En visite de chantier ce week-end à Rufisque Karim Wade a déclaré que le débat sur la candidature de son père est clos et que même ses réalisations en terme d’infrastructures méritent qu’on lui accorde un autre mandat. Qu’en pensez-vous ?
Je comprends qu’un fils puisse avoir une affection de cette nature pour son père qui le lui rend bien. Mais nous ne sommes pas dans ce domaine. Nous sommes en train de parler des réalités de ce pays. Or c’est ce même père qui a proposé, il y a à peine quelques mois un projet de réforme constitutionnel avec un ticket où il serait élu au premier tour avec seulement 25 % des suffrages exprimés. Si véritablement il était conscient de son aura et de son bilan pour être réélu au premier tour, il n’allait pas proposer 25 %. C’est qu’il est conscient que si les choses se passent normalement, il ne peut pas dépasser cette barre.
Aujourd’hui chacun tire la couverture de son côté, pourquoi ne pas laisser le Conseil constitutionnel trancher le débat en toute quiétude sans pression ?
Le Conseil constitutionnel est appelé à trancher ce débat. C’est son rôle. Je pense que les pressions, c’est malsain. Mais ça peut se comprendre. Je dis que c’est malsain parce qu’il faut laisser le Conseil constitutionnel trancher en toute indépendance. Mais on comprend bien cette pression populaire parce que cette Institution a habitué les Sénégalais à se déclarer incompétente. Or, si demain le Conseil constitutionnel se déclare incompétent, c’est une façon d’avaliser la candidature de Wade. Ensuite, la deuxième raison de la pression est que le Conseil constitutionnel est composé de cinq juristes qu’on appelle des sages. Le Sénégal est l’un des rares pays où les membres du Conseil constitutionnel sont tous nommés par le président de la République.
Est-ce une anomalie ?
Evidemment. C’est une anomalie, c’est quelque chose qui est sortie de ce qu’on appelle la République bananière. C’est contraire à toutes les règles de justice, d’équité et de moralité politique. Si le président de la République lui-même nomme les membres du Conseil constitutionnel, les citoyens peuvent penser qu’il leur sera difficile de refuser la candidature de celui-là qui les a nommés. Ça c’est une deuxième raison de la pression des citoyens sur le Conseil constitutionnel.
Les membres du Conseil constitutionnel ont quand même un devoir d’ingratitude vis-à-vis du chef de l’Etat.
Je vois une troisième raison qui peut justifier la pression, c’est que le pouvoir est en train de préparer l’opinion à ce que la décision est déjà acquise. Est-ce que les membres du conseil auront ce devoir d’ingratitude ? Est-ce qu’ils s’élèveront à la hauteur du caractère historique de la décision qui les attend ? Voilà autant d’interrogations. En tout cas Ibrahima Fall l’espère. Mais je souhaite qu’on n’en arrive pas là pour des raisons claires. Qu’on le veuille ou non, un président de la République qui demande à être réélu à 86 ou 87 ans pour un mandat de 7 ans, si Dieu lui donne la longévité d’un de ses parents qui est mort à plus de 100 ans, il aura 94 ans à l’issue de ce mandat. Est-ce que c’est sain ? Oublie-t-on le cas de Bourguiba qui, bien moins âgé que Wade, avait suscité sa destitution.
Pour des raisons politiques toujours, je considère que quelqu’un qui a fait 26 d’opposition historique, qui a eu le mérite de tenir, même si de temps en temps il entrait et sortait du gouvernement - doit savoir partir à temps. 26 ans plus 12 ans de pouvoir, cela fait 38 ans. Est-ce qu’on ne pense pas véritablement que Wade doit sortir par la grande porte en tirant sa révérence au lieu de forcer à une réélection qui peut conduire le Sénégal dans une impasse ?
L’autre raison politique, c’est qu’il faut qu’on se soucie des générations à venir. Le Sénégal est l’un des rares pays de l’Afrique de l’Ouest qui n’a pas connu de coups d’Etat, qui a eu une vie politique sereine. L’aventure dans laquelle la candidature de Wade nous engage est pleine de dangers. Je sais qu’au Sénégal on dit qu’il n’y aura que la paix parce que de grandes autorités religieuses nous ont bénis de leurs prières. Mais pour se montrer dignes de ces grandes autorités religieuses, nous avons tous le devoir de faire en sorte de ne jamais les démentir. Le président de la République actuel a une grande responsabilité de ne pas nous engager dans cette aventure qui irait à l’encontre de cela.
