Femme politique, militante associative, mère de famille, comment arriver à allier toutes ces casquettes ?
H. Chaupin : Il est évident que ce n'est pas simple de porter toutes ces casquettes à la fois. En plus des activités que vous citez, il y a aussi mon travail après des mineurs délinquants en France, ce qui m'amène à être souvent dans les prisons, les foyers, les établissements scolaires, les tribunaux et auprès des familles entre autres.
J'ai peu de temps pour moi. Je dors peu. Je travaille beaucoup. Je suis actuellement sur la rédaction d'un ouvrage qui aborde la problématique de l'enfance maltraitée, de l'excision, du viol dont sont victimes les jeunes filles vulnérables, parfois au sein même de leur famille, des sujets très tabous dans la société qui devraient pourtant être abordés pour développer des politiques de prévention et une meilleure prise en charge des jeunes filles en difficulté au Sénégal.
J'ai également entamé la rédaction de ma thèse de doctorat en Sciences de l'éducation, jusque-là en stand-by. Je compte bien la terminer.
Le peu de temps qui me reste, je le consacre à ma famille, à mes enfants surtout, et au mouvement ASS-KaW – Actions de Solidarité et de Soutien à Karim Wade.
A cheval entre la France et le Sénégal, comment Hélène Della Chaupin vit-elle la double culture ?
Ce n'est pas le fait d'être à cheval entre la France et le Sénégal qui m'amène à vivre la double culture. Je ne me définis pas comme une jeune femme métisse, mais plutôt un être hybride. A ceux qui me demandent mes origines, je leur réponds que je suis de l'humanité.
Je suis née à la croisée de deux religions, catholique du côté de mon père, et musulmane du côté de ma mère qui est une femme peulhe Torodo, pieuse, et très digne. J'ai vécu mon enfance auprès de ma grand-mère, une femme diakhanké, avec un très fort caractère, très attachée à la religion musulmane.
A l'âge de trois ans, j'ai été adoptée par mon beau-père, un mandingue né à Badobar et installé à Ziguinchor. Bon et généreux, il m'a tout apporté dans la vie. C'est grâce à lui que j'ai été à l'école française. Il n'est plus de ce monde.
Petite, j'allais au Daara à Lyndiane où je suis née, à Ziguinchor. J’y ai appris à lire le Coran et à écrire des sourates. J'avais, comme tous les jeunes de mon âge, mon "allouwah" chez Thierno Diallo, mon maître coranique.
Les jours où il n'y avait pas école, j'aidais ma grand-mère à vendre des fruits et légumes au marché Saint-Maur à Boucotte Ziguinchor. Mes vacances scolaires, je les passais souvent à Djibélor aux côtés de mon beau-père, dans les plantations de fruits et les rizières où je repiquais le riz. Je continue encore à me rendre dans les rizières quand je suis en Casamance. Ce sont là les meilleurs souvenirs de mon enfance, et j’y reste très attachée.
C'est dans ce contexte de diversité culturelle que je suis née et que j'ai grandi, très tôt bilingue, peulhe et mandingue, mes deux langues maternelles, dans un environnement périphérique diola, balante, manjaque, mancagne et bainounk. Une véritable richesse culturelle pour moi, que je continue de transmettre à mes enfants. C'est pour vous dire que je suis issue d'un brassage religieux, culturelle et ethnique dans lequel j'ai toujours vécu.
Je prends de l'Occident ce qu'elle m'apporte de meilleur, tout en gardant mes repères, mes valeurs et mes convictions. C'est cela ma différence, ma transversalité mais aussi ma richesse.
Présidente du mouvement AssKaw, pourquoi avoir décidé de mettre en place un mouvement de soutien à Karim Wade ?
ASS-KaW – Actions De Solidarité et de Soutien à Karim Wade – est un mouvement de soutien à caractère politique. Il est né d'un sursaut patriotique et d'une initiative citoyenne de Sénégalais épris de Justice et attachés à des valeurs républicaines, installés en France. Aujourd’hui ASS-KaW est partout présent dans le monde.
Nous nous battons contre la manipulation des institutions sénégalaises dont la Justice, instrumentalisée par Macky Sall depuis son arrivée au pouvoir, pour régler ses comptes politiques et personnels.
