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Ibrahima Sène PIT, Que cachent « le mouvement citoyen en politique » et la crise au sein des partis ?

Rédigé par leral.net le Samedi 8 Avril 2017 à 16:05 | | 0 commentaire(s)|

Tous ceux qui ont lancé un "mouvement citoyen"pour entrer en politique, ou qui font scission dans un parti politique, disent la même chose, avec les mêmes justificatifs, et les mêmes ambitions, même s'ils viennent d'horizons différents


Ils disent tous que c’est pour « la République, la Démocratie, la Justice, l’intérêt du Peuple » , comme si leurs devanciers dans la scène politique ne disent pas la même chose !  Alors pourquoi sont- ils si nombreux, chacun avec sa " chapelle"?

Si leur proclamation de foi n'est pas que prétexte pour exister indépendamment dans l'arène politique, pourquoi ne devraient-ils pas relever le défi de se rassembler tous pour réaliser ce même destin qu’ils disent vouloir pour le peuple ? 

Autrement, ce seraient des "mouvements politiques ou factions politiques de plus" qui n'ont plus, depuis le référendum de Mars 2016, la nécessité de se transformer en " Partis politiques" pour briguer le suffrage des citoyens à toutes les élections. 

C’est ce qui explique l'explosion d'ambitions personnelles de participation à l'exercice du pouvoir d'Etat, depuis que les candidatures indépendantes ont été autorisées aux élections Présidentielle et Législative avec le Code Electoral Consensuel de 1992, et l’approfondissement des libertés démocratiques depuis la première Alternance en 2000. 

Cependant, la politique ne peut pas se réduire à la réalisation « d'ambitions personnelles » et/ ou de « visions personnelles », mais elle est, en réalité, l'expression pacifique des luttes de classes et couches sociales antagoniques dans une société donnée, et un environnement international donné.
 

Entrer en " politique" n'est donc pas "entrer en marché pour exposer sa marchandise", mais c'est participer à la lutte des classes et couches sociales antagoniques pour le contrôle de l'Etat, qui, de nos jours, passe par l'expression du suffrage du peuple, et non plus par la révolution, et même pas par une insurrection, qui à la limite, ne fait que préparer le terrain à une expression plus libre et plus démocratique de ce suffrage du peuple. 

Comme la révolution ou l’insurrection, l’expression du suffrage universel d’un peuple n’est pas l’affaire d’une Personnalité, ou d’un Parti, ni d’une classe sociale donnée, mais bien l’expression des rapports de force entre les classes sociales et leurs rapports avec l’étranger, à un moment donné.
 

C’est pour cela que, maintenant au Sénégal, les gens ont de plus en plus conscience, qu’aucun Parti, ou Mouvement citoyen ne peut, à lui tout seul, gagner une élection, à plus forte raison, une élection présidentielle.

C’est de cette conviction que la « stratégie de large rassemblement » initiée par le PIT/SENEGAL pour accompagner le processus de libération du suffrage universel du peuple entamé à la fin des années 80, a pu gagner, peu à peu, l’expérience électorale aidant, tous les acteurs politiques de notre pays. 

L’objectif de classe d’un tel rassemblement, pour nous de la Gauche marxiste, n’a jamais été caché, et a consisté , à chaque échéance électorale, à réunir, le plus largement possible, des forces intéressées aux objectifs d’approfondissement des conquêtes démocratiques et sociales des classes et couches sociales exploitées, spoliées et/ou marginalisées, pour les libérer de l’influence des classes et couches sociales dont elles sont les victimes désignées, et qui cherchent à promouvoir leurs défenseurs au pouvoir.

Cet objectif de classe devrait, aujourd’hui, être toujours l’objet d’attention particulière, d’autant plus, que d’autres forces politiques et « mouvements sociaux » sont convertis à cette « stratégie de rassemblement », qu’ils présentent, à qui mieux - mieux, comme « d’intérêt national », et « non de classe », pour gagner le suffrage du peuple.

C’est cette mystification qui est devenue « l’opium du peuple » !