Le Collectif des cadres casamançais souhaite relancer le débat public national sur le conflit et dans ce sens, ils veulent rencontrer tous les candidats à la présidentielle pour écouter leur projet de société dans cette partie du pays. Avez-vous des solutions concrètes de sortie de crise pour ce plus vieux conflit de l’Afrique de l’Ouest ?
Merci pour cette question. La Casamance, c’est une plaie saignante et elle dure depuis plus de trente ans. On a tendance, malheureusement à considérer que c’est une crise de la Casamance. Non, c’est une crise sénégalaise qui interpelle l’ensemble des citoyens sénégalais. Il faut lui donner une solution de ce que représente cette crise.
J’estime également qu’il faut tirer les leçons des échecs passés. Parce qu’il y a eu plusieurs tentatives de régler la crise en Casamance. C’est sur la base de tout cela qu’il faut proposer des solutions de sortie de crise. J’en ai proposé. Je vous renvoie à mon allocution de déclaration de ma candidature où j’ai clairement indiqué le chemin qu’il faut suivre. D’abord, il faut arrêter la gestion désastreuse de cette crise avec la nomination des ‘messieurs Casamance’ à qui on donne des milliards dont on ne sait que faire et qui ne servent à rien d’autre qu’à prolonger la crise. Ensuite il faut asseoir autour d’une table tous les acteurs nationaux - pas seulement le régime politique, le gouvernement et le Mfdc - mais tous les acteurs concernés. Il faut que dans cette crise qu’on écoute plus et qu’on responsabilise davantage les ressortissants de la Casamance.
Et je suis heureux que le Collectif des cadres Casamançais interpelle les acteurs particulièrement les candidats à la présidentielle. Et enfin dans ma déclaration, j’ai dit qu’il est illusoire de penser que le problème de la Casamance peut se régler uniquement sans tenir compte de l’environnement sous-régional. Il faut impliquer la Guinée-Bissau et la Gambie. Cela fait cinq ou six mois que j’ai fait ces propositions et je suis heureux que les cadres Casamançais s’inscrivent dans cette dynamique. En tout cas, le 8 décembre prochain, le candidat Ibrahima Fall publiera son programme de gouvernement qui va couvrir tous les champs politique, économique, social, culturel, sécuritaire et autres qui interpellent le candidat Ibrahima Fall. J’espère qu’on y trouvera des développements conséquents concernant la crise en Casamance.
Monsieur Fall, l’élection présidentielle, c’est aussi un look spécial qui puisse attirer. Il se trouve que votre chevelure abondante n’attire pas trop la jeune génération. N’avez-vous pas envie de changer de look ?
(Rires). Je vous remercie. Mais je pense que la réponse que je vais vous servir ne dérangera pas personne. Je suis quand même étonné. En 2000, les gens avaient des cheveux et ils ont choisi quelqu’un qui n’en avait pas. Je m’arrête là.
Voulez-vous dire qu’en 2012 les Sénégalais choisiront un candidat chevelu comme Ibrahima Fall ?
Non, mais chacun à de ce point de vue-là, sa conception. Toutes les conceptions se valent et se respectent. On a eu un acteur très connu dans le cinéma mondial qui s’appelait Yul Brynner qui n’avait pas un seul cheveu sur la tête et cela ne l’a pas empêché d’avoir la brillante carrière qu’il a eue. Dans le même ordre d’idées, on a aussi des hommes politiques de par le monde qui avaient des tignasses et cela ne les a pas empêchés d’être élus. Chacun a sa personnalité et je crois qu’il faut savoir respecter la personnalité de chacun. Ceux qui me connaissent savent de longue date le soin particulier que j’apporte à ma personne y compris à mes cheveux.
Vous les entretenez avec quel produit ?
