Car, c’était le 4 février 2004, quand Atepa me téléphona pour m’informer que le président de la République, Me Abdoulaye Wade, souhaitait me rencontrer le même jour à 22h, en ma qualité de secrétaire général du MFDC.
Très perplexe quant à l’idée de rencontrer le président de la République sans y associer quelques uns de mes collaborateurs, j’acceptai tout de même la main tendue du chef l’Etat. Tout simplement parce que cette main tendue du chef de l’Etat m’était parvenue, ès-qualités, par l’intermédiaire de Atepa. Parce que c’était Atepa. La suite relève du secret d’Etat, et j’entends m’y conformer. J’entends le respecter, en dépit de ce que je suis réputé être un non-républicain par excellence.
En septembre 2004, à la veille de l’assemblée générale extraordinaire du MFDC, prévue le 18 du même mois et convoquée par les tous Responsables Représentatifs de toutes les régions et de tous les départements de la Casamance Naturelle, pour statuer sur les malentendus qui opposaient alors le président du MFDC à son secrétaire général, tandis que j’embarquais à bord d’un avion d’Air Sénégal International, à destination de Ziguinchor à cette même fin, je fus débarqué puis conduit au ministère de l’Intérieur.
Monsieur Cheikh Saadibou Fall était alors ministre de l’Intérieur. En présence du patron national de la police, Monsieur Chékhou Cissé, le ministre m’informa de la décision du président Wade de me rencontrer illico, pour affaire me concernant, avant de s’envoler pour un sommet de la CEDEAO, où il était plus qu’attendu.
Ainsi, à la présidence de la République, je suis d’abord accueilli par le directeur de cabinet, Monsieur Kader SOW, assisté de Atepa. Sans plus tarder, mes interlocuteurs me « cuisinèrent » dans le but de m’aider à me faire à l’idée que je n’étais pas le bienvenu à Ziguinchor à ce moment là, pour des raisons de sécurité. Aussitôt, je compris que je n’avais plus que mes yeux pour pleurer…
1/…
Un peu plus tard, le Président Wade s’introduisit dans la salle d’accueil où nous l’attendions, puis…
* Dites moi, Monsieur Biagui, vous voulez vous rendre à Ziguinchor pour les besoins de l’assemblée générale extraordinaire (AGE) du MFDC, mais il parait que, là-bas, votre vie est en danger…
* Monsieur le président, voulez-vous que je sois honnête ?
* Oui, Monsieur Biagui, vous êtes là pour ça.
* Eh bien ! Monsieur le président, ceux qui, au cœur de l’Etat, le soutiennent, sont ceux-là mêmes qui managent mes tueurs potentiels… Il suffirait qu’ils lèvent le doigt, à l’intention de leurs valets, qui éprouvent par ailleurs la plus grande révérence à leur égard, pour leur demander en l’occurrence de ne pas tuer Biagui, et Biagui ne le sera pas.
* Très bien, je vous comprends, Monsieur Biagui. Moi-même, quand j’étais dans l’opposition, combien de fois avais-je été « tué »…Vous allez donc vous rendre à votre AGE…
C’est alors que Atepa, appuyé on ne pouvait plus solidairement par Monsieur Kader Sow, sortit de sa réserve…
* (Atepa et Kader Sow) : Monsieur le président, quand nous savons ce que nous savons, nous n’avons pas le droit de prendre le moindre risque… Le pays a besoin de ce garçon…
* (Le président) : Vous avez raison, donc Monsieur Biagui, vous êtes assigné à résidence à Dakar jusqu’à nouvel ordre…
Atepa, faut-il le rappeler, a toujours dit, à qui voulait l’entendre, que j’étais son ami, doublé de son jeune frère. Ce qui est rigoureusement vrai.
Aussi, au regard der ce qui précède, si Atepa venait à dire, publiquement, qu’il aurait eu, par moments, à m’aider matériellement à titre personnel, quand bien même ce serait vrai, publiquement, je le nierais, sans sourciller.
Mais si Atepa déclarait qu’il a pu, jadis, avec Monsieur Kader Sow, contribuer à me sauver la vie, je n’aurais plus qu’à courber l’échine : tout simplement, parce que ce serait vrai, fondamentalement.
Certes, tous les deux, Atepa et Monsieur Kader Sow, l’avaient fait pour moi. Je leur en demeure éternellement et incommensurablement reconnaissant. Mais ils l’avaient fait, aussi, du moins par certains égards, pour le pays. En tous les cas, ils l’avaient fait, principalement, pour le président Wade.
…2/…
Au demeurant, si je tiens à faire ce témoignage, c’est précisément parce je n’aime pas, mais alors pas du tout, viscéralement, l’injustice. Je n’aime pas, non plus, tout autant, le défaut délibéré d’honnêteté intellectuelle. Je n’aime pas, on ne peut plus foncièrement, la tortuosité sous toutes ses formes.
J’entends donc balayer d’un revers de main, banalement, quoique avec gravité et radicalité, les accusations proférées contre Atepa quant à sa loyauté à l’égard du président de la République. Et pour cause : souffrez-en encore, Mesdames, Messieurs, même si j’en suis profondément désolé…
A la veille de l’ouverture des négociations de Foundiougne, le 1er février 2005, entre l’Etat et le MFDC, Atepa avait pris sur lui-même de s’embrouiller avec Biagui, secrétaire général du MFDC, c’est-à-dire avec moi-même, au motif que Biagui refusait obstