Bidzina Ivanishvili a installé son immense palais futuriste en face de la résidence du président Mikhail Saakachvili, mais plus haut. Pareille à une immense soucoupe volante, un héliport a été posé sur la colline, privatisée à l'aide de barbelés et de caméras.
En contrebas, au cœur de Tbilissi, la capitale, l'oligarque russo-géorgien, qui possède également la nationalité française, sème partout de nouveaux bâtiments modernes. Il a aussi financé une gigantesque cathédrale orthodoxe, éclairée pendant la nuit. Dans sa ville natale, Chorvila, les universités et les musées croulent sous ses subventions. Les hôpitaux et les écoles ont été restaurés. Au cœur de la ville, son château contemporain héberge un zoo peuplé de kangourous, de pingouins et de lémuriens.
Bidzina Ivanishvili est entré en politique comme une tornade. Rentré de Russie en 2005, où il a bâti sa fortune juste après la chute de l'URSS, il a annoncé son intention d'affronter dans les urnes le leader de la «révolution des Roses», le charismatique et pro-occidental Mikhail Saakachvili. Et de mettre au service de sa campagne pour les législatives sa fortune, qui est immense: 6,4 milliards de dollars, selon Forbes, davantage que le budget de la Géorgie (5,7 milliards).
Le 27 mai, plusieurs dizaines de milliers d'opposants ont manifesté à son appel dans le centre de Tbilissi. Soutenu par l'Église, l'oligarque a fédéré une partie de l'opposition. Il a juré de remplacer l'actuel président, qui a extirpé son pays du giron russe, mais à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat en 2013.
En quelques mois, le milliardaire de 56 ans a réussi à déstabiliser le paysage politique géorgien, grâce à ses moyens financiers illimités et en s'affranchissant volontiers des règles de la déontologie. Les cadeaux, téléviseurs, lave-vaisselle et machines à laver, pleuvent sur les habitants de sa région natale. Sur des «cartes à rêve», les habitants de la ville de Kutaisi ont été invités à faire part de leur vœu, pour peu qu'il soit inférieur à 600 euros…
Téléguidé par le Kremlin?
Les responsables géorgiens accusent l'oligarque d'essayer de corrompre des fonctionnaires en leur proposant de multiplier leur salaire par cent. Ivanishvili vient d'être condamné à une amende de 90 millions de dollars pour avoir accordé des «avantages indus» aux membres de son parti, le Rêve géorgien.
Pour le pouvoir géorgien, qui vit toujours avec les séquelles de la guerre de 2008, l'irruption d'Ivanishvili sur la scène politique est téléguidée par Moscou. Le milliardaire est en tout cas l'un des actionnaires privés de Gazprom, le géant russe du gaz. Toute sa fortune est placée en Russie.
Et lorsqu'il décide de se séparer d'une partie de ses actifs pour financer sa campagne géorgienne, les ventes se font dans le cercle rapproché de Vladimir Poutine. «À un prix à 50 % supérieur à celui du marché», affirme un bon connaisseur, russe, du dossier. «Lorsqu'ils ne sont pas appréciés par le pouvoir, les oligarques russes finissent assez mal. Ils sont soit ruinés, soit forcés à l'exil. Il n'est pas possible de conserver autant d'argent et d'étendre son empire économique sans faire allégeance au pouvoir», affirme le président Mikhail Saakachvili.
Son programme électoral, qui prétend restaurer les «libertés bafouées» et lutter contre «l'autoritarisme» du pouvoir géorgien, est lui aussi tourné vers Moscou. Ivanishvili veut éloigner la Géorgie de l'Otan et la rapprocher de la Russie, seul moyen selon lui de régler la question des régions occupées.
«En 2008, la Géorgie s'est embarquée dans une guerre contre la Russie perdue d'avance et qui aurait pu être évitée… L'ultimatum de la Russie est clair, c'est: choisissez entre l'Otan et les territoires perdus», dit-il. Pour l'instant, les sondages le donnent perdant. Mais il a à peine entamé sa fortune.