(Il hésite une peu). Brillantine roja flore. Fin
Réalisé par Georges Nesta DIOP, Pierre Edouard Faye (Walf Tv) et Charles Gaïky DIENE
PiccMi.Com - La Rédaction
Je comprends qu’un fils puisse avoir une affection de cette nature pour son père qui le lui rend bien. Mais nous ne sommes pas dans ce domaine. Nous sommes en train de parler des réalités de ce pays. Or c’est ce même père qui a proposé, il y a à peine quelques mois un projet de réforme constitutionnel avec un ticket où il serait élu au premier tour avec seulement 25 % des suffrages exprimés. Si véritablement il était conscient de son aura et de son bilan pour être réélu au premier tour, il n’allait pas proposer 25 %. C’est qu’il est conscient que si les choses se passent normalement, il ne peut pas dépasser cette barre.
Aujourd’hui chacun tire la couverture de son côté, pourquoi ne pas laisser le Conseil constitutionnel trancher le débat en toute quiétude sans pression ?
Le Conseil constitutionnel est appelé à trancher ce débat. C’est son rôle. Je pense que les pressions, c’est malsain. Mais ça peut se comprendre. Je dis que c’est malsain parce qu’il faut laisser le Conseil constitutionnel trancher en toute indépendance. Mais on comprend bien cette pression populaire parce que cette Institution a habitué les Sénégalais à se déclarer incompétente. Or, si demain le Conseil constitutionnel se déclare incompétent, c’est une façon d’avaliser la candidature de Wade. Ensuite, la deuxième raison de la pression est que le Conseil constitutionnel est composé de cinq juristes qu’on appelle des sages. Le Sénégal est l’un des rares pays où les membres du Conseil constitutionnel sont tous nommés par le président de la République.
Est-ce une anomalie ?
Evidemment. C’est une anomalie, c’est quelque chose qui est sortie de ce qu’on appelle la République bananière. C’est contraire à toutes les règles de justice, d’équité et de moralité politique. Si le président de la République lui-même nomme les membres du Conseil constitutionnel, les citoyens peuvent penser qu’il leur sera difficile de refuser la candidature de celui-là qui les a nommés. Ça c’est une deuxième raison de la pression des citoyens sur le Conseil constitutionnel.
Les membres du Conseil constitutionnel ont quand même un devoir d’ingratitude vis-à-vis du chef de l’Etat.
Je vois une troisième raison qui peut justifier la pression, c’est que le pouvoir est en train de préparer l’opinion à ce que la décision est déjà acquise. Est-ce que les membres du conseil auront ce devoir d’ingratitude ? Est-ce qu’ils s’élèveront à la hauteur du caractère historique de la décision qui les attend ? Voilà autant d’interrogations. En tout cas Ibrahima Fall l’espère. Mais je souhaite qu’on n’en arrive pas là pour des raisons claires. Qu’on le veuille ou non, un président de la République qui demande à être réélu à 86 ou 87 ans pour un mandat de 7 ans, si Dieu lui donne la longévité d’un de ses parents qui est mort à plus de 100 ans, il aura 94 ans à l’issue de ce mandat. Est-ce que c’est sain ? Oublie-t-on le cas de Bourguiba qui, bien moins âgé que Wade, avait suscité sa destitution.
Pour des raisons politiques toujours, je considère que quelqu’un qui a fait 26 d’opposition historique, qui a eu le mérite de tenir, même si de temps en temps il entrait et sortait du gouvernement - doit savoir partir à temps. 26 ans plus 12 ans de pouvoir, cela fait 38 ans. Est-ce qu’on ne pense pas véritablement que Wade doit sortir par la grande porte en tirant sa révérence au lieu de forcer à une réélection qui peut conduire le Sénégal dans une impasse ?
L’autre raison politique, c’est qu’il faut qu’on se soucie des générations à venir. Le Sénégal est l’un des rares pays de l’Afrique de l’Ouest qui n’a pas connu de coups d’Etat, qui a eu une vie politique sereine. L’aventure dans laquelle la candidature de Wade nous engage est pleine de dangers. Je sais qu’au Sénégal on dit qu’il n’y aura que la paix parce que de grandes autorités religieuses nous ont bénis de leurs prières. Mais pour se montrer dignes de ces grandes autorités religieuses, nous avons tous le devoir de faire en sorte de ne jamais les démentir. Le président de la République actuel a une grande responsabilité de ne pas nous engager dans cette aventure qui irait à l’encontre de cela.