Il est difficile de comprendre que dans un pays de 13 millions d'habitants, qu’ un pouvoir puisse indexer un seul homme et s'acharner sur lui, et son entourage, pour le traquer, essayer de l'humilier et de bafouer ses droits élémentaires sur la base de soupçon d'un d'enrichissement illicite, alors qu'il peine à démontrer un seul centime de ce qu'il lui reproche.
Nous savons tous, parfaitement, que Karim Wade est victime d'un acharnement politique. Karim est un prisonnier politique de Macky Sall et des Vieux politiciens de la coalition BBY qui ont décidé de mettre sa tête à prix. Certains parmi eux veulent faire payer à Wade le fait qu'il se soit présenté à un troisième mandat, ce qui a définitivement hypothéqué leur destin présidentiel. Macky Sall lui-même n'a ni le courage, ni l'étoffe, ni l'envergure d'un homme d'Etat pour mettre ce pays en marche, encore moins pour s'acharner sur la personne de Karim Wade et de ses proches collaborateurs. Macky n'est pas à l'aise avec cette histoire de traque de biens supposés mal acquis puisque qu'il est le premier à s'être enrichi illicitement de nos deniers publics.
On ne peut pas, dans un pays, voler et crier aux voleurs parce que tout simplement on est Président de la République. Ce n'est pas parce que lui a volé, et qu'il a un patrimoine "déclaré" estimé à 8 milliards que Karim Wade a volé. On projette sur les autres souvent l’image qu’on a de soi-même. Plus qu’une calamité, Macky Sall est une catastrophe pour le Sénégal.
Nous ne sommes pas sûrs de ce qu'il reproche à Karim Wade mais nous sommes au moins sûrs que Macky Sall s'est éhontément enrichi de nos maigres deniers publics, lui et les derniers transhumants qui sont venus faire profil bas dans son parti.
ASS-KaW se bat contre l'injustice, et la justice sélective et partiale de Macky Sall. A ce titre, nous sommes solidaires de Karim Wade jusqu'au bout !
Comment s’est déroulée la réception d’Asskaw par l’ancien président Wade et dans quel état d’esprit se trouve le couple Wade présentement ?
Nous avons été voir Maitre Abdoulaye Wade, dans le cadre de nos visites de proximité, pour l'informer de la création du mouvement ASS-KaW, des conditions de sa mise en place, de nos motivations et de nos objectifs.
Nous avons été reçus par le couple Wade en présence de deux autres personnes de son cabinet. Nous avons apporté au Président Wade un Coran, un kilo de dattes et deux cartes de membres ASS-KaW, pour lui et son épouse.
C'était un moment fort de la vie du mouvement ASS-KaW. Nous avons trouvé un couple présidentiel serein qui vit l'épreuve de l'incarcération de leur fils avec beaucoup de foi et de dignité. En aucun moment nous n'avons ressenti de la haine ou de la colère dans leurs propos concernant le pouvoir actuel.
Lutte contre la corruption: le rang du Sénégal a évolué, 77e sur 177 pays : un effet positif de la traque des biens mal acquis ?
Le Sénégal reste tout de même dans la zone « corruptogène ». Lorsque qu'on parle de corruption, nous restons toujours sur la base de sondages et d'opinions, la corruption dans un pays est aussi active que passive. Avez-vous vu comment les politiciens troubabours qui entourent Macky Sall et nous gouvernent jettent des billets de banque à la volée sur des tribunes devant Macky lui-même au moment où on parle d’enrichissement illicite dans ce pays ? Comment appelez-vous çà ? La bonne gouvernance et le Youkouté dans la sobriété ?
La corruption passive, la mobilisation des biens et des moyens de l’Etat, de nos maigres deniers publics pour l’achat des consciences et d’un clientélisme politique est pire que ce que nous livrent les résultats de Transparency International.
La corruption dans ce Pays est légalisée et institutionnalisée par Macky Sall lui qui paye ses alliés politiques de circonstance au noir, c'est çà le plus grave dans un pays.
Mimi Touré, une femme à la tête du gouvernement, vous applaudissez ?
J'aurais applaudi des deux mains Mimi Touré si elle avait osé aller jusqu'au bout dans la traque des biens supposés mal acquis, en mettant tout le monde à Reubeuss, puisqu'elle est décrite comme une femme courageuse et rigoureuse.
