En tant qu’autodidacte peut-on dire que la comédie est un don chez Kouthia ?
A mon avis, il s’agit tout simplement d’un don de Dieu. En effet depuis ma tendre enfance j’ai toujours eu des prédispositions pour faire rire les gens. Aussi bien dans mon quartier qu’à l’école, je passais tout mon temps à faire rire les gens. Je n’ai jamais voulu que les gens soient tristes autour de moi. C’est un don, car je n’écris pas de texte. J’improvise tout le temps. Si je prends la peine d’écrire c’est juste pour disposer d’un fil conducteur.
Kouthia, après le «Sédar», le «Micro d’or» vous a aussi été décerné cette année. Quel est le sentiment qui vous anime en ce moment ?
Vraiment cela constitue une grande joie pour moi. Cependant, c’est aussi une incitation à redoubler d’efforts. Cela constitue une source de motivation supplémentaire et ces nominations sont prises comme une invite à persévérer. Cela prouve que j’étais sur la bonne voie et je dois continuer dans cette direction.
Vous avez longtemps clamé votre suprématie dans le domaine de la comédie. N’est-ce pas un peu prétentieux de votre part ?
Cela dépend du degré de perception des gens. Certains pensent effectivement que je ne dois pas le dire et d’autres en rient simplement. Psychologiquement, c’est un défi que je veux relever car cela incite les autres à se focaliser sur moi et essayer de me surpasser. Je veux créer la polémique et me rendre compte ainsi de l’état d’esprit des autres comédiens, mais cela n’a rien de prétentieux. En toutes choses, j’enregistre des réactions positives et négatives.
Avez-vous des conseils à l’endroit des jeunes qui veulent embrasser votre métier, car maintenant vous êtes cité en exemple ?
De mon point de vue, il faut embrasser le métier très jeune. Soit c’est inné en toi ou bien les gens vont savoir que la comédie est ton domaine et ils vont t’inviter à foncer. Après il faudra travailler dur et surtout bien suivre l’actualité. C’est de cette seule façon que le comédien peut rester au devant de la scène. Il ne faut pas se contenter de faire rire les gens car dans chaque maison il y a forcément un comédien. Il est très facile de raconter des histoires drôles pour détendre l’atmosphère. Donc pour éviter de tomber dans la routine et de se couvrir de ridicule il faut se cultiver et tout faire pour s’inscrire dans la modernité. Il faut aussi disposer d’un bon plan de carrière en suivant l’actualité. C’est différent de ceux qui se contentent de raconter des blagues et de jouer au clown. Je pense que dans notre pays pour qu’un comédien réussisse à captiver le public et s’inscrire dans la durée, il faut qu’il puise dans l’actualité. Cela lui permet d’être au diapason.
La comédie est-elle un métier difficile ? Y a-t-il des contraintes, des avantages et des inconvénients ?
D’abord, il faut disposer d’un bon cœur et être une personne qui ne se fâche pas vite. Parce qu’il arrive souvent que l’on te colle un sobriquet à la suite d’une prestation. Il faut aussi savoir maîtriser et canaliser les bambins qui sont prompts à te chahuter. Il faut savoir se maîtriser en toutes circonstances et cela est valable pour tous les artistes et hommes publics. Cependant je dois dire que c’est le métier de comédien qui est le plus éprouvant dans ce domaine. Le public a toujours tendance à te prendre pour un amuseur public qui doit les faire rire en toutes circonstances. Ce n’est pas toujours le cas, car il y a des moments où on n’a pas envie de nous mettre en scène. Il faut savoir faire la part des choses pour gérer toutes ces situations, sinon on ne fait pas long feu.
Kouthia a-t-il une référence dans ce milieu ?
Il est vrai qu’à mes débuts, j’avais trouvé des artistes comme feu Sanokho sur place. Mais, comme je ne fais pas beaucoup d’imitations dans les différentes langues nationales, je n’ai pas trouvé un artiste qui avait comme champ de mire la scène politique. Il a fallu débroussailler le chemin. Encore une fois il s’agit d’un don du bon Dieu, mais vraiment je n’ai pas de référence particulière ici au Sénégal.
Vous privilégiez l’information. Pourquoi avez-vous fait ce choix et comment faites-vous pour être toujours au diapason ?
