Certains estiment cependant que si vous êtes devenus si critiques à l’endroit du Président, c’est justement parce qu’il vous a débarqué de la Présidence de la Commission de l’Uemoa. Que répondez à cette critique qu’on vous fait souvent ?
Mais ce différend a commencé en 2002. Je vous remercie d’ailleurs de m’interpeller sur cette affaire car cela me permet de clarifier les choses. Je vais vous dire comment et pourquoi j’ai été relevé. Notez bien, c’est en 2002, une demi- heure avant la reprise de travaux de chefs d’Etat ici à Dakar, que j’ai appris qu’un autre sénégalais a été choisi pour me remplacer à la tête de la Commission de l’Uemoa. Lorsque nous sommes retournés en salle, la question a été évoquée et c’est un chef d’Etat qui a dit : « mais enfin, je ne comprends pas, nous avons le problème de la Côte d’Ivoire, nous avons le problème de la Guinée-Bissao et tant d’autres problèmes, mais alors pourquoi nous amuser à remplacer quelqu’un qui fait bien son travail. Qu’est ce que cela veut dire ça ? Là-dessus…
Quel est donc le nom de ce chef d’Etat ?
Attendez… Là-dessus un autre chef d’Etat a dit : « ce n’est pas grave, on laisse tomber, l’année prochaine on verra ». Vous voyez bien de qui je parle maintenant ? C’est-à-dire donc celui qui proposé mon remplacement (Ndlr, Me Abdoulaye Wade). Et donc j’ai été reconduit à mon poste pour quatre ans, car les commissaires et le Président sont nommés pour quatre ans, de manière irrévocable. Et les textes disent que seule la cour de Justice de l’Uemoa est en mesure de le juger pour des manquements et de constater son remplacement. Mais en dehors, les chefs d’Etat ne peuvent pas mettre fin à un mandat d’un Président de la Commission. Je vais vous dire, un commissaire avait été démis par son pays, la Côte d’Ivoire. Vous savez ce qui s’est passé, il a saisi la cour de Justice de l’Uemoa qui a débouté le président ivoirien.
Revenons donc à notre affaire. Vous êtes officiellement maintenant pour 4 ans…
Je suis donc nommé pour 4 ans. L’année qui a suivi, j’ai proposé au président Tandja qui était le président en exercice, que le prochain sommet qui devait coïncider avec l’anniversaire de l’institution, parce que l’Uemoa a été créé le 10 janvier 1994 Dakar, que ce sommet donc se tienne à Dakar. Ce que vous ne savez pas, c’est qu’entre temps, une très haute personnalité sénégalaise qui a aujourd’hui disparu m’a contacté pour me proposer de venir travailler aux côtés du pouvoir. Cette personnalité, après m’avoir rencontré, est allée lui dire ceci à celui qui l’avait envoyé : « kii bayi ko fu mu nek, su paree, yalla moo xam » (il faudra le laisser à son poste. A la fin de son mandat, on verra…). Je crois que cette réponse n’a pas plu. Et le président en exercice des chefs d’Etat m’a informé par la suite qu’une lettre avait été envoyée par le Sénégal aux 7 Etats de l’Uemoa pour leur dire que le Sénégal n’avait pas de candidat à une élection qui n’existait pas. Et que par ailleurs, le Sénégal soutient le Mali. Le chef d’Etat en exercice a envoyé son ministre de l’Economie et des finances au Sénégal et au Mali, pour dire aux autorités ceci : « laissez donc tomber cette affaire »… Mais ils n’ont rien voulu entendre. Et donc le jour du sommet, les chefs d’Etat ont essayé de le raisonner, mais il n’a rien voulu entendre, pendant une heure et demi. Ils ont dû accepter.
Vous avez bien été affecté pour cet épisode de votre départ de la Présidence de la Commission ?