Mimi est juste un faire-valoir de Macky Sall, je pense qu’elle pouvait s’affirmer autrement.
Que reste-t-il aujourd’hui de votre compagnonnage avec l’Afp, pourquoi avez-vous rompu les amarres ?
Je n'ai pas rompu les amarres, ni démissionné de l'AFP. Je ne suis pas non plus informée de mon exclusion. C'est Moustapha Niasse qui a transhumé pour rejoindre l'APR et il n'a pas le courage politique d'en informer les militants. Il sait de quoi je parle puisqu’on a longuement discuté et échangé à ce sujet. Même entre les deux tours, avant que Macky Sall n'aille lui rendre visite, il avait toujours soutenu que Macky est plus dangereux que Wade, puisque c'est Wade en plus jeune. J'ai eu beaucoup d'échanges avec lui à ce sujet, et Niasse sait de quoi je parle. L'homme n'a de respect pour les militants. Il préfère rester dans les quartiers huppés de Neuilly sur-Marne où il n'y a pas de logement sociaux pour les immigrés ou dans le 16ème ou se balader à la Place Vendôme. Lui qui s’est embourgeoisé grâce à la politique a maintenant peur de la pauvreté. Paradoxalement, il veut être soutenu et élu par ces mêmes gens qu’il fuit. Moustapha Niasse a fini de faire de l'AFP un club d'amis et de fils à papa avec des militants salariés qu'il paye au noir pour alléger ses charges.
En ce qui me concerne, n'ai jamais été dans une logique de soutenir Macky Sall, et Moustapha Niasse le sait. C'est Niasse lui-même qui devait en premier refuser l'instrumentalisation de la Justice sénégalaise, c'est lui qui devait être le premier à veiller à la bonne marche de nos institutions, c'est là que le Peuple l'attendait. Mais il a failli à sa mission. Il n’est pas un homme libre. Je mène le combat sur des valeurs de justice sociale dans la continuité là où il a abdiqué. Je m'inscris tout à fait dans une suite logique et cohérente des idéaux de l'AFP et j'ai le soutien des membres de l'AFP dans ASS-KaW. Le moment venu, je le mettrai en minorité dans son propre parti en France.
«J'ai du respect pour toutes les femmes qui se retrouvent dans des foyers polygames»
Vos relations actuelles avec votre frère, Souleymane Jules Diop
Nous avons des relations normales, chacun a son parcours et suit sa voie. Pour ma part, j'ai décidé de soutenir Karim Wade et ses co-détenus, y compris ceux qui sont en liberté provisoire comme Cheikh Diallo, car leur sort est lié. ASS-KaW, c’est pour Karim Wade, et pour tous ceux qui sont épris de justice dans ce pays.
Comment jugez-vous ses nouvelles fonctions auprès du président Macky Sall ?
Je n'ai pas de jugement sur les fonctions des collaborateurs du Président de la République, même si je reste persuadée que leur tâche sera rude, car Macky Sall est un incapable à l'égo surdimensionné. Un Président de la République sous tutelle. Macky n'est pas un homme autonome, libre et responsable, capable de prendre tout seul des décisions et de les assumer, ce qui est très dangereux pour le Sénégal. Je pense qu'on peut tout au plus, l'aider à sauver son premier mandat pour le bien du Sénégal, pas plus.
Hélène Della, une femme coquette ? Pour ou contre la polygamie ?
Je suis une femme sénégalaise. Et comme toute bonne Sénégalaise, j'aime prendre soin de moi, tout comme j'aime les bonnes senteurs. Je suis aussi bien à l'aise en blue-jean, en tailleur chic, qu'en tenue africaine traditionnelle. Je suis à la fois une femme moderne et rurale, contrairement aux apparences. La culture et l’éducation peul, mandingue et diola m’ont beaucoup marquée.
Concernant la polygamie, j'ai du respect pour toutes les femmes qui se retrouvent dans des foyers polygames. J'ai vu des femmes dans des couples monogames, trompées et humiliées, mais j'ai aussi connu des femmes dans des foyers polygames, heureuses. Tout dépend de la conception que l'on a de l'amour et du mariage. Il y a des gens qui se marient par amour, d'autres par convenance personnelle. Mais l'amour, tel que je le conçois, l'amour véritable et sincère, se conjugue à deux…
ThiesVision.com
H. Chaupin : Il est évident que ce n'est pas simple de porter toutes ces casquettes à la fois. En plus des activités que vous citez, il y a aussi mon travail après des mineurs délinquants en France, ce qui m'amène à être souvent dans les prisons, les foyers, les établissements scolaires, les tribunaux et auprès des familles entre autres.