Comme je l’ai dit tantôt, si tu veux durer dans ce milieu il faut adopter une démarche de rupture. A mon humble avis, pour évoluer dans la comédie, il faut disposer d’un certain niveau d’études. Il faut au moins avoir le niveau de la troisième secondaire ou un niveau acceptable. Ce qui te permettra inévitablement d’être bien informé et de bien cerner les subtilités de l’actualité. Il faut aussi avoir l’habitude de se lever de très bonne heure pour écouter toutes les stations de radio de la place. Il faut aussi acheter les journaux et se faire une idée de la tendance du jour. Ce qui te permet de faire ton choix et de disposer de matière à satiété. Je suis obligé d’écouter les radios, de suivre les télés et d’acheter les journaux pour m’informer convenablement.
Comment ont été tes retrouvailles avec Youssou Ndour ? Comment s’est passé votre intégration au sein du groupe Futurs médias ?
J’ai bien intégré ce groupe après mon départ de Walfadjri. Je suis resté six mois à faire une introspection et me poser des questions sur mon avenir. Fallait-il continuer à faire de la télé ou la radio ? Par la suite, ils m’ont contacté pour me faire venir à la RFM. Par la grâce de Dieu, la télévision a suivi et j’ai continué sur cette lancée. Mon intégration a été très facile et nos retrouvailles ont été très naturelles. Il ne faut pas oublier que Youssou est aussi un artiste comme moi et cela a grandement facilité les choses. J’ai été très heureux de retrouver un autre monument de notre culture. Honnêtement je me sens vraiment à l’aise ici et je n’ai jamais éprouvé cette sensation ailleurs.
Comment avez-vous vécu l’arrivée de votre ancienne directrice à Walfadjri et quels sont vos rapports actuels avec Aissatou Diop Fall ?
Son arrivée à TFM ne me dérange nullement. D’autant plus qu’elle nous a rejoint, en qualité de journaliste et nous ne partageons pas le même desk. Toujours est-il que les relations amicales qui existaient avant les rapports de subordination sont restées intactes. Nous sommes en de bons termes. Sans plus. Il faut qu’elle devienne plus positive dans le souci de bonifier ses relations avec les Sénégalais. A mon avis, il n’est pas trop tard et il lui appartient de relever le challenge. Je lui souhaite de se relancer sur le plan médiatique.
El Hadji Mansour Mbaye a tenu à vous féliciter publiquement. Quel effet cela vous fait-il ?
J’ai ressenti une joie immense ce fameux soir. Je me suis dit que ce que je faisais de 1989 à 2011 venait d’être enfin bien perçu et reconnu par une icône de la dimension d’El Hadji Mansour. J’étais très fier et honoré. Il est vrai que je le voyais souvent, mais Hadji Mansour n’a jamais eu l’occasion de me rendre hommage. Il l’a fait ce jour là et en direct à la radio. Le Doyen a compris que je ne m’amusais pas et mon travail venait d’être reconnu. Il a su que je croyais à mon boulot et c’est la raison pour laquelle il m’a publiquement soutenu. Ce fameux soir, je me suis dit que j’avais vraiment atteint mes objectifs et cela m’incite à redoubler d’efforts.
Quels rapports entretenez-vous avec les personnes que vous imitez. Comment réagissent-elles ?
Il faut reconnaître que certains le prennent très mal et d’autres en rigolent. Certains ne veulent même pas me voir en peinture. Cependant je suis conscient que tout se passe bien, car les régulateurs de l’audiovisuel ne se sont jamais plaints de mes agissements, sinon sur des points mineurs. Je m’évertue à ne pas heurter certaines sensibilités et comme ces gens de la régulation sont mandatés par le gouvernement cela prouve que je respecte les règles.
Et vos rapports avec Mously Diakhaté ?
Elle a très bien accueilli cela, car elle affirme que je lui ai assuré une promotion au niveau international.
Certains vous reprochent de déraper parfois. N’avez-vous pas peur de choquer par moments ? Quelles sont les limites que Kouthia s’est fixées ?
