Des morts anonymes qui finissent souvent sous terre de façon tout aussi anonyme. Leur seule faute est d’être morts, souvent de manière tragique, loin, à l’insu de leurs parents et proches. Pour cette raison, ils restent des jours voire des mois dans les congélateurs de la morgue de l’hôpital Principal de Dakar (Hpd) au point de perdre la face, devenant méconnaissables pour les quelques parents qui viendraient les identifier. Au cas contraire, l’hôpital Principal de Dakar est obligé de s’en débarrasser et les enterre selon le rituel musulman au cimetière de Yof«Un homme (ou une femme) âgé d’environ… a été admis au service d’urgences de l’hôpital Principal de Dakar suite à un accident de la circulation, à une agression ou à un lynchage… L’intéressé est décédé le … Toute personne pouvant aider à retrouver ses parents est priée de prendre contact avec l’hôpital Principal de Dakar.» C’est en substance ce qu’on peur lire sur les communiqués transmis à la presse par le service communication de l’Hôpital principal de Dakar (Hpd). Des avis concernant des corps non identifiés, en attente d’être récupérés par leurs proches ou famille.
Victimes pour la majeure partie d’accident de la circulation, ces cas sont admis aux Urgences de l’hôpital Principal de Dakar ou directement acheminés à la morgue s’ils arrivent à l’hôpital sans vie. Si parfois les sapeurs-pompiers parviennent à extirper de bouche leur nom, c’est en général la seule information disponible les concernant. Dans cette situation, il est difficile pour les services de la morgue, si la personne n’a pas de pièce d’identité, de gérer la situation. La solution : «Nous prenons une photo de la victime et faisons un communiqué que nous publions par voie de presse», informe Moussa Samb, chargé de la communication de l’Hpd. Dans la moitié des cas, des parents se manifestent pour réclamer le corps. «Sur 20 cas que nous recensons environ dans l’année, 12 sont identifiés», indique M. Samb. Quid des huit qui restent ?
Ce sont généralement des malades mentaux ou des sans domicile fixe qui n’ont plus de lien avec leur famille depuis longtemps. Néanmoins, les services hospitaliers prennent la peine de faire des communiqués pour retrouver des parents ou proches ; mais ces efforts se soldent souvent par un échec. Alors ne pouvant pas garder de façon éternelle les corps dans la morgue, il faut s’en débarrasser. «Ils sont gardés au minimum pendant 45 jours. Mais il arrive que l’on garde un corps pendant deux mois, espérant voir des proches le réclamer.»
Tous enterrés selon le rite musulman
Ce délai dépassé, l’hôpital procède aux formalités pour l’inhumation. Il s’agira dans un premier temps selon notre interlocuteur, de demander l’aval du procureur de la République, seul habilité à autoriser l’inhumation. «Nous lui adressons une correspondance avec tous les justificatifs nécessaires qui montrent que nous avons cherché en vain à retrouver des proches», précise M. Samb. S’il y accorde un avis favorable, il est ensuite dressé un Procès-verbal dans lequel, il est mentionné tous les détails ayant rapport avec l’enterrement des inconnus. Pour ces cas, l’hôpital Principal dispose d’une parcelle au cimetière musulman de Yoff, où elle enterre ces corps. Mais la grande question est : sous quel rite sont-ils enterrés ? La question mérite d’être posée d’autant plus qu’on ne dispose d’aucune information pouvant renseigner sur leur appartenance religieuse. Mais pour résoudre le problème, l’hôpital Principal de Dakar opte pour un procédé commun. «Ils sont tous enterrés selon le rite musulman, à moins qu’il y ait un élément extérieur qui montre que la victime est d’une autre obédience religieuse. Il y a un service de l’hôpital qui fournit le linceul et la somme de 5 000 francs pour payer les manœuvres», informe M. Samb.
Abandonné pour des fraisd’hospitalisation
Les corps non identifiés que l’hôpital Principal de Dakar décide d’inhumer ne sont pas toujours ceux de malades mentaux ou de personnes sans domicile fixe. Certains sont abandonnés volontiers par des parents. «Nous avions eu un cas ou les parents ont pris contact avec nous pour le reconnaître, mais bizarrement ils ne sont jamais venus récupérer le corps», raconte celui qui depuis cinq ans est à la recherche de parents de ces victimes. Se sont-ils finalement rendu compte qu’ils s’étaient trompés ? N’en voulaient-ils pas ? Toutes ces hypothèses sont possibles.
Un autre cas du genre : «Un jour à la suite d’un communiqué paru dans la presse, des parents se sont manifestés et sont venus jusqu’à la morgue pour identifier le corps. Mais une fois sur place, ils sont devenus réticents. Le frère a dit qu’il ne pense pas pouvoir le reconnaître car cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Il a dit qu’il chargerait son oncle de venir l’identifier mais depuis lors, ils ne sont jamais revenus.» Pourtant malgré l’état du corps, façonné par l’effet de la congélation, les parents étaient convaincus que la victime était bien un membre de leur famille vu les signes caractéristiques qu’ils avaient donnés et qui étaient les mêmes que ceux de la victime.
