Filles et garçons : deux terrains distincts où naissent des fantasmes différents
Attouchement, exhibitionnisme, scopophilie (le plaisir de regarder) : la plupart de nos penchants sont universels. On les retrouve avec la même appétence chez les deux sexes. Homme ou femme, on aime toucher, voir, être vu ou surpris, transgresser des interdits, subir quelques violences ou les administrer ou encore avilir. La même sexualité conviendrait donc aux deux sexes. Mais puisque garçons et filles présentent des différences anatomiques, physiologiques, éducatives, culturelles et sociales, les conditions sont propices à l'émergence de fantasmes différents.
"Un garçon et une fille ne sont pas élevés de la même façon et n'auront pas du tout la même façon d'érotiser une situation", confirme Michel Dorais, professeur à l'Université de sciences sociales de Laval au Québec (1). "Un jeune homme érotise par la vue, le toucher, l'apparence et s'excite volontiers sur des revues où l'image prime bien évidemment sur le texte. Chez la jeune femme, c'est le contraire. La façon d'être d'une personne, le sentiment amoureux, l'intimité ou le romantisme la stimulent bien davantage. Les femmes peuvent visualiser tout un contexte érotique à partir d'un roman à l'eau de rose du type Arlequin. En revanche, elles sont rarement excitées par la vision d'un homme nu sur papier glacé".
A nouveaux rôles sociaux, nouveaux fantasmes ?
"A l'âge mûr, les femmes savourent fréquemment le désir d'être dominées par leur partenaire et donc indirectement protégées et rassurées par celui-ci". C'est le constat que fait le sexologue et sexothérapeute français Claude Esturgie en se fondant sur sa pratique. "Les fantasmes plus volontiers 'masculins' sont plutôt des images de domination ou de violence exercée. A travers leurs scenarii sexuels, les hommes manifestent souvent une ambivalence entre l'amour qu'ils vouent aux femmes et la colère qu'ils ressentent à se plier à leurs exigences".
Pourtant, selon Michel Dorais, ceci serait un stéréotype dépassé : "Dans les sociétés occidentales, le féminisme a révolutionné bien des données. Les hommes ont dévoilé leur partie féminine et les femmes ont développé un imaginaire sexuel plus masculin." Selon cet universitaire, le film Baise-Moi, adapté du roman de Virginie Despentes, illustre ce changement. Idem pour les films à caractère pornographique : "Ceux réalisés par des femmes et pour des femmes existent bel et bien. Les Etats-Unis, le Japon et certains pays d'Europe du Nord (Suède) en produisent depuis une dizaine d'années. Mais ces films resteront toujours très marginaux pour la simple et bonne raison que les femmes ne sont pas demandeuses". D'autant que beaucoup ne voient pas de différences entre ces films et les pornos classiques. "Certes leurs auteurs affichent une prétention à la différence, explique Michel Dorais, mais à voir ces films, on peut légitimement en douter".
Les femmes : plus inhibées ?
Le cap de l'acceptation de leurs fantasmes serait souvent difficile à franchir pour beaucoup de femmes. Selon le psychiatre et psychanalyste Samuel Lepastier(2), "les femmes en ont beaucoup plus peur que les hommes. Elles doivent se débarrasser de leurs inhibitions et de leur dégoût, un sentiment essentiellement féminin. Les hommes, eux, ne trouvent jamais 'ça' sale et répugnant."
Certaines femmes pensent même ne pas avoir de fantasmes: "C'est un peu comme ces personnes qui disent ne pas rêver, explique Claude Esturgie. Bien sûr qu'elles rêvent, comme tout le monde. Mais une forte autocensure les empêche de se souvenir de quoi que ce soit".
(1) Auteur de Tous les hommes le font, La mémoire du désir, Ca arrive aussi aux garçons et Eloge de la diversité sexuelle chez VLB Editeur.
(2) Samuel Lepastier est psychiatre au CHU Pitié-Salpêtrière. Il est notamment l'auteur de plusieurs études sur le harcèlement sexuel.