J'ai peu de temps pour moi. Je dors peu. Je travaille beaucoup. Je suis actuellement sur la rédaction d'un ouvrage qui aborde la problématique de l'enfance maltraitée, de l'excision, du viol dont sont victimes les jeunes filles vulnérables, parfois au sein même de leur famille, des sujets très tabous dans la société qui devraient pourtant être abordés pour développer des politiques de prévention et une meilleure prise en charge des jeunes filles en difficulté au Sénégal.
J'ai également entamé la rédaction de ma thèse de doctorat en Sciences de l'éducation, jusque-là en stand-by. Je compte bien la terminer.
Le peu de temps qui me reste, je le consacre à ma famille, à mes enfants surtout, et au mouvement ASS-KaW – Actions de Solidarité et de Soutien à Karim Wade.
A cheval entre la France et le Sénégal, comment Hélène Della Chaupin vit-elle la double culture ?
Ce n'est pas le fait d'être à cheval entre la France et le Sénégal qui m'amène à vivre la double culture. Je ne me définis pas comme une jeune femme métisse, mais plutôt un être hybride. A ceux qui me demandent mes origines, je leur réponds que je suis de l'humanité.
Je suis née à la croisée de deux religions, catholique du côté de mon père, et musulmane du côté de ma mère qui est une femme peulhe Torodo, pieuse, et très digne. J'ai vécu mon enfance auprès de ma grand-mère, une femme diakhanké, avec un très fort caractère, très attachée à la religion musulmane.
A l'âge de trois ans, j'ai été adoptée par mon beau-père, un mandingue né à Badobar et installé à Ziguinchor. Bon et généreux, il m'a tout apporté dans la vie. C'est grâce à lui que j'ai été à l'école française. Il n'est plus de ce monde.
Petite, j'allais au Daara à Lyndiane où je suis née, à Ziguinchor. J’y ai appris à lire le Coran et à écrire des sourates. J'avais, comme tous les jeunes de mon âge, mon "allouwah" chez Thierno Diallo, mon maître coranique.
Les jours où il n'y avait pas école, j'aidais ma grand-mère à vendre des fruits et légumes au marché Saint-Maur à Boucotte Ziguinchor. Mes vacances scolaires, je les passais souvent à Djibélor aux côtés de mon beau-père, dans les plantations de fruits et les rizières où je repiquais le riz. Je continue encore à me rendre dans les rizières quand je suis en Casamance. Ce sont là les meilleurs souvenirs de mon enfance, et j’y reste très attachée.
C'est dans ce contexte de diversité culturelle que je suis née et que j'ai grandi, très tôt bilingue, peulhe et mandingue, mes deux langues maternelles, dans un environnement périphérique diola, balante, manjaque, mancagne et bainounk. Une véritable richesse culturelle pour moi, que je continue de transmettre à mes enfants. C'est pour vous dire que je suis issue d'un brassage religieux, culturelle et ethnique dans lequel j'ai toujours vécu.
Je prends de l'Occident ce qu'elle m'apporte de meilleur, tout en gardant mes repères, mes valeurs et mes convictions. C'est cela ma différence, ma transversalité mais aussi ma richesse.
Présidente du mouvement AssKaw, pourquoi avoir décidé de mettre en place un mouvement de soutien à Karim Wade ?
ASS-KaW – Actions De Solidarité et de Soutien à Karim Wade – est un mouvement de soutien à caractère politique. Il est né d'un sursaut patriotique et d'une initiative citoyenne de Sénégalais épris de Justice et attachés à des valeurs républicaines, installés en France. Aujourd’hui ASS-KaW est partout présent dans le monde.
Nous nous battons contre la manipulation des institutions sénégalaises dont la Justice, instrumentalisée par Macky Sall depuis son arrivée au pouvoir, pour régler ses comptes politiques et personnels.
