Si Moussa Dadis Camara se trouvait toujours mercredi 26 août en fin d’après-midi à Ouagadougou, il n’a jamais été aussi proche de rentrer à Conakry. Après un premier retour avorté il y a deux semaines, il a une nouvelle fois tenté sa chance, en catimini, cette fois.
C’est en effet sans l’autorisation des autorités ivoiriennes que l’ancien chef de la junte prend place à 8 heures 15 à bord d’un vol Air Burkina à destination d’Abidjan. Aucun vol direct ne reliant Ouagadougou et la capitale guinéenne, Dadis et sa délégation (son avocat Me Jean-Baptiste Haba et trois de ses proches) comptaient y prendre un vol de la compagnie Air Côte d’Ivoire pour Conakry à 12h10.
Mais « dix minutes avant d’atteindre Abidjan, le commandant de bord nous annonce qu’il n’a pas reçu l’autorisation d’atterrir et que l’avion doit être dérouté à Accra », raconte Me Jean-Baptiste Haba, joint à Ouagadougou, qui affirme que le même commandant lui aurait déclaré « qu’Abidjan a refusé que le vol se pose à la demande de la Guinée ».
Retour à la case départ
Sur le tarmac de l’aéroport d’Accra, où le vol Air Burkina se pose à 10 heures, les autorités ghanéennes laissent les passagers descendre de l’avion. Seuls Dadis, son avocat et ses trois proches sont bloqués à l’intérieur. Après avoir contrôlé leurs identités, la police leur indique qu’ils doivent regagner Ouagadougou.
« Depuis quand un citoyen de la Cedeao a besoin d’une autorisation pour circuler dans cette zone, s’énerve Me Haba. On ne peut pas empêcher Dadis de rentrer en Guinée. »
Kafando et Zida informés ?
L’avocat de l’ancien chef de la junte, au pouvoir de décembre 2008 à janvier 2010, assure que le président burkinabè Michel Kafando a été informé de son départ par l’intermédiaire de son directeur de cabinet. Et Dadis Camara en aurait lui-même fait part au Premier ministre Isaac Zida lors d’une entrevue entre les deux hommes le 25 août à Ouagadougou.
Le fils de la Guinée forestière a annoncé sa candidature à la présidentielle guinéenne le 11 mai dernier. Il a été inculpé le 9 juillet par la justice guinéenne pour complicité d’assassinats, séquestration et viols, lors du massacre du 28 septembre 2009.