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Interview Ahmet Khalifa Niasse, leader du Fap : «J’ai conseillé à Wade de se trouver une porte de sortie honorable pour quitter le pays et il n’écarte pas cette possibilité»

Par ichrono.info - Ses sorties ne laissent jamais indifférent. Ahmet Khalifa Niasse, le leader du Front des Alliances Patriotiques (Fap) n’est jamais le dernier pour donner ses appréciations sur la situation politique et sociale du Sénégal. De même que sur les enjeux internationaux. Aujourd’hui, les sujets brûlants ne manquent pas et l’homme politique parle de tout : de Wade, de l’élection présidentielle de 2012, de son parti, d’Idrissa Seck, de l’opposition, des mouvements citoyens, de la crise énergétique, de Kadhafi et de Ben Laden. Entretien.


Rédigé par leral.net le Lundi 9 Mai 2011 à 22:08 | | 3 commentaire(s)|

Interview Ahmet Khalifa Niasse, leader du Fap : «J’ai conseillé à Wade de se trouver une porte de sortie honorable pour quitter le pays et il n’écarte pas cette possibilité»
Monsieur Niasse, quelle appréciation faites-vous de la démission du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy ?
Tout cela ne confirme qu’une chose : Wade est un non-candidat comme je n’ai cessé de le répéter depuis l’année dernière. En plus, les faits me donnent de plus en plus raison. Je pense qu’à ce propos, avant le mois de juin prochain, ce sera plus clair dans l’esprit de ceux qui n’ont pas encore compris. La dislocation qui a commencé à s’emparer de son entourage et le départ de ceux qui étaient de toute évidence les piliers de la politique de Wade, le montre assez clairement.
Dans le fond, il semble que Wade reproche à Cheikh Tidiane Sy de ne pas avoir su gérer la crise au sein de la magistrature, sa fameuse à la veille du 19 mars dernier pour accuser les jeunes de l’opposition de fomenter un coup d’Etat et beaucoup d’autres bévues…
Non mais, vous savez que ce n’est pas lui qui parle mais plutôt Wade…
C'est-à-dire ?
Nous sommes dans un régime présidentiel. Et dans le régime de Wade, personne ne fait rien ni ne dit rien sans qu’il l’ait autorisé. Tout ce que Cheikh Tidiane Sy a pu dire ou faire, c’est incontestablement sous l’injonction de Wade. Il ne peut pas prendre l’initiative d’écrire à des magistrats sans l’aval de Wade. Wade est derrière tout cela. Il est possible qu’il se soit rendu compte que les choses allaient se retourner contre lui et, du coup, il a décidé d’utiliser Cheikh Tidiane Sy comme fusible pour limiter les dégâts.
Pourquoi tenez-vous absolument à établir un rapport entre la démission de Cheikh Tidiane Sy et Wade ?
Simplement parce que tout est lié. Il y a eu une série de démissions ou de limogeages qui ont tous pris la même forme. Et dans tous les cas de figures, Wade apparait comme une poule qui est entrain de perdre ses plumes.
Voulez-vous dire que Wade est en fin de règne ?
Bien-sûr qu’il est en fin de règne et ce n’est pas aujourd’hui que j’ai commencé à le dire. Dés l’année passée, je l’affirmais déjà et chaque jour, les faits me donnent raison. Les gens devraient comprendre cela et comprendre aussi que Wade n’est ni en précampagne, ni en campagne. En ce moment, il est en stand-by. C’est comme au football, il essaye de tuer le temps. Le problème, c’est qu’il ne peut pas se lever un beau jour et dire qu’il ne se présentera pas aux élections. Il encourt beaucoup de risques rien qu’à envisager cette éventualité. Dans son proche entourage, il y a des gens assez fous pour attenter sa vie parce qu’ils veulent s’accrocher au pouvoir et certains sont trempés dans des dossiers très compromettants. Il ne peut pas le dire publiquement, sinon ce serait la débandade dans son entourage. Mais chaque jour, il y a des personnes qui réalisent de plus en plus cette possibilité. Certains s’en vont ou se débrouillent pour se faire chasser du parti.