Voilà des cas assez récurrents à l’hôpital Principal de Dakar. Moussa Samb l’explique par le fait que beaucoup de parents ont peur de payer des frais pour entrer en possession de leur corps. Mais M. Samb d’informer : «Notre action est motivée par des raisons humanitaires et non pécuniaires. Nous voulons que les parents de victime puissent enterrer leur mort convenablement.» Autrement dit, «les parents peuvent retirer leur corps sans payer de frais». Car, renseigne le chargé de la communication, «quand il s’agit de personnes victimes d’accident de la voie publique, elles sont prises en charge par le Fond de garantie automobile (Fga), dont une antenne est installée à l’hôpital même». S’agissant de personnes décédées suite à une maladie, là un compromis est trouvé entre la famille et la structure. «Elle verse un acompte et s’engage à verser le reste par tranche.» Un engagement qui selon Moussa Samb n’est pas toujours respecté.
PiccMi.Com - La Rédaction
Victimes pour la majeure partie d’accident de la circulation, ces cas sont admis aux Urgences de l’hôpital Principal de Dakar ou directement acheminés à la morgue s’ils arrivent à l’hôpital sans vie. Si parfois les sapeurs-pompiers parviennent à extirper de bouche leur nom, c’est en général la seule information disponible les concernant. Dans cette situation, il est difficile pour les services de la morgue, si la personne n’a pas de pièce d’identité, de gérer la situation. La solution : «Nous prenons une photo de la victime et faisons un communiqué que nous publions par voie de presse», informe Moussa Samb, chargé de la communication de l’Hpd. Dans la moitié des cas, des parents se manifestent pour réclamer le corps. «Sur 20 cas que nous recensons environ dans l’année, 12 sont identifiés», indique M. Samb. Quid des huit qui restent ?
Ce sont généralement des malades mentaux ou des sans domicile fixe qui n’ont plus de lien avec leur famille depuis longtemps. Néanmoins, les services hospitaliers prennent la peine de faire des communiqués pour retrouver des parents ou proches ; mais ces efforts se soldent souvent par un échec. Alors ne pouvant pas garder de façon éternelle les corps dans la morgue, il faut s’en débarrasser. «Ils sont gardés au minimum pendant 45 jours. Mais il arrive que l’on garde un corps pendant deux mois, espérant voir des proches le réclamer.»
Tous enterrés selon le rite musulman
Ce délai dépassé, l’hôpital procède aux formalités pour l’inhumation. Il s’agira dans un premier temps selon notre interlocuteur, de demander l’aval du procureur de la République, seul habilité à autoriser l’inhumation. «Nous lui adressons une correspondance avec tous les justificatifs nécessaires qui montrent que nous avons cherché en vain à retrouver des proches», précise M. Samb. S’il y accorde un avis favorable, il est ensuite dressé un Procès-verbal dans lequel, il est mentionné tous les détails ayant rapport avec l’enterrement des inconnus. Pour ces cas, l’hôpital Principal dispose d’une parcelle au cimetière musulman de Yoff, où elle enterre ces corps. Mais la grande question est : sous quel rite sont-ils enterrés ? La question mérite d’être posée d’autant plus qu’on ne dispose d’aucune information pouvant renseigner sur leur appartenance religieuse. Mais pour résoudre le problème, l’hôpital Principal de Dakar opte pour un procédé commun. «Ils sont tous enterrés selon le rite musulman, à moins qu’il y ait un élément extérieur qui montre que la victime est d’une autre obédience religieuse. Il y a un service de l’hôpital qui fournit le linceul et la somme de 5 000 francs pour payer les manœuvres», informe M. Samb.
Abandonné pour des fraisd’hospitalisation
Les corps non identifiés que l’hôpital Principal de Dakar décide d’inhumer ne sont pas toujours ceux de malades mentaux ou de personnes sans domicile fixe. Certains sont abandonnés volontiers par des parents. «Nous avions eu un cas ou les parents ont pris contact avec nous pour le reconnaître, mais bizarrement ils ne sont jamais venus récupérer le corps», raconte celui qui depuis cinq ans est à la recherche de parents de ces victimes. Se sont-ils finalement rendu compte qu’ils s’étaient trompés ? N’en voulaient-ils pas ? Toutes ces hypothèses sont possibles.
Un autre cas du genre : «Un jour à la suite d’un communiqué paru dans la presse, des parents se sont manifestés et sont venus jusqu’à la morgue pour identifier le corps. Mais une fois sur place, ils sont devenus réticents. Le frère a dit qu’il ne pense pas pouvoir le reconnaître car cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Il a dit qu’il chargerait son oncle de venir l’identifier mais depuis lors, ils ne sont jamais revenus.» Pourtant malgré l’état du corps, façonné par l’effet de la congélation, les parents étaient convaincus que la victime était bien un membre de leur famille vu les signes caractéristiques qu’ils avaient donnés et qui étaient les mêmes que ceux de la victime.
Voilà des cas assez récurrents à l’hôpital Principal de Dakar. Moussa Samb l’explique par le fait que beaucoup de parents ont peur de payer des frais pour entrer en possession de leur corps. Mais M. Samb d’informer : «Notre action est motivée par des raisons humanitaires et non pécuniaires. Nous voulons que les parents de victime puissent enterrer leur mort convenablement.» Autrement dit, «les parents peuvent retirer leur corps sans payer de frais». Car, renseigne le chargé de la communication, «quand il s’agit de personnes victimes d’accident de la voie publique, elles sont prises en charge par le Fond de garantie automobile (Fga), dont une antenne est installée à l’hôpital même». S’agissant de personnes décédées suite à une maladie, là un compromis est trouvé entre la famille et la structure. «Elle verse un acompte et s’engage à verser le reste par tranche.» Un engagement qui selon Moussa Samb n’est pas toujours respecté.
PiccMi.Com - La Rédaction