Il est difficile de comprendre que dans un pays de 13 millions d'habitants, qu’ un pouvoir puisse indexer un seul homme et s'acharner sur lui, et son entourage, pour le traquer, essayer de l'humilier et de bafouer ses droits élémentaires sur la base de soupçon d'un d'enrichissement illicite, alors qu'il peine à démontrer un seul centime de ce qu'il lui reproche.
Nous savons tous, parfaitement, que Karim Wade est victime d'un acharnement politique. Karim est un prisonnier politique de Macky Sall et des Vieux politiciens de la coalition BBY qui ont décidé de mettre sa tête à prix. Certains parmi eux veulent faire payer à Wade le fait qu'il se soit présenté à un troisième mandat, ce qui a définitivement hypothéqué leur destin présidentiel. Macky Sall lui-même n'a ni le courage, ni l'étoffe, ni l'envergure d'un homme d'Etat pour mettre ce pays en marche, encore moins pour s'acharner sur la personne de Karim Wade et de ses proches collaborateurs. Macky n'est pas à l'aise avec cette histoire de traque de biens supposés mal acquis puisque qu'il est le premier à s'être enrichi illicitement de nos deniers publics.
On ne peut pas, dans un pays, voler et crier aux voleurs parce que tout simplement on est Président de la République. Ce n'est pas parce que lui a volé, et qu'il a un patrimoine "déclaré" estimé à 8 milliards que Karim Wade a volé. On projette sur les autres souvent l’image qu’on a de soi-même. Plus qu’une calamité, Macky Sall est une catastrophe pour le Sénégal.
Nous ne sommes pas sûrs de ce qu'il reproche à Karim Wade mais nous sommes au moins sûrs que Macky Sall s'est éhontément enrichi de nos maigres deniers publics, lui et les derniers transhumants qui sont venus faire profil bas dans son parti.
ASS-KaW se bat contre l'injustice, et la justice sélective et partiale de Macky Sall. A ce titre, nous sommes solidaires de Karim Wade jusqu'au bout !
Comment s’est déroulée la réception d’Asskaw par l’ancien président Wade et dans quel état d’esprit se trouve le couple Wade présentement ?
Nous avons été voir Maitre Abdoulaye Wade, dans le cadre de nos visites de proximité, pour l'informer de la création du mouvement ASS-KaW, des conditions de sa mise en place, de nos motivations et de nos objectifs.
Nous avons été reçus par le couple Wade en présence de deux autres personnes de son cabinet. Nous avons apporté au Président Wade un Coran, un kilo de dattes et deux cartes de membres ASS-KaW, pour lui et son épouse.
C'était un moment fort de la vie du mouvement ASS-KaW. Nous avons trouvé un couple présidentiel serein qui vit l'épreuve de l'incarcération de leur fils avec beaucoup de foi et de dignité. En aucun moment nous n'avons ressenti de la haine ou de la colère dans leurs propos concernant le pouvoir actuel.
Lutte contre la corruption: le rang du Sénégal a évolué, 77e sur 177 pays : un effet positif de la traque des biens mal acquis ?
Le Sénégal reste tout de même dans la zone « corruptogène ». Lorsque qu'on parle de corruption, nous restons toujours sur la base de sondages et d'opinions, la corruption dans un pays est aussi active que passive. Avez-vous vu comment les politiciens troubabours qui entourent Macky Sall et nous gouvernent jettent des billets de banque à la volée sur des tribunes devant Macky lui-même au moment où on parle d’enrichissement illicite dans ce pays ? Comment appelez-vous çà ? La bonne gouvernance et le Youkouté dans la sobriété ?
La corruption passive, la mobilisation des biens et des moyens de l’Etat, de nos maigres deniers publics pour l’achat des consciences et d’un clientélisme politique est pire que ce que nous livrent les résultats de Transparency International.
La corruption dans ce Pays est légalisée et institutionnalisée par Macky Sall lui qui paye ses alliés politiques de circonstance au noir, c'est çà le plus grave dans un pays.
Mimi Touré, une femme à la tête du gouvernement, vous applaudissez ?
J'aurais applaudi des deux mains Mimi Touré si elle avait osé aller jusqu'au bout dans la traque des biens supposés mal acquis, en mettant tout le monde à Reubeuss, puisqu'elle est décrite comme une femme courageuse et rigoureuse.