Il est vrai qu’il peut arriver de déraper quelquefois. Cependant je prends toujours en compte nos réalités et nos traditions. Nous ne sommes pas éduqués de cette façon, car des vertus comme la «Kersa» (pudeur, retenue) existent toujours chez nous et on ne peut pas se permettre de tout dire. Comme j’improvise tout le temps, c’est peut être ce qui est à la base de ces dérapages, mais ce n’est jamais intentionnel. J’essaye toujours de cadrer les choses, car je veux toujours bien faire faire et faire rire les gens. Je ne suis animé que de cette seule intention, il n y a rien derrière. Je suis aussi conscient que nous ne sommes pas comme les occidentaux qui sont beaucoup plus libérés et plus hardis que nous. Il y a toujours des limites que nous n’allons jamais franchir, car nous n’avons pas les mêmes réalités que les autres.
Quels rapports entretenez-vous avec les autres comédiens, comme Sanekh et Sa Ndiogou, par exemple ? Car, par moments, vos rapports n’étaient pas des meilleurs ?
Oui, c’est une réalité ! Mais avec Sanekh, nous avons fumé le calumet de la paix. Nous travaillons ensemble à la radio et tout se passe bien. En ce qui concerne les autres, je dois dire que nous n’avons pas de rapports suivis. Hormis les spectacles où on se retrouve, nous ne nous fréquentons pas. Je dirais que nous ne rencontrons que sur les plateaux et ce n’est pas une bonne chose pour notre art. Il fut des temps où on se retrouvait au Central Park pour jouer ensemble. C’est de là qu’est née le groupe «Khakhatay Show» avec les Kader et Tony. C’est cette entente là qui manque au Sénégal. A l’instar des pianos bars, il fallait disposer de lieux de spectacles où tous les comédiens se retrouvent pour jouer et échanger durant les week-ends. Cela permettra au public de découvrir des comédiens comme Sanekh, Sa Ndiogou etc. Cela ne pourra se faire que si nous cultivons l’entente entre nous. Il nous faut disposer de lieux pour nous produire et arrondir nos fins de mois.
A propos de moyens, peut-on dire que Kouthia est riche, actuellement ?
Je rends grâce à Dieu, mais il n’est pas question de richesse. Avec mon salaire, j’arrive à régler mes besoins primaires. Je paye mon loyer et j’assure la ration alimentaire du mois.
Donc vous êtes toujours en location ?
Ah oui, je suis toujours en location et je continue de prendre le taxi. Ce qui signifie que les moyens font toujours défaut. Il faut vraiment que l’on mette un peu plus à l’aise le comédien. Ce dernier passe tout son temps à cogiter et à réfléchir aux voies et moyens de faire rire les gens. Ce qui est noble et valorisant à la fois. Donc il doit être quelqu’un de stable et à l’abri du besoin. Si en venant au boulot, on a des problèmes de dépense quotidienne, de téléphone ou de transport, il est très difficile de dérider le public.
Comment les membres de la famille apprécient ce que vous faites ?
Ils sont toujours surpris et étonnés. Ils sont fiers et très compréhensifs. Ma famille est toujours là et je vais souvent voir ma mère et mes soeurs. Ils me considèrent toujours comme un artiste et une star, car ils sont très fiers de mes prouesses et cela leur fait énormément plaisir de disposer d’une star dans la famille (rires).
Avez-vous des regrets et quelle est la chose que vous ne referez plus ?
Vraiment je regrette de n’avoir pas poursuivi mes études, car cela m’aurait permis de mieux améliorer mon boulot et par la même occasion enrichir ma carrière artistique. Je suis obligé de suivre des cours d’anglais et de parfaire mon niveau de français. Ce qui me permet de toucher d’autres personnes qui ne comprennent pas notre langue. Cela aussi devra me permettre de pouvoir collaborer avec d’autres artistes. Cependant il n’est pas trop tard car nous suivons des cours pour remédier à tout cela. Je suis conscient que si j’avais poursuivi mes études, on aurait forcément parlé d’un autre Kouthia.
Etes-vous tenté par une carrière politique ?
Ah oui, parce que je me sens bien dans ce milieu. Il faut forcément qu’il y ait un «député culturel» à l’Assemblée Nationale (rires).
Qu’est ce qui vous fait rire ?
Ce sont mes amis (les politiciens : ndlr), je m’éclate bien avec eux.
Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs ?
