bouillonner les emprunts.
2) Le déficit public a été gonflé par les pertes subies par les entreprises publiques du secteur du pétrole, de l’énergie et de l’eau.
3) La hausse de la masse salariale a été aussi évoquée comme étant une cause directe de l’explosion du déficit publique.
Entre tâtonnements et ajustements structurelles en 2002
1) La politique monétaire est restée restrictive, donnant la priorité à la lutte contre l’inflation.
2) La politique fiscale est mitigée. D’un côté, l’état ghanéen s’est engagé dans un vaste programme de consolidation des dépenses publiques, d’un autre, la hausse continuelle de la masse salariale a continué de peser lourd dans la balance. Même si au niveau de la mobilisation des revenus, il y a du mieux (hausse des prix, élargissement de l’assiette fiscale), cela n’a pas été suffisant.
3) Les réformes fiscales des entreprises publiques n’ont pas atteint leurs objectifs. Comme conséquence la dette publique est restée élevée.
Décollage économique en 2003-2004
1) La politique monétaire restrictive initiée depuis 2001 a commencé à porter ses fruits. L’inflation a été réduite d’une façon consistante. La politique restrictive de la Banque Centrale et une bonne gestion du taux de change flexible n’ont pas permis aux entrées excessives de capitaux de déstabiliser l’economie à travers une appréciation des taux de change. Le stock de réserves en devises a continué à augmenter mettant l’économie à l’abri des chocs extérieurs.
2) En 2004, la politique fiscale a réussi à réduire le déficit budgétaire d’une façon consistante, mais sans pour autant le faire disparaitre. La forte croissance économique de l’année a augmenté les revenus de l’état. Les dépenses publiques ont été contra cycliques, en augmentation. 3) La masse salariale, capricieuse, connaît une légère hausse. La croissance économique comme le prévoit la théorie a réduit le ratio de la dette nationale. Au niveau structurel, l’adoption enfin d’une nouvelle politique des prix dans les secteurs du pétrole-eau et de l’électricité commence à donner ses premiers signes de succès. L’Etat commence à se désengager laissant la place à un secteur privé qui pourra être efficient s’il a un accès facile aux financements bancaires.
L’economie entre 2005-2007 : La croissance économique soutenue
Le Ghana continue sur sa bonne lancée économique. La politique macroéconomique continue d’être rigoureuse. L’indiscipline budgétaire de l’annee 2006 est vite corrigée.
1) L’inflation est réduite d’une façon considérable.
2) Le déficit public et la dette nationale bénéficient d’une croissance économique élevée et sont révisés à la baisse.
3) Les réformes structurelles (financières, salariales) continuent sur leurs lancées. Pour la première fois dans l’histoire du pays, le secteur privé contribue avec ampleur à la croissance économique. Elle a en effet su profiter des fonds du système financiers, pour jouer sa partition dans la hausse de la demande.
L’economie en 2007 :
L’économie ghanéenne poursuit une croissance extraordinaire, propulsée par une demande «bouillonnante ». Elle passe en cette période au stade de pays à revenus faible à celui de pays à revenu intermédiaire.
1. L’inflation est de retour à cause de la hausse des prix du pétrole et de des biens alimentaires et de l’effet de surchauffe dans l’economie. L’explosion de la demande creuse le déficit du compte courant.
2. La politique fiscale est redevenue expansionaire, le déficit public a augmenté gonflant ainsi le déficit du compte courant.
3. Les réformes structurelles au niveau des entreprises parapubliques continuent. La banque centrale réussit à stabiliser le taux de change en l’adaptant à la nouvelle condition extérieure de crise économique mondiale. L’expansion du secteur privé s’est accompagnée par une rapide hausse du crédit.
L’Economie en 2008-2009
1. L’inflation est de retour, grâce une hausse des dépenses publiques. C’est la première fois en 10 ans que la banque centrale n’ait pas réussi à contrecarrer les effets d’une politique fiscale extravagante.
2. Sur le plan fiscal, l’effet contra cyclique des élections sur le déficit publique est confirmé. Le Comité exécutif du FMI a donc insisté pour que les autorité d’Acc ra consolident les dépenses publiques, afin de ne pas annihiler à la fois la bonne politique de recettes budgétaires et les effets positifs de la croissance économique.
Retour à la stabilité de la croissance économique en 2010
1. L’inflation est maîtrisée en 2010 en une seule unité grâce une politique monétaire restrictive. La gestion du taux de change flexible a été minutieusement élaborée. Les réserves vont augmenter grâce à une hausse des prix des produits d’exportation (y compris celui du pétrole).
2. La consolidation des dépenses publiques n’a pas été faite de manière consistante.
Quant à la politique structurelle, elle a donné une place importante au secteur privé. La mobilisation des ressources financières a augmenté le niveau de liquidité des banques.
FRANCIS KONAN - Conseiller éditorial Les Afriques
On les appelle en anglais par les vocables «Excecutive director ». Ces puissants messieurs du FMI qui ont le privilège d’analyser l’évolution économique de tous les pays membres du FMI. Chaque année, ils siègent et analysent la stabilité macroéconomique des pays. Les résultats de leurs analyses, qui sont exposés dans les salles de conférences, sont très vites relégués aux oubliettes. Pour moi, ce sont des mines d’or qui d’une façon indirecte montrent la dynamique économique des pays sous études. Dans cet article, j’ai retracé l’histoire économique du Ghana au travers des recommandations des directeurs exécutifs du FMI. J’ai trouvé beaucoup de choses intéressantes, à savoir comment le Ghana a pu transformer en 10 ans une économie languissante en une economie en pleine émergence.
