Le 29 janvier 2013, le site d’information Nettali ne se priva pas d’un commentaire qui en dit long sur la suite : « Longtemps enfermé dans son mutisme depuis sa défaite à la présidentielle du 26 février 2012, Idrissa Seck a décrété "l’an zéro de sa carrière politique". » La suite ? D’abord le décapage par les larmes – pour solder les comptes antérieurs à « l’an zéro » - d’un certificat, plutôt défraîchi, de virginité politique. Au passage, les anciens camarades du Parti démocratique sénégalais (Pds) en prennent pour leur grade du fait de leur « propagande monstrueuse » qui ternit l’image du « frère ». Ensuite la critique d’« un bilan qui n’est pas fameux », celui d’un an de Macky Sall au pouvoir. Pourtant, les notes circonstanciées de deux de ses amis politiques, les ministres Pape Diouf et Oumar Guèye du gouvernement d’Abdoul Mbaye, auraient appris à Idrissa Seck l’intérêt qu’il y a de parler d’hydraulique, d’assainissement, de pêche et d’affaires maritimes lors des « séances d’explication avec les populations » censées le réconcilier avec plus de 9 électeurs sur 10.
Idrissa Seck aurait surtout encouragé le ministre Pape Diouf à garder le cap des réalisations phares dans les domaines de la conservation et de la distribution du poisson frais aux populations (4,5 milliards de F CFA en 2012), de la relance de la filière thonière (10 milliards de F CFA d’investissements sur 5 ans), de l’aménagement et de la gestion durable des pêcheries (20 milliards de F CFA), du transport maritime pour un coût avoisinant les 60 milliards de FCFA. A cela s’ajoutent les retombées financières pour le Trésor public consécutives à l’arrêt et au gel des autorisations de pêche et les perspectives pour l’année 2013 en matière de lutte contre la « pêche illicite, non déclarée et non réglementée », la défense de nos frontières maritimes, la modernisation des flottes artisanale et industrielle, la réhabilitation, au port de Dakar, du wharf pétrolier et le dragage du chenal d’accès. Idy ne veut pas en entendre parler !
Le départ du ministre Oumar Guèye du gouvernement ou le parachèvement de sa mission de service public au sein de l’attelage n’émeuvent pas Idrissa Seck en dépit de l’appropriation, par l’équipe de M. Guèye, de la « priorité fondamentale » que constitue pour le chef de l’Etat « l’accès à l’eau et à l’assainissement ». A la fin de l’année 2011, le taux d’accès à l’eau potable était estimé à 98,7 % en milieu urbain et 80,10 % en milieu rural. Quant au taux d’accès à l’assainissement, il avait été estimé à 63,3 % en milieu urbain et 34,3 % en milieu rural. Les services du ministère de l’hydraulique et de l’assainissement, en même temps qu’ils ne se satisfont pas de ces chiffres, flairent surtout les disparités territoriales qu’ils dissimulent et ont entrepris d’accélérer, d’ici 2015, « la cadence vers l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) avec la mobilisation d’environ 250 milliards de francs CFA ». Concernant les branchements sociaux, l’objectif de 79 % de taux d’accès par branchement privé pourrait être atteint à l’horizon 2015 en privilégiant les centres urbains qui présentent des déficits de couverture. S’agissant du sous-secteur de l’assainissement, une mobilisation accrue de ressources permettrait de rattraper le retard sur l’eau. Ce diagnostic sans complaisance conforte les perspectives stimulantes du secteur.
Comme si de rien était, Idrissa Seck préfère s’émouvoir de « la vie [qui] reste chère, [des] délestages [qui] continuent [et de] l’emploi [qui] est un problème ». C’est, s’insurge Idy, la faute aux « banquiers » dont « la profession (…) est incompatible avec les finances publiques ». Si la banque et la fonction de banquier étaient incompatibles avec les finances publiques, les liens entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi) seraient rompus depuis longtemps déjà avec les finances des Etats membres. Idrissa Seck lui-même fait le bilan de son action à la tête du gouvernement dont il coordonna l’action en rappelant les satisfécits glanés auprès des deux institutions. Il n’est pas acceptable d’obstruer l’horizon d’un homme ou d’une femme au motif qu’ils ont exercé une fonction plutôt qu’une autre. L’actuel président du groupe de la Banque mondial, l’Américain d’origine coréenne, Jim Jong Kim, est un médecin anthropologue. L’innovation est de Barack Obama, qui ne proposa pas un économiste à ce poste. Interrogé sur le rapport qui existe entre la médecine et la Banque, Jim Jong Kim laissa entendre que « la mission de la Banque mondiale est trop complexe pour être assumée par une seule discipline ». Beaucoup de postes sont restés longtemps vacants au Sénégal et ailleurs en Afrique au prétexte que la formation des demandeurs d’emploi n’est pas en adéquation avec le service attendu d’eux. Il s’agit là d’une aberration qui sous-estime l’extraordinaire capacité d’adaptation des diplômés de l’enseignement supérieur à des situations nouvelles.
