La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a fait étape jeudi au Liberia pour y rencontrer la seule femme chef d'Etat en Afrique, Ellen Johnson Sirleaf, actuellement mise en cause dans son pays pour son implication présumée dans la guerre civile de 1989 à 2003.
Le Liberia, petit pays d'Afrique de l'ouest fondé en 1822 par la Société américaine de colonisation (American Colonisation Society) qui y installa des esclaves affranchis, constitue la sixième étape de la tournée africaine de Mme Clinton, qui s'achèvera vendredi au Cap-Vert.
A l'aéroport de Monrovia, une pluie torrentielle attendait la secrétaire d'Etat américaine. Mais elle y a reçu l'un des accueils les plus chaleureux de sa tournée quand des jeunes d'un mouvement pour la paix ont entamé des danses sur le tarmac.
Comme son cortège passait devant des maisons délabrées, des dizaines d'écoliers ont enduré la pluie pour se réjouir, une nouvelle fois, de l'élection en novembre de Barack Obama, premier président afro-américain.
Et à l'entrée de la capitale, des femmes avaient déployé la banderole "Hillary Clinton - Les femmes du Liberia te saluent".
Mme Clinton - qui a échoué l'an dernier à devenir la première femme présidente des Etats-Unis - avait déclaré mercredi au Nigeria qu'aucun pays ne pourrait accomplir son développement sans la participation pleine et entière des femmes.
"Si des femmes africaines décidaient de cesser le travail demain, le continent entier s'arrêterait. Les gens ne mangeraient pas. Les récoltes ne serait pas plantées, ni récoltées," avait insisté Mme Clinton à la télévision nigériane. "Trop de femmes, dans trop de pays d'Afrique, ne peuvent se réaliser entièrement" avait-elle ajouté.
A Monrovia, Mme Clinton veut notamment "réaffirmer l'appui américain" à Mme Sirleaf, selon le secrétaire d'Etat américain adjoint pour les affaires africaines, Johnnie Carson.
"La secrétaire d'Etat veut utiliser cette visite pour montrer et démontrer l'appui américain au progrès démocratique survenu au Liberia," a-t-il dit.
La présidente libérienne, 70 ans, qui bénéficie depuis son élection en 2005 d'un fort soutien des Etats-Unis, est actuellement sur la sellette dans son pays.
La Commission Vérité et réconciliation (TRC) a en effet demandé en juin qu'elle n'ait plus le droit d'occuper un poste officiel pendant 30 ans. Elle lui a reproché d'avoir financièrement soutenu l'ex-chef de guerre Charles Taylor. En 1989, Taylor avait lancé une rébellion qui avait plongé le pays dans une longue guerre civile.
Mme Sirleaf dément avoir été membre du mouvement rebelle de Charles Taylor. Mais elle avait reconnu, en février devant la TRC, avoir rencontré Taylor plusieurs fois pendant la guerre civile et admis avoir collecté des fonds pour lui lorsqu'il se préparait à renverser le président Samuel Doe dans les années 80.
Les Etats-Unis se sont toujours beaucoup impliqués dans l'histoire du Liberia, pays indépendant depuis 1847, mais qui a ensuite été dirigé quasi exclusivement par la minorité des Américano-Libériens.
Par ailleurs, le Liberia est situé sur le golfe de Guinée, une région stratégique pour l'approvisionnement en pétrole des Etats-Unis. Et la compagnie américaine Firestone, qui y exploite la plus vaste plantation d'hévéas au monde, constitue le plus gros employeur privé du pays.
© 2009 AFP