Est-il possible que Wade se présente en 2012 à votre avis ?
Non, pas du tout. Je ne pense même pas que cela ait un sens.
Pourquoi ?
Parce que déjà, il doit fêter au mois de juin prochain, ses 90 ans. En plus, on ne pourrait pas prétendre remporter des élections lorsqu’on est proche d’atteindre les 100 ans. Ce n’est pas une aventure que d’être à la tête d’un Etat. Un jeune peut partir à l’aventure parce que cela n’engage que lui. Mais dans le cas du Sénégal, on ne peut pas confier l’avenir du pays à quelqu’un qui n’a plus d’avenir. Récemment, il a fait des déclarations insensées sur son âge et celui des membres de sa famille. C’est tout à fait faux d’affirmer que son père a vécu plus de 100 ans. Je connais bien son père et son âge réel tourne autour de 87 ans et pas plus. La deuxième chose, c’est que personne dans sa famille n’a autant vécu, ni Moustapha Wade, ni Adama Wade, encore moins les autres membres de sa famille. L’ère de Wade est finie et il faut l’accepter. On lui reconnait certes tous les efforts qu’il a fournis et ses qualités personnelles. Mais il faut aussi reconnaitre que son âge le disqualifie.
Tout le monde sait que vous étiez un proche collaborateur de Wade. Quels sont aujourd’hui vos rapports ?
Je lui parle tous les jours. Même aujourd’hui, on s’est parlé au téléphone. On se voit souvent et on discute beaucoup. Je ne le cache pas.
Que lui conseillez-vous lorsque vous êtes ensemble ?
Ce que je lui ai toujours conseillé et que je ne cesse de faire. C’est qu’on s’arrange pour lui trouver une porte de sortie honorable. Qu’il ne fasse pas prendre des risques au Sénégal comme cela s’est passé dans plusieurs pays, du reste.
Qu’est-ce qu’il répond à vos conseils ?
De toute façon, il n’écarte pas cette possibilité. J’ai déjà écrit que Wade lui-même m’a dit qu’un jour, les sénégalais vont se réveiller et voir qu’il est parti sans aviser personne. Il me l’a répété à plusieurs reprises. Même dans ses dernières déclarations, il a affirmé que si le peuple demandait son départ, il s’en irait aussitôt. Quelqu’un qui dit cela, est prêt à partir.
Pensez-vous qu’il partira avant les élections de 2012 ?
En tout cas, c’est ce qui est souhaitable. On ne demande pas un mandat lorsqu’on est sûr à 99% de ne pas pouvoir le mener à son terme.
Mais est-ce qu’il ne serait-pas plus simple que Wade attende l’élection de 2012 et dise qu’il ne va pas se présenter pour être un simple observateur du scrutin ?
Je pense personnellement que c’est cela même qu’il va faire. Mais il ne peut pas révéler ses intentions tout de suite.
Mais cela ne risque-t-il pas de nuire davantage à son parti qui risquerait d’avoir des difficultés sur le candidat à présenter à ces élections ?
Ça, c’est le moindre souci de Wade. C’est quelqu’un qui croit fondamentalement que chacun doit tracer sa propre route. Les membres de son parti doivent faire comme lui pour arriver là où il est arrivé. Ce n’est pas son rôle de préparer le terrain pour qui que ce soit. Non seulement il ne compte pas le faire pour son fils, mais il sait aussi que ceux qui l’ont fait l’ont regretté. Amadou Ahidjo (ancien président du Cameroun) l’a fait avec Paul Biya, son successeur, et lorsqu’il est mort, vous voyez que c’est au Sénégal qu’il a été enterré et non dans son pays. Senghor l’a fait avec Abdou Diouf et l’a aussi regretté. Wade ne voit pas d’utilité à s’inspirer de ces expériences qui n’ont pas été concluantes.
