Le ministère de l’Intérieur israélien a fixé à dimanche le début des expulsions de centaines d’immigrants africains, sud-soudanais pour la plupart, en situation irrégulière. « Nous en avons environ 150 pour le moment » pour le premier vol affrété dimanche, a déclaré à l’AFP Sabine Hadad, porte-parole du ministère. Celle-ci a ajouté que les services d’immigration organisent d’autres expulsions. Le ministère a précisé que près de trois-cents clandestins avaient accepté une mesure de "retour volontaire" assujettie à une indemnisation financière de mille euros par adulte. Cette opération baptisée "Retour à la maison" n’est valable que pour la semaine en cours. Quant à ceux qui refusent le "retour volontaire", c’est les mains vides qu’ils repartiront.
La justice israélienne a autorisé la semaine dernière l’expulsion de 1 500 Sud-Soudanais en situation irrégulière. Le ministre de l’Intérieur, Elie Yishaï, a affirmé que les raids en cours n’étaient « que le commencement ». « Pour le moment, nous ne pouvons expulser que les ressortissants du Soudan du Sud et de Côte d’Ivoire. La prochaine étape est le départ d’Israël de tous les clandestins d’Erythrée et du Soudan », a précisé le ministre dans le quotidien gouvernemental Israël HaYom. Accepter le fait qu’ils restent en Israël signifierait, selon lui, « la fin du rêve sioniste ». Depuis dimanche, la police de l’immigration a appréhendé quelques 240 étrangers.
Manifestations anti-immigrés
La "traque" aux Noirs, conduite par 130 agents du ministère de l’Intérieur, s’effectue surtout dans la région de Tel-Aviv et la station balnéaire d’Eilat, à la frontière égyptienne. Ils sont près de 15 000 immigrés à vivre à Eilat. Beaucoup d’entre eux travaillent sur le littoral de la mer Rouge, rapporte la presse locale.
Même si une bonne partie des Israéliens plaident pour l’expulsion des immigrés africains, certains dénoncent un comportement xénophobe de la part du gouvernement. Ces expulsions interviennent notamment quelques temps après des violences racistes contre les Noirs, des violences et des expulsions qui divisent aujourd’hui le pays. Les Africains des quartiers populaires du Sud de Tel-Aviv sont pointés du doigt et accusés de viols et d’actes de violences. Durant le mois de mai, des centaines d’Israéliens étaient descendues dans les rues pour demander leur expulsion. Des slogans racistes étaient alors mis en avant et des violences s’en sont suivies. Des commerces africains et des migrants ont directement été pris pour cibles par les manifestants. Ce sont ces violences qui ont choqué l’Afrique et ont suscité l’indignation d’une partie de l’opinion israélienne. Beaucoup s’opposent à la notion d’expulsion, jugée contraire aux valeurs juives. Ils revendiquent une politique d’asile sans limite et ne souhaitent en aucun cas la fermeture des frontières à ceux qui fuient les persécutions.
Le débat des demandeurs d’asile relancé
Ces actes de violence à l’encontre des migrants africains a relancé le débat sur le sort des demandeurs d’asile. Ils sont aujourd’hui près de 60 000 immigrés clandestins en Israël. La majorité provient de la Corne de l’Afrique, entrée illégalement sur le territoire via le Sinaï égyptien. Rien qu’en 2010, 13 500 Africains seraient, selon les chiffres du gouvernement, entrés illégalement en Israël. Et chaque mois, on recense entre 2 000 et 3 000 clandestins qui franchissent le Sinaï égyptien à pied, soit deux fois plus que les chiffres de 2011. Côté égyptien, certains immigrés font l’objet de tirs des soldats. Côté israélien, ceux qui sont arrêtés sont immédiatement transférés au centre de détention de Sharonim, dans le désert du Néguev. Le centre pénitencier a une capacité d’accueil de 5 400 places. A leur sortie du centre, la plupart des migrants obtient un permis de séjour temporaire auprès du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de Tel-Aviv, rapporte Slate Afrique.