SOURCE:actustar.com
Attouchement, exhibitionnisme, scopophilie (le plaisir de regarder) : la plupart de nos penchants sont universels. On les retrouve avec la même appétence chez les deux sexes. Homme ou femme, on aime toucher, voir, être vu ou surpris, transgresser des interdits, subir quelques violences ou les administrer ou encore avilir. La même sexualité conviendrait donc aux deux sexes. Mais puisque garçons et filles présentent des différences anatomiques, physiologiques, éducatives, culturelles et sociales, les conditions sont propices à l'émergence de fantasmes différents.
"Un garçon et une fille ne sont pas élevés de la même façon et n'auront pas du tout la même façon d'érotiser une situation", confirme Michel Dorais, professeur à l'Université de sciences sociales de Laval au Québec (1). "Un jeune homme érotise par la vue, le toucher, l'apparence et s'excite volontiers sur des revues où l'image prime bien évidemment sur le texte. Chez la jeune femme, c'est le contraire. La façon d'être d'une personne, le sentiment amoureux, l'intimité ou le romantisme la stimulent bien davantage. Les femmes peuvent visualiser tout un contexte érotique à partir d'un roman à l'eau de rose du type Arlequin. En revanche, elles sont rarement excitées par la vision d'un homme nu sur papier glacé".
A nouveaux rôles sociaux, nouveaux fantasmes ?
"A l'âge mûr, les femmes savourent fréquemment le désir d'être dominées par leur partenaire et donc indirectement protégées et rassurées par celui-ci". C'est le constat que fait le sexologue et sexothérapeute français Claude Esturgie en se fondant sur sa pratique. "Les fantasmes plus volontiers 'masculins' sont plutôt des images de domination ou de violence exercée. A travers leurs scenarii sexuels, les hommes manifestent souvent une ambivalence entre l'amour qu'ils vouent aux femmes et la colère qu'ils ressentent à se plier à leurs exigences".
Pourtant, selon Michel Dorais, ceci serait un stéréotype dépassé : "Dans les sociétés occidentales, le féminisme a révolutionné bien des données. Les hommes ont dévoilé leur partie féminine et les femmes ont développé un imaginaire sexuel plus masculin." Selon cet universitaire, le film Baise-Moi, adapté du roman de Virginie Despentes, illustre ce changement. Idem pour les films à caractère pornographique : "Ceux réalisés par des femmes et pour des femmes existent bel et bien. Les Etats-Unis, le Japon et certains pays d'Europe du Nord (Suède) en produisent depuis une dizaine d'années. Mais ces films resteront toujours très marginaux pour la simple et bonne raison que les femmes ne sont pas demandeuses". D'autant que beaucoup ne voient pas de différences entre ces films et les pornos classiques. "Certes leurs auteurs affichent une prétention à la différence, explique Michel Dorais, mais à voir ces films, on peut légitimement en douter".
Les femmes : plus inhibées ?
Le cap de l'acceptation de leurs fantasmes serait souvent difficile à franchir pour beaucoup de femmes. Selon le psychiatre et psychanalyste Samuel Lepastier(2), "les femmes en ont beaucoup plus peur que les hommes. Elles doivent se débarrasser de leurs inhibitions et de leur dégoût, un sentiment essentiellement féminin. Les hommes, eux, ne trouvent jamais 'ça' sale et répugnant."
Certaines femmes pensent même ne pas avoir de fantasmes: "C'est un peu comme ces personnes qui disent ne pas rêver, explique Claude Esturgie. Bien sûr qu'elles rêvent, comme tout le monde. Mais une forte autocensure les empêche de se souvenir de quoi que ce soit".
(1) Auteur de Tous les hommes le font, La mémoire du désir, Ca arrive aussi aux garçons et Eloge de la diversité sexuelle chez VLB Editeur.
(2) Samuel Lepastier est psychiatre au CHU Pitié-Salpêtrière. Il est notamment l'auteur de plusieurs études sur le harcèlement sexuel.
SOURCE:actustar.com