Il ne faut pas affaiblir le Président ! Dans une récente contribution publiée dans la presse sénégalaise intitulée « Cocktail explosif, le Sénégal en danger ! » qui a, semble-t-il, fait beaucoup de bruits au pays, je donnais mon avis sur l’actuel attelage gouvernemental en évoquant le danger qu’il constituait pour le Président Macky Sall lui-même, mais surtout, pour le Sénégal. Je soulignais le manque d’expérience criard de la grande majorité des membres de cette équipe ainsi que l’aspect « conglomérat » qui définissait le mieux son identité. Aucune vision réelle partagée ! Macky Sall a voulu tenir sa parole en cherchant à satisfaire tous ses alliés qui, au second tour de la campagne présidentielle, ont, par défaut et la mort dans l’âme, porté leur choix sur lui pour « tuer le père ».On oublie vite qu’au premier tour ils l’ont tous combattu pour l’empêcher de faire « du Wade sans Wade ».La situation de Macky Sall est actuellement inconfortable mais il est hors de question de l’affaiblir et c’est sous cet angle que je voudrais décliner cette nouvelle contribution en utilisant une question d’actualité : la démission du ministre du commerce. Le Président Macky Sall, je le répéterai sur tous les toits, est un produit wadien. A sa place, je me mettrais sans tarder à assumer cette filiation sans complexe et avec beaucoup de fierté. Il a été formé à bonne école. C’est l’élève qui a terrassé le Maître après avoir puisé dans sa science au sens ontologique du terme. Wade regrettera jusqu’à la fin de ses jours, d’avoir porté la main sur ce fils qu’il tenait pourtant tant en estime ! Il parait que c’est Doudou Wade qui est passé par là avec l’ombre d’un Karim qui voulait régner sans passer par le « lël », là où le bâton du « selbé » s’abat sur le crâne du « njulli » sans avis préalable du géniteur. C’est comme ça dans les scènes pittoresques de nos soirées de « kassag »... Nous reviendrons un jour sur cet épisode. La démission de Malick Gakou vient marquer le début de ce que je craignais. Loin d’être un acte de bravoure qu’il faut saluer puisque rare dans nos gouvernances tropicales, ce départ est l’illustration parfaite des notes isolées que jouent les recrues de Macky et qui donnent un son qui s’appelle cacophonie. Les Sénégalais n’arrivent pas encore à comprendre la musique qu’on leur sert. Ils voient des joueurs de Kora qui n’arrivent pas à accorder, des saxophonistes debout sur la scène nettoyant méticuleusement leurs instruments, ou encore des joueurs de « tama » au regard hagard qui scrutent un hypothétique « taassukat » à accompagner… C’est burlesque ! La démission du N°2 de l’AFP, faite de manière inélégante, pose la problématique de la place réelle de Macky Sall dans le cœur de ses alliés et devrait pousser le Président Sall à se prendre désormais entièrement en charge en intégrant la seule vérité que tous doivent partager : il est l’unique et le seul élu des Sénégalais. Il est temps qu’il se tourne vers son parti pour gérer son destin historique et éviter au Sénégal des crises qui risquent de freiner son développement. C’est vrai que l’APR a été bâti par des militants du PDS qui, pour la plupart, ne pouvaient pas prétendre à grand-chose dans ce parti. Ils n’étaient pas non plus tous des lumières. Macky Sall, Alioune Badara Cissé, Diène Farba Sarr, Abdourakhmane Ndiaye etc. devraient bien se demander à l’époque où est ce qu’ils iraient dénicher les talents qui allaient faire face aux contradicteurs en cas de victoire et d’exercice du pouvoir… Le problème est loin d’être résolu. Mais ce qui importe aujourd’hui, c’est plus la formation d’une équipe politiquement homogène, avec deux ou trois éléments « venus d’ailleurs », qu’une projection dans des combats d’arrière- garde qu’il faut laisser aux futurs candidats des prochaines présidentielles. Je propose au Président Macky Sall de nommer Maître Alioune Badara Cissé à la Primature et de demander aux alliés de respecter sa volonté sur la composition du gouvernement que dirigerait ABC. Dans l'immédiat il serait intéressant de revoir le slogan de campagne « La Patrie avant le Parti» qui pourrait céder la place à celui, moins aérien, du « Parti pour la Patrie ». A terme, il faudra mettre Mbaye Ndiaye à la tête de l’Assemblée nationale et œuvrer à convaincre Moustapha Niasse, Tanor Dieng, Amath Dansoko, Abdoulaye Bathily et tous les autres septuagénaires ou presque, à prendre un repos mérité en cédant la place aux jeunes. La Nation leur devra honneur et reconnaissance. Amadou Moctar Mbow par exemple, au lieu de se mouvoir dans les dédales d’ « Assises nationales » tenues pour humilier Wade et se venger de « son complexe de supériorité », ferait bien de constituer un groupe d’appui au retour de la paix en Casamance par exemple. Reprendre l’approvisionnement correct du pays en électricité, terminer les chantiers de Wade, construire le pont sur le fleuve Gambie pour désenclaver le Sud du Pays, atteindre l’autosuffisance au moins en riz avec la valorisation des cultures dans la vallée , créer des emplois… voilà un programme minimum largement à la portée d’une « équipe politique » qui rendra compte en 2017. Au moment où les Sénégalais commencent à sérieusement douter des capacités du Chef de l’Etat à assumer les lourdes charges liées à sa mission, il est hors de question de l’affaiblir. La démission de Malick Gakou ainsi que d’autres actes souterrains dénoncés dans des Mémos envoyés par des fidèles à la Présidence, s’inscrivent dans la lignée d’actions plus pernicieuses auxquelles Macky sall devrait mettre fin pour commencer (enfin !) son quinquennat. Il ne sert à rien de courir, il faut partir à point.
Doudou Faye Massar Poitiers-France
doufmass@yahoo.fr
Doudou Faye Massar Poitiers-France
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