Les Erythréen et les Soudanais exemptés
Les mesures d’expulsions concerneraient tout d’abord les Sud-Soudanais, les Ivoiriens, les Ghanéens et les Ethiopiens qui vivent illégalement en Israël. Ils sont qualifiés par la droite israélienne d’ « infiltrés » ou encore de « cancer ». Benjamin Netanyahou, le Premier ministre de l’Etat hébreu, estime que ces migrants africains mettent en danger le « caractère juif et démocratique de l’Etat d’Israël ». C’est lui qui a donné l’ordre, le 3 juin, d’accélérer les procédures d’expulsion. Près de 25 000 personnes sont concernées.
Toutefois, les Erythréens et les Soudanais, au nombre de 35 000, ne seraient, pour le moment, pas concernés. A leur arrivée en "terre promise", ceux-ci bénéficient du statut de demandeurs d’asile. Et même si seulement 1 000 d’entre eux accèdent au statut de réfugié politique, ils bénéficient d’une protection internationale reconnue par les Nations unies. Originaire de pays en conflits, considérés comme des dictatures, ils ne peuvent être renvoyés dans leur pays respectif où leur vie serait en danger. Khartoum, qui n’a aucune relation diplomatique avec Israël, est qualifié d’ "ennemi" par Tel-Aviv. Quant à Juba, elle est, depuis son indépendance, un allié de l’Etat hébreu. Récemment en visite en Israël, la ministre sud-soudanaise de l’Agriculture, Betty Ogwar, a demandé aux autorités israéliennes de ne pas renvoyer les Sud-Soudanais. Le Soudan du Sud n’est pas, d’après elle, prêt à « traiter le problème des réfugiés ».
Détention et fermeture des frontières, ultime solution ?
Pour endiguer le problème des "non-expulsables", l’Etat hébreu construit actuellement le plus grand centre de détention au monde, en plein désert du Néguev. L’établissement, qui ouvrira ses portes d’ici à la fin de l’année, aura une capacité d’accueil de 12 000 places. Pour "alléger" le côté prison du centre, « chaque détenu disposera d’un espace personnel de 4,5 mètres carrés. Le centre comprendra une salle de sport, plusieurs dispensaires médicaux, des classes équipées d’ordinateurs, ainsi que des lieux de culte », a précisé dans la presse locale Josh Hantman, porte-parole du ministère de la Défense. L’Etat d’Israël réfléchit aussi à fermer ses frontières pour stopper les traversées illégales.
PAR FOUÂD HARIT
Source Afrik.com
La justice israélienne a autorisé la semaine dernière l’expulsion de 1 500 Sud-Soudanais en situation irrégulière. Le ministre de l’Intérieur, Elie Yishaï, a affirmé que les raids en cours n’étaient « que le commencement ». « Pour le moment, nous ne pouvons expulser que les ressortissants du Soudan du Sud et de Côte d’Ivoire. La prochaine étape est le départ d’Israël de tous les clandestins d’Erythrée et du Soudan », a précisé le ministre dans le quotidien gouvernemental Israël HaYom. Accepter le fait qu’ils restent en Israël signifierait, selon lui, « la fin du rêve sioniste ». Depuis dimanche, la police de l’immigration a appréhendé quelques 240 étrangers.
Manifestations anti-immigrés
La "traque" aux Noirs, conduite par 130 agents du ministère de l’Intérieur, s’effectue surtout dans la région de Tel-Aviv et la station balnéaire d’Eilat, à la frontière égyptienne. Ils sont près de 15 000 immigrés à vivre à Eilat. Beaucoup d’entre eux travaillent sur le littoral de la mer Rouge, rapporte la presse locale.
Même si une bonne partie des Israéliens plaident pour l’expulsion des immigrés africains, certains dénoncent un comportement xénophobe de la part du gouvernement. Ces expulsions interviennent notamment quelques temps après des violences racistes contre les Noirs, des violences et des expulsions qui divisent aujourd’hui le pays. Les Africains des quartiers populaires du Sud de Tel-Aviv sont pointés du doigt et accusés de viols et d’actes de violences. Durant le mois de mai, des centaines d’Israéliens étaient descendues dans les rues pour demander leur expulsion. Des slogans racistes étaient alors mis en avant et des violences s’en sont suivies. Des commerces africains et des migrants ont directement été pris pour cibles par les manifestants. Ce sont ces violences qui ont choqué l’Afrique et ont suscité l’indignation d’une partie de l’opinion israélienne. Beaucoup s’opposent à la notion d’expulsion, jugée contraire aux valeurs juives. Ils revendiquent une politique d’asile sans limite et ne souhaitent en aucun cas la fermeture des frontières à ceux qui fuient les persécutions.
