Entre les grandes puissances et l'Iran, les négociations sur le nucléaire se révèlent toujours aussi laborieuses, mais le fil n'est pas rompu. Mardi soir après déjà deux jours de discussions à huis clos dans un grand hôtel moscovite, les émissaires du groupe des «5 + 1» (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, plus Allemagne) et leurs homologues de Téhéran jouaient les prolongations, s'efforçant de repousser d'autant la probabilité d'une intervention militaire israélienne contre le régime des mollahs. La possibilité d'une nouvelle rencontre, à une date ultérieure, était même évoquée.
Singularité russe
Comme d'habitude, le droit, revendiqué par Téhéran, d'enrichir son uranium, reste la pierre d'achoppement des discussions. Craignant que ce processus ne constitue le premier pas vers la possession de la bombe atomique, les Occidentaux exigent de leur interlocuteur qu'il cesse l'enrichissement d'uranium à hauteur de 20 %, aujourd'hui produit dans l'usine souterraine de Fordow. L'arme nucléaire se fabrique avec un uranium enrichi à hauteur de 90 %. Le site militaire de Parchin, dont Téhéran refuse l'accès aux observateurs de l'ONU, concentre également les soupçons de la communauté internationale. En échange de cette concession iranienne, les Six se déclarent prêts à fournir directement à Téhéran, par leurs propres moyens, de l'uranium déjà enrichi, que les spécialistes iraniens seraient alors susceptibles d'utiliser à des fins civiles, notamment pour leur centre de recherche médicale situé dans la capitale.
Parallèlement, les sanctions prises par les Occidentaux à l'égard de l'Iran seraient allégées. Elles concerneraient dans un premier temps l'exportation de pièces détachées d'avions. Au total, six résolutions du Conseil de sécurité, dont quatre assorties d'un volet économique, pèsent sur les épaules de Téhéran, sans compter un embargo pétrolier européen qui doit entrer en vigueur au 1er juillet prochain, ainsi qu'une restriction imposée par Washington aux pays achetant du pétrole iranien.
Ces propositions, l'Iran les refuse, répétant son droit «absolu» à l'enrichissement d'uranium. Mardi, contrastant avec la discrétion des Occidentaux, les émissaires iraniens monopolisaient les déclarations publiques, soufflant le chaud et le froid sur les négociations. «Les 5 + 1 sont aujourd'hui à la croisée des chemins. L'un mène à la sortie de dix ans d'impasse autour du programme nucléaire iranien. S'ils le choisissent, l'Iran est prêt à prendre des mesures constructives. S'ils choisissent le vieux chemin, il n'y aura pas de progrès possible»,expliquait mardi soir une source diplomatique iranienne.
Venant après les conférences d'Istanbul, en avril, et de Bagdad, en mai, cette réunion, conduite côté russe par le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, se voulait un test diplomatique pour la Russie. Au milieu des Occidentaux, Moscou continue à afficher sa singularité, dont Téhéran n'a cessé, ces derniers jours, de faire l'éloge. Si lundi, en marge du G20, Vladimir Poutine et Barack Obama ont appelé en commun Téhéran à respecter «pleinement» ses obligations et à «faire la preuve de la nature pacifique» de son programme nucléaire, Moscou, tout comme Pékin, est traditionnellement plus réceptif aux vues de Téhéran. La Russie condamne en particulier les sanctions qui pèsent contre le régime des mollahs.
En convenant d'un nouveau rendez-vous, les négociateurs éloigneraient, au moins temporairement la menace d'une intervention militaire israélienne contre des sites militaires iraniens. Selon Tel-Aviv, ces pourparlers sont utilisés par Téhéran pour gagner du temps, tout en travaillant en sous-main à la confection de l'arme nucléaire. Washington n'est pas en reste, qui montre également des sérieux signes d'impatience.
Par Pierre Avril
Singularité russe
Comme d'habitude, le droit, revendiqué par Téhéran, d'enrichir son uranium, reste la pierre d'achoppement des discussions. Craignant que ce processus ne constitue le premier pas vers la possession de la bombe atomique, les Occidentaux exigent de leur interlocuteur qu'il cesse l'enrichissement d'uranium à hauteur de 20 %, aujourd'hui produit dans l'usine souterraine de Fordow. L'arme nucléaire se fabrique avec un uranium enrichi à hauteur de 90 %. Le site militaire de Parchin, dont Téhéran refuse l'accès aux observateurs de l'ONU, concentre également les soupçons de la communauté internationale. En échange de cette concession iranienne, les Six se déclarent prêts à fournir directement à Téhéran, par leurs propres moyens, de l'uranium déjà enrichi, que les spécialistes iraniens seraient alors susceptibles d'utiliser à des fins civiles, notamment pour leur centre de recherche médicale situé dans la capitale.
Parallèlement, les sanctions prises par les Occidentaux à l'égard de l'Iran seraient allégées. Elles concerneraient dans un premier temps l'exportation de pièces détachées d'avions. Au total, six résolutions du Conseil de sécurité, dont quatre assorties d'un volet économique, pèsent sur les épaules de Téhéran, sans compter un embargo pétrolier européen qui doit entrer en vigueur au 1er juillet prochain, ainsi qu'une restriction imposée par Washington aux pays achetant du pétrole iranien.
Ces propositions, l'Iran les refuse, répétant son droit «absolu» à l'enrichissement d'uranium. Mardi, contrastant avec la discrétion des Occidentaux, les émissaires iraniens monopolisaient les déclarations publiques, soufflant le chaud et le froid sur les négociations. «Les 5 + 1 sont aujourd'hui à la croisée des chemins. L'un mène à la sortie de dix ans d'impasse autour du programme nucléaire iranien. S'ils le choisissent, l'Iran est prêt à prendre des mesures constructives. S'ils choisissent le vieux chemin, il n'y aura pas de progrès possible»,expliquait mardi soir une source diplomatique iranienne.
Venant après les conférences d'Istanbul, en avril, et de Bagdad, en mai, cette réunion, conduite côté russe par le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, se voulait un test diplomatique pour la Russie. Au milieu des Occidentaux, Moscou continue à afficher sa singularité, dont Téhéran n'a cessé, ces derniers jours, de faire l'éloge. Si lundi, en marge du G20, Vladimir Poutine et Barack Obama ont appelé en commun Téhéran à respecter «pleinement» ses obligations et à «faire la preuve de la nature pacifique» de son programme nucléaire, Moscou, tout comme Pékin, est traditionnellement plus réceptif aux vues de Téhéran. La Russie condamne en particulier les sanctions qui pèsent contre le régime des mollahs.
En convenant d'un nouveau rendez-vous, les négociateurs éloigneraient, au moins temporairement la menace d'une intervention militaire israélienne contre des sites militaires iraniens. Selon Tel-Aviv, ces pourparlers sont utilisés par Téhéran pour gagner du temps, tout en travaillant en sous-main à la confection de l'arme nucléaire. Washington n'est pas en reste, qui montre également des sérieux signes d'impatience.
Par Pierre Avril