Mimi est juste un faire-valoir de Macky Sall, je pense qu’elle pouvait s’affirmer autrement.
Que reste-t-il aujourd’hui de votre compagnonnage avec l’Afp, pourquoi avez-vous rompu les amarres ?
Je n'ai pas rompu les amarres, ni démissionné de l'AFP. Je ne suis pas non plus informée de mon exclusion. C'est Moustapha Niasse qui a transhumé pour rejoindre l'APR et il n'a pas le courage politique d'en informer les militants. Il sait de quoi je parle puisqu’on a longuement discuté et échangé à ce sujet. Même entre les deux tours, avant que Macky Sall n'aille lui rendre visite, il avait toujours soutenu que Macky est plus dangereux que Wade, puisque c'est Wade en plus jeune. J'ai eu beaucoup d'échanges avec lui à ce sujet, et Niasse sait de quoi je parle. L'homme n'a de respect pour les militants. Il préfère rester dans les quartiers huppés de Neuilly sur-Marne où il n'y a pas de logement sociaux pour les immigrés ou dans le 16ème ou se balader à la Place Vendôme. Lui qui s’est embourgeoisé grâce à la politique a maintenant peur de la pauvreté. Paradoxalement, il veut être soutenu et élu par ces mêmes gens qu’il fuit. Moustapha Niasse a fini de faire de l'AFP un club d'amis et de fils à papa avec des militants salariés qu'il paye au noir pour alléger ses charges.
En ce qui me concerne, n'ai jamais été dans une logique de soutenir Macky Sall, et Moustapha Niasse le sait. C'est Niasse lui-même qui devait en premier refuser l'instrumentalisation de la Justice sénégalaise, c'est lui qui devait être le premier à veiller à la bonne marche de nos institutions, c'est là que le Peuple l'attendait. Mais il a failli à sa mission. Il n’est pas un homme libre. Je mène le combat sur des valeurs de justice sociale dans la continuité là où il a abdiqué. Je m'inscris tout à fait dans une suite logique et cohérente des idéaux de l'AFP et j'ai le soutien des membres de l'AFP dans ASS-KaW. Le moment venu, je le mettrai en minorité dans son propre parti en France.
«J'ai du respect pour toutes les femmes qui se retrouvent dans des foyers polygames»
Vos relations actuelles avec votre frère, Souleymane Jules Diop
Nous avons des relations normales, chacun a son parcours et suit sa voie. Pour ma part, j'ai décidé de soutenir Karim Wade et ses co-détenus, y compris ceux qui sont en liberté provisoire comme Cheikh Diallo, car leur sort est lié. ASS-KaW, c’est pour Karim Wade, et pour tous ceux qui sont épris de justice dans ce pays.
Comment jugez-vous ses nouvelles fonctions auprès du président Macky Sall ?
Je n'ai pas de jugement sur les fonctions des collaborateurs du Président de la République, même si je reste persuadée que leur tâche sera rude, car Macky Sall est un incapable à l'égo surdimensionné. Un Président de la République sous tutelle. Macky n'est pas un homme autonome, libre et responsable, capable de prendre tout seul des décisions et de les assumer, ce qui est très dangereux pour le Sénégal. Je pense qu'on peut tout au plus, l'aider à sauver son premier mandat pour le bien du Sénégal, pas plus.
Hélène Della, une femme coquette ? Pour ou contre la polygamie ?
Je suis une femme sénégalaise. Et comme toute bonne Sénégalaise, j'aime prendre soin de moi, tout comme j'aime les bonnes senteurs. Je suis aussi bien à l'aise en blue-jean, en tailleur chic, qu'en tenue africaine traditionnelle. Je suis à la fois une femme moderne et rurale, contrairement aux apparences. La culture et l’éducation peul, mandingue et diola m’ont beaucoup marquée.
Concernant la polygamie, j'ai du respect pour toutes les femmes qui se retrouvent dans des foyers polygames. J'ai vu des femmes dans des couples monogames, trompées et humiliées, mais j'ai aussi connu des femmes dans des foyers polygames, heureuses. Tout dépend de la conception que l'on a de l'amour et du mariage. Il y a des gens qui se marient par amour, d'autres par convenance personnelle. Mais l'amour, tel que je le conçois, l'amour véritable et sincère, se conjugue à deux…
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