Depuis lundi soir, Hassan Cheikh Mohamud est le nouveau président de la Somalie. Universitaire policé dans un pays de chefs de guerre, l'homme a pourtant été confortablement élu à Mogadiscio par les parlementaires contre le chef d'État sortant, Cheikh Sharif, avec 70 % des voix. Placé sous l'égide de l'ONU, ce vote, le premier depuis 1969 en Somalie, pays ravagé par plus de 20 ans de guerre civile, fait place à d'immenses espoirs. Cette élection a d'ailleurs été saluée dans les rues de la capitale par des tirs en l'air et des concerts de Klaxon d'un peuple voulant oublier les inconnues qui entourent ce scrutin.
Car, il y a encore peu, Hassan Cheikh Mohamud passait pour un parfait outsider. Il ne devrait sa victoire qu'à l'alliance de plusieurs hommes politiques pour faire tomber le président sortant. «C'est la grosse inconnue, on ne le connaît pas trop», reconnaît un diplomate. Hassan Cheikh, 56 ans, est considéré comme l'un des pionniers de la timide société civile somalienne. Il a fondé à la fin des années 1990 l'institut somalien de management et de développement administratif (Simad) qui lui a permis de gagner le respect de ses compatriotes et de l'influence. Auparavant, ce novice en politique qui n'a jamais été ni ministre ni député, s'était fait remarquer en travaillant pour les Nations unies, rédigeant en 2009 un rapport sur l'importance de la diaspora somalienne.
Contrairement à la plupart des leaders somaliens, Hassan Cheikh, formé à l'université de Mogadiscio, n'a jamais travaillé à l'étranger. Homme neuf, le nouveau président dispose cependant de quelques atouts. Outre l'appui incertain des nombreux ennemis de son prédécesseur, il peut compter sur celui des Hawiye, l'un des plus importants clans du pays, majoritaire dans la capitale. Dans un État conduit à la ruine par les guerres entre clans, ce soutien n'est pas négligeable.
Danger imminent
Autre atout du président élu, les relations qu'il semble être parvenu à tisser avec les insurgés islamistes d'al-Chebab. La chercheuse britannique Laura Hammond souligne ainsi qu'alors que la plupart des ONG étaient chassées des zones sous l'influence islamiste, Hassan Cheikh était parvenu à y maintenir ses employés. Or, ces rebelles, inféodés à al-Qaida, contrôlent encore une large partie du centre et du sud de la Somalie et représentent aujourd'hui le danger le plus imminent. Le porte-parole d'al-Chebab, tout en condamnant fermement le processus électoral, à ses yeux fruit de «l'influence étrangère», s'est bien gardé de critiquer le nouvel élu. La proximité de ce dernier avec le mouvement al-Islah, un parti proche des Frères musulmans, peut expliquer cette bienveillance.
Mais les défis militaires ne sont pas les seuls qui attendent Hassan Cheikh. Il devra aussi rapidement apporter un début de solution aux problèmes des nombreux réfugiés, de la piraterie, de la corruption et de la pauvreté. Sous peine de voir sa popularité s'effondrer et les rangs de ses ennemis grossir.
Par Tanguy Berthemet
Car, il y a encore peu, Hassan Cheikh Mohamud passait pour un parfait outsider. Il ne devrait sa victoire qu'à l'alliance de plusieurs hommes politiques pour faire tomber le président sortant. «C'est la grosse inconnue, on ne le connaît pas trop», reconnaît un diplomate. Hassan Cheikh, 56 ans, est considéré comme l'un des pionniers de la timide société civile somalienne. Il a fondé à la fin des années 1990 l'institut somalien de management et de développement administratif (Simad) qui lui a permis de gagner le respect de ses compatriotes et de l'influence. Auparavant, ce novice en politique qui n'a jamais été ni ministre ni député, s'était fait remarquer en travaillant pour les Nations unies, rédigeant en 2009 un rapport sur l'importance de la diaspora somalienne.
Contrairement à la plupart des leaders somaliens, Hassan Cheikh, formé à l'université de Mogadiscio, n'a jamais travaillé à l'étranger. Homme neuf, le nouveau président dispose cependant de quelques atouts. Outre l'appui incertain des nombreux ennemis de son prédécesseur, il peut compter sur celui des Hawiye, l'un des plus importants clans du pays, majoritaire dans la capitale. Dans un État conduit à la ruine par les guerres entre clans, ce soutien n'est pas négligeable.
Danger imminent
Autre atout du président élu, les relations qu'il semble être parvenu à tisser avec les insurgés islamistes d'al-Chebab. La chercheuse britannique Laura Hammond souligne ainsi qu'alors que la plupart des ONG étaient chassées des zones sous l'influence islamiste, Hassan Cheikh était parvenu à y maintenir ses employés. Or, ces rebelles, inféodés à al-Qaida, contrôlent encore une large partie du centre et du sud de la Somalie et représentent aujourd'hui le danger le plus imminent. Le porte-parole d'al-Chebab, tout en condamnant fermement le processus électoral, à ses yeux fruit de «l'influence étrangère», s'est bien gardé de critiquer le nouvel élu. La proximité de ce dernier avec le mouvement al-Islah, un parti proche des Frères musulmans, peut expliquer cette bienveillance.
Mais les défis militaires ne sont pas les seuls qui attendent Hassan Cheikh. Il devra aussi rapidement apporter un début de solution aux problèmes des nombreux réfugiés, de la piraterie, de la corruption et de la pauvreté. Sous peine de voir sa popularité s'effondrer et les rangs de ses ennemis grossir.
Par Tanguy Berthemet