Doté d’un département des finances publiques, le FMI recommande en matière de transparence des finances publiques (AAD, 2003) qu’«une instance nationale d’audit ou un organisme analogue, indépendant du pouvoir exécutif, doit remettre aux autorités législatives et au public des rapports récents sur l’intégrité financière des comptes de l’administration publique ». Dans le même ordre d’idées, des « experts indépendants doivent être invités à évaluer les prévisions budgétaires, les prévisions macroéconomiques sur lesquelles elles se fondent et toutes les hypothèses qui les sous-tendent ». Le FMI recommande enfin qu’« un organisme national de statistique doit avoir un statut d’institution indépendante pour vérifier la qualité des données de finances publiques ».
Il y a quelques années, le professeur d’économie Makhtar Diouf s’étonnait néanmoins que « le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), tout comme du reste les institutions de Bretton Woods, ne dit rien sur les énormes gaspillages qui gangrènent les finances publiques ». Considérés par Idrissa Seck comme de simples préposés à la thésaurisation, les « banquiers » du gouvernement devraient alors convenir au professeur Diouf. Et le fossé qui sépare Idy du professeur d’économie se creuse lorsque ce dernier écrit qu’« une politique réelle de développement et de lutte efficace contre la pauvreté doit passer par une rationalisation des choix budgétaires ». « La suppression des dépenses improductives de l’Etat, les "faux frais", devrait logiquement déboucher sur un allègement sensible de la fiscalité ; ce qui permettrait une réduction du coût de la vie pour les ménages et de meilleures perspectives de rentabilité, donc de création d’emplois pour les entreprises », conclut l’économiste.
Tout se passe comme si l’actuel gouvernement travaillait sous la dictée de Makhtar Diouf tout en encourageant l’initiative privée à travers les fonds de garantie et d’investissements stratégiques. On peut donc dire, sous le contrôle d’un économiste reconnu, que les perspectives pour l’emploi sont bonnes au Sénégal, après un an seulement de présidence de Macky Sall. Idy, lui, ne s’en réjouit pas, préférant le maniement de chiffres fantaisistes pour aménager un large boulevard au seigneur autoproclamé de « l’an zéro ». Les mêmes causes produisant les effets, il est peu probable qu’Idrissa Seck sorte indemne d’un jeu (peu brillant) dont il est l’unique acteur. Mais rien ne l’empêche de se raviser encore qu’il est temps et d’aller à Canossa. Les médias qu’il pense avoir pris au piège lui faciliteront-ils la tâche ? Là est le problème !
Abdoul Aziz DIOP
Conseiller du président de la République
Idrissa Seck aurait surtout encouragé le ministre Pape Diouf à garder le cap des réalisations phares dans les domaines de la conservation et de la distribution du poisson frais aux populations (4,5 milliards de F CFA en 2012), de la relance de la filière thonière (10 milliards de F CFA d’investissements sur 5 ans), de l’aménagement et de la gestion durable des pêcheries (20 milliards de F CFA), du transport maritime pour un coût avoisinant les 60 milliards de FCFA. A cela s’ajoutent les retombées financières pour le Trésor public consécutives à l’arrêt et au gel des autorisations de pêche et les perspectives pour l’année 2013 en matière de lutte contre la « pêche illicite, non déclarée et non réglementée », la défense de nos frontières maritimes, la modernisation des flottes artisanale et industrielle, la réhabilitation, au port de Dakar, du wharf pétrolier et le dragage du chenal d’accès. Idy ne veut pas en entendre parler !
Le départ du ministre Oumar Guèye du gouvernement ou le parachèvement de sa mission de service public au sein de l’attelage n’émeuvent pas Idrissa Seck en dépit de l’appropriation, par l’équipe de M. Guèye, de la « priorité fondamentale » que constitue pour le chef de l’Etat « l’accès à l’eau et à l’assainissement ». A la fin de l’année 2011, le taux d’accès à l’eau potable était estimé à 98,7 % en milieu urbain et 80,10 % en milieu rural. Quant au taux d’accès à l’assainissement, il avait été estimé à 63,3 % en milieu urbain et 34,3 % en milieu rural. Les services du ministère de l’hydraulique et de l’assainissement, en même temps qu’ils ne se satisfont pas de ces chiffres, flairent surtout les disparités territoriales qu’ils dissimulent et ont entrepris d’accélérer, d’ici 2015, « la cadence vers l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) avec la mobilisation d’environ 250 milliards de francs CFA ». Concernant les branchements sociaux, l’objectif de 79 % de taux d’accès par branchement privé pourrait être atteint à l’horizon 2015 en privilégiant les centres urbains qui présentent des déficits de couverture. S’agissant du sous-secteur de l’assainissement, une mobilisation accrue de ressources permettrait de rattraper le retard sur l’eau. Ce diagnostic sans complaisance conforte les perspectives stimulantes du secteur.