Mon pèlerinage à la Mecque et à Médine reste mon meilleur souvenir. A chaque fois que j’entends des versets de Coran cela me ramène aux Lieux Saints de l’Islam et à mon pèlerinage. En ce qui concerne les pires moments, j’évoquerais les batailles épiques que je livrais contre certains de mes camarades durant ma tendre jeunesse. Il m’arrive de rencontrer quelqu’un à qui j’avais cassé le bras au cours d’une bagarre ou un autre à qui j’avais cassé la tête et cela me fait toujours mal. Je regrette sincèrement ces moments d’égarement, car je ne suis pas un violent.
En cette veille d’élection présidentielle (février 2012), quel appel lancez-vous aux hommes politiques ?
Je les exhorte à respecter leurs engagements et à éviter les promesses démagogiques. Vraiment notre pays a besoin d’un président jeune à l’instar d’Obama et de Sarkozy. Il nous faut quelqu’un qui est en phase avec les jeunes qui constituent plus de soixante dix pour cent de la population. Il faut du sang neuf pour qu’on puisse lui dire la vérité et ne pas avoir son complexe. L’ère des messies est terminée. Il faut que ces politiciens respectent leur parole.
Quel genre d’homme est Kouthia ?
Comme je l’ai dit, je veux toujours partager la bonne humeur. Mes filles sont des comédiennes nées et on passe tout notre temps à rigoler. Je ne supporte pas la morosité. Tout est comédie dans ma vie.
Et votre relation avec Sindjély Wade ? (fille du président Abdoulaye Wade : ndlr)
J’étais très fâché contre elle, car elle m'avait zappé durant le Fesman. Mais je lui pardonne, car c'est elle que j’aime, même si elle me fait courir depuis onze ans.
Votre dernier mot…
Je suis vraiment content de l’occasion que vous m’offrez. Cela m’a permis de m’adresser à un nouveau public. Ce qui prouve que les choses bougent au niveau médiatique et c’est une bonne chose. Ce qui permet de mieux cerner les artistes. Je lance un appel aux sénégalais pour que les prochaines élections se passent dans la paix, sinon Kouthia ne fera plus de comédie.
lesenegalais.net
A mon avis, il s’agit tout simplement d’un don de Dieu. En effet depuis ma tendre enfance j’ai toujours eu des prédispositions pour faire rire les gens. Aussi bien dans mon quartier qu’à l’école, je passais tout mon temps à faire rire les gens. Je n’ai jamais voulu que les gens soient tristes autour de moi. C’est un don, car je n’écris pas de texte. J’improvise tout le temps. Si je prends la peine d’écrire c’est juste pour disposer d’un fil conducteur.
Kouthia, après le «Sédar», le «Micro d’or» vous a aussi été décerné cette année. Quel est le sentiment qui vous anime en ce moment ?
Vraiment cela constitue une grande joie pour moi. Cependant, c’est aussi une incitation à redoubler d’efforts. Cela constitue une source de motivation supplémentaire et ces nominations sont prises comme une invite à persévérer. Cela prouve que j’étais sur la bonne voie et je dois continuer dans cette direction.
Vous avez longtemps clamé votre suprématie dans le domaine de la comédie. N’est-ce pas un peu prétentieux de votre part ?
Cela dépend du degré de perception des gens. Certains pensent effectivement que je ne dois pas le dire et d’autres en rient simplement. Psychologiquement, c’est un défi que je veux relever car cela incite les autres à se focaliser sur moi et essayer de me surpasser. Je veux créer la polémique et me rendre compte ainsi de l’état d’esprit des autres comédiens, mais cela n’a rien de prétentieux. En toutes choses, j’enregistre des réactions positives et négatives.
Avez-vous des conseils à l’endroit des jeunes qui veulent embrasser votre métier, car maintenant vous êtes cité en exemple ?