Vous savez, Dansokho a parlé de méchanceté. Quand le Président en exercice pendant une heure et demi a essayé de le raisonner, il a laissé tomber. Je devais rester jusqu’en mars pour évacuer les affaires courantes, il a dit non. L’acte a été signé le 10 janvier et est rentré en vigueur le 10 janvier. De sorte que lorsque je me suis retrouvé à Ouagadougou, on était en face d’un problème juridique. J’aurais pu faire comme ce commissaire ivoirien qui a attaqué son pays. Et je l’aurais emporté. Pour plusieurs raisons, je n’ai pas voulu engager un tel bras de fer. D’abord, c’est mon pays qui m’a envoyé à l’Uemoa. Et donc si une voix, incarnée par la même institution juge que je dois quitter, je pense que le débat ne se pose plus. La deuxième chose, je me suis dit si je saisis la cour de Justice, comme l’ivoirien qui n’était que commissaire l’a fait, l’Institution allait être bloquée pendant des mois. Ce n’était pas bon pour l’Institution. Troisième raison, j’ai dit que j’ai ma dignité. Quatrième raison, le Président qui était en exercice et qui a signé cet acte là pour moi, a beaucoup d’amitié et d’estime. Mais ce jour-là, il faut que je vous dise, il y a des chefs d’Etat qui ont été très mécontents et très furieux. Il y a un Pm qui représentait son Président. Il a quitté avant la fin des travaux car son présent lui a fait injonction de rentrer dare-dare. Voilà donc comment les choses se sont réellement passées.
Nous persistons, vous avez été touché par cet évènement qui semble quand même orienter votre discours aujourd’hui.
Mais ça, c’était en janvier 2004, mais depuis quand vous, vous me connaissez ? Depuis un an seulement. Est-ce Amadou Makhtar Mbow, Mamoudou Touré ou d’autres ont quelque chose au travers de la gorge. La seule différence, c’est qu’ils sont plus âgés que moi. Ce qui a fait lever tous ces gens-là, c’est cela qui me motive. La différence, c’est que je suis plus jeune et j’ai mon tempérament. C’est tout. Si j’ai donc quelque chose dans la gorge, c’est bien relativement à la situation dans laquelle se trouve mon pays, mais pas pour des raisons personnelles. Dans cette affaire par exemple, au-delà de ma personne, je considère que c’est de la trahison. Et je pèse mes mots . Je ne crois pas qu’on puisse en vouloir à quelqu’un jusqu’à priver son pays d’un poste comme celui-là qui vient avant le Président de la Boad. Et puis, je dis que je suis un patriote. Si vraiment les gens ne voulaient plus que je reste, on aurait pu m’appeler et me dire que pour telle ou telle raison, tu dois partir. Je serais parti. Aujourd’hui, qu’est ce que nous valons à l’extérieur. Ce pays partout où on allait, on bombait le torse, aujourd’hui, on rase les murs. Ce pays était un modèle. Il fallait accompagner le Président Senghor ou Diouf pour voir ce qu’était le Sénégal. Lors de la signature de l’Accord de non agression et de défense mutuelle (Anad) en Côte d’Ivoire, (quelle année ? ) le Général Tavarez était là, Houphouët, Ould Dada, Moussa Traoré, Eyadéma, etc. Il a sorti le texte qu’on a préparé, on ne l’a pas changé. C’est ça qu’on a perdu aujourd’hui. On parle d’homme d’Etat. Mais je veux préciser qu’un homme d’Etat, ce n’est pas une position, c’est une posture. Ce n’est pas une station, c’est une stature. Dakar était un rendez-vous africain et mondial. Les gens faisaient escale ici avant d’aller aux Etats-Unis…
Vous semblez bien décidé à plonger dans la mare politique
Franchement, je n’ai jamais voulu de la politique. Contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, la plupart des ministres étaient des technocrates avant tout. Ils pouvaient être politiques, mais ils maîtrisaient d’abord la matière dans laquelle ils travaillent. C’est dans leur environnement qu’on les repérait pour savoir qu’il s étaient techniquement bon. Ensuite ils montaient… Aujourd’hui, les gens font de la politique d’abord et ensuite ils apprennent à travailler.
La situation politique, économique et sociale du Sénégal ne vous incite-t-elle pas à faire de la politique ? Quelle est donc la nature de votre engagement dans le contexte actuel ?
