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Industrie minière et extractive : Terrain « miné » pour les entreprises


Rédigé par leral.net le Mardi 16 Janvier 2024 à 17:44 | | 0 commentaire(s)|

Au Sénégal, l’histoire de l’exploitation minière est émaillée de contestations, parfois violentes (comme à Kédougou), des populations qui réclament plus de retombées au niveau local. L’Etat et surtout les compagnies minières, tentent de répondre à ces attentes, à travers la Responsabilité sociétale d’entreprise(Rse).
INDUSTRIE MINIÈRE ET EXTRACTIVE : Terrain « miné » pour les entreprises
Le secteur minier est inscrit comme l’une des priorités du Plan Sénégal émergent (Pse). Selon le Premier ministre Amadou Ba, qui s’exprimait à l’occasion de la 7ème édition du Salon international des mines (Sim), à Diamniadio, le 3 octobre 2023, les évaluations de la première décennie du PSE montrent que le secteur minier est un véritable moteur de croissance et un levier du développement économique et social. En effet, en 2021, le secteur minier a contribué à hauteur de 4,8 % du Pib. Dans le même temps, la production totale des produits miniers (ciment, acide phosphorique et engrais) est passée de 1 142 milliards de FCFA en 2020 à 1 508 milliards en 2021, soit une hausse de 24 %. Cette production est essentiellement portée par l'or avec 512 milliards soit 34% de la production totale, suivie du ciment, évalué à 341 milliards de FCFA soit 22%, de l'acide phosphorique avec une production 298 milliards soit 19%, des phosphates avec 79 milliards (5,3%), d'ilménite avec 74 milliards (5,1%) et du zircon avec 62 milliards (4,1%). La valeur ajoutée du secteur extractif est passée de 598 milliards FCFA en 2020 à 730 milliards en 2021, soit une hausse de 22%. L'effectif de la main d'œuvre dans le secteur minier industriel est passé de 9 508 à 11 213 travailleurs entre 2020 et 2021, pour une masse salariale de 101 milliards de FCFA. Le secteur artisanal, quant à lui, emploie environ 30 000 personnes. Les recettes fiscales du secteur extractif s’élèvent en 2021 à 206 milliards de FCFA dont 190 milliards pour le secteur minier, soit 8% des recettes budgétaires hors dons de l’État.
 
  Amadou Ba : « l’exploitation minière doit profiter aux populations »
 
Outre ces indicateurs, qui montrent le poids du secteur minier dans l’économie sénégalaise, Amadou Ba soulignait la nécessité d’un rééquilibrage de la gouvernance des ressources minérales par le maintien de l’attractivité du secteur et la promotion d’un partenariat mutuellement avantageux entre l’État, les investisseurs et les communautés hôtes. Autrement dit, si nous convenons que l’exploitation des ressources naturelles doit se faire dans un cadre de bonne gouvernance et de développement durable, elle doit aussi contribuer à asseoir une dynamique de croissance pouvant générer de meilleures conditions de vie des populations. A ce titre les entreprises minières sont invitées à en faire davantage en matière de Rse, afin que les populations implantées dans les zones où elles opèrent puissent tirer profit de l’exploitation des ressources. « Les entreprises minières doivent comprendre qu’il est inacceptable de les voir prospérer alors que les communautés environnantes sont appauvries. Si les ressources naturelles, conformément à notre Constitution, appartiennent au peuple, leur exploitation doit assurément bénéficier aux communautés impactées et leur assurer une vie après la mine », avait déclaré le Premier ministre à l’ouverture du Sim.
 
Fonds d’appui et de péréquation
 
La loi 2016-32 du 8 novembre 2016 portant Code minier a institué un Fonds d’Appui au Développement local, alimenté annuellement à hauteur de 0,5% par le chiffre d’affaires hors taxes des sociétés titulaires de titres miniers en phase d’exploitation, et par les contrats de partage de production ou les contrats de services.
 
Toutes les sociétés minières sans exception sont assujetties au paiement de cette redevance qui vient compléter le fonds d’appui et de péréquation dont bénéficient déjà les collectivités territoriales et qui correspondent à 20% des redevances minières, taxes superficiaires et droits d’entrée collectés annuellement. Mais selon Moussa Danfakha, le président du Conseil départemental de Saraya (région de Kédougou), principale zone aurifère du Sénégal, cette localité ne profite pas assez des retombées de l’exploitation de cette ressource. S’exprimant lors de la présentation du rapport Rse de Sabodala Gold Operations (Sgo) dans le cadre du SIM, l’élu local s’était montré plus critique vis à vis de l’Etat, qui semble avoir « abandonné » ou « oublié » ces communautés, que de la compagnie minière qui, à son avis, fait de son mieux pour s’acquitter de son devoir envers celles-ci. « Ce n’est pas normal, après tant d’années d’exploitation de l’or à Saraya que l’électricité soit encore un luxe dans certains coins du département. Donc, on aimerait qu’une partie des fonds versés par les sociétés minières à l’Etat soit orientée vers les collectivités territoriales concernées, pour qu’on puisse prendre en charge les doléances et les problèmes de nos populations », préconisait le président du Conseil départemental dans le compte rendu paru dans le quotidien Le Soleil.

