Réunies pendant deux jours à Bagdad pour tenter de lever l'impasse diplomatique qui dure depuis dix ans sur le dossier nucléaire iranien, les grandes puissances ont réussi, jeudi soir, à obtenir un accord sur un prochain round de discussions. Une formule obtenue à l'arraché, qui ne masque pas l'échec de la rencontre avec les représentants iraniens. Les négociations sur le fond n'ont en effet pas progressé. La partie iranienne a évoqué un «très mauvais climat», une ambiance «difficile», dénoncé les «conditions ambiguës» émises par les grandes puissances et réclamé une «révision» de leur position. Les responsables américains ont quant à eux reconnu «de profondes divergences» avec les négociateurs iraniens.
La question centrale tourne autour de l'enrichissement de l'uranium à 20 %, considéré comme un seuil permettant d'atteindre très vite les 90 % nécessaires pour fabriquer une bombe nucléaire. Les Iraniens espéraient une levée immédiate d'une partie des sanctions en échange de concessions sur la question. Mais le groupe des 5 + 1 - les membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne - exige d'abord des preuves de la bonne foi iranienne.
Sur le terrain, la République islamique continue d'emprunter la direction inverse. Dans son rapport trimestriel qui doit être rendu vendredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) révèle, selon des fuites, que l'Iran a installé 350 nouvelles centrifugeuses à Fordow, près de Qom, un site clandestin et enterré sous une montagne, à l'abri d'éventuelles frappes israéliennes. Dans son précédent compte rendu, en novembre, l'agence de l'ONU avait déjà affirmé que la mise en service de 700 premières centrifugeuses à Fordow avait permis à l'Iran de tripler ses capacités de production d'uranium enrichi à 20 % depuis la fin 2011.
Marge de manœuvre étroite
Même si les nouvelles usines ne sont pas encore en service, l'accélération du dispositif mis en place à Fordow prouve que les autorités iraniennes n'ont guère l'intention de céder sur le fond et de ralentir leur marche vers la bombe. Selon l'ancien inspecteur en chef de l'AIEA, Olli Heinonen, l'Iran pourrait, à ce rythme, obtenir suffisamment d'uranium enrichi pour pouvoir le transformer en bombe nucléaire dans six mois.
Six mois, c'est exactement la date de l'élection présidentielle aux États-Unis, où Barack Obama est mis en difficulté par son rival républicain. C'est aussi la ligne rouge tracée par les Israéliens, qui menacent d'utiliser la force pour empêcher ou retarder l'avènement d'un Iran nucléaire.
La marge de manœuvre de l'Administration américaine est donc particulièrement étroite. Barack Obama tente de ralentir la marche du programme nucléaire iranien afin que le dossier ne vienne pas perturber sa réélection, tout en évitant une réaction militaire israélienne préventive. Ne surtout pas rompre le dialogue. C'est la raison pour laquelle, malgré le peu de progrès enregistré aux pourparlers de Bagdad, les grandes puissances voulaient à tout prix convaincre les Iraniens d'accepter le principe de réunions régulières.
Par Isabelle Lasserre
La question centrale tourne autour de l'enrichissement de l'uranium à 20 %, considéré comme un seuil permettant d'atteindre très vite les 90 % nécessaires pour fabriquer une bombe nucléaire. Les Iraniens espéraient une levée immédiate d'une partie des sanctions en échange de concessions sur la question. Mais le groupe des 5 + 1 - les membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne - exige d'abord des preuves de la bonne foi iranienne.
Sur le terrain, la République islamique continue d'emprunter la direction inverse. Dans son rapport trimestriel qui doit être rendu vendredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) révèle, selon des fuites, que l'Iran a installé 350 nouvelles centrifugeuses à Fordow, près de Qom, un site clandestin et enterré sous une montagne, à l'abri d'éventuelles frappes israéliennes. Dans son précédent compte rendu, en novembre, l'agence de l'ONU avait déjà affirmé que la mise en service de 700 premières centrifugeuses à Fordow avait permis à l'Iran de tripler ses capacités de production d'uranium enrichi à 20 % depuis la fin 2011.
Marge de manœuvre étroite
Même si les nouvelles usines ne sont pas encore en service, l'accélération du dispositif mis en place à Fordow prouve que les autorités iraniennes n'ont guère l'intention de céder sur le fond et de ralentir leur marche vers la bombe. Selon l'ancien inspecteur en chef de l'AIEA, Olli Heinonen, l'Iran pourrait, à ce rythme, obtenir suffisamment d'uranium enrichi pour pouvoir le transformer en bombe nucléaire dans six mois.
Six mois, c'est exactement la date de l'élection présidentielle aux États-Unis, où Barack Obama est mis en difficulté par son rival républicain. C'est aussi la ligne rouge tracée par les Israéliens, qui menacent d'utiliser la force pour empêcher ou retarder l'avènement d'un Iran nucléaire.
La marge de manœuvre de l'Administration américaine est donc particulièrement étroite. Barack Obama tente de ralentir la marche du programme nucléaire iranien afin que le dossier ne vienne pas perturber sa réélection, tout en évitant une réaction militaire israélienne préventive. Ne surtout pas rompre le dialogue. C'est la raison pour laquelle, malgré le peu de progrès enregistré aux pourparlers de Bagdad, les grandes puissances voulaient à tout prix convaincre les Iraniens d'accepter le principe de réunions régulières.
Par Isabelle Lasserre