Son sourire masque une souffrance mal dissimulée: de 2002 à 2004, le supérieur hiérarchique d'Anabella l'a harcelé tous les jours. Sexuellement d'abord, puis moralement. Récit d'un calvaire et d'un long feuilleton judiciaire.
"Tout a commencé quelques jours après mon embauche. Mon supérieur, associé du directeur général, me complimentait régulièrement sur mon physique. J'étais surprise et gênée. En rigolant, il se permettait aussi de commenter ma tenue: "Tu es bien trop couverte" disait-il, "une femme comme toi devrait montrer ses bretelles, porter des strings". J'ai tremblé intérieurement et quitté son bureau.
Mon chef me draguait ouvertement, c'était impensable et dégradant. Mais comme je ne répondais pas à ses avances, il s'est montré plus entreprenant. Un jour, il m'a demandé par téléphone de lui apporter un café. Ca m'a étonné mais j'y suis allée. Arrivée dans la salle de réunion, il était là, avec un grand sourire et deux gobelets dans les mains. Je n'oublierai jamais. D'un air enjoué, il m'a lancé: "Tu n'as toujours pas compris? Regarde l'effet que tu fais à bibi". Derrière la toile de son pantalon, son sexe était en érection. J'ai été choquée, horrifiée. Je suis sortie sans un mot, en me traînant jusqu'à la porte, dans un état de choc. Une demi-heure après, il me confiait des tâches urgentes à régler en à peine une heure au lieu d'une semaine. J'ai compris que ma réaction lui avait déplu et que j'allais le payer.
Et c'est là que le harcèlement moral a pris le relai: surcharge de travail, mise au placard, isolement et menace. Quand mon chef me croisait dans le couloir, il me répétait "Démissionne, démissionne!" ou bien "Si tu parles, je t'envoie dans un asile ou dans la tombe. J'ai créé cette entreprise, je fais ce que je veux. Les syndicats sont mes amis". J'avais peur, je gardais donc le silence. Ma famille et mon fiancé étaient les seuls au courant. Au bout de 2 ans, ce calvaire m'a rendu dépressive, spasmophile et à cause de mes angoisses, j'ai perdu mon bébé. Alors, j'ai mélangé alcools et médicaments, puis j'ai pris la voiture pour me tuer sur la route. Mais à cet instant, la radio diffusait, miraculeusement, une émission sur le harcèlement pour partager des solutions et des coordonnées.
Ca m'a réveillé: en mai 2004, j'ai dénoncé les faits auprès de ma direction avec le soutien d'un avocat. Celle-ci m'a licencié cinq mois après. Cette fois, j'ai riposté en déposant plainte pour "harcèlement sexuel, harcèlement moral et contestation de licenciement abusif" en utilisant le code du travail. Après douze reports, j'ai gagné mon procès le 31 aout 2010. Mon supérieur et l'entreprise ont été condamnés à m'indemniser mais ils ont fait appel. Le délibéré sera rendu le 21 mai prochain.
En attendant, je continue à militer localement contre ce fléau et je reste confiante car j'ai des preuves. Surtout, je remercie le ciel de ne pas avoir porté plainte au pénal. Sinon, je serais comme ces milliers de victimes privées de solution. L'abrogation partielle de la loi sur le harcèlement sexuel bafoue nos droits et détruit nos combats. Elle détruit des femmes".
"Tout a commencé quelques jours après mon embauche. Mon supérieur, associé du directeur général, me complimentait régulièrement sur mon physique. J'étais surprise et gênée. En rigolant, il se permettait aussi de commenter ma tenue: "Tu es bien trop couverte" disait-il, "une femme comme toi devrait montrer ses bretelles, porter des strings". J'ai tremblé intérieurement et quitté son bureau.
Mon chef me draguait ouvertement, c'était impensable et dégradant. Mais comme je ne répondais pas à ses avances, il s'est montré plus entreprenant. Un jour, il m'a demandé par téléphone de lui apporter un café. Ca m'a étonné mais j'y suis allée. Arrivée dans la salle de réunion, il était là, avec un grand sourire et deux gobelets dans les mains. Je n'oublierai jamais. D'un air enjoué, il m'a lancé: "Tu n'as toujours pas compris? Regarde l'effet que tu fais à bibi". Derrière la toile de son pantalon, son sexe était en érection. J'ai été choquée, horrifiée. Je suis sortie sans un mot, en me traînant jusqu'à la porte, dans un état de choc. Une demi-heure après, il me confiait des tâches urgentes à régler en à peine une heure au lieu d'une semaine. J'ai compris que ma réaction lui avait déplu et que j'allais le payer.
Et c'est là que le harcèlement moral a pris le relai: surcharge de travail, mise au placard, isolement et menace. Quand mon chef me croisait dans le couloir, il me répétait "Démissionne, démissionne!" ou bien "Si tu parles, je t'envoie dans un asile ou dans la tombe. J'ai créé cette entreprise, je fais ce que je veux. Les syndicats sont mes amis". J'avais peur, je gardais donc le silence. Ma famille et mon fiancé étaient les seuls au courant. Au bout de 2 ans, ce calvaire m'a rendu dépressive, spasmophile et à cause de mes angoisses, j'ai perdu mon bébé. Alors, j'ai mélangé alcools et médicaments, puis j'ai pris la voiture pour me tuer sur la route. Mais à cet instant, la radio diffusait, miraculeusement, une émission sur le harcèlement pour partager des solutions et des coordonnées.
Ca m'a réveillé: en mai 2004, j'ai dénoncé les faits auprès de ma direction avec le soutien d'un avocat. Celle-ci m'a licencié cinq mois après. Cette fois, j'ai riposté en déposant plainte pour "harcèlement sexuel, harcèlement moral et contestation de licenciement abusif" en utilisant le code du travail. Après douze reports, j'ai gagné mon procès le 31 aout 2010. Mon supérieur et l'entreprise ont été condamnés à m'indemniser mais ils ont fait appel. Le délibéré sera rendu le 21 mai prochain.
En attendant, je continue à militer localement contre ce fléau et je reste confiante car j'ai des preuves. Surtout, je remercie le ciel de ne pas avoir porté plainte au pénal. Sinon, je serais comme ces milliers de victimes privées de solution. L'abrogation partielle de la loi sur le harcèlement sexuel bafoue nos droits et détruit nos combats. Elle détruit des femmes".