L’Egypte a réitéré, lundi 21 janvier, son opposition à l’intervention militaire française au Mali. Dans un discours tenu à l’ouverture du sommet économique arabe, à Riyad, le président Mohamed Morsi s’est élevé contre les opérations des forces françaises au Mali "Nous n’acceptons en aucun cas l’intervention militaire au Mali (...) qui est de nature à alimenter le conflit dans la région", a-t-il déclaré, non sans rompre avec la quasi-unanimité, même timide, de la communauté internationale, observée depuis le coup d’envoi de l’intervention militaire, le 11 janvier dernier, contre les islamistes contrôlant le nord Mali. Et ce, alors qu’il est attendu dans la capitale française début février, où il doit se rendre en visite officielle.
Indépendance et politique africaine
"Nous ne voulons pas que soit créé un nouveau foyer de conflit sanglant en Afrique", a poursuivi le président égyptien issu des rangs des Frères musulmans. Selon lui, "toute intervention doit être pacifique et comprendre une aide financière au développement". Il a ajouté : "Ce que nous rejetons totalement, c’est la séparation du nord arabe du cœur de l’Afrique".
La volonté du président égyptien d’apparaître comme un homme d’Etat à même de défendre une diplomatie forte n’est peut-être pas étrangère à ses propos, tenus devant ses pairs du monde arabe, réunis en Arabie saoudite. "Depuis son élection, l’une des priorités de Mohamed Morsi est de replacer l’Egypte comme un acteur-clé, voire incontournable de la région, en prouvant son indépendance à l’égard des Occidentaux, et ce, par opposition au président Moubarak, souvent critiqué pour son alignement quasi-systématique sur les positions des grandes puissances", précise Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 au Caire. Et justement, la crise au Mali lui offre l’occasion de s’illustrer à l’échelle du continent africain. "Après avoir récemment fait ses preuves en œuvrant pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Mali lui offre l'opportunité d'affirmer sa politique africaine", poursuit-elle en ajoutant que l’électorat de la Confrérie attend justement que le pouvoir affiche des positions tranchantes en matière de politique étrangère.
Flatter les courants islamistes égyptiens
En outre, sur le plan interne, cette prise de position "est indissociable du contexte politique actuel en Egypte", estime le journaliste Ayma al-Sissi, spécialiste des questions africaines du quotidien égyptien al-Ahram. Et ce, à quelques jours du deuxième anniversaire du début de la révolte qui a abouti à la chute d'Hosni Moubarak, en février 2011. "Compte tenu du climat social et économique très difficile, et à l’aube de l’anniversaire de la révolution qui risque de provoquer des débordements dans la rue, le président Morsi cherche à resserrer les rangs des différents courants islamistes du pays, en flattant notamment les salafistes, qui se sont élevés contre l’intervention française au Mali", explique-t-il à FRANCE 24. Une centaine d'islamistes, en grande majorité des salafistes, avaient manifesté vendredi près de l'ambassade de France au Caire pour protester contre l'intervention militaire française au Mali, accusant Paris d'être en "guerre contre l'islam".
"Les Frères musulmans craignent qu’une éventuelle déstabilisation de la région, provoquée par la guerre au Mali, n’ait des répercussions sur les pays du printemps arabe, à commencer par l’Egypte", note de son côté Sonia Dridi. Et d’ajouter : "À quelques mois des législatives, prévues en avril, la Confrérie veut éviter toute agitation interne, or avec les évènements au Mali, des djihadistes ou des salafistes égyptiens pourraient trouver une nouvelle cause à défendre et créer du désordre dans le pays".
Source:France24
Indépendance et politique africaine
"Nous ne voulons pas que soit créé un nouveau foyer de conflit sanglant en Afrique", a poursuivi le président égyptien issu des rangs des Frères musulmans. Selon lui, "toute intervention doit être pacifique et comprendre une aide financière au développement". Il a ajouté : "Ce que nous rejetons totalement, c’est la séparation du nord arabe du cœur de l’Afrique".
La volonté du président égyptien d’apparaître comme un homme d’Etat à même de défendre une diplomatie forte n’est peut-être pas étrangère à ses propos, tenus devant ses pairs du monde arabe, réunis en Arabie saoudite. "Depuis son élection, l’une des priorités de Mohamed Morsi est de replacer l’Egypte comme un acteur-clé, voire incontournable de la région, en prouvant son indépendance à l’égard des Occidentaux, et ce, par opposition au président Moubarak, souvent critiqué pour son alignement quasi-systématique sur les positions des grandes puissances", précise Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 au Caire. Et justement, la crise au Mali lui offre l’occasion de s’illustrer à l’échelle du continent africain. "Après avoir récemment fait ses preuves en œuvrant pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le Mali lui offre l'opportunité d'affirmer sa politique africaine", poursuit-elle en ajoutant que l’électorat de la Confrérie attend justement que le pouvoir affiche des positions tranchantes en matière de politique étrangère.
Flatter les courants islamistes égyptiens
En outre, sur le plan interne, cette prise de position "est indissociable du contexte politique actuel en Egypte", estime le journaliste Ayma al-Sissi, spécialiste des questions africaines du quotidien égyptien al-Ahram. Et ce, à quelques jours du deuxième anniversaire du début de la révolte qui a abouti à la chute d'Hosni Moubarak, en février 2011. "Compte tenu du climat social et économique très difficile, et à l’aube de l’anniversaire de la révolution qui risque de provoquer des débordements dans la rue, le président Morsi cherche à resserrer les rangs des différents courants islamistes du pays, en flattant notamment les salafistes, qui se sont élevés contre l’intervention française au Mali", explique-t-il à FRANCE 24. Une centaine d'islamistes, en grande majorité des salafistes, avaient manifesté vendredi près de l'ambassade de France au Caire pour protester contre l'intervention militaire française au Mali, accusant Paris d'être en "guerre contre l'islam".
"Les Frères musulmans craignent qu’une éventuelle déstabilisation de la région, provoquée par la guerre au Mali, n’ait des répercussions sur les pays du printemps arabe, à commencer par l’Egypte", note de son côté Sonia Dridi. Et d’ajouter : "À quelques mois des législatives, prévues en avril, la Confrérie veut éviter toute agitation interne, or avec les évènements au Mali, des djihadistes ou des salafistes égyptiens pourraient trouver une nouvelle cause à défendre et créer du désordre dans le pays".
Source:France24