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IMPACT SOCIAL DES INVESTISSEMENTS PRIVES: La leçon du privé à l’Etat

Le Sénégal a encore du chemin à faire pour disposer d’un climat des affaires réellement attractif. Le secteur privé qui a contribué aux dix années de réforme dans le cadre du Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi) a mis à nu les failles et rappelle à l’Etat les préalables pour un impact social des investissements.


Rédigé par leral.net le Mardi 15 Novembre 2011 à 04:19 | | 0 commentaire(s)|

IMPACT SOCIAL DES INVESTISSEMENTS PRIVES: La leçon du privé à l’Etat
Le secteur privé réclame « plus de rupture », de « responsabilité » et d’ «engagement » afin que lui et l’Etat se parlent, se comprennent mieux et identifient les contraintes de son développement. Une démarche qui, de l’avis des représentants du secteur privé, est nécessaire pour que le Sénégal aille à la « vitesse de la mondialisation » en accélérant la mise en œuvre des réformes et en se dotant d’un secteur productif performant.

Répondant à la question « Quelles réformes pour renforcer l’impact social des investissements privés », thème de la 10ème Session du Cpi, par la voix de Baïdy Agne, président du Cnp, le milieu de l’entreprise a rappelé que « c’est l’Economie qui nourrit le Social ». Avant de souligner que « les Nations qui vont plus vite que les autres, dans ce contexte de concurrence mondiale exacerbée, sont celles qui renforcent la productivité du travail et l’investissement privé, richesses de l’entrepreneur ». Et d’ajouter : « Un Etat qui ne produit pas assez, qui ne génère pas suffisamment de valeur ajoutée, qui exporte peu et qui a une forte dépendance vis-à-vis des importations ; cet Etat-là ne peut apporter une réponse durable au chômage, à la pauvreté et à l’exclusion sociale ».

Les entrepreneurs sénégalais pensent que si le pays veut promouvoir l’investissement privé à fort impact social, il faut améliorer « substantiellement » la productivité du travail. « Notre taux de productivité est trop faible. Il décroit sur la période 2000-2010 et enregistre des écarts trop importants d’un secteur d’activité à un autre », se sont-elles désolées.

Contre toute logique, soulignent les privés, « la productivité est le facteur le plus faible dans les secteurs qui emploient le plus de sénégalais. Ce constat nous invite à renforcer les capacités de nos ressources humaines productives ». C’est la raison pour laquelle le Secteur Privé plaide encore pour la restitution de la taxe sur la formation professionnelle : la Contribution Forfaitaire à la Charge des Employeurs (Cfce).

A l’adresse de l’assemblée dont le président de la République et parlant au nom du secteur privé, Baïdy Agne, a indiqué que les réformes sur l’environnement des affaires « doivent être mises en œuvre dès qu’elles se justifient ». Avant de se poser la question de savoir : « Pourquoi retarder leurs mises en œuvre lorsqu’elles sont imposées par la mondialisation des choix économiques, des décisions d’investissements et des rapides mutations technologiques ? » M. Agne a ajouté que la conduite des réformes pour promouvoir l’investissement privé à fort impact social nécessite « plus de volonté », « plus d’impulsion » et de « dynamique politiques » pour venir à bout de certaines positions acquises et combattre l’inertie.

Plus d’assurance pour les investisseurs sur le foncier, l’énergie…


Le secteur privé a fait comprendre au président de la République que l’investissement privé, qu’il soit national ou étranger, et quelque soit par ailleurs son niveau, a toujours un impact social, soit en termes de consolidation ou de création d’emplois directs, de redistribution de revenus générés par l’activité à des tiers, de contribution directe au Budget de l’Etat ou des Collectivités locales, pour organiser la solidarité nationale dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’environnement, etc.« Si nous voulons promouvoir l’investissement privé à fort impact social, il faut alors rassurer celui qui investit et sécuriser ses investissements ». Les entreprises pensent que « la protection des investisseurs est un minimum ». C’est ainsi qu’elles se demandent : « Comment comprendre notre classement, notre contre-performance dans le « Doing Business » au regard des atouts du Sénégal comparativement à d’autres pays : Etat de droit, démocratie, paix sociale, stabilité politique, politique macro-économique saine ? » De l’avis de M. Agne, « ceux qui doutent de nous (secteur privé), ont parfois raison, acceptons-le... » En guise d’exemple, il a cité :« Vous voulez investir en milieu rural soit dans l’agriculture, soit dans les mines ;On vous octroie des terres inexploitées ; Dès que vous commencez à réaliser des investissements, le village le plus proche se réveille. Ce qui lui permet de dire que « L’investisseur privé est pris en otage ».

Le secteur privé demande ainsi au Président de la République : « Comment voulez-vous créer des emplois, développer nos régions avec autant de contraintes socio-culturelles ? » A son avis, « la réticence et l’immobilisme existent aussi dans certaines administrations qui n’ont toujours pas compris votre message ». Sinon, souligne le monde de l’entreprise, « comment comprendre que des réformes sur l’environnement des affaires ayant fait l’objet de concertation et de prises de décision, n’aient toujours pas connu, ne serait-ce qu’un début d’exécution ». Avant de fustiger le fait que « d’autres Administrations par contre font « reculer » le Sénégal en matière de simplification de procédures, de rationalisation des taxes et redevances ».

Dans un autre registre, le secteur privé a fait savoir que la création d’Agences répond à des préoccupations de bonne gouvernance publique. Mais, souligne-t-il,« cette multiplication de taxes et de redevances pour financer le budget de fonctionnement des agences n’est pas conforme à l’orientation que vous avez toujours donnée, M. le Président de la République. Elle remet en cause de nombreux acquis ainsi que les efforts du Gouvernement ».

Sur cette même lancée, a soulevant la réforme engagée et visant à avoir un Code Général des Impôts simplifié et adapté à l’environnement local, le président du Cnp, toujours dans le message du secteur privé, souligne que certaines réformes, n’ayant pas d’incidence négative sur le budget, peuvent être prises dès à présent et améliorer notre position dans le « Doing Business ». Sur ce point, il a évoqué la fiscalité adaptée aux transferts d’argent, la révision de l’Impôt sur le Revenu des Valeurs Mobilières (Irvm), la confirmation du taux de Tva à 10% pour le tourisme, la suppression du pré-compte de Tva pour les grandes entreprises. A cela, il a été ajouté la baisse des droits d’enregistrement sur les mutations et la baisse de la fiscalité sur les salaires, etc.

Le secteur privé se demande si le Sénégal doit suivre cette directive du Fonds Monétaire International (Fmi) consistant à ne pas appliquer de réformes fiscales avant 2013. En attendant d’y voir plus clair, le secteur privé sénégalaise réclame dès à présent la réforme du Code des Douanes et souhaite qu’elle accorde enfin cette « présomption d’innocence » au Chef d’entreprise dans le traitement du contentieux douanier.

Pour que le Sénégal se dote d’un environnement des affaires attractif, le secteur privé n’a pas occulté l’ «épine » du secteur de l’énergie. Après s’être réjoui de l’amélioration constatée dans la fourniture d’énergie électrique, le monde des entreprises demande que l’on aille « vers la baisse du prix de l’électricité, accélérons la mise en œuvre des réformes de la filière « énergie », réalisons les investissements prévus dans le Plan « Takkal » en partenariat avec le Secteur Privé national ». Dans ce même cadre, le secteur privé se demande si les projets d’investissements privés qui existent dans le domaine des énergies renouvelables sont « abandonnés » et pourquoi ils tardent à se réaliser ?


(sudonline.sn)