Ceux qui rentrent en " politique" pour réaliser leurs" visions", au service du peuple, et/ ou « leurs ambitions pour le peuple », devraient, à moins d’être des dilettantes, et des mystificateurs, être conscients que ce « peuple » n’est pas une masse homogène d’individus. Il y a bien des gens qui utilisent la force du travail des autres pour s’enrichir et accumuler des richesses, et d’autres qui triment pour s’en sortir.

Il est donc bien composé de « classes et couches sociales antagoniques » que l’Etat a pour fonction de faire coexister, en mettant en oeuvre la volonté de domination d’une classe sur les autres, qui peut s’allier, pour ce faire, avec une ou certaines d’entre elles qui lui sont moins antagoniques, avec l’appui d’alliés au niveau international, pour exercer son hégémonie politique et culturelle sur l’ensemble du peuple. 

Un Etat au-dessus des classes et couches sociales antagoniques, et neutre vis-à-vis de leurs luttes pour son contrôle politique, tant clamé, n’existe que dans les rêves d’intellectuels, déconnectés de leur origine de classe, ou qui sont en « services commandés » par celles qui contrôlent déjà le pouvoir, ou par celles qui y aspirent, mais qui se cachent derrière l’exigence d’un tel Etat, pour combattre les tenants du pouvoir, afin de réaliser leurs propres objectifs de domination de classe !

L’actualité judiciaire au Sénégal et aux Etats-Unis, en donne une très bonne illustration ! Dans ces conditions, ce n’est pas parce que l’on est un excellent « Editorialiste », ou « Facebookeur », « Universitaire », ou « Avocat émérite du Barreau », « Grand Ingénieur » ou « Economiste avéré », que « renter en politique » fait de soi, un « authentique politique », c’est-à-dire, un acteur politique qui ne nie pas l’existence de ces classes et couches sociales antagoniques qui luttent pour le contrôle du pouvoir.

On ne le devient donc, que lorsque l’on se situe explicitement vis-à-vis des intérêts des classes antagoniques dans le pays, et vis-à-vis des intérêts que l’étranger y vise.
Heureusement, il est devenu maintenant, avec la magie d’internet, de plus en plus difficile de cacher les intérêts réels de classe que l’on défend, et que l’on veut englober dans des « phraséologies vides » du genre « intérêt national », dans lesquelles excellent, nombre de « démocrates et républicains » qui pulullent de plus en plus dans des partis politiques ou « mouvements citoyens en politique ». 

Et c’est aussi derrière ces « phraséologies » que s’opèrent les crises actuelles dans des Partis, qui ne sont pas seulement dictées par des ambitions personnelles non assouvies, mais par des intérêts réels de classe et/ ou de couches sociales dans une même classe sociale.

C’est pourquoi, l’opinion, au Sénégal, est lassée d’entendre les mêmes rengaines qui appauvrissent fortement le débat entre ces acteurs politiques qui rivalisent d’ingéniosité pour cacher les véritables intérêts de classe qu’ils défendent réellement, et leurs rapports avec des intérêts étrangers.

C’est pour cette raison, que l’on voit tout le ridicule qui s’attache aux discours ambiants relatifs à la pléthore de partis politiques, au moment où ceux qui portent ce discours n’hésitent pas à en créer ou à se mouvoir dans des « mouvements citoyens », pour faire la politique au même titre que les partis politiques.

Ainsi, « derrière chaque discours, ou programme » il faut chercher à trouver, quels sont les intérêts de classe et/ou de couches sociales qui sont en jeu, si l’on veut éviter que ce jeu de dupes ne continue de prospérer dans notre pays.

C’est la seule manière, qu’à chaque échéance électorale, le peuple, par son suffrage, parvient à séparer « l’ivraie de la bonne graine ».

Notre tâche, de la gauche marxiste, c’est de l’y aider constamment, jusqu’à ce qu’il parvienne, un jour, à faire triompher, par le suffrage universel, les intérêts des classes et couches sociales exploitées, spoliées, et/ou marginalisées.

Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Fait le 8 Avril 2017