Selon vous, où en-est-il avec son projet monarchique de élire son fils Karim Wade à sa place ?
C’est un projet qu’il a toujours à l’esprit. C’est normal pour un père de souhaiter une telle chose pour son fils.
Tout à l’heure, vous avez fait allusion aux démissions et limogeages du Pds. Aujourd’hui, Idrissa Seck a été exclu et Aminata Tall a quitté le parti. Quelle lecture en faites-vous ?
C’est comme je l’ai dit tout à l’heure : les oiseaux quittent le nid. C’est le sauve qui peut.
Revenons un peu à votre propre formation politique, l’Alliance des forces patriotiques. Dernièrement vous avez fait une déclaration annonçant votre sortie de la Cap 21 le 30 juin prochain. Quel est le sens de cette décision ?
Mais un parti doit chercher sa propre voie. Les compagnonnages ne sont pas à exclure, mais quelques fois, il faut voler de ses propres ailes. Nous devons, nous aussi, voir si la volonté populaire désire nous confier les destinées du pays. Nous nous apprêtons dans les prochains jours à sortir une lettre de préavis qui sera remise à la Cap 21 avec ampliation au Président de la République pour lui dire que notre compagnonnage s’arrête là.
Cela veut-il dire que vous vous déclarez candidat pour l’élection de 2012 ?
En tout cas, le parti aura un candidat.
Ce sera vous ou un autre ?
Nous allons d’abord organiser des primaires. Ce n’est pas parce qu’on est à la tête d’un parti qu’on doit nécessairement être désigné. Cela relève d’une décision consensuelle au niveau du parti.
Souhaitez-vous être désigné candidat du parti lors de ces primaires ?
Tout est possible, mais je suis entrain d’y réfléchir. Il faut d’abord que je vois si ma santé me le permet. Je dois aussi voir si ma vie professionnelle ne souffrira pas d’une éventuelle candidature. Diriger un pays est une affaire sérieuse et il faut prendre sa disponibilité pour se mettre à la disposition des autres. Pour ma part, je pense avoir reçu une bonne éducation et je ne compte pas me servir du pouvoir pour mes intérêts personnels. Dieu merci, j’ai eu la chance d’avoir travaillé durement et d’avoir quelque chose pour ma famille. Nous nous servirons de cette expérience pour proposer aux Sénégalais un programme fiable pour qu’ils aient la latitude de choisir si cela leur convient ou pas. A ce propos, je pense que chaque candidat devrait proposer un programme et dire ce qu’il compte faire pour chaque secteur d’activités et chaque couche sociale. Pour les jeunes, les femmes, les agriculteurs, les pêcheurs, l’éducation, la santé, etc. Lors de notre prochain congrès, nous allons esquisser un tel programme. Il est nécessaire de procéder de la sorte, car il faut que les populations sachent ce que l’on va faire pour elles et quelles personnes seront chargées de le faire.
Quel est le poids réel de votre parti en termes de masses ? Pensez-vous pouvoir faire face aux autres formations politiques du pays ?
La force d’un parti se mesure au nombre de gens qui ont voté pour ce parti. On ne serait pas là si nous n’avions pas assez de poids. Notre parti fait partie de ceux qui sont les plus connus dans ce pays. La question est plutôt de savoir si les gens nous font confiance ou non. Et cela se mesure par les cartes lors du vote. Il faut que les journalistes apprennent à faire la différence entre avoir la confiance des gens et créer une sorte de cacophonie dans les espaces publiques. Tout le monde peut faire du folklore, mais il faut savoir que ce n’est nullement un baromètre.
Pouvez-vous dire quel est le nombre de militants que comptabilise le Fap ?
