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Grand angle – Sport de glisse : le Sénégal surfe sur la bonne vague (2/5)

Rédigé par leral.net le Samedi 28 Mars 2020 à 13:47 | | 0 commentaire(s)|

Pour le deuxième épisode de notre série consacrée au surf au Sénégal, nous explorons l’univers économique de ce sport de glisse et un focus sur Oumar Sèye, la tête de gondole des conquérants de la vague. Dossier de Samba Oumar FALL (textes) et Assane SOW (photos) Une bonne vague économique Le surf peut être une formidable source […]

Pour le deuxième épisode de notre série consacrée au surf au Sénégal, nous explorons l’univers économique de ce sport de glisse et un focus sur Oumar Sèye, la tête de gondole des conquérants de la vague.

Dossier de Samba Oumar FALL (textes) et Assane SOW (photos)

Une bonne vague économique

Le surf peut être une formidable source de richesse. Le vice-président de la Fss, Oumar Sèye, en est convaincu. Selon lui, les vagues peuvent contribuer à l’essor économique d’une région. La preuve, dit-il, depuis quelques années, l’explosion de l’industrie du surf profite à beaucoup de pays comme l’Afrique du Sud qui jouit d’une belle réputation dans ce domaine, le Maroc et plusieurs autres pays où le surf a créé de la richesse. Mais ce filon, croit-il savoir, n’est pas suffisamment exploité au Sénégal. Oumar Sèye est d’avis que la promotion du surf pourrait stimuler l’économie locale, générer des emplois et doper le tourisme. « On a des spots de classe mondiale qui pourraient contribuer à l’essor économique des villes et villages, et créer de la richesse pour le littoral. Le surf peut drainer un nombre impressionnant de touristes, malheureusement, cet atout est encore à l’heure actuelle insuffisamment exploité », regrette-t-il.

  Aujourd’hui, pense Oumar Sèye, le Sénégal est devenu une destination privilégiée des surfeurs européens, surtout pendant l’hiver. Sans compter la floraison  des « surfs camps » et la multiplication des événements, compétitions, challenges ou trophées qui attirent de plus en plus de participants étrangers comme locaux. Le surf peut devenir l’un des piliers du développement touristique, estime-t-il. « Certains pays comme le Maroc, le Cap Vert et Madagascar ont déjà choisi cette bonne vague économique. Forts de l’opportunité de développement touristique que constitue le surf, les pouvoirs publics doivent accompagner le développement de ce loisir sportif ».

Bien que le surf sénégalais soit plus connu à l’étranger que localement, on note cependant un engouement autour de la discipline. « Il y a plusieurs « surf camps » qui sont gérés par des étrangers et deux seulement par des locaux et la pratique se développe de plus en plus, surtout du côté des jeunes », fait remarquer Oumar Sèye. D’ailleurs, indique Soulèye Mbengue, secrétaire général de la Fss, il y a un très bon pôle Espoir avec la petite catégorie. Ce qui laisse croire qu’il y aura une bonne relève.

  Aux prochains Jeux olympiques de la jeunesse de 2022, à Dakar, le surf veut bien jouer sa partition. « Les Joj, nous sommes impatients d’y être. Nous travaillons de concert avec le Comité national olympique et la Fédération internationale de surf (Isa) en vue d’être prêt le moment venu », relève M. Mbengue. « D’ici aux Joj, les autorités seront surprises des surfeurs que nous allons présenter. La crème du surf mondial sera là et on ne sera pas là pour représenter, mais pour les médailles », assure Oumar Sèye.

Pour l’heure, le surf ne connaît pas encore une fièvre nationale et le Sénégal est loin d’être la capitale africaine du surf, mais les acteurs de ce sport entré par effraction chez nous pensent que notre pays pourrait revendiquer ce statut avec l’accompagnement de l’État.

OUMAR SEYE, PREMIER PRO SÉNÉGALAIS : Le surf dans la peau …

Son nom est associé au surf sénégalais. Il en a été le porte-étendard pendant deux décennies, avant de décrocher et de s’investir dans le surf business. Premier « rider » local à signer un contrat professionnel, Oumar Sèye qui a ouvert son académie de surf et transmet la passion aux nouvelles générations.