Comme si de rien était, Idrissa Seck préfère s’émouvoir de « la vie [qui] reste chère, [des] délestages [qui] continuent [et de] l’emploi [qui] est un problème ». C’est, s’insurge Idy, la faute aux « banquiers » dont « la profession (…) est incompatible avec les finances publiques ». Si la banque et la fonction de banquier étaient incompatibles avec les finances publiques, les liens entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (Fmi) seraient rompus depuis longtemps déjà avec les finances des Etats membres. Idrissa Seck lui-même fait le bilan de son action à la tête du gouvernement dont il coordonna l’action en rappelant les satisfécits glanés auprès des deux institutions. Il n’est pas acceptable d’obstruer l’horizon d’un homme ou d’une femme au motif qu’ils ont exercé une fonction plutôt qu’une autre. L’actuel président du groupe de la Banque mondial, l’Américain d’origine coréenne, Jim Jong Kim, est un médecin anthropologue. L’innovation est de Barack Obama, qui ne proposa pas un économiste à ce poste. Interrogé sur le rapport qui existe entre la médecine et la Banque, Jim Jong Kim laissa entendre que « la mission de la Banque mondiale est trop complexe pour être assumée par une seule discipline ». Beaucoup de postes sont restés longtemps vacants au Sénégal et ailleurs en Afrique au prétexte que la formation des demandeurs d’emploi n’est pas en adéquation avec le service attendu d’eux. Il s’agit là d’une aberration qui sous-estime l’extraordinaire capacité d’adaptation des diplômés de l’enseignement supérieur à des situations nouvelles.
Doté d’un département des finances publiques, le FMI recommande en matière de transparence des finances publiques (AAD, 2003) qu’«une instance nationale d’audit ou un organisme analogue, indépendant du pouvoir exécutif, doit remettre aux autorités législatives et au public des rapports récents sur l’intégrité financière des comptes de l’administration publique ». Dans le même ordre d’idées, des « experts indépendants doivent être invités à évaluer les prévisions budgétaires, les prévisions macroéconomiques sur lesquelles elles se fondent et toutes les hypothèses qui les sous-tendent ». Le FMI recommande enfin qu’« un organisme national de statistique doit avoir un statut d’institution indépendante pour vérifier la qualité des données de finances publiques ».
Il y a quelques années, le professeur d’économie Makhtar Diouf s’étonnait néanmoins que « le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), tout comme du reste les institutions de Bretton Woods, ne dit rien sur les énormes gaspillages qui gangrènent les finances publiques ». Considérés par Idrissa Seck comme de simples préposés à la thésaurisation, les « banquiers » du gouvernement devraient alors convenir au professeur Diouf. Et le fossé qui sépare Idy du professeur d’économie se creuse lorsque ce dernier écrit qu’« une politique réelle de développement et de lutte efficace contre la pauvreté doit passer par une rationalisation des choix budgétaires ». « La suppression des dépenses improductives de l’Etat, les "faux frais", devrait logiquement déboucher sur un allègement sensible de la fiscalité ; ce qui permettrait une réduction du coût de la vie pour les ménages et de meilleures perspectives de rentabilité, donc de création d’emplois pour les entreprises », conclut l’économiste.
Tout se passe comme si l’actuel gouvernement travaillait sous la dictée de Makhtar Diouf tout en encourageant l’initiative privée à travers les fonds de garantie et d’investissements stratégiques. On peut donc dire, sous le contrôle d’un économiste reconnu, que les perspectives pour l’emploi sont bonnes au Sénégal, après un an seulement de présidence de Macky Sall. Idy, lui, ne s’en réjouit pas, préférant le maniement de chiffres fantaisistes pour aménager un large boulevard au seigneur autoproclamé de « l’an zéro ». Les mêmes causes produisant les effets, il est peu probable qu’Idrissa Seck sorte indemne d’un jeu (peu brillant) dont il est l’unique acteur. Mais rien ne l’empêche de se raviser encore qu’il est temps et d’aller à Canossa. Les médias qu’il pense avoir pris au piège lui faciliteront-ils la tâche ? Là est le problème !
Abdoul Aziz DIOP
Conseiller du président de la République