La directrice de campagne de Carlos Gomes Junior, par ailleurs Premier ministre par intérim, avait menacé des militaires de poursuites dans un communiqué au vitriol publié mercredi. Adiato Djalo Nandigna avait déclaré que les forces armées n'avaient pas à se mêler des affaires politiques et diplomatiques.
Son communiqué faisait suite à la conférence de presse organisée lundi par l'état-major de l'armée, pour exiger le départ de la mission militaire angolaise en Guinée-Bissau, la Missang.
Mise sur pied en mars 2011, elle compte environ deux cent éléments, et a débarqué en octobre des équipements militaires sophistiqués, dont des chars et des hélicoptères de combats. L'armée, qui se plaint d’être sous-équipée, accuse le gouvernement de se doter, grâce au contingent angolais, d'une force de protection en cas de crise.
L'opposition politique partage l'amertume et la colère des militaires bissau-guinéens. A son initiative, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis le 5 avril devant la mission angolaise à Bissau pour exiger le départ des forces de la Missang.
Le coup de force de l'armée de jeudi soir intervient aussi alors que Carlos Gomes Junior s'apprêtait à réduire les effectifs de l'armée dans le cadre d'une réforme forcément impopulaire dans les casernes.
Carlos Gomes Junior a donc perdu son bras de fer contre les militaires
Le Premier ministre a donc perdu son bras de fer avec l'armée bissau-guinéenne. Lui qui pensait que le contingent angolais pourrait le protéger de sa propre armée a été laché en début de semaine par son puissant allié.
Les propos tenus lundi par le ministre angolais des Affaires étrangères qui avait annoncé le retrait de son contingent, sont apparus aux yeux des militaires bissau-guinéens comme le signe que Luanda ne bougerait pas pour soutenir Carlos Gomes junior. Depuis plusieurs semaines déjà, l'état-major avait réussi à neutraliser une éventuelle menace de la part des deux cent soldats angolais, multipliant les pression politiques et les menaces physiques à peine voilées.
L'armée bissau-guinéenne n'a jamais accepté la présence d'un contingent angolais, y voyant une volonté à peine cachée de la part de Carlos Gomes Junior de vouloir s'en servir pour imposer une profonde réforme du secteur de la défense. La ligne rouge était franchie depuis longtemps et l'issue du premier tour de la présidentielle, remporté Carlos Gomes, faisait planer le risque pour les militaires de voir leur ennemi accéder à la magistrature suprême.
L'armée voulait donc agir avant le second tour. Dans l'entourage de Carlos Gomes Junior, on n'ignorait pas ce risque. Mais comme le résume l'un de ses collaborateurs, Carlos Gomes ne voulait pas quitter le pays pour se mettre à l'abri. C'eut été perdre toute crédibilité aux yeux de la population.
Pas de second tour de la présidentielle
Le timing des militaires bissau-guinéens ne doit rien au hasard. Ils ont arrêté le grand favori de l'élection présidentielle moins de quinze jour avant que le peuple ne puisse lui donner la magistrature suprême. L'armée a ainsi écarté - au moins pour un temps - , le risque de voir celui qu'elle considère comme un danger mortel, prendre en main les rênes du pays. La colère des militaires bissau-guinéens envers le premier ministre sortant tient en grande partie à ses déclarations en faveur d'une réforme de l'armée.
Tout le monde à Bissau avait compris une chose : pour imposer une réforme des casernes, Carlos Gomes avait fait venir l'armée angolaise. Le ressentiment des militaires a été aussi largement instrumentalisé par Koumba Yalla. L'opposant du PRS très populaire au sein de la troupe accusait Carlos Gomes de fraude électorale, accusation reprise par la majorité des perdants du premier tour. De la à voir un complot orchestré conjointement par l'armée et le PRS de Koumba Yalla, il n'y a qu'un pas que franchissent les proches de Carlos Gomes.
Selon l'un de ses principaux collaborateurs actuellement en fuite, le PRS voulait à tout prix éviter un second tour perdu d'avance face à Carlos Gomes Junior. Reste à savoir désormais quelles sont les intentions des militaires. Ils ont convoqué la classe politique pour ce samedi, se disant prêts à trouver une solution politique. Une solution sans Carlos Gomes bien évidemment.
L'armée a donc réglé ses vieux comptes avec Carlos Gomes Junior, Premier ministre sortant et candidat en tête du premier tour de la présidentielle, prévu le 29 avril prochain. Vincent Foucher, analyste à International Crisis Group et spécialiste de la Guinée Bissau, revient sur les raisons de cette nouvelle crise.