Je ne m’attarde pas trop sur ce genre de considérations. C’est les gens qui ont tendance à lui accorder trop d’importance alors qu’il n’en est rien. On ne peut pas se fier à la vente des cartes. Les gens peuvent vous acheter une carte à 100 francs pour vous soutirer ensuite 50 000 francs. Par exemple, le Pds, pour vendre ses cartes met sur la table plusieurs lots de cartes et beaucoup de millions. C’est le ministre envoyé par le Palais qui paye lui-même les cartes avec les millions du Palais après avoir pris sa part bien sûr. Ils vont dire après qu’ils ont vendu tant de cartes alors que c’est archi-faux. En tout cas, ce n’est pas ce que nous allons faire. On loue les gens maintenant. C’est une nouvelle activité. Il y a même des entrepreneurs en mobilisation chargés de mobiliser des foules pour toutes sortes de manifestation. Le problème, c’est qu’ils vous amènent les mêmes gens pour chaque manifestation. Ce sont les mêmes personnes qui sont venues hier à un meeting du parti au pouvoir qu’ils feront revenir pour le rassemblement de l’opposition. C’est ce jeu de dupes qui fait que le Sénégal est devenu la république du dialgati (corruption). Ce qui nous intéresse, c’est de réaliser le programme que les Sénégalais ont approuvé et sur la base duquel ils nous ont élus.
En parlant de folklore, on a vu Sidy Lamine Niasse, votre frère et Pdg du Groupe Walfadjiri, à la tête d’un grand rassemblement de foule le 19 mars dernier. Certaines personnalités présentes à cette manifestation lui ont même suggéré de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Qu’en pensez-vous ?
Ah non, c’est à lui qu’il faudrait poser la question, pas à moi…
Juste votre appréciation des événements du 19 mars…
Vous savez que Sidy Lamine est comme un fils pour moi parce qu’en tant que grand frère, je l’ai éduqué mais je ne peux pas répondre à sa place. Même pas pour mon propre fils.
Avez-vous échangé à ce propos ?
Non ! Personne ne peut l’empêcher de faire de la politique s’il en a envie. Prenez l’exemple de Jean Paul Diaz et de son fils Barthélémy. Chacun fait de la politique de son côté et dans des partis différents, mais il n’y a jamais eu de problème entre eux. On a vu une femme et son épouse faire de la politique séparément. Ce n’est pas ça le problème. Ce jour du 19 mars, certains ont évoqué les chiffres de 10.000, 15.000 ou même 20.000 manifestants. Mais dans un pays où il faut avoir acquis les voix de plusieurs millions de personnes pour être sûr de remporter une victoire électorale – encore que c’est le plus souvent au second tour – il faut considérer que le compte est loin d’être atteint.
Est-ce que vous envisager d’aller aux élections de 2012 avec d’autres pôles ?
Non, pas du tout. Nous comptons y aller seuls. Mais s’il y a un parti qui vient se joindre à nous, on est preneur. Par contre nous n’irons soutenir aucun autre parti. On n’a pas toujours besoin d’être une vingtaine de partis pour en combattre un seul. Ce genre de coalitions montre plutôt qu’on est en position de minorité. Nous avons donc décidé d’y aller seul.
Supposons par exemple qu’il y ait un deuxième tour en 2012. Quelle serait la posture du Fap vis-à-vis de l’opposition, du parti au pouvoir ou de la société civile ?
Je pense que ce débat n’a pas encore sa raison d’être. Attendons d’abord de voir ce que seront les choses avant de se prononcer sur quoi que ce soit. Un proverbe wolof enseigne que vous ne pouvez pas connaitre le nom de famille de votre neveu ou nièce tant que votre sœur ne s‘est pas encore mariée. On ne peut pas encore parler de deuxième tour puisqu’il n’y a pas encore eu de premier tour.
On a remarqué que vous n’avez jamais été tendre avec l’opposition. Que leur reprochez-vous exactement ?
