À l'initiative de Paris et Londres, soutenue par Washington, l'intervention militaire en Libye a souvent été présentée comme un modèle pour les opérations futures des armées françaises. Après des années d'enlisement à Kaboul, la formule retenue pour Benghazi et Tripoli - une campagne aérienne sans troupes au sol - avait l'avantage d'être brève, efficace et compatible avec le nouveau format des armées françaises, rabotées année après année par les coupes budgétaires. Elle était aussi compatible avec les inflexions nées de la crise, qui annonçaient une période de repli militaire et voulaient contraindre, en tout cas depuis l'avènement du nouveau pouvoir français, les opérations militaires à un cadre légal et multinational.
À de nombreux égards, le modèle d'intervention libyen reste pertinent, ne serait-ce que parce qu'il a, pour la première fois, transformé le concept de la «guerre zéro mort» en réalité. Mais l'attaque contre le consulat américain de Benghazi en révèle cependant ses faiblesses. Certains stratèges avaient prévenu au début de la guerre qu'en renonçant à envoyer des troupes au sol, la coalition se privait des moyens de contrôler le terrain et d'exercer son influence. Un an après la fin des opérations militaires, la situation politique en Libye reste chaotique. Quantité d'armes pillées dans les arsenaux de Kadhafi, y compris des missiles sol-air, circulent dans le Sahel. Al-Qaida a fait de la région l'un de ses nouveaux sanctuaires.
«Agir dans la durée»
«À Benghazi, on a gagné la bataille, mais pas la guerre. La projection de puissance a des effets techniques, mais elle débouche rarement sur une situation stable. Pour obtenir un effet politique qui mène à une paix durable, il faut aller au bout de la démarche, c'est-à-dire agir dans la durée, avec de gros moyens», explique le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre.
En Afghanistan, pourtant, les forces internationales sont restées onze ans sur le terrain sans avoir réussi à gagner la guerre contre les talibans. Mais si ce modèle n'a pas non plus fonctionné, analysent les experts, c'est parce que la contre-insurrection exige un engagement encore plus long, davantage de troupes et, dans ce cas précis, un vrai règlement politique régional. Mais aussi parce que le conflit afghan est sans doute trop loin pour les pays qui s'y sont engagés.
Les armées françaises et britanniques ont-elles encore les moyens militaires de leurs ambitions stratégiques et diplomatiques? À l'heure où le chef de l'État a commandé un nouveau livre blanc sur la défense, plus adapté aux moyens financiers de la France et au contexte géopolitique, la question des capacités opérationnelles du pays sera sans doute l'une des principales questions auxquelles il faudra répondre.
Mais qu'elle ait ou non été commise par al-Qaida, l'attaque de Benghazi est en tout cas d'ores et déjà une mauvaise nouvelle pour ceux, rebelles et défenseurs des droits de l'homme, qui espèrent une action internationale contre l'armée de Bachar el-Assad en Syrie.
Par Isabelle Lasserre
À de nombreux égards, le modèle d'intervention libyen reste pertinent, ne serait-ce que parce qu'il a, pour la première fois, transformé le concept de la «guerre zéro mort» en réalité. Mais l'attaque contre le consulat américain de Benghazi en révèle cependant ses faiblesses. Certains stratèges avaient prévenu au début de la guerre qu'en renonçant à envoyer des troupes au sol, la coalition se privait des moyens de contrôler le terrain et d'exercer son influence. Un an après la fin des opérations militaires, la situation politique en Libye reste chaotique. Quantité d'armes pillées dans les arsenaux de Kadhafi, y compris des missiles sol-air, circulent dans le Sahel. Al-Qaida a fait de la région l'un de ses nouveaux sanctuaires.
«Agir dans la durée»
«À Benghazi, on a gagné la bataille, mais pas la guerre. La projection de puissance a des effets techniques, mais elle débouche rarement sur une situation stable. Pour obtenir un effet politique qui mène à une paix durable, il faut aller au bout de la démarche, c'est-à-dire agir dans la durée, avec de gros moyens», explique le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de guerre.
En Afghanistan, pourtant, les forces internationales sont restées onze ans sur le terrain sans avoir réussi à gagner la guerre contre les talibans. Mais si ce modèle n'a pas non plus fonctionné, analysent les experts, c'est parce que la contre-insurrection exige un engagement encore plus long, davantage de troupes et, dans ce cas précis, un vrai règlement politique régional. Mais aussi parce que le conflit afghan est sans doute trop loin pour les pays qui s'y sont engagés.
Les armées françaises et britanniques ont-elles encore les moyens militaires de leurs ambitions stratégiques et diplomatiques? À l'heure où le chef de l'État a commandé un nouveau livre blanc sur la défense, plus adapté aux moyens financiers de la France et au contexte géopolitique, la question des capacités opérationnelles du pays sera sans doute l'une des principales questions auxquelles il faudra répondre.
Mais qu'elle ait ou non été commise par al-Qaida, l'attaque de Benghazi est en tout cas d'ores et déjà une mauvaise nouvelle pour ceux, rebelles et défenseurs des droits de l'homme, qui espèrent une action internationale contre l'armée de Bachar el-Assad en Syrie.
Par Isabelle Lasserre