Instabilité généralisée en 2000
Le rapport du FMI sur le Ghana en 2001 a souligné la pratique d’une politique macroéconomique inconsistante. Dans le cas du Ghana en 2000 :
1) Une politique monétaire et fiscale trop expansionniste a créé de l’inflation. Les taux d’intérêts faibles ont encore fait bouillonner les emprunts.
2) Le déficit public a été gonflé par les pertes subies par les entreprises publiques du secteur du pétrole, de l’énergie et de l’eau.
3) La hausse de la masse salariale a été aussi évoquée comme étant une cause directe de l’explosion du déficit publique.
Entre tâtonnements et ajustements structurelles en 2002
1) La politique monétaire est restée restrictive, donnant la priorité à la lutte contre l’inflation.
2) La politique fiscale est mitigée. D’un côté, l’état ghanéen s’est engagé dans un vaste programme de consolidation des dépenses publiques, d’un autre, la hausse continuelle de la masse salariale a continué de peser lourd dans la balance. Même si au niveau de la mobilisation des revenus, il y a du mieux (hausse des prix, élargissement de l’assiette fiscale), cela n’a pas été suffisant.
3) Les réformes fiscales des entreprises publiques n’ont pas atteint leurs objectifs. Comme conséquence la dette publique est restée élevée.
Décollage économique en 2003-2004
1) La politique monétaire restrictive initiée depuis 2001 a commencé à porter ses fruits. L’inflation a été réduite d’une façon consistante. La politique restrictive de la Banque Centrale et une bonne gestion du taux de change flexible n’ont pas permis aux entrées excessives de capitaux de déstabiliser l’economie à travers une appréciation des taux de change. Le stock de réserves en devises a continué à augmenter mettant l’économie à l’abri des chocs extérieurs.
2) En 2004, la politique fiscale a réussi à réduire le déficit budgétaire d’une façon consistante, mais sans pour autant le faire disparaitre. La forte croissance économique de l’année a augmenté les revenus de l’état. Les dépenses publiques ont été contra cycliques, en augmentation. 3) La masse salariale, capricieuse, connaît une légère hausse. La croissance économique comme le prévoit la théorie a réduit le ratio de la dette nationale. Au niveau structurel, l’adoption enfin d’une nouvelle politique des prix dans les secteurs du pétrole-eau et de l’électricité commence à donner ses premiers signes de succès. L’Etat commence à se désengager laissant la place à un secteur privé qui pourra être efficient s’il a un accès facile aux financements bancaires.
L’economie entre 2005-2007 : La croissance économique soutenue
Le Ghana continue sur sa bonne lancée économique. La politique macroéconomique continue d’être rigoureuse. L’indiscipline budgétaire de l’annee 2006 est vite corrigée.
1) L’inflation est réduite d’une façon considérable.
2) Le déficit public et la dette nationale bénéficient d’une croissance économique élevée et sont révisés à la baisse.
3) Les réformes structurelles (financières, salariales) continuent sur leurs lancées. Pour la première fois dans l’histoire du pays, le secteur privé contribue avec ampleur à la croissance économique. Elle a en effet su profiter des fonds du système financiers, pour jouer sa partition dans la hausse de la demande.
L’economie en 2007 :
L’économie ghanéenne poursuit une croissance extraordinaire, propulsée par une demande «bouillonnante ». Elle passe en cette période au stade de pays à revenus faible à celui de pays à revenu intermédiaire.
1. L’inflation est de retour à cause de la hausse des prix du pétrole et de des biens alimentaires et de l’effet de surchauffe dans l’economie. L’explosion de la demande creuse le déficit du compte courant.
2. La politique fiscale est redevenue expansionaire, le déficit public a augmenté gonflant ainsi le déficit du compte courant.
3. Les réformes structurelles au niveau des entreprises parapubliques continuent. La banque centrale réussit à stabiliser le taux de change en l’adaptant à la nouvelle condition extérieure de crise économique mondiale. L’expansion du secteur privé s’est accompagnée par une rapide hausse du crédit.
L’Economie en 2008-2009
1. L’inflation est de retour, grâce une hausse des dépenses publiques. C’est la première fois en 10 ans que la banque centrale n’ait pas réussi à contrecarrer les effets d’une politique fiscale extravagante.
2. Sur le plan fiscal, l’effet contra cyclique des élections sur le déficit publique est confirmé. Le Comité exécutif du FMI a donc insisté pour que les autorité d’Acc ra consolident les dépenses publiques, afin de ne pas annihiler à la fois la bonne politique de recettes budgétaires et les effets positifs de la croissance économique.
Retour à la stabilité de la croissance économique en 2010
1. L’inflation est maîtrisée en 2010 en une seule unité grâce une politique monétaire restrictive. La gestion du taux de change flexible a été minutieusement élaborée. Les réserves vont augmenter grâce à une hausse des prix des produits d’exportation (y compris celui du pétrole).
2. La consolidation des dépenses publiques n’a pas été faite de manière consistante.
Quant à la politique structurelle, elle a donné une place importante au secteur privé. La mobilisation des ressources financières a augmenté le niveau de liquidité des banques.
FRANCIS KONAN - Conseiller éditorial Les Afriques