Pour lui, il suffisait juste que l’Etat alloue 10% du montant des fonds qu’il reçoit des sociétés minières   aux collectivités locales, pour que l’impact soit ressenti au niveau local. Dans cette partie sud-est du pays, l’exploitation minière est émaillée de sang depuis plus d’une décennie. La question de l’emploi et de l’insertion des jeunes s’y posent avec acuité. Ces dernières années, des contestations violentes ponctuées de morts, y ont été enregistrées. En septembre 2023, d’ailleurs, un arrêté préfectoral modifiant le processus de recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée, avait mis le feu aux poudres.
 
Rse : Les compagnies mettent en avant leurs réalisations
 
Conscientes des attentes des populations, les compagnies minières mettent de plus en plus en avant leurs réalisations en matière de Rse. Ainsi, Sabodala Gold Operations, filiale du groupe Endeavour Mining, a saisi le prétexte du dernier Salon international des mines (3-5 octobre 2023) pour publier son rapport de développement comprenant les actions menées dans le cadre de la Rse durant l’année 2022.
 
En se soumettant à cet « exercice de transparence et de redevabilité », Abdoul Aziz Sy, directeur général de Sgo, a révélé quelques chiffres important à savoir : en 2022, Sgo a produit 11 tonnes d’or et un peu moins d’une tonne d’argent vendus à 392 milliards de FCFA.
 
« Sur cette enveloppe, a-t-il précisé, « les 83 % sont restés au Sénégal, ce qui correspond à 360 milliards de   contribution économique directe de la mine, dont 85 milliards versés directement dans les caisses de l’Etat, sous forme d’impôts, taxes, redevances, droits de douanes et contributions diverses ». Toujours selon M. Sy, une partie de l’argent issu de la vente de l’or est retourné aux prestataires locaux de Sgo qui a aujourd’hui, plus de 600 fournisseurs, dont la majorité sont sénégalais.   D’autres initiatives de développement communautaire ont été menées par SGO avec les collectivités territoriales qui abritent ses opérations et dont le coût est estimé à 2,1 milliards de FCFA.
 
En termes d’emplois, Sgo fait travailler aujourd’hui 1663 personnes, nonobstant les 2368 personnes employées par ses sous-traitants.  Par ailleurs, la structure du personnel qui travaille à la mine, révèle que les 96 % des agents sont des nationaux sénégalais, avec 10 % de femmes.
 
La grande partie du personnel d’encadrement soit 57 % sont des cadres Sénégalais. Par ailleurs, 41 % des employés de Sgo viennent de la région de Kédougou, donc de la zone d’impact de la mine.
 
Sous un autre angle, Mouhamadou Lamine Diop, Coordonateur des Performances sociales de Sgo, relève en y insistant que le projet de réinstallation des villages de Sabodala et de Madina Sabodala s’est achevé au cours de l’année 2022 après son démarrage en 2017. Ainsi souligne-t-il, « 667 maisons ont été construites avec toutes les commodités. Aujourd’hui, grâce à Sgo, 10 des 13 villages de Sabodala sont électrifiés. Et il y a un projet d’un coût de 1,2 milliard de FCFA en cours en partenariat avec l’Aser (Agence sénégalaise d’électrification rurale) pour électrifier six autres villages dans la zone ».
 
Grande côte opérations (Gco), autre entreprise minière opérant cette fois-ci dans le centre ouest-ouest (région de Thiès) dans l’exploitation du zircon, met également en avant ses réalisations en matière de Rse par la voix de son directeur général, Guillaume Kurek.
 
 Selon lui, entre 70 et 90 milliards de FCFA sont versés annuellement à l’Etat du Sénégal, soit 30 à 50% du chiffre d’affaires.
A ces retombées dans les caisses de l’Etat, s’ajoutent, à en croire M. Kurek, des « pratiques responsables » (c’est-à-dire plus respectueuses de l’environnement et profitables aux communautés) inspirées de l’Initiative for Responsible Mining Assurance (Irma) prenant en compte 400 critères. Dans un entretien accordé à l’Agence de Presse Sénégalaise (Aps), en août 2023, M. Kurek affirmait que les investissements réalisés par l’entreprise dans le cadre de la Rse ont permis, entre autres, à 12 000 personnes d’accéder à l’eau potable.
 
Le secteur privé local doit s’impliquer dans l’exploitation minière
 
 Il est vrai que la Rse est importante, mais il faut une présence plus marquée du secteur privé national dans le secteur minier pour plus de retombées. C’est l’avis d’Ousmane Cissé, directeur général de la Société des mines du Sénégal (Somisen) pour qui, le Sénégal ne peut plus se contenter seulement des redevances que génère ce secteur et de ce qu’on appelle le contenu local. « Nous invitons le secteur privé national à s'intéresser aux ressources minières en mettant en place toute une synergie pour que les ressources puissent servir au pays et aux populations. Les entreprises minières sénégalaises ne doivent pas se limiter à la recherche, elles doivent franchir un autre palier pour aller vers l’exploitation. C’est dans cadre que les ressources minières pourront profiter aux communautés à l’économie du Sénégal de manière plus efficiente ». En effet, si plusieurs sociétés sénégalaises détiennent des titres miniers, la plupart d’entre elles se cantonnent à la recherche. Les rares sociétés sénégalaises qui sont dans l’exploitation évoluent dans la petites mines d’or, de phosphates ou ce qu’on appelle de carrières. Le directeur de la Somisen les invite à passer à l’étape industrielle qui génère plus de valeur.
Lejecos Magazine
 



Source : https://www.lejecos.com/INDUSTRIE-MINIERE-ET-EXTRA...

La rédaction