« Parfois, quand une chose est insupportable à imaginer, nous faisons le contraire de ce que nous devrions : nous nous en détournons pour protéger nos cœurs et nos esprits afin de préserver notre paix intérieure. En parlant des excisions, Jaha Dukureh a refusé de se taire face à l’horreur. » Dans le Time 100, l’auteure américaine féministe Peggy Ornstein salue la jeune femme de 25 ans devenue l’une des principales militantes contre les mutilations génitales dans le monde.
« Se taire », Jaha ne le fait que très rarement. Pourtant, lorsqu’elle apprend qu’elle figure dans le Time 100, les mots lui manquent. « J’étais sous le choc, je ne pouvais y croire. Je n’arrivais pas à parler », raconte-t-elle au Monde Afrique.
« Se taire », Jaha l’a fait durant trop d’années. En 1991, alors qu’elle n’a qu’une semaine, elle est excisée. Quinze ans après, elle quitte la Gambie, toute seule, direction les Etats-Unis pour un mariage arrangé. Quelques années plus tard, la jeune Jaha se libère, divorce et décide de lutter contre ce qu’elle a subi.
En 2013, elle crée l’organisation non gouvernementale (ONG) Safe Hands for Girls afin de lutter aux Etats-Unis et dans les pays d’Afrique contre ces violences qui concernent plus de 200 millions de femmes dans le monde, selon les derniers rapports de l’Unicef, du Fonds des Nations unies pour l’enfance et de l’ONG Plan International.
L’ONU s’est fixé pour objectif de faire cesser cette pratique d’ici à 2030, dans le cadre des objectifs de développement adoptés par 193 pays en septembre 2015. Sur les personnes affectées, 44 millions sont âgées de 14 ans ou moins. Dans les 30 pays où les mutilations sont les plus répandues, la majorité des victimes ont été excisées avant d’avoir 5 ans.
Aujourd’hui, Jaha Dukureh profite de sa récompense pour lancer un appel. « J’espère que cette reconnaissance entraînera une prise de conscience plus globale et donnera une plus grande visibilité à notre combat. Aujourd’hui, ceux qui luttent comme nous contre les excisions n’ont pas assez de ressources pour le faire », assène la jeune femme, qui est sortie de l’ombre en 2014.
Cette année-là, la jeune Gambienne, qui vit aujourd’hui à Atlanta avec son deuxième mari et leurs trois enfants, lançait une pétition sur Change.org pour demander la fin de cette pratique. Aux Etats-Unis, elle a réuni plus de 220 000 signatures en moins de deux ans. « Ils ont pris une partie de ma féminité. Et certaines femmes, dont ma demi-sœur, en sont mortes », raconte-t-elle dans la vidéo de campagne.
La militante appelle le président Obama, le ministère de la santé et les services sociaux à réaliser un rapport sur cette pratique aux Etats-Unis. Elle encourage également parents et professeurs à faire plus de pédagogie autour de ces questions pour ne pas que 86 millions de femmes supplémentaires en soient victimes d’ici à 2030, comme le projette l’ONG Plan International.
Forte de ce succès, elle décide de lancer un blog pour que les femmes puissent raconter librement leur histoire. « Beaucoup pensent que les excisions sont un problème lointain. Or j’entends tous les jours des histoires de femmes excisées qui sont nées aux Etats-Unis, des filles que vous connaissez ou avec lesquelles vous allez à l’école », explique-t-elle dans la lettre de la pétition. Les mutilations génitales féminines sont pourtant interdites aux Etats-Unis et considérées comme une violation des droits humains par les Nations unies.
Son combat, focalisé sur les Etats-Unis, s’étend pourtant à l’Afrique, continent où seuls dix-huit pays sur cinquante-quatre ont aboli la pratique. En 2015, le mouvement citoyen initié par Jaha Dukureh a conduit le président gambien Yahya Jammeh à annoncer l’interdiction de l’excision dans le pays alors que la pratique ancestrale était largement répandue. « Je suis fière d’avoir fait avancer les choses à la base et au sommet : les victimes peuvent s’exprimer et les hommes politiques réagissent », se réjouit-elle. Avant 2015, les trois quarts des femmes étaient concernées par ce rite. Mais depuis quelques mois, ceux qui imposent des mutilations sexuelles risquent jusqu’à trois ans de prison et 1 300 dollars d’amende.
Malgré cette avancée, la jeune femme fait face à la colère et aux menaces d’une partie de la communauté gambienne. D’autres lui demandent de revenir au pays. « Je ne veux pas que mes enfants aient à se battre comme j’ai dû le faire, que ce soit contre un mariage précoce ou une excision, raconte-t-elle. Je ne veux pas qu’ils aient à vivre dans la peur. » Pour ses enfants comme pour toutes les victimes, Jaha l’assure, elle se battra « jusqu’au bout ».
