Des mouvements féministes ont élevé, mardi à Lusaka, leur voix pour dénoncer la faible représentation des femmes dans les instances de décisions en Afrique.
« Mobiliser le pouvoir politique des femmes pour la démocratie en Afrique ». C’est l’un des thèmes débattus, mardi, à Lusaka, en marge du sommet pour la démocratie. Il a servi d’occasion pour dénoncer la faible représentation des femmes dans les instances de décision. « Les femmes sont toujours reléguées au second plan. Elles sont toujours minorisées alors qu’elles sont dotées de compétences. Il n’y a aucune raison qui puisse justifier qu’elles ne figurent pas en majorité dans les instances de décisions », a déclaré Rosebel Kagumir, journaliste, conservatrice et rédactrice en chef du journal (Féminisme africain ». Pour elle, les femmes doivent se battre et « arracher » ce qui leur revient de droit. Elle regrette même que dans certains pays d’Afrique, beaucoup de femmes ont peur de s’engager dans la politique parce qu’elles sont « harcelées, discriminées et parfois abusées ». Ce qui, à ses yeux, doit être banni parce que, souligne-t-elle : « nous sommes dans un monde où toutes les compétences se valent. Il faut que les femmes se soutiennent et se battent ensemble pour occuper des places de responsabilité dans les parlements et dans les autres instances ».
La féministe Zimbabwéenne, Fadzayi Mahere a abondé dans le même sens. À son avis, les femmes jouent un grand rôle dans le développement de la démocratie en Afrique. Elle leur demande ainsi d’éliminer les barrières et les obstacles afin de s’affirmer. Elle donne son cas en guise d’exemple. Elle raconte avoir été emprisonnée à cause de son engagement pour dénoncer des actes du Gouvernement de son pays, mais elle n’a jamais jeté l’éponge. Elle a toujours porté le combat. « Nous sommes des citoyens et nous avons des choses à dire. Les hommes ne donnent pas facilement le pouvoir. Malheureusement, nous les femmes, nous sommes très divisées. On parle partout d’association de femmes leaders, mais nous ne nous soutenons pas entre nous. Nous luttons, nous appelons les femmes à être engagées davantage, mais la situation n’évolue pas », regrette-t-elle, avant d’ajouter : « nous devons avancer. Les femmes doivent renforcer leur courage et s’imposer. La lutte pour une grande représentation des femmes des institutions n’est pas théorique, elle est pratique ».
Militante des droits des femmes, Mufuliat Fijabi, du Nigéria a, dans son intervention, plaidé pour une meilleure considération des femmes dans la politique africaine. À l’en croire, on ne peut pas parler de démocratie en Afrique sans évoquer le rôle joué par les femmes. Cependant, elle regrette que la représentation féminine n’ait pas connu d’évolution majeure depuis très longtemps. Ce qui, à son avis, appelle à des efforts conjugués afin de favoriser la promotion des femmes et de lutter contre l’exclusion de celles-ci.
Aliou DIOUF (Envoyé spécial à Lusaka)
CRISE DÉMOCRATIQUE
Penda Mbow préconise une réflexion approfondie
La démocratie est en crise partout dans le monde ! Ce constat alarmant est fait par le Professeur Penda Mbow qui, prenant part aux séries de panels organisés à Lusaka, en marge du sommet pour la démocratie, estime qu’il faut des réflexions profondes pour sauver le continent africain.
En marge du deuxième sommet sur la démocratie, des séries de panels ont été organisé à Lusaka, la capitale de la Zambie, par Open Society-africa et l’Institut des Études sur la sécurité pour voir comment l’Afrique devrait se repositionner par rapport au monde qui est en train de changer de façon très profonde. Dans son intervention, hier, le Professeur Penda Mbow estimait que le moment est venu de revenir sur l’État de la démocratie du continent. Elle relève, pour s’en désoler, que l’état de la démocratie est en crise un peu partout dans le monde. « Tout le monde s’inquiète de l’état de la démocratie dans le monde et, s’il n’y a pas véritablement une réflexion approfondie, nous allons vers des crises de plus en plus difficiles à résoudre. C’est la raison pour laquelle, ce qui sortira d’ici devra nous aider à avancer parce qu’il y va de la stabilité et de la préservation de l’humanité », a déclaré l’historienne.
Sur le multilatéralisme, elle pense que les africains doivent mieux s’organiser en mettant en place les structures régionales et sous régionales et que certaines voix puissent représenter l’Afrique dans différentes réunions. « On ne peut pas avoir tous nos Chefs d’État regroupés d’une capitale à l’autre alors qu’ils ont des questions domestiques qui les attendent. Cela ne donne pas une force en Afrique. Cela donne l’impression qu’on nous infantilise. Il faut mieux s’organiser pour les sommets d’Afrique avec un autre pays, un autre continent. Cela fait partie aussi du renforcement de la position de l’Afrique à l’échelle internationale », dit-elle.
Aliou DIOUF
Source : https://lesoleil.sn/instances-de-decisions-en-afri...