De mon point de vue, il faut embrasser le métier très jeune. Soit c’est inné en toi ou bien les gens vont savoir que la comédie est ton domaine et ils vont t’inviter à foncer. Après il faudra travailler dur et surtout bien suivre l’actualité. C’est de cette seule façon que le comédien peut rester au devant de la scène. Il ne faut pas se contenter de faire rire les gens car dans chaque maison il y a forcément un comédien. Il est très facile de raconter des histoires drôles pour détendre l’atmosphère. Donc pour éviter de tomber dans la routine et de se couvrir de ridicule il faut se cultiver et tout faire pour s’inscrire dans la modernité. Il faut aussi disposer d’un bon plan de carrière en suivant l’actualité. C’est différent de ceux qui se contentent de raconter des blagues et de jouer au clown. Je pense que dans notre pays pour qu’un comédien réussisse à captiver le public et s’inscrire dans la durée, il faut qu’il puise dans l’actualité. Cela lui permet d’être au diapason.
La comédie est-elle un métier difficile ? Y a-t-il des contraintes, des avantages et des inconvénients ?
D’abord, il faut disposer d’un bon cœur et être une personne qui ne se fâche pas vite. Parce qu’il arrive souvent que l’on te colle un sobriquet à la suite d’une prestation. Il faut aussi savoir maîtriser et canaliser les bambins qui sont prompts à te chahuter. Il faut savoir se maîtriser en toutes circonstances et cela est valable pour tous les artistes et hommes publics. Cependant je dois dire que c’est le métier de comédien qui est le plus éprouvant dans ce domaine. Le public a toujours tendance à te prendre pour un amuseur public qui doit les faire rire en toutes circonstances. Ce n’est pas toujours le cas, car il y a des moments où on n’a pas envie de nous mettre en scène. Il faut savoir faire la part des choses pour gérer toutes ces situations, sinon on ne fait pas long feu.
Kouthia a-t-il une référence dans ce milieu ?
Il est vrai qu’à mes débuts, j’avais trouvé des artistes comme feu Sanokho sur place. Mais, comme je ne fais pas beaucoup d’imitations dans les différentes langues nationales, je n’ai pas trouvé un artiste qui avait comme champ de mire la scène politique. Il a fallu débroussailler le chemin. Encore une fois il s’agit d’un don du bon Dieu, mais vraiment je n’ai pas de référence particulière ici au Sénégal.
Vous privilégiez l’information. Pourquoi avez-vous fait ce choix et comment faites-vous pour être toujours au diapason ?
Comme je l’ai dit tantôt, si tu veux durer dans ce milieu il faut adopter une démarche de rupture. A mon humble avis, pour évoluer dans la comédie, il faut disposer d’un certain niveau d’études. Il faut au moins avoir le niveau de la troisième secondaire ou un niveau acceptable. Ce qui te permettra inévitablement d’être bien informé et de bien cerner les subtilités de l’actualité. Il faut aussi avoir l’habitude de se lever de très bonne heure pour écouter toutes les stations de radio de la place. Il faut aussi acheter les journaux et se faire une idée de la tendance du jour. Ce qui te permet de faire ton choix et de disposer de matière à satiété. Je suis obligé d’écouter les radios, de suivre les télés et d’acheter les journaux pour m’informer convenablement.
Comment ont été tes retrouvailles avec Youssou Ndour ? Comment s’est passé votre intégration au sein du groupe Futurs médias ?
J’ai bien intégré ce groupe après mon départ de Walfadjri. Je suis resté six mois à faire une introspection et me poser des questions sur mon avenir. Fallait-il continuer à faire de la télé ou la radio ? Par la suite, ils m’ont contacté pour me faire venir à la RFM. Par la grâce de Dieu, la télévision a suivi et j’ai continué sur cette lancée. Mon intégration a été très facile et nos retrouvailles ont été très naturelles. Il ne faut pas oublier que Youssou est aussi un artiste comme moi et cela a grandement facilité les choses. J’ai été très heureux de retrouver un autre monument de notre culture. Honnêtement je me sens vraiment à l’aise ici et je n’ai jamais éprouvé cette sensation ailleurs.
Comment avez-vous vécu l’arrivée de votre ancienne directrice à Walfadjri et quels sont vos rapports actuels avec Aissatou Diop Fall ?
Son arrivée à TFM ne me dérange nullement. D’autant plus qu’elle nous a rejoint, en qualité de journaliste et nous ne partageons pas le même desk. Toujours est-il que les relations amicales qui existaient avant les rapports de subordination sont restées intactes. Nous sommes en de bons termes. Sans plus. Il faut qu’elle devienne plus positive dans le souci de bonifier ses relations avec les Sénégalais. A mon avis, il n’est pas trop tard et il lui appartient de relever le challenge. Je lui souhaite de se relancer sur le plan médiatique.