Par Isabelle Lasserre
En contrebas, au cœur de Tbilissi, la capitale, l'oligarque russo-géorgien, qui possède également la nationalité française, sème partout de nouveaux bâtiments modernes. Il a aussi financé une gigantesque cathédrale orthodoxe, éclairée pendant la nuit. Dans sa ville natale, Chorvila, les universités et les musées croulent sous ses subventions. Les hôpitaux et les écoles ont été restaurés. Au cœur de la ville, son château contemporain héberge un zoo peuplé de kangourous, de pingouins et de lémuriens.
Bidzina Ivanishvili est entré en politique comme une tornade. Rentré de Russie en 2005, où il a bâti sa fortune juste après la chute de l'URSS, il a annoncé son intention d'affronter dans les urnes le leader de la «révolution des Roses», le charismatique et pro-occidental Mikhail Saakachvili. Et de mettre au service de sa campagne pour les législatives sa fortune, qui est immense: 6,4 milliards de dollars, selon Forbes, davantage que le budget de la Géorgie (5,7 milliards).
Le 27 mai, plusieurs dizaines de milliers d'opposants ont manifesté à son appel dans le centre de Tbilissi. Soutenu par l'Église, l'oligarque a fédéré une partie de l'opposition. Il a juré de remplacer l'actuel président, qui a extirpé son pays du giron russe, mais à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat en 2013.
En quelques mois, le milliardaire de 56 ans a réussi à déstabiliser le paysage politique géorgien, grâce à ses moyens financiers illimités et en s'affranchissant volontiers des règles de la déontologie. Les cadeaux, téléviseurs, lave-vaisselle et machines à laver, pleuvent sur les habitants de sa région natale. Sur des «cartes à rêve», les habitants de la ville de Kutaisi ont été invités à faire part de leur vœu, pour peu qu'il soit inférieur à 600 euros…
Téléguidé par le Kremlin?
Les responsables géorgiens accusent l'oligarque d'essayer de corrompre des fonctionnaires en leur proposant de multiplier leur salaire par cent. Ivanishvili vient d'être condamné à une amende de 90 millions de dollars pour avoir accordé des «avantages indus» aux membres de son parti, le Rêve géorgien.
Pour le pouvoir géorgien, qui vit toujours avec les séquelles de la guerre de 2008, l'irruption d'Ivanishvili sur la scène politique est téléguidée par Moscou. Le milliardaire est en tout cas l'un des actionnaires privés de Gazprom, le géant russe du gaz. Toute sa fortune est placée en Russie.
Et lorsqu'il décide de se séparer d'une partie de ses actifs pour financer sa campagne géorgienne, les ventes se font dans le cercle rapproché de Vladimir Poutine. «À un prix à 50 % supérieur à celui du marché», affirme un bon connaisseur, russe, du dossier. «Lorsqu'ils ne sont pas appréciés par le pouvoir, les oligarques russes finissent assez mal. Ils sont soit ruinés, soit forcés à l'exil. Il n'est pas possible de conserver autant d'argent et d'étendre son empire économique sans faire allégeance au pouvoir», affirme le président Mikhail Saakachvili.
Son programme électoral, qui prétend restaurer les «libertés bafouées» et lutter contre «l'autoritarisme» du pouvoir géorgien, est lui aussi tourné vers Moscou. Ivanishvili veut éloigner la Géorgie de l'Otan et la rapprocher de la Russie, seul moyen selon lui de régler la question des régions occupées.
«En 2008, la Géorgie s'est embarquée dans une guerre contre la Russie perdue d'avance et qui aurait pu être évitée… L'ultimatum de la Russie est clair, c'est: choisissez entre l'Otan et les territoires perdus», dit-il. Pour l'instant, les sondages le donnent perdant. Mais il a à peine entamé sa fortune.
Par Isabelle Lasserre