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Au plan politique, nous allons vers des situations difficiles. La majorité des sénégalais estiment que la situation ne peut pas perdurer. Les gens sont des démocrates. Je ne crois pas qu’on puisse changer les choses sans passer par des voies constitutionnelles. (…) Aujourd’hui, les gens sont agressés de façon insupportable dans tous les domaines. Lorsque des personnalités comme Amadou Ciré Ly, Amadou Makhtar Mbow, Cheikh Hamidou Kane ou Mamoudou Touré acceptent de participer à une réflexion nationale sur la situation du pays, avec l’âge qu’ils ont, alors qu’ils auraient pu rester chez eux, c’est parce qu’il y a quelque chose qui les motive qui est puissant en eux. Je vais vous dire, au-delà de ma personne, je suis motivé par le Sénégal et le destin de ce pays qui l’intéresse au plus haut point. Il faut avouer que j’ai reçu beaucoup de visites ; de gens qui me proposent de rentrer dans leur parti et d’occuper des position. Mais je ne vais pas rentrer dans un parti.
Selon vous, comment voyez-vous les perspectives politiques à court ou moyen terme ?
Il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord, c’est qu’il faut que ça change . Je m’y engage. Le gens me disent : « tu es courageux ». Courageux en quoi ? Tout le monde souhaite le départ de Wade. Mais ça, c’est une étape. Car une fois que cela est fait, ce n’est pas gagné. On doit veiller à ce que ceux qui viennent après, ne fassent pas la même chose, qu’ils ne fassent pas le dixième de ce que ces gens-là font aujourd’hui. Le paysage politique, même dans l’opposition et très brouillé. Des partis ont cheminé avec le parti au pouvoir, de bonne foi. Landing est mon ami, mais il est maintenant dans l’opposition. Dans ces conditions qu’est ce que ça signifie l’opposition : « tout sauf Wade ». Je dis que ce n’est pas suffisant. Je considère que ces 9 ans ou 12 ans, si on arrive à 2012, c’est une parenthèse dans l’histoire du Sénégal. Parce que l’histoire d’un pays, c’est différent de l’histoire d’un homme. L’histoire d’un homme c’est moins d’un siècle, mais l’histoire d’un pays, ce sont des siècles et des siècles. J’ai une série d’amis avec qui je parle. Mais je ne souhaite pas que demain , qu’il y ait un accaparement du pouvoir par un parti ou combinaison de partis. Car actuellement, c’est ce qui semble se préparer. « Tu prends le Président de la République », toi Président du Sénat etc. Ce n’est pas cela que les sénégalais attendent… Et les gens qui ne veulent pas cela s’y opposeront : je serai parmi eux.
Mais ce différend a commencé en 2002. Je vous remercie d’ailleurs de m’interpeller sur cette affaire car cela me permet de clarifier les choses. Je vais vous dire comment et pourquoi j’ai été relevé. Notez bien, c’est en 2002, une demi- heure avant la reprise de travaux de chefs d’Etat ici à Dakar, que j’ai appris qu’un autre sénégalais a été choisi pour me remplacer à la tête de la Commission de l’Uemoa. Lorsque nous sommes retournés en salle, la question a été évoquée et c’est un chef d’Etat qui a dit : « mais enfin, je ne comprends pas, nous avons le problème de la Côte d’Ivoire, nous avons le problème de la Guinée-Bissao et tant d’autres problèmes, mais alors pourquoi nous amuser à remplacer quelqu’un qui fait bien son travail. Qu’est ce que cela veut dire ça ? Là-dessus…
Quel est donc le nom de ce chef d’Etat ?
Attendez… Là-dessus un autre chef d’Etat a dit : « ce n’est pas grave, on laisse tomber, l’année prochaine on verra ». Vous voyez bien de qui je parle maintenant ? C’est-à-dire donc celui qui proposé mon remplacement (Ndlr, Me Abdoulaye Wade). Et donc j’ai été reconduit à mon poste pour quatre ans, car les commissaires et le Président sont nommés pour quatre ans, de manière irrévocable. Et les textes disent que seule la cour de Justice de l’Uemoa est en mesure de le juger pour des manquements et de constater son remplacement. Mais en dehors, les chefs d’Etat ne peuvent pas mettre fin à un mandat d’un Président de la Commission. Je vais vous dire, un commissaire avait été démis par son pays, la Côte d’Ivoire. Vous savez ce qui s’est passé, il a saisi la cour de Justice de l’Uemoa qui a débouté le président ivoirien.
Revenons donc à notre affaire. Vous êtes officiellement maintenant pour 4 ans…
Je suis donc nommé pour 4 ans. L’année qui a suivi, j’ai proposé au président Tandja qui était le président en exercice, que le prochain sommet qui devait coïncider avec l’anniversaire de l’institution, parce que l’Uemoa a été créé le 10 janvier 1994 Dakar, que ce sommet donc se tienne à Dakar. Ce que vous ne savez pas, c’est qu’entre temps, une très haute personnalité sénégalaise qui a aujourd’hui disparu m’a contacté pour me proposer de venir travailler aux côtés du pouvoir. Cette personnalité, après m’avoir rencontré, est allée lui dire ceci à celui qui l’avait envoyé : « kii bayi ko fu mu nek, su paree, yalla moo xam » (il faudra le laisser à son poste. A la fin de son mandat, on verra…). Je crois que cette réponse n’a pas plu. Et le président en exercice des chefs d’Etat m’a informé par la suite qu’une lettre avait été envoyée par le Sénégal aux 7 Etats de l’Uemoa pour leur dire que le Sénégal n’avait pas de candidat à une élection qui n’existait pas. Et que par ailleurs, le Sénégal soutient le Mali. Le chef d’Etat en exercice a envoyé son ministre de l’Economie et des finances au Sénégal et au Mali, pour dire aux autorités ceci : « laissez donc tomber cette affaire »… Mais ils n’ont rien voulu entendre. Et donc le jour du sommet, les chefs d’Etat ont essayé de le raisonner, mais il n’a rien voulu entendre, pendant une heure et demi. Ils ont dû accepter.
Vous avez bien été affecté pour cet épisode de votre départ de la Présidence de la Commission ?
Vous savez, Dansokho a parlé de méchanceté. Quand le Président en exercice pendant une heure et demi a essayé de le raisonner, il a laissé tomber. Je devais rester jusqu’en mars pour évacuer les affaires courantes, il a dit non. L’acte a été signé le 10 janvier et est rentré en vigueur le 10 janvier. De sorte que lorsque je me suis retrouvé à Ouagadougou, on était en face d’un problème juridique. J’aurais pu faire comme ce commissaire ivoirien qui a attaqué son pays. Et je l’aurais emporté. Pour plusieurs raisons, je n’ai pas voulu engager un tel bras de fer. D’abord, c’est mon pays qui m’a envoyé à l’Uemoa. Et donc si une voix, incarnée par la même institution juge que je dois quitter, je pense que le débat ne se pose plus. La deuxième chose, je me suis dit si je saisis la cour de Justice, comme l’ivoirien qui n’était que commissaire l’a fait, l’Institution allait être bloquée pendant des mois. Ce n’était pas bon pour l’Institution. Troisième raison, j’ai dit que j’ai ma dignité. Quatrième raison, le Président qui était en exercice et qui a signé cet acte là pour moi, a beaucoup d’amitié et d’estime. Mais ce jour-là, il faut que je vous dise, il y a des chefs d’Etat qui ont été très mécontents et très furieux. Il y a un Pm qui représentait son Président. Il a quitté avant la fin des travaux car son présent lui a fait injonction de rentrer dare-dare. Voilà donc comment les choses se sont réellement passées.
Nous persistons, vous avez été touché par cet évènement qui semble quand même orienter votre discours aujourd’hui.