Non mais, c’est juste que certains d’entre eux manquent de crédibilité. L’on pourrait même dire qu’ils sont sclérosés comme du bois pourri. N’oublions pas que la plupart d’entre eux ont été désavoués par le peuple en 2000 après qu’ils eussent été au pouvoir pendant 40 ans. Lors des dernières locales, les populations, frustrées, leur avaient fait gagner des localités mais jusqu’à présent, ils n’ont rien fait de bon. Ils sont du même acabit que ceux qui sont actuellement au pouvoir. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons décidé d’amener quelque chose de neuf au Sénégal et qui n’est pas corrompu par les scories des anciens régimes. Quelque chose qui garantissent aux Sénégalais toute la transparence requise en matière de bonne gouvernance. Si nous remportons cette élection, nous proposons de mettre en place un système qui repose sur 4 points. D’abord, nous allons faire un référendum pour revenir à l’ancienne constitution de Mamadou Dia. C'est-à-dire instaurer un régime parlementaire. Il faut que les gens comprennent que le régime parlementaire est le moyen le plus sûr de laisser le pouvoir aux mains des populations. Chaque fois que le gouvernement fait des erreurs, il est possible de voter une motion de censure pour démettre le premier ministre. Deuxièmement, nous voulons instaurer le modèle de votation de la Suisse pour contrôler les députés, pouvoir les remplacer par d’autres s’il le faut. Ensuite, nous mettrons en place un système de contrôle des finances publiques par internet mais aussi une télévision chargée exclusivement de donner l’information sur les finances, les infrastructures et les projets réalisés.
Ne peut-on pas dire que vous ne faites là que des promesses ? Parce que ce n’est pas la première fois que l’on entend ce genre de discours.
Non pas du tout. C’est la première fois que vous entendez parler de votation au Sénégal. Je précise aussi que nous ne sommes pas dans une logique de la tromperie. Ce qui nous importe, c’est de faire jaillir la vérité au grand jour. Dire aux gens que tout ceci leur appartient et qu’ils ont leur mot à dire. On peut résumer les choses en disant assez aux tromperies. Le Sénégal est victime des tromperies de toutes sortes. Wade est bien mon ami, mais je vais vous dire une chose. Avant qu’il ne soit élu président, tout monde se rappelle de ses paroles à la Place de l’Obélisque demandant à ceux qui n’avaient pas de travail de lever la main. Il avait promis de trouver du travail à tous les Sénégalais. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Aucune de ces personnes n’a trouvé du travail. Et s’il posait encore la même question aujourd’hui, non seulement les mêmes personnes lèveraient le bras mais à côté d’eux, leurs enfants jusqu’à leurs petits enfants feraient la même chose. C’est vraiment ce qui me révolte. Aujourd’hui, on devrait se réjouir de ses promesses tenues. Mais tout le monde est au chômage. L’adage Barça ou Barsakh (Barcelone ou la mort) n’a pas encore fini de dénoncer Abdoulaye Wade. Lorsque les gens préfèrent braver la mort et se faire manger par les poissons plutôt que rester au Sénégal, cela montre que rien n’est encore fait. Il n’y a plus d’espoir.
La société civile et les mouvements citoyens se sont tous positionner pour 2010. Pensez-vous que ce soit une alternative crédible aux politiques ?
Il n’y aucune différence entre ces gens et ceux qu’ils sont entrain de critiquer. Ils ne constituent nullement une alternative viable pour le Sénégal. Récemment, j’ai écrit dans un pamphlet qu’entre les toubabs noirs et nous, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ce qu’ils font, c’est instrumentaliser les difficultés des Sénégalais pour servir leur propre cause, se payer de belles villas, où nul ne peut accéder, des voitures et tout. Dans les années 70, pendant une période de sécheresse, Senghor avait fait torturer les agriculteurs de façon atroce et jusqu’à présent, personne n’a jamais pris la peine de dénoncer ce qui constitue un crime contre l’humanité. Lorsqu’on se tait devant certaines injustices, on devient forcément complice du mal.
Parlons d’Idrissa Seck. En ce moment, il est exclut du Pds, mais pour autant, il est resté silencieux. Personne ne sait ce qu’il va faire. Que pensez-vous de son attitude ?
