Il a fallu pour obtenir ces résultats flatteurs toute la détermination des autorités sénégalaises et au premier rang desquelles, le chef de l’Etat Me Abdoulaye qui n’a ménagé aucun effort pour concilier les positions des protagonistes.
Contre toute attente, il a réussi à mettre d’accord des adversaires que tout opposait jusqu’à leur arrivée à Dakar au début du mois de juin pour participer aux négociations ouvertes avec l’appui de la communauté internationale.
Du sort des prisonniers politiques ou ceux qui y ressemblent, au report des échéances électorales initialement prévues au cours de ce mois, en passant par la formation d’un gouvernement de transition consensuel et la démission effective et solennelle du président déchu Sidi Cheikh Ould Abdallahi (renversé le 6 août 2008), tous ces points ont fait l’objet d’un accord total de toutes les parties prenantes. Sans exception.
Le point d’achoppement qui avait nécessité un retour sur Dakar, la semaine dernière, le sort du Haut Conseil d’Etat alors dirigé par le chef de la junte Mouhamed Ould Abdel Aziz, a connu une issue heureuse grâce aux efforts communs consentis par les deux "présidents" dans l’intérêt supérieur du peuple mauritanien longtemps martyrisé par les interminables querelles au sommet de l’Etat qui prospèrent depuis près d’un demi-siècle.
Sidi Ould Cheikh Abdallahi a enfin accepté de démissionner dans la nuit de vendredi au même moment où le HCE a été mué en Conseil de la défense nationale, conformément aux dispositions de la Constitution. Mais pour arriver à cette issue saluée de toutes parts par les gardiens de la paix, il a fallu des nuits entières de sommeil, des hectolitres de salives et des quantités incommensurables de kérosène aux médiateurs.
C’est le lieu de rendre ici un vibrant hommage au Président de la République du Sénégal dont la persévérance dans sa quête de paix, et l’aura diplomatique ont grandement servi à cette cause majeure.
Le Sénégal y a certes un intérêt immense du fait de la proximité des deux pays, des liens géographiques et historiques séculaires les unissant, mais tout compte fait, les pauvres populations mauritaniennes avides de paix et de tranquillité, sont les seules véritables bénéficiaires de ce retour à la normale. Et évidemment la démocratie.
La diplomatie sénégalaise vient encore une fois de prouver son efficacité sur le continent africain, et avec elle, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio.
Après le cessez-le-feu en Côte d’Ivoire en septembre 2002, la réconciliation entre Ravalomanane et Ratsiraka de Madagascar, l’accord de Dakar liant El Béchir du Soudan au président tchadien Déby Itno et bien d’autres foyers de tension dans lesquels le Sénégal s’est impliqué pour apporter des solutions, cette médiation glorieuse conforte incontestablement le leadership de notre pays sur la gestion des conflits et la promotion de la paix en Afrique.
PAR OUSMANE KEBE DIOP