  Il n’est pas un dieu du surf comme Duke Kahanamoku, père du surf moderne, ni une icône mondiale à l’image de Kelly Slater, mais Oumar Sèye n’en reste pas moins le plus grand ambassadeur sénégalais de ce sport de glisse. C’est lui qui a défriché la voie au surf, devenu aujourd’hui centre de sa vie.

Né à Ngor, il y a 43 ans, il s’est vite découvert une passion pour cette discipline. À 12 ans, il commence à chevaucher la houle dans son fief où l’on défie la mer dès le sevrage. Le môme donnait un coup de main à son oncle, Pape Sow, qui avait créé une cabane aux Almadies pour y vendre boissons et sandwichs aux touristes. C’est ainsi, dit-il, que s’est créé le rendez-vous pour les surfeurs étrangers. Et à force de fréquenter les lieux, le jeune Oumar a vu naître en lui l’envie de pratiquer ce sport. « Après, ça a été un piège. J’ai arrêté mes études à l’âge de 14 ans, en classe de Cm2, à cause de ce sport », confie-t-il. Il continuait à aider son oncle en faisant croire à sa famille qu’il allait toujours à l’école. Débrouillard, personne ne lui a jamais appris à se tenir sur une planche. Il a juste vu les touristes pratiquer et les a ensuite imités. Le fait de pratiquer le surf lui a donné l’opportunité d’aller, plus tard, en France, pour des tests. La chance est au rendez-vous et le veinard signe son premier contrat professionnel. C’était en 1999. Il devient ainsi le premier pro de l’Afrique de l’ouest. Après avoir reçu la bénédiction de ses parents, Oumar Sèye part s’installer en France. Il a bourlingué dans le monde entier pour dominer les plus grandes vagues et vivre pleinement sa passion.

 En Europe, Oumar enchaîne les compétitions, côtoie les meilleurs de la discipline, surfe sur toute sorte de vague. Et après 20 années d’une carrière riche en France, il revient au Sénégal. Pas surprenant qu’il investisse alors dans le surf. « Mon slogan a toujours été « Back in town ». J’ai toujours dit que le jour où je serai prêt, je rentrerai au Sénégal. En faisant le tour du monde, j’ai signé avec trois marques différentes ; ce qui m’a permis d’investir dans le surf », explique le bonhomme qui dit n’avoir jamais oublié d’où il venait.

Pionnier du surf business, il met en place le Surfer Paradise, aux Almadies, pour faire la promotion du surf et développer sa pratique au Sénégal. « J’ai créé un circuit qui s’appelait Ngor Surf Trophée pour permettre aux surfeurs locaux qui n’avaient pas la chance d’être des pro de côtoyer les surfeurs étrangers ». Cette compétition va, par la suite, devenir la West Africa Tour, l’Africa Tour puis la World Trophy Senegal Pro.

Grâce à son cursus et sa détermination (il a été plusieurs fois Champion du Sénégal), il devient le point focal de la World Trophy en Afrique de l’ouest et intègre les instances du surf au niveau local et continental. Il est vice-président de la Fédération sénégalaise de surf et de la Confédération africaine de surf.

 Aujourd’hui, on ne peut parler de surf au Sénégal sans évoquer le nom d’Oumar Sèye qui ne vit que pour le surf. Son rôle d’ambassadeur lui a valu une belle reconnaissance auprès de ses pairs. « On a une école de surf pour ceux qui veulent apprendre et le club pour les gens qui ont le niveau qu’on doit suivre. Derrière, il y a une académie, Sénégal Surf, pour détecter les nouveaux talents. Je l’ai fait avec Chérif Fall et ça a marché. La détection se poursuivra pour dénicher d’autres champions », assure-t-il. Plus connu à l’étranger, qu’au Sénégal, celui qui aura inspiré tous les autres, compte se donner à fond pour contribuer à l’essor du sport de glisse. Et encourager les générations de surfeurs à aller plus loin encore.

Aujourd’hui, il suscite l’admiration des jeunes surfeurs qui défient chaque jour les rouleaux avec un unique rêve : devenir de futurs Oumar Sèye.

S.O.FALL



Source : http://lesoleil.sn/grand-angle-sport-de-glisse-le-...