Idrissa Seck et le Pds, c’est le «Je t’aime, moi non plus.»
Pensez-vous qu’il puisse s’emparer du Pds ?
Mais il l’a déjà fait. Abdoulaye Wade ne dirige plus le Pds. Remarquez par exemple qu’il ne se rend pas au siège du parti, ne fait pas de meeting ni rien. Chaque fois, on lui amène des bus remplis de monde qu’on lui présente comme étant des militants libéraux. Le jour suivant, on lui ramène les mêmes personnes en lui disant que ce sont des militants de Bathily qui ont rejoints les rangs du Pds. Le lendemain, on lui dit que c’est des militants de Rewmi et le Président gobe toutes ces histoires à dormir debout. C’est toujours les mêmes personnes. Prenez la peine de vérifier les images. Vous verrez que c’est vrai ce que je vous dis. Toutes les personnes chauves reviennent tout le temps. Ils changent d’accoutrement mais c’est toujours les mêmes.
Que pensez-vous aujourd’hui des coupures de courant et autres difficultés qui assaillent les Sénégalais ?
Toutes ces choses là, les coupures de courant, la cherté de la vie, vous voyez maintenant que les gens ne s’habillent plus qu’en jean. Ils n’ont même plus de quoi s’acheter des habits décents. Tout cela ne montre qu’une seule chose, c'est-à-dire l’incapacité dans laquelle se trouve le pouvoir à nous sortir de cette situation de crise devenue endémique. On ne devrait pas avoir de problème avec l’électricité. C‘est un comme le pain. Ce n’est pas gratuit. Nous payons cher pour avoir de l’électricité. Les coûts sont très élevés et nous ne pouvons rien y faire à part payer les factures qui sont estimées selon des procédures destinées à nous soutirer des fonds. Il est de même pour l’eau et le téléphone. Nous sommes toujours les grands perdants. C’est du vol pur et simple. Savez-vous que le problème de l’électricité peut se résoudre en 10 jours ?
En quoi faisant ?
Il y a des bateaux centraux capables d’alimenter tout le pays et ils ne font que vendre cette énergie qu’ils produisent. C’est comme les groupes électrogènes que nous utilisons.
Où se situent donc le problème ?
C’est ce que je suis entrain d’expliquer. C’est le vol. Il y a une société au Cap des Biches qui produit de l’électricité vendue à la Sénélec au tarif de 70 francs Cfa le kilowatt. Le prix international du courant est de 18 francs le kilowatt. Le problème, c’est que lorsque les autorités se rendent compte qu’ils ne peuvent pas détourner de fonds sur ces prix standards, elles inventent des plan Takkal ou quelque chose comme ça. Des accords sont passés à l’insu de tout le monde pour leur permettre de rogner sur le prix des hydrocarbures et ainsi renflouer leurs comptes personnels. Je pourrais vous donner beaucoup d’exemples du genre. Tenez, c’est seulement au Sénégal qu’on vous dira avoir dépensé une somme qui pourrait servir à construire 100 kilomètres de route pour un seul kilomètre. Il en va de même du courant et de l’essence. Savez-vous que l’essence sort de la Sar aux prix de 180 francs Cfa pour être vendu à près de 1000 francs Cfa ? Tout ce qui est ajouté à ce prix en termes de taxes et autres, c’est juste pour qu’ils se remplissent les poches.
On pourrait dans ce cas penser qu’ils sont la cause de la crise énergétique du Sénégal ?
C’est tout à fait vrai. Le Sénégal est devenu la république du dialgati (la corruption).
Que pensez de ces personnes qui s’immolent par le feu pour contester cette République du dialgati ?
J’avais déjà fait une contribution là-dessus. J’avais dit que c’est le manque d’espoir dans ce pays qui est la cause de tout cela. On ne peut comprendre de tels actes que comme un désespoir absolu des gens.
