«Qui est cet homme derrière le panneau France?» En forçant à peine le trait, on pourrait dire que François Hollande, qui interviendra pour la première fois ce mardi à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, demeure un inconnu pour la grande majorité du «G192». Certes, sitôt élu, le président de la République a déployé une activité diplomatique soutenue, plus «multilatérale» d'ailleurs - au sommet de l'Otan, au Conseil européen… - que «bilatérale», même s'il a vite rencontré Angela Merkel et Barack Obama, avec lequel aucun rendez-vous n'est prévu à New York. Une vingtaine de chefs d'État, dont une demi-douzaine d'Africains, ont également été reçus à l'Élysée depuis mai dernier.
Mais aux yeux de la plupart de ses homologues, l'image le président français reste à préciser. Là où l'hyperactivité de Nicolas Sarkozy avait rapidement séduit - avant d'agacer -, la «normalité» affichée par son successeur prolonge l'expectative de ses pairs. À New York, le profil international du président français devrait logiquement gagner en visibilité. Mais sa faible marge de manœuvre sur les dossiers des crises (Syrie, Iran…) risque de limiter la capacité du chef de l'État à «capitaliser» sur l'étranger pour contribuer à inverser la courbe des mauvais sondages en France.
Pour les opinions publiques, le flou est plus considérable encore. Entre méconnaissance et indifférence, la perception du public étranger s'agrémente souvent de circonspection, voire d'a priori. À la mi-août, le quotidien britannique The Guardian, pourtant orienté à gauche, s'inquiétait autant pour les cent premiers jours de François Hollande que pour les cent suivants. Dans les pays du sud de l'Europe, en Italie notamment, en faveur desquels le dirigeant français a beaucoup plaidé, l'opinion publique dans l'étau de la rigueur ne lui sait pas gré de ses discours. En Espagne, le quotidien El Mundo, peu amène, a souligné que ses débuts ressemblaient à ceux de l'ex-premier ministre José Luis Zapatero, dont le mandat a été tout sauf un chemin de roses… Aux États-Unis, l'étiquette «socialiste» a toujours eu l'effet d'un repoussoir. L'image flatteuse du président français reçu à la Maison-Blanche, en mai dernier - que seuls les Américains intéressés par l'actualité européenne auront relevée -, a été ternie depuis par l'annonce des hausses d'impôts, sujet rédhibitoire outre-Atlantique.
Aucune expérience de la Chine
En Israël, où François Hollande ne s'est jamais rendu (pas plus que dans les territoires palestiniens), le chef de l'État demeure persona incognita. «On ne parle de lui qu'à travers sa fonction de président», explique un responsable israélien, bon connaisseur de la politique française. «Mais, mis à part les spécialistes ou les binationaux qui suivent de près l'actualité française, le grand public ne sait pratiquement rien de sa personnalité», ajoute cet interlocuteur. Pour lui, «même les miniscandales comme l'affaire du tweet de Valérie Trierweiler sont passés inaperçus en Israël», ce qui n'est d'ailleurs pas le cas dans nombre de pays où la presse a souligné à l'époque que la première dame constituait un «problème».
François Hollande ne figure pas davantage dans le radar de la Chine. Si Nicolas Sarkozy était connu du moindre chauffeur de taxi pékinois, son successeur demeure un point d'interrogation. De manière symptomatique, deux ou trois professeurs et chercheurs en relations internationales, habitués pourtant des questions européennes, répondent au Figarone pas vouloir livrer de commentaires, pour la bonne raison qu'ils n'ont aucun avis sur le nouveau président français et sur sa politique. «Je réalise que cela n'a jamais été un sujet pour nous», dit l'un d'eux. En fait, résume le blogueur Laobaba sur le site du quotidien officiel Global Times: «Hollande n'a aucune expérience internationale et cela ne s'apprend pas en deux ans. Il est l'un des rares dirigeants au monde à n'être jamais venu en Chine, sujet pourtant incontournable aujourd'hui.»