El Hadji Mansour Mbaye a tenu à vous féliciter publiquement. Quel effet cela vous fait-il ?
J’ai ressenti une joie immense ce fameux soir. Je me suis dit que ce que je faisais de 1989 à 2011 venait d’être enfin bien perçu et reconnu par une icône de la dimension d’El Hadji Mansour. J’étais très fier et honoré. Il est vrai que je le voyais souvent, mais Hadji Mansour n’a jamais eu l’occasion de me rendre hommage. Il l’a fait ce jour là et en direct à la radio. Le Doyen a compris que je ne m’amusais pas et mon travail venait d’être reconnu. Il a su que je croyais à mon boulot et c’est la raison pour laquelle il m’a publiquement soutenu. Ce fameux soir, je me suis dit que j’avais vraiment atteint mes objectifs et cela m’incite à redoubler d’efforts.
Quels rapports entretenez-vous avec les personnes que vous imitez. Comment réagissent-elles ?
Il faut reconnaître que certains le prennent très mal et d’autres en rigolent. Certains ne veulent même pas me voir en peinture. Cependant je suis conscient que tout se passe bien, car les régulateurs de l’audiovisuel ne se sont jamais plaints de mes agissements, sinon sur des points mineurs. Je m’évertue à ne pas heurter certaines sensibilités et comme ces gens de la régulation sont mandatés par le gouvernement cela prouve que je respecte les règles.
Et vos rapports avec Mously Diakhaté ?
Elle a très bien accueilli cela, car elle affirme que je lui ai assuré une promotion au niveau international.
Certains vous reprochent de déraper parfois. N’avez-vous pas peur de choquer par moments ? Quelles sont les limites que Kouthia s’est fixées ?
Il est vrai qu’il peut arriver de déraper quelquefois. Cependant je prends toujours en compte nos réalités et nos traditions. Nous ne sommes pas éduqués de cette façon, car des vertus comme la «Kersa» (pudeur, retenue) existent toujours chez nous et on ne peut pas se permettre de tout dire. Comme j’improvise tout le temps, c’est peut être ce qui est à la base de ces dérapages, mais ce n’est jamais intentionnel. J’essaye toujours de cadrer les choses, car je veux toujours bien faire faire et faire rire les gens. Je ne suis animé que de cette seule intention, il n y a rien derrière. Je suis aussi conscient que nous ne sommes pas comme les occidentaux qui sont beaucoup plus libérés et plus hardis que nous. Il y a toujours des limites que nous n’allons jamais franchir, car nous n’avons pas les mêmes réalités que les autres.
Quels rapports entretenez-vous avec les autres comédiens, comme Sanekh et Sa Ndiogou, par exemple ? Car, par moments, vos rapports n’étaient pas des meilleurs ?
Oui, c’est une réalité ! Mais avec Sanekh, nous avons fumé le calumet de la paix. Nous travaillons ensemble à la radio et tout se passe bien. En ce qui concerne les autres, je dois dire que nous n’avons pas de rapports suivis. Hormis les spectacles où on se retrouve, nous ne nous fréquentons pas. Je dirais que nous ne rencontrons que sur les plateaux et ce n’est pas une bonne chose pour notre art. Il fut des temps où on se retrouvait au Central Park pour jouer ensemble. C’est de là qu’est née le groupe «Khakhatay Show» avec les Kader et Tony. C’est cette entente là qui manque au Sénégal. A l’instar des pianos bars, il fallait disposer de lieux de spectacles où tous les comédiens se retrouvent pour jouer et échanger durant les week-ends. Cela permettra au public de découvrir des comédiens comme Sanekh, Sa Ndiogou etc. Cela ne pourra se faire que si nous cultivons l’entente entre nous. Il nous faut disposer de lieux pour nous produire et arrondir nos fins de mois.
A propos de moyens, peut-on dire que Kouthia est riche, actuellement ?
Je rends grâce à Dieu, mais il n’est pas question de richesse. Avec mon salaire, j’arrive à régler mes besoins primaires. Je paye mon loyer et j’assure la ration alimentaire du mois.