L’actualité internationale est marquée par la crise libyenne. Vous avez une certaine proximité avec le guide libyen, Mouammar Kadhafi. De plus en plus, cet homme est isolé sur le plan international et les avions de L’Otan continuent de bombarder ses positions et son fils vient d’être tué. Connaissant la Libye et son dirigeant, quelle lecture faites-vous de ces événements ?
Je peux vous dire que je lui parle assez souvent jusqu’à maintenant. L’armée de Kadhafi est à 160 kilomètres de Benghazi (ville détenue par les rebelles), alors que les insurgés sont à 1000 kilomètres de Tripoli. Depuis près de 2 mois les occidentaux bombardent la Libye sans résultat et très peu de pays ont reconnu les insurgés. Juste l’Italie et la France qui ont le souci de légaliser l’achat de pétrole des insurgés, sinon les banques ne pourraient pas payer de telles factures. Mais malgré tout, la situation n’a pas évolué. La situation commence à s’enliser et Dieu seul sait comment les choses vont se terminer.
Kadhafi pourrait-il connaitre le même sort que Ben Ali ou Moubarak ?
Il faut faire attention à ne pas confondre ces différents faits. Tout le monde était au courant que Ben Ali avait un cancer en phase terminale. Son parti, l’armée, les ministres et les députés le savaient et personne ne savait quoi faire. Ils ont décidé de faire sortir les populations dans la rue pour pousser Ben Ali à quitter le pouvoir. Voilà pourquoi il a quitté le pouvoir et Moubarak aussi avait un cancer en phase terminale et a subi le même sort. Par contre des dirigeants tels que Kadhafi, Ali Abdullah Saleh, ils sont toujours au pouvoir parce qu’ils résistent. Lorsque les opposants font sortir trois millions de manifestants, ils en font sortir plus de quatre autres millions et du coup, ils sont toujours au pouvoir. Bachar El Assad a fait la même chose que Kadhafi mais que disent les Occidentaux ? Que ce n’est pas une situation qui nécessite la même intervention qu’en Libye. Le fait est que les occidentaux sont décidés à balayer les systèmes qu’ils avaient mis en place depuis plus de 30 à 40 ans. Et il faut comprendre par là Ben Laden, Ben Ali, Moubarak et d’autres encore sur la liste.
Ne penser-vous pas que si la situation s’enlise en Libye, le pays risque la scission avec un Etat rebelle ?
Pas du tout parce qu’il n’y a pas de pétrole dans la zone de Benghazi et c’est ce qui intéresse les Occidentaux.
Dans quel état d’esprit se trouve le guide libyen en ce moment ?
Ce qui se passe, c’est qu’on lui a imposé un combat et il est entrain de l’assumer.
Mais jusqu’à quand ?
L’enlisement est en lui-même un échec des assaillants, de ceux qui bombardent par les airs. Les choses sont loin de ce que l’on nous montre à la télé. Mon fils est revenu de Tripoli il y a juste quelques jours et il peut vous garantir que la vie se passe normalement là-bas.
Justement parce que certains journalistes qui se sont rendu en Lybie ont rapporté que les faits relayés par la presse internationale et la situation qui prévaut réellement en Libye sont tout à fait contraires…
Bien-sûr ! En plus, tous les Sénégalais qu’on avait ramenés par avion de Libye sous prétexte que le pays était en guerre sont repartis pour la plupart à Tripoli. Les milliers de Mauritaniens rapatriés de Libye ont manifesté pour que les autorités leur trouvent du travail ou qu’on les retourne simplement en Libye. C’est comme ça. Tout ce qui concerne les intérêts des Occidentaux fait l’objet d’une campagne de presse sournoise qui ne dit pas toutes ses motivations. Ce sont les services secrets qui manipulent ainsi la presse avec qui ils sont de connivence. La différence entre la presse et les services secrets, c’es que les premiers écrivent pour que tout le monde puisse savoir alors que les seconds relatent des informations pour une poignée de personnes bien ciblées.
On a vu que dans la crise libyenne l’Union africaine n’a pas pesé de son poids. Votre avis là-dessus.