Finalement, c'est surtout par l'entremise d'Angela Merkel que François Hollande est connu des Chinois, ceux-ci s'inquiétant de voir le couple franco-allemand moins uni que le précédent. Et donc peut-être moins efficace, pour le malheur de l'Europe… et des exportations chinoises.
Par Alain Barluet
Par Arnaud de La Grange
Par Adrien Jaulmes
Mais aux yeux de la plupart de ses homologues, l'image le président français reste à préciser. Là où l'hyperactivité de Nicolas Sarkozy avait rapidement séduit - avant d'agacer -, la «normalité» affichée par son successeur prolonge l'expectative de ses pairs. À New York, le profil international du président français devrait logiquement gagner en visibilité. Mais sa faible marge de manœuvre sur les dossiers des crises (Syrie, Iran…) risque de limiter la capacité du chef de l'État à «capitaliser» sur l'étranger pour contribuer à inverser la courbe des mauvais sondages en France.
Pour les opinions publiques, le flou est plus considérable encore. Entre méconnaissance et indifférence, la perception du public étranger s'agrémente souvent de circonspection, voire d'a priori. À la mi-août, le quotidien britannique The Guardian, pourtant orienté à gauche, s'inquiétait autant pour les cent premiers jours de François Hollande que pour les cent suivants. Dans les pays du sud de l'Europe, en Italie notamment, en faveur desquels le dirigeant français a beaucoup plaidé, l'opinion publique dans l'étau de la rigueur ne lui sait pas gré de ses discours. En Espagne, le quotidien El Mundo, peu amène, a souligné que ses débuts ressemblaient à ceux de l'ex-premier ministre José Luis Zapatero, dont le mandat a été tout sauf un chemin de roses… Aux États-Unis, l'étiquette «socialiste» a toujours eu l'effet d'un repoussoir. L'image flatteuse du président français reçu à la Maison-Blanche, en mai dernier - que seuls les Américains intéressés par l'actualité européenne auront relevée -, a été ternie depuis par l'annonce des hausses d'impôts, sujet rédhibitoire outre-Atlantique.
Aucune expérience de la Chine
En Israël, où François Hollande ne s'est jamais rendu (pas plus que dans les territoires palestiniens), le chef de l'État demeure persona incognita. «On ne parle de lui qu'à travers sa fonction de président», explique un responsable israélien, bon connaisseur de la politique française. «Mais, mis à part les spécialistes ou les binationaux qui suivent de près l'actualité française, le grand public ne sait pratiquement rien de sa personnalité», ajoute cet interlocuteur. Pour lui, «même les miniscandales comme l'affaire du tweet de Valérie Trierweiler sont passés inaperçus en Israël», ce qui n'est d'ailleurs pas le cas dans nombre de pays où la presse a souligné à l'époque que la première dame constituait un «problème».
François Hollande ne figure pas davantage dans le radar de la Chine. Si Nicolas Sarkozy était connu du moindre chauffeur de taxi pékinois, son successeur demeure un point d'interrogation. De manière symptomatique, deux ou trois professeurs et chercheurs en relations internationales, habitués pourtant des questions européennes, répondent au Figarone pas vouloir livrer de commentaires, pour la bonne raison qu'ils n'ont aucun avis sur le nouveau président français et sur sa politique. «Je réalise que cela n'a jamais été un sujet pour nous», dit l'un d'eux. En fait, résume le blogueur Laobaba sur le site du quotidien officiel Global Times: «Hollande n'a aucune expérience internationale et cela ne s'apprend pas en deux ans. Il est l'un des rares dirigeants au monde à n'être jamais venu en Chine, sujet pourtant incontournable aujourd'hui.»
Finalement, c'est surtout par l'entremise d'Angela Merkel que François Hollande est connu des Chinois, ceux-ci s'inquiétant de voir le couple franco-allemand moins uni que le précédent. Et donc peut-être moins efficace, pour le malheur de l'Europe… et des exportations chinoises.
Par Alain Barluet
Par Arnaud de La Grange
Par Adrien Jaulmes