Les Israéliens craignent que les Occidentaux, trop pressés de parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, se laissent duper par Téhéran. La visite en Iran du chef de l'Agence internationale pour l'énergie atomique et les rumeurs d'un éventuel compromis sur le programme nucléaire de l'Iran à la veille de la reprise des négociations, mercredi à Bagdad, ont été accueillies avec scepticisme par les autorités israéliennes.
«Évidemment, rien ne serait mieux que de voir ce dossier résolu par des voies diplomatiques», a déclaré Benyamin Nétanyahou pendant un voyage en République tchèque. «Mais je n'ai vu aucun signe que l'Iran envisage sérieusement d'abandonner son programme nucléaire. On dirait plutôt qu'ils voient ces négociations comme une occasion de temporiser et de gagner du temps, comme l'a fait la Corée du Nord pendant des années. Les Iraniens jouent très bien aux échecs. Ils savent qu'il faut parfois sacrifier un pion pour sauver le roi», a ajouté le premier ministre israélien.
Israël est inquiet de voir les Américains, en pleine campagne électorale, et les Européens, en pleine crise financière, se laisser aveugler par des concessions purement cosmétiques de Téhéran. Et de voir les Iraniens échapper au durcissement des sanctions et continuer clandestinement leur programme nucléaire.
«Le but de ces négociations doit être très clair», a rappelé Benyamin Nétanyahou. «Suspension de toutes les activités d'enrichissement en Iran. Transfert en dehors d'Iran de tous les matériaux fissiles déjà enrichis. Démantèlement de l'usine de Qom. Quand ce but sera atteint, je serais le premier à applaudir. En attendant, comptez-moi parmi les sceptiques.»
Crainte de l'isolement
Le problème est que la position officielle israélienne ne laisse que peu de place aux concessions. Et Israël, qui répète que la menace d'un Iran nucléaire concerne le monde entier et pas seulement le Moyen-Orient, et craint avant tout de se retrouver isolé sur ce dossier, ne veut pas non plus se montrer trop intransigeant auprès des Américains. Selon des sources diplomatiques occidentales, les Israéliens seraient prêts à se montrer plus flexibles, au cas où Téhéran serait prêt à faire de réelles concessions.
Le ministre de la Défense, Ehoud Barak, aurait même accepté par avance et par écrit auprès de Washington que l'Iran soit autorisé à poursuivre ses activités d'enrichissement d'uranium jusqu'à 3,5%, taux nécessaire au fonctionnement d'un réacteur nucléaire.
On reste loin des demandes minimales des Américains, qui pourraient, selon les diplomates, se contenter de l'arrêt des activités de l'usine souterraine de Fordo plutôt que d'exiger son démantèlement, et fixer le niveau maximal de l'enrichissement d'uranium autorisé à Téhéran à 20%.
Même si la perspective d'une attaque préventive israélienne s'est en apparence éloignée ces dernières semaines, les Américains veulent rassurer les Israéliens. Si les Iraniens font des concessions importantes, les nouvelles sanctions économiques qui doivent devenir effectives au début du mois de juillet seront suspendues, mais les mesures déjà en vigueur continueront. S'il s'avère que l'Iran ne négocie que pour gagner du temps, les sanctions plus dures seront appliquées.
Par Adrien Jaulmes
«Évidemment, rien ne serait mieux que de voir ce dossier résolu par des voies diplomatiques», a déclaré Benyamin Nétanyahou pendant un voyage en République tchèque. «Mais je n'ai vu aucun signe que l'Iran envisage sérieusement d'abandonner son programme nucléaire. On dirait plutôt qu'ils voient ces négociations comme une occasion de temporiser et de gagner du temps, comme l'a fait la Corée du Nord pendant des années. Les Iraniens jouent très bien aux échecs. Ils savent qu'il faut parfois sacrifier un pion pour sauver le roi», a ajouté le premier ministre israélien.
Israël est inquiet de voir les Américains, en pleine campagne électorale, et les Européens, en pleine crise financière, se laisser aveugler par des concessions purement cosmétiques de Téhéran. Et de voir les Iraniens échapper au durcissement des sanctions et continuer clandestinement leur programme nucléaire.
«Le but de ces négociations doit être très clair», a rappelé Benyamin Nétanyahou. «Suspension de toutes les activités d'enrichissement en Iran. Transfert en dehors d'Iran de tous les matériaux fissiles déjà enrichis. Démantèlement de l'usine de Qom. Quand ce but sera atteint, je serais le premier à applaudir. En attendant, comptez-moi parmi les sceptiques.»
Crainte de l'isolement
Le problème est que la position officielle israélienne ne laisse que peu de place aux concessions. Et Israël, qui répète que la menace d'un Iran nucléaire concerne le monde entier et pas seulement le Moyen-Orient, et craint avant tout de se retrouver isolé sur ce dossier, ne veut pas non plus se montrer trop intransigeant auprès des Américains. Selon des sources diplomatiques occidentales, les Israéliens seraient prêts à se montrer plus flexibles, au cas où Téhéran serait prêt à faire de réelles concessions.
Le ministre de la Défense, Ehoud Barak, aurait même accepté par avance et par écrit auprès de Washington que l'Iran soit autorisé à poursuivre ses activités d'enrichissement d'uranium jusqu'à 3,5%, taux nécessaire au fonctionnement d'un réacteur nucléaire.
On reste loin des demandes minimales des Américains, qui pourraient, selon les diplomates, se contenter de l'arrêt des activités de l'usine souterraine de Fordo plutôt que d'exiger son démantèlement, et fixer le niveau maximal de l'enrichissement d'uranium autorisé à Téhéran à 20%.
Même si la perspective d'une attaque préventive israélienne s'est en apparence éloignée ces dernières semaines, les Américains veulent rassurer les Israéliens. Si les Iraniens font des concessions importantes, les nouvelles sanctions économiques qui doivent devenir effectives au début du mois de juillet seront suspendues, mais les mesures déjà en vigueur continueront. S'il s'avère que l'Iran ne négocie que pour gagner du temps, les sanctions plus dures seront appliquées.
Par Adrien Jaulmes