« Se taire », Jaha ne le fait que très rarement. Pourtant, lorsqu’elle apprend qu’elle figure dans le Time 100, les mots lui manquent. « J’étais sous le choc, je ne pouvais y croire. Je n’arrivais pas à parler », raconte-t-elle au Monde Afrique.
« Se taire », Jaha l’a fait durant trop d’années. En 1991, alors qu’elle n’a qu’une semaine, elle est excisée. Quinze ans après, elle quitte la Gambie, toute seule, direction les Etats-Unis pour un mariage arrangé. Quelques années plus tard, la jeune Jaha se libère, divorce et décide de lutter contre ce qu’elle a subi.
En 2013, elle crée l’organisation non gouvernementale (ONG) Safe Hands for Girls afin de lutter aux Etats-Unis et dans les pays d’Afrique contre ces violences qui concernent plus de 200 millions de femmes dans le monde, selon les derniers rapports de l’Unicef, du Fonds des Nations unies pour l’enfance et de l’ONG Plan International.
L’ONU s’est fixé pour objectif de faire cesser cette pratique d’ici à 2030, dans le cadre des objectifs de développement adoptés par 193 pays en septembre 2015. Sur les personnes affectées, 44 millions sont âgées de 14 ans ou moins. Dans les 30 pays où les mutilations sont les plus répandues, la majorité des victimes ont été excisées avant d’avoir 5 ans.
Aujourd’hui, Jaha Dukureh profite de sa récompense pour lancer un appel. « J’espère que cette reconnaissance entraînera une prise de conscience plus globale et donnera une plus grande visibilité à notre combat. Aujourd’hui, ceux qui luttent comme nous contre les excisions n’ont pas assez de ressources pour le faire », assène la jeune femme, qui est sortie de l’ombre en 2014.
Cette année-là, la jeune Gambienne, qui vit aujourd’hui à Atlanta avec son deuxième mari et leurs trois enfants, lançait une pétition sur Change.org pour demander la fin de cette pratique. Aux Etats-Unis, elle a réuni plus de 220 000 signatures en moins de deux ans. « Ils ont pris une partie de ma féminité. Et certaines femmes, dont ma demi-sœur, en sont mortes », raconte-t-elle dans la vidéo de campagne.
La militante appelle le président Obama, le ministère de la santé et les services sociaux à réaliser un rapport sur cette pratique aux Etats-Unis. Elle encourage également parents et professeurs à faire plus de pédagogie autour de ces questions pour ne pas que 86 millions de femmes supplémentaires en soient victimes d’ici à 2030, comme le projette l’ONG Plan International.
Forte de ce succès, elle décide de lancer un blog pour que les femmes puissent raconter librement leur histoire. « Beaucoup pensent que les excisions sont un problème lointain. Or j’entends tous les jours des histoires de femmes excisées qui sont nées aux Etats-Unis, des filles que vous connaissez ou avec lesquelles vous allez à l’école », explique-t-elle dans la lettre de la pétition. Les mutilations génitales féminines sont pourtant interdites aux Etats-Unis et considérées comme une violation des droits humains par les Nations unies.
Son combat, focalisé sur les Etats-Unis, s’étend pourtant à l’Afrique, continent où seuls dix-huit pays sur cinquante-quatre ont aboli la pratique. En 2015, le mouvement citoyen initié par Jaha Dukureh a conduit le président gambien Yahya Jammeh à annoncer l’interdiction de l’excision dans le pays alors que la pratique ancestrale était largement répandue. « Je suis fière d’avoir fait avancer les choses à la base et au sommet : les victimes peuvent s’exprimer et les hommes politiques réagissent », se réjouit-elle. Avant 2015, les trois quarts des femmes étaient concernées par ce rite. Mais depuis quelques mois, ceux qui imposent des mutilations sexuelles risquent jusqu’à trois ans de prison et 1 300 dollars d’amende.
Malgré cette avancée, la jeune femme fait face à la colère et aux menaces d’une partie de la communauté gambienne. D’autres lui demandent de revenir au pays. « Je ne veux pas que mes enfants aient à se battre comme j’ai dû le faire, que ce soit contre un mariage précoce ou une excision, raconte-t-elle. Je ne veux pas qu’ils aient à vivre dans la peur. » Pour ses enfants comme pour toutes les victimes, Jaha l’assure, elle se battra « jusqu’au bout ».