LE FIGARO. - Que pensez-vous du Mémorandum, ce document que la Grèce a signé en mars 2012 pour continuer à bénéficier de prêts européens bonifiés?
Kyriakos MITSOTAKIS. -J'ai lu très attentivement ce texte. Son contenu est consacré à 80 % aux réformes structurelles que la Grèce doit faire pour améliorer la compétitivité de son économie. Je les approuve entièrement ; cela fait longtemps que notre pays aurait dû les entreprendre. En revanche, les restrictions budgétaires et le volet fiscal qu'impose ce texte ne sont pas tenables dans l'échéancier proposé. On nous demande de revenir à l'équilibre du budget des dépenses courantes d'ici à 2014. Ce n'est pas possible dans un pays qui connaît une récession économique aussi effroyable. Songez que le gouvernement n'est plus capable de fournir ses hôpitaux en médicaments. Le premier devoir d'un État n'est-il pas de protéger ses administrés? Le problème est que, à l'égard de ses fournisseurs, l'État a plus de six milliards d'euros d'arriérés de paiement. La Grèce est au bord d'une grave crise humanitaire.
Est-il normal de demander aux Européens de payer pour les besoins urgents de Grecs très appauvris, alors qu'Athènes regorge de voitures de luxe?
L'évasion fiscale est un énorme problème chez nous. Elle est fille d'une législation alambiquée et de la corruption régnant dans notre système de collecte des impôts. Dans notre fiscalité, il faut tout remettre à zéro. Mais cela prendra un peu de temps. Nous devons mettre au point un système simple et efficace, puis promettre la stabilité fiscale pour au moins dix ans afin d'attirer les investisseurs.
Que devrait demander, selon vous, le nouveau gouvernement grec aux Européens lors du sommet du 28 juin à Bruxelles?
Il nous faut une bouffée d'oxygène, c'est-à-dire un peu plus de temps pour réaliser nos réformes (notamment en matière fiscale) et pour relancer notre économie, aujourd'hui en proie à la dépression. Je pense que nous demanderons que notre déficit primaire (celui portant sur les dépenses de l'État hors intérêts de la dette, NDLR) ne soit éliminé qu'en 2016.
Comment comptez-vous relancer l'économie?
Là aussi, l'aide de l'Union européenne sera cruciale. Nous devons relancer nos projets d'infrastructures. Finir les cinq autoroutes qui désenclavent la Grèce et qui offrent aux touristes l'accès à des zones encore peu exploitées. Nous demanderons des prêts pour ces investissements productifs, que ce soit sous forme d'eurobonds ou d'instruments bilatéraux. Sur le plan de l'environnement, la Grèce est très en retard par rapport à ses partenaires européens. Il y a à Bruxelles des fonds structurels pour cela. Nous insisterons pour qu'ils soient débloqués.
Par Renaud Girard
Kyriakos MITSOTAKIS. -J'ai lu très attentivement ce texte. Son contenu est consacré à 80 % aux réformes structurelles que la Grèce doit faire pour améliorer la compétitivité de son économie. Je les approuve entièrement ; cela fait longtemps que notre pays aurait dû les entreprendre. En revanche, les restrictions budgétaires et le volet fiscal qu'impose ce texte ne sont pas tenables dans l'échéancier proposé. On nous demande de revenir à l'équilibre du budget des dépenses courantes d'ici à 2014. Ce n'est pas possible dans un pays qui connaît une récession économique aussi effroyable. Songez que le gouvernement n'est plus capable de fournir ses hôpitaux en médicaments. Le premier devoir d'un État n'est-il pas de protéger ses administrés? Le problème est que, à l'égard de ses fournisseurs, l'État a plus de six milliards d'euros d'arriérés de paiement. La Grèce est au bord d'une grave crise humanitaire.
Est-il normal de demander aux Européens de payer pour les besoins urgents de Grecs très appauvris, alors qu'Athènes regorge de voitures de luxe?
L'évasion fiscale est un énorme problème chez nous. Elle est fille d'une législation alambiquée et de la corruption régnant dans notre système de collecte des impôts. Dans notre fiscalité, il faut tout remettre à zéro. Mais cela prendra un peu de temps. Nous devons mettre au point un système simple et efficace, puis promettre la stabilité fiscale pour au moins dix ans afin d'attirer les investisseurs.
Que devrait demander, selon vous, le nouveau gouvernement grec aux Européens lors du sommet du 28 juin à Bruxelles?
Il nous faut une bouffée d'oxygène, c'est-à-dire un peu plus de temps pour réaliser nos réformes (notamment en matière fiscale) et pour relancer notre économie, aujourd'hui en proie à la dépression. Je pense que nous demanderons que notre déficit primaire (celui portant sur les dépenses de l'État hors intérêts de la dette, NDLR) ne soit éliminé qu'en 2016.
Comment comptez-vous relancer l'économie?
Là aussi, l'aide de l'Union européenne sera cruciale. Nous devons relancer nos projets d'infrastructures. Finir les cinq autoroutes qui désenclavent la Grèce et qui offrent aux touristes l'accès à des zones encore peu exploitées. Nous demanderons des prêts pour ces investissements productifs, que ce soit sous forme d'eurobonds ou d'instruments bilatéraux. Sur le plan de l'environnement, la Grèce est très en retard par rapport à ses partenaires européens. Il y a à Bruxelles des fonds structurels pour cela. Nous insisterons pour qu'ils soient débloqués.
Par Renaud Girard