Le débat des demandeurs d’asile relancé
Ces actes de violence à l’encontre des migrants africains a relancé le débat sur le sort des demandeurs d’asile. Ils sont aujourd’hui près de 60 000 immigrés clandestins en Israël. La majorité provient de la Corne de l’Afrique, entrée illégalement sur le territoire via le Sinaï égyptien. Rien qu’en 2010, 13 500 Africains seraient, selon les chiffres du gouvernement, entrés illégalement en Israël. Et chaque mois, on recense entre 2 000 et 3 000 clandestins qui franchissent le Sinaï égyptien à pied, soit deux fois plus que les chiffres de 2011. Côté égyptien, certains immigrés font l’objet de tirs des soldats. Côté israélien, ceux qui sont arrêtés sont immédiatement transférés au centre de détention de Sharonim, dans le désert du Néguev. Le centre pénitencier a une capacité d’accueil de 5 400 places. A leur sortie du centre, la plupart des migrants obtient un permis de séjour temporaire auprès du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de Tel-Aviv, rapporte Slate Afrique.
Les Erythréen et les Soudanais exemptés
Les mesures d’expulsions concerneraient tout d’abord les Sud-Soudanais, les Ivoiriens, les Ghanéens et les Ethiopiens qui vivent illégalement en Israël. Ils sont qualifiés par la droite israélienne d’ « infiltrés » ou encore de « cancer ». Benjamin Netanyahou, le Premier ministre de l’Etat hébreu, estime que ces migrants africains mettent en danger le « caractère juif et démocratique de l’Etat d’Israël ». C’est lui qui a donné l’ordre, le 3 juin, d’accélérer les procédures d’expulsion. Près de 25 000 personnes sont concernées.
Toutefois, les Erythréens et les Soudanais, au nombre de 35 000, ne seraient, pour le moment, pas concernés. A leur arrivée en "terre promise", ceux-ci bénéficient du statut de demandeurs d’asile. Et même si seulement 1 000 d’entre eux accèdent au statut de réfugié politique, ils bénéficient d’une protection internationale reconnue par les Nations unies. Originaire de pays en conflits, considérés comme des dictatures, ils ne peuvent être renvoyés dans leur pays respectif où leur vie serait en danger. Khartoum, qui n’a aucune relation diplomatique avec Israël, est qualifié d’ "ennemi" par Tel-Aviv. Quant à Juba, elle est, depuis son indépendance, un allié de l’Etat hébreu. Récemment en visite en Israël, la ministre sud-soudanaise de l’Agriculture, Betty Ogwar, a demandé aux autorités israéliennes de ne pas renvoyer les Sud-Soudanais. Le Soudan du Sud n’est pas, d’après elle, prêt à « traiter le problème des réfugiés ».
Détention et fermeture des frontières, ultime solution ?
Pour endiguer le problème des "non-expulsables", l’Etat hébreu construit actuellement le plus grand centre de détention au monde, en plein désert du Néguev. L’établissement, qui ouvrira ses portes d’ici à la fin de l’année, aura une capacité d’accueil de 12 000 places. Pour "alléger" le côté prison du centre, « chaque détenu disposera d’un espace personnel de 4,5 mètres carrés. Le centre comprendra une salle de sport, plusieurs dispensaires médicaux, des classes équipées d’ordinateurs, ainsi que des lieux de culte », a précisé dans la presse locale Josh Hantman, porte-parole du ministère de la Défense. L’Etat d’Israël réfléchit aussi à fermer ses frontières pour stopper les traversées illégales.
PAR FOUÂD HARIT
Source Afrik.com