C’est normal. Personne n’échappe à ce printemps arabe. On est dans une logique de dislocation dans laquelle même la ligue arabe est sortie affaiblie. L’union africaine a été créée en remplacement de L’Oua pour défendre les intérêts des chefs d’Etats. A partir du moment où elle ne peut plus le faire, il faudrait alors considérer qu’elle n’a plus sa raison d’être. On aurait du mettre en place une union économique parce qu’on n’a pas les moyens de faire marcher une union politique. Qu’est-ce que l’Union africaine a fait pour la Côte d’Ivoire, pour l’Egypte, la Tunisie et maintenant le Burkina Faso ? Il faut reconnaître qu’il y a un problème qui se pose.
Que pensez-vous de la mort présumée de Ben Laden ?
J’ai commencé à faire quelques réflexions que je vais publier dans les prochains jours. Lorsque Ben Laden s’est rendu en Afghanistan avec d’autres arabes venus de divers horizons, c’était pour combattre les Soviétique sous l’égide de la Cia. Je ne sais pas si vous avez remarqué tous les moyens sophistiqués mis en œuvre pour permettre au Président Obama de superviser cette opération visant à appréhender une seule personne. Tous les attentats que l’on a mis sur le compte de Ben Laden sont des faits qui défient l’entendement. Tout est organisé par la Cia. Tous les chefs d’Etats sont membres de la Cia à commencer par Obama qui est leur premier agent. En Angleterre la succursale de la Cia est le Mi6. En France c’est la Dgse. On peut considérer que tout ceci n’est qu’une mascarade et que les Américains font semblant de l’avoir tué afin de l’exfiltrer et lui donner une autre identité. Ils le font souvent avec les hauts gradés de l’armée et Ben Laden peut être considéré comme tel. La preuve, c’est que la fille de Ben Laden a affirmé que son père était encore vivant lorsqu’il a été arrêté. On dirait même qu’il les attendait puisqu’il n’avait pas d’arme sur lui. Une autre version soutient que Ben Laden s’est investit corps et âme pour combattre les ennemis de l’islam. Je ne sais pas quelle version croire. Mais ce qui est sûr, c’est que dans son testament, il a enjoint à ces partisans de sortir des rangs d’Al Qaeda et d’arrêter toute hostilité. Je ne sais pas si c’est vrai ou pas mais il semble que ce soit le testament qu’il a laissé et qui se trouve par ailleurs sur internet. Quoi qu’il en soit, nous prions pour que Dieu ait son âme s’il est vrai qu’il est mort. Je sais que ce sont ses frères qui sont chargés par le Président Wade de construire l’aéroport de Diass. Le 11 septembre 2001, alors que l’espace aérien des Etats-Unis était fermé à tout le monde, figurez-vous que Georges Bush en personne a laissé atterrir un frère de Ben Laden dans la soirée parce qu’il devait déjeuner avec lui. Vous voyez que c’est autant de faits qui peuvent brouiller les esprits sur cette affaire.






















( Les News )


1.Posté par modou le 09/05/2011 23:59 | Alerter
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pourtant dofoul dé. Tout ce qu'il dit de Wade est une vérité.

2.Posté par cheikh mbacké ndione le 10/05/2011 14:37 | Alerter
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au fil du temps,il devient de plus en plus cohérent mais demeure tout de même globalement incohérent! ça c'est lui!

3.Posté par Sôri le 11/05/2011 12:29 | Alerter
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Ahmed daal, mungoogu rek. Bu waxam tax kenn dôor doomam. Il était du côté de Senghor quand ce dernier "torturait les paysans..." dans les années 70 comme il dit. Par la suite, il est allé avec Wade, avant d'organiser la réception de Senghor à Thiwandou en 76 ou 77. En suite on se rappellera l'histoire des armes de la Lybie, celle de Wade vice-président, selon un montage Ahmed - Collin... Mooy loolu daal!!!

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