Donc vous êtes toujours en location ?
Ah oui, je suis toujours en location et je continue de prendre le taxi. Ce qui signifie que les moyens font toujours défaut. Il faut vraiment que l’on mette un peu plus à l’aise le comédien. Ce dernier passe tout son temps à cogiter et à réfléchir aux voies et moyens de faire rire les gens. Ce qui est noble et valorisant à la fois. Donc il doit être quelqu’un de stable et à l’abri du besoin. Si en venant au boulot, on a des problèmes de dépense quotidienne, de téléphone ou de transport, il est très difficile de dérider le public.
Comment les membres de la famille apprécient ce que vous faites ?
Ils sont toujours surpris et étonnés. Ils sont fiers et très compréhensifs. Ma famille est toujours là et je vais souvent voir ma mère et mes soeurs. Ils me considèrent toujours comme un artiste et une star, car ils sont très fiers de mes prouesses et cela leur fait énormément plaisir de disposer d’une star dans la famille (rires).
Avez-vous des regrets et quelle est la chose que vous ne referez plus ?
Vraiment je regrette de n’avoir pas poursuivi mes études, car cela m’aurait permis de mieux améliorer mon boulot et par la même occasion enrichir ma carrière artistique. Je suis obligé de suivre des cours d’anglais et de parfaire mon niveau de français. Ce qui me permet de toucher d’autres personnes qui ne comprennent pas notre langue. Cela aussi devra me permettre de pouvoir collaborer avec d’autres artistes. Cependant il n’est pas trop tard car nous suivons des cours pour remédier à tout cela. Je suis conscient que si j’avais poursuivi mes études, on aurait forcément parlé d’un autre Kouthia.
Etes-vous tenté par une carrière politique ?
Ah oui, parce que je me sens bien dans ce milieu. Il faut forcément qu’il y ait un «député culturel» à l’Assemblée Nationale (rires).
Qu’est ce qui vous fait rire ?
Ce sont mes amis (les politiciens : ndlr), je m’éclate bien avec eux.
Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs ?
Mon pèlerinage à la Mecque et à Médine reste mon meilleur souvenir. A chaque fois que j’entends des versets de Coran cela me ramène aux Lieux Saints de l’Islam et à mon pèlerinage. En ce qui concerne les pires moments, j’évoquerais les batailles épiques que je livrais contre certains de mes camarades durant ma tendre jeunesse. Il m’arrive de rencontrer quelqu’un à qui j’avais cassé le bras au cours d’une bagarre ou un autre à qui j’avais cassé la tête et cela me fait toujours mal. Je regrette sincèrement ces moments d’égarement, car je ne suis pas un violent.
En cette veille d’élection présidentielle (février 2012), quel appel lancez-vous aux hommes politiques ?
Je les exhorte à respecter leurs engagements et à éviter les promesses démagogiques. Vraiment notre pays a besoin d’un président jeune à l’instar d’Obama et de Sarkozy. Il nous faut quelqu’un qui est en phase avec les jeunes qui constituent plus de soixante dix pour cent de la population. Il faut du sang neuf pour qu’on puisse lui dire la vérité et ne pas avoir son complexe. L’ère des messies est terminée. Il faut que ces politiciens respectent leur parole.
Quel genre d’homme est Kouthia ?
Comme je l’ai dit, je veux toujours partager la bonne humeur. Mes filles sont des comédiennes nées et on passe tout notre temps à rigoler. Je ne supporte pas la morosité. Tout est comédie dans ma vie.
Et votre relation avec Sindjély Wade ? (fille du président Abdoulaye Wade : ndlr)
J’étais très fâché contre elle, car elle m'avait zappé durant le Fesman. Mais je lui pardonne, car c'est elle que j’aime, même si elle me fait courir depuis onze ans.
Votre dernier mot…
Je suis vraiment content de l’occasion que vous m’offrez. Cela m’a permis de m’adresser à un nouveau public. Ce qui prouve que les choses bougent au niveau médiatique et c’est une bonne chose. Ce qui permet de mieux cerner les artistes. Je lance un appel aux sénégalais pour que les prochaines élections se passent dans la paix, sinon Kouthia ne fera plus de comédie.
lesenegalais.net