RFI
Son communiqué faisait suite à la conférence de presse organisée lundi par l'état-major de l'armée, pour exiger le départ de la mission militaire angolaise en Guinée-Bissau, la Missang.
Mise sur pied en mars 2011, elle compte environ deux cent éléments, et a débarqué en octobre des équipements militaires sophistiqués, dont des chars et des hélicoptères de combats. L'armée, qui se plaint d’être sous-équipée, accuse le gouvernement de se doter, grâce au contingent angolais, d'une force de protection en cas de crise.
L'opposition politique partage l'amertume et la colère des militaires bissau-guinéens. A son initiative, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis le 5 avril devant la mission angolaise à Bissau pour exiger le départ des forces de la Missang.
Le coup de force de l'armée de jeudi soir intervient aussi alors que Carlos Gomes Junior s'apprêtait à réduire les effectifs de l'armée dans le cadre d'une réforme forcément impopulaire dans les casernes.
Carlos Gomes Junior a donc perdu son bras de fer contre les militaires
Le Premier ministre a donc perdu son bras de fer avec l'armée bissau-guinéenne. Lui qui pensait que le contingent angolais pourrait le protéger de sa propre armée a été laché en début de semaine par son puissant allié.
Les propos tenus lundi par le ministre angolais des Affaires étrangères qui avait annoncé le retrait de son contingent, sont apparus aux yeux des militaires bissau-guinéens comme le signe que Luanda ne bougerait pas pour soutenir Carlos Gomes junior. Depuis plusieurs semaines déjà, l'état-major avait réussi à neutraliser une éventuelle menace de la part des deux cent soldats angolais, multipliant les pression politiques et les menaces physiques à peine voilées.
L'armée bissau-guinéenne n'a jamais accepté la présence d'un contingent angolais, y voyant une volonté à peine cachée de la part de Carlos Gomes Junior de vouloir s'en servir pour imposer une profonde réforme du secteur de la défense. La ligne rouge était franchie depuis longtemps et l'issue du premier tour de la présidentielle, remporté Carlos Gomes, faisait planer le risque pour les militaires de voir leur ennemi accéder à la magistrature suprême.
L'armée voulait donc agir avant le second tour. Dans l'entourage de Carlos Gomes Junior, on n'ignorait pas ce risque. Mais comme le résume l'un de ses collaborateurs, Carlos Gomes ne voulait pas quitter le pays pour se mettre à l'abri. C'eut été perdre toute crédibilité aux yeux de la population.
Pas de second tour de la présidentielle
Le timing des militaires bissau-guinéens ne doit rien au hasard. Ils ont arrêté le grand favori de l'élection présidentielle moins de quinze jour avant que le peuple ne puisse lui donner la magistrature suprême. L'armée a ainsi écarté - au moins pour un temps - , le risque de voir celui qu'elle considère comme un danger mortel, prendre en main les rênes du pays. La colère des militaires bissau-guinéens envers le premier ministre sortant tient en grande partie à ses déclarations en faveur d'une réforme de l'armée.
Tout le monde à Bissau avait compris une chose : pour imposer une réforme des casernes, Carlos Gomes avait fait venir l'armée angolaise. Le ressentiment des militaires a été aussi largement instrumentalisé par Koumba Yalla. L'opposant du PRS très populaire au sein de la troupe accusait Carlos Gomes de fraude électorale, accusation reprise par la majorité des perdants du premier tour. De la à voir un complot orchestré conjointement par l'armée et le PRS de Koumba Yalla, il n'y a qu'un pas que franchissent les proches de Carlos Gomes.
Selon l'un de ses principaux collaborateurs actuellement en fuite, le PRS voulait à tout prix éviter un second tour perdu d'avance face à Carlos Gomes Junior. Reste à savoir désormais quelles sont les intentions des militaires. Ils ont convoqué la classe politique pour ce samedi, se disant prêts à trouver une solution politique. Une solution sans Carlos Gomes bien évidemment.
L'armée a donc réglé ses vieux comptes avec Carlos Gomes Junior, Premier ministre sortant et candidat en tête du premier tour de la présidentielle, prévu le 29 avril prochain. Vincent Foucher, analyste à International Crisis Group et spécialiste de la Guinée Bissau, revient sur les raisons de cette nouvelle crise.
RFI