Mais ça, c’était en janvier 2004, mais depuis quand vous, vous me connaissez ? Depuis un an seulement. Est-ce Amadou Makhtar Mbow, Mamoudou Touré ou d’autres ont quelque chose au travers de la gorge. La seule différence, c’est qu’ils sont plus âgés que moi. Ce qui a fait lever tous ces gens-là, c’est cela qui me motive. La différence, c’est que je suis plus jeune et j’ai mon tempérament. C’est tout. Si j’ai donc quelque chose dans la gorge, c’est bien relativement à la situation dans laquelle se trouve mon pays, mais pas pour des raisons personnelles. Dans cette affaire par exemple, au-delà de ma personne, je considère que c’est de la trahison. Et je pèse mes mots . Je ne crois pas qu’on puisse en vouloir à quelqu’un jusqu’à priver son pays d’un poste comme celui-là qui vient avant le Président de la Boad. Et puis, je dis que je suis un patriote. Si vraiment les gens ne voulaient plus que je reste, on aurait pu m’appeler et me dire que pour telle ou telle raison, tu dois partir. Je serais parti. Aujourd’hui, qu’est ce que nous valons à l’extérieur. Ce pays partout où on allait, on bombait le torse, aujourd’hui, on rase les murs. Ce pays était un modèle. Il fallait accompagner le Président Senghor ou Diouf pour voir ce qu’était le Sénégal. Lors de la signature de l’Accord de non agression et de défense mutuelle (Anad) en Côte d’Ivoire, (quelle année ? ) le Général Tavarez était là, Houphouët, Ould Dada, Moussa Traoré, Eyadéma, etc. Il a sorti le texte qu’on a préparé, on ne l’a pas changé. C’est ça qu’on a perdu aujourd’hui. On parle d’homme d’Etat. Mais je veux préciser qu’un homme d’Etat, ce n’est pas une position, c’est une posture. Ce n’est pas une station, c’est une stature. Dakar était un rendez-vous africain et mondial. Les gens faisaient escale ici avant d’aller aux Etats-Unis…
Vous semblez bien décidé à plonger dans la mare politique
Franchement, je n’ai jamais voulu de la politique. Contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, la plupart des ministres étaient des technocrates avant tout. Ils pouvaient être politiques, mais ils maîtrisaient d’abord la matière dans laquelle ils travaillent. C’est dans leur environnement qu’on les repérait pour savoir qu’il s étaient techniquement bon. Ensuite ils montaient… Aujourd’hui, les gens font de la politique d’abord et ensuite ils apprennent à travailler.
La situation politique, économique et sociale du Sénégal ne vous incite-t-elle pas à faire de la politique ? Quelle est donc la nature de votre engagement dans le contexte actuel ?
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Au plan politique, nous allons vers des situations difficiles. La majorité des sénégalais estiment que la situation ne peut pas perdurer. Les gens sont des démocrates. Je ne crois pas qu’on puisse changer les choses sans passer par des voies constitutionnelles. (…) Aujourd’hui, les gens sont agressés de façon insupportable dans tous les domaines. Lorsque des personnalités comme Amadou Ciré Ly, Amadou Makhtar Mbow, Cheikh Hamidou Kane ou Mamoudou Touré acceptent de participer à une réflexion nationale sur la situation du pays, avec l’âge qu’ils ont, alors qu’ils auraient pu rester chez eux, c’est parce qu’il y a quelque chose qui les motive qui est puissant en eux. Je vais vous dire, au-delà de ma personne, je suis motivé par le Sénégal et le destin de ce pays qui l’intéresse au plus haut point. Il faut avouer que j’ai reçu beaucoup de visites ; de gens qui me proposent de rentrer dans leur parti et d’occuper des position. Mais je ne vais pas rentrer dans un parti.
Selon vous, comment voyez-vous les perspectives politiques à court ou moyen terme ?
Il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord, c’est qu’il faut que ça change . Je m’y engage. Le gens me disent : « tu es courageux ». Courageux en quoi ? Tout le monde souhaite le départ de Wade. Mais ça, c’est une étape. Car une fois que cela est fait, ce n’est pas gagné. On doit veiller à ce que ceux qui viennent après, ne fassent pas la même chose, qu’ils ne fassent pas le dixième de ce que ces gens-là font aujourd’hui. Le paysage politique, même dans l’opposition et très brouillé. Des partis ont cheminé avec le parti au pouvoir, de bonne foi. Landing est mon ami, mais il est maintenant dans l’opposition. Dans ces conditions qu’est ce que ça signifie l’opposition : « tout sauf Wade ». Je dis que ce n’est pas suffisant. Je considère que ces 9 ans ou 12 ans, si on arrive à 2012, c’est une parenthèse dans l’histoire du Sénégal. Parce que l’histoire d’un pays, c’est différent de l’histoire d’un homme. L’histoire d’un homme c’est moins d’un siècle, mais l’histoire d’un pays, ce sont des siècles et des siècles. J’ai une série d’amis avec qui je parle. Mais je ne souhaite pas que demain , qu’il y ait un accaparement du pouvoir par un parti ou combinaison de partis. Car actuellement, c’est ce qui semble se préparer. « Tu prends le Président de la République », toi Président du Sénat etc. Ce n’est pas cela que les sénégalais attendent… Et les gens qui ne veulent pas cela s’y opposeront : je serai parmi eux.