Le Collectif des cadres casamançais souhaite relancer le débat public national sur le conflit et dans ce sens, ils veulent rencontrer tous les candidats à la présidentielle pour écouter leur projet de société dans cette partie du pays. Avez-vous des solutions concrètes de sortie de crise pour ce plus vieux conflit de l’Afrique de l’Ouest ?
Merci pour cette question. La Casamance, c’est une plaie saignante et elle dure depuis plus de trente ans. On a tendance, malheureusement à considérer que c’est une crise de la Casamance. Non, c’est une crise sénégalaise qui interpelle l’ensemble des citoyens sénégalais. Il faut lui donner une solution de ce que représente cette crise.
J’estime également qu’il faut tirer les leçons des échecs passés. Parce qu’il y a eu plusieurs tentatives de régler la crise en Casamance. C’est sur la base de tout cela qu’il faut proposer des solutions de sortie de crise. J’en ai proposé. Je vous renvoie à mon allocution de déclaration de ma candidature où j’ai clairement indiqué le chemin qu’il faut suivre. D’abord, il faut arrêter la gestion désastreuse de cette crise avec la nomination des ‘messieurs Casamance’ à qui on donne des milliards dont on ne sait que faire et qui ne servent à rien d’autre qu’à prolonger la crise. Ensuite il faut asseoir autour d’une table tous les acteurs nationaux - pas seulement le régime politique, le gouvernement et le Mfdc - mais tous les acteurs concernés. Il faut que dans cette crise qu’on écoute plus et qu’on responsabilise davantage les ressortissants de la Casamance.
Et je suis heureux que le Collectif des cadres Casamançais interpelle les acteurs particulièrement les candidats à la présidentielle. Et enfin dans ma déclaration, j’ai dit qu’il est illusoire de penser que le problème de la Casamance peut se régler uniquement sans tenir compte de l’environnement sous-régional. Il faut impliquer la Guinée-Bissau et la Gambie. Cela fait cinq ou six mois que j’ai fait ces propositions et je suis heureux que les cadres Casamançais s’inscrivent dans cette dynamique. En tout cas, le 8 décembre prochain, le candidat Ibrahima Fall publiera son programme de gouvernement qui va couvrir tous les champs politique, économique, social, culturel, sécuritaire et autres qui interpellent le candidat Ibrahima Fall. J’espère qu’on y trouvera des développements conséquents concernant la crise en Casamance.
Monsieur Fall, l’élection présidentielle, c’est aussi un look spécial qui puisse attirer. Il se trouve que votre chevelure abondante n’attire pas trop la jeune génération. N’avez-vous pas envie de changer de look ?
(Rires). Je vous remercie. Mais je pense que la réponse que je vais vous servir ne dérangera pas personne. Je suis quand même étonné. En 2000, les gens avaient des cheveux et ils ont choisi quelqu’un qui n’en avait pas. Je m’arrête là.
Voulez-vous dire qu’en 2012 les Sénégalais choisiront un candidat chevelu comme Ibrahima Fall ?
Non, mais chacun à de ce point de vue-là, sa conception. Toutes les conceptions se valent et se respectent. On a eu un acteur très connu dans le cinéma mondial qui s’appelait Yul Brynner qui n’avait pas un seul cheveu sur la tête et cela ne l’a pas empêché d’avoir la brillante carrière qu’il a eue. Dans le même ordre d’idées, on a aussi des hommes politiques de par le monde qui avaient des tignasses et cela ne les a pas empêchés d’être élus. Chacun a sa personnalité et je crois qu’il faut savoir respecter la personnalité de chacun. Ceux qui me connaissent savent de longue date le soin particulier que j’apporte à ma personne y compris à mes cheveux.
Vous les entretenez avec quel produit ?
(Il hésite une peu). Brillantine roja flore. Fin
Réalisé par Georges Nesta DIOP, Pierre Edouard Faye (Walf Tv) et Charles Gaïky DIENE
PiccMi.Com - La Rédaction