Gilles Jacquier est bien mort d'un tir d'obus lancé par les rebelles de Homs, qui visaient un quartier alaouite pro-régime où se trouvait le journaliste de France 2, le 11 janvier dernier. «Les analyses balistiques et les renseignements recueillis sur place par nos sources juste après le drame indiquent que Jacquier a été tué d'un tir d'obus de mortier de 81 mm venu d'un quartier sunnite rebelle, déclare au Figaro une source proche du dossier au ministère de la Défense à Paris. Des analyses montrent assez précisément la source du tir.» «Tous les services spécialisés (DCRI et DGSE notamment, NDLR) sont d'accord sur cette conclusion», précise cette source.
Le grand reporter de France 2 a été touché par des éclats d'obus alors qu'il sortait de l'escalier d'un immeuble, où il se trouvait en compagnie d'autres journalistes français et suisses qui avaient obtenu un visa grâce à sœur Marie Agnès, une religieuse proche du régime, installée non loin de Homs.
Ces conclusions confirment l'information publiée par Le Figaro une semaine après l'accident, sur la foi d'une déclaration d'un responsable d'une association des droits de l'homme à Homs - «nous avons commis une grosse bêtise» - renforcée par les précisions d'un haut responsable de la Ligue arabe, qui avait à cette époque des observateurs sur place à Homs. Peu après, leur rapport de mission validait la thèse de la bavure commise par des opposants à Bachar el-Assad.
«Les rapports de la mission indiquent que le journaliste français a été tué à la suite de tirs de mortier par l'opposition», soulignait le paragraphe 44 du document. Précision importante: le texte cite «les rapports». En effet, un autre texte plus détaillé, rédigé par les observateurs arabes à Homs, existe au siège de la Ligue au Caire. Mais il n'a jamais été rendu public. «J'ai demandé aux assistants du secrétaire général, Nabil el-Arabi, pourquoi la Ligue n'avait pas publié le second rapport, souligne un responsable de l'opposition syrienne. On m'a répondu que les Français et le Qatar, qui dirigeait à l'époque le comité ministériel de la Ligue, nous avaient demandé de ne rien publier, car c'est une affaire désormais entre les mains de la justice française. Les uns et les autres soutiennent l'Armée syrienne libre, ils n'ont pas intérêt, selon cet opposant, à ce que les dissidents soient reconnus coupables de l'assassinat d'un journaliste.»
La justice sur sa faim
Le 1er février, au siège de l'ONU à New York, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé faisait valoir que «la Ligue arabe n'avait pas endossé la thèse» du tir rebelle, tout en rappelant le souhait de la France de voir «toute la lumière» faite sur cette disparition. Le lendemain de la mort de Jacquier, tout en avouant ne disposer d'aucune preuve, l'Élysée penchait pour un assassinat perpétré par le régime pour dissuader les journalistes d'enquêter sur la révolte anti-el-Assad.
Très rapidement, pourtant, l'enquête judiciaire, ouverte par le parquet de Paris s'est orientée vers la thèse de la bavure. «Il est clair que ce n'est pas un tir dirigé, ce n'est pas avec un obus de mortier qu'on peut viser quelqu'un», assure une source judiciaire proche de l'enquête. Compte tenu des moyens limités dont elle dispose, la justice française ne peut guère être plus précise.
Contrairement aux agents du renseignement, elle n'a pas pu envoyer le moindre enquêteur sur place. Et, plus de six mois après les faits, elle n'a pas encore eu accès aux notes des services de renseignements. Certains journalistes accompagnant Jacquier ont longtemps maintenu avoir été visés intentionnellement par l'armée syrienne. Sollicitée, la veuve de Gilles Jacquier n'a pas souhaité réagir.
Par Georges Malbrunot
Le grand reporter de France 2 a été touché par des éclats d'obus alors qu'il sortait de l'escalier d'un immeuble, où il se trouvait en compagnie d'autres journalistes français et suisses qui avaient obtenu un visa grâce à sœur Marie Agnès, une religieuse proche du régime, installée non loin de Homs.
Ces conclusions confirment l'information publiée par Le Figaro une semaine après l'accident, sur la foi d'une déclaration d'un responsable d'une association des droits de l'homme à Homs - «nous avons commis une grosse bêtise» - renforcée par les précisions d'un haut responsable de la Ligue arabe, qui avait à cette époque des observateurs sur place à Homs. Peu après, leur rapport de mission validait la thèse de la bavure commise par des opposants à Bachar el-Assad.
«Les rapports de la mission indiquent que le journaliste français a été tué à la suite de tirs de mortier par l'opposition», soulignait le paragraphe 44 du document. Précision importante: le texte cite «les rapports». En effet, un autre texte plus détaillé, rédigé par les observateurs arabes à Homs, existe au siège de la Ligue au Caire. Mais il n'a jamais été rendu public. «J'ai demandé aux assistants du secrétaire général, Nabil el-Arabi, pourquoi la Ligue n'avait pas publié le second rapport, souligne un responsable de l'opposition syrienne. On m'a répondu que les Français et le Qatar, qui dirigeait à l'époque le comité ministériel de la Ligue, nous avaient demandé de ne rien publier, car c'est une affaire désormais entre les mains de la justice française. Les uns et les autres soutiennent l'Armée syrienne libre, ils n'ont pas intérêt, selon cet opposant, à ce que les dissidents soient reconnus coupables de l'assassinat d'un journaliste.»
La justice sur sa faim
Le 1er février, au siège de l'ONU à New York, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé faisait valoir que «la Ligue arabe n'avait pas endossé la thèse» du tir rebelle, tout en rappelant le souhait de la France de voir «toute la lumière» faite sur cette disparition. Le lendemain de la mort de Jacquier, tout en avouant ne disposer d'aucune preuve, l'Élysée penchait pour un assassinat perpétré par le régime pour dissuader les journalistes d'enquêter sur la révolte anti-el-Assad.
Très rapidement, pourtant, l'enquête judiciaire, ouverte par le parquet de Paris s'est orientée vers la thèse de la bavure. «Il est clair que ce n'est pas un tir dirigé, ce n'est pas avec un obus de mortier qu'on peut viser quelqu'un», assure une source judiciaire proche de l'enquête. Compte tenu des moyens limités dont elle dispose, la justice française ne peut guère être plus précise.
Contrairement aux agents du renseignement, elle n'a pas pu envoyer le moindre enquêteur sur place. Et, plus de six mois après les faits, elle n'a pas encore eu accès aux notes des services de renseignements. Certains journalistes accompagnant Jacquier ont longtemps maintenu avoir été visés intentionnellement par l'armée syrienne. Sollicitée, la veuve de Gilles Jacquier n'a pas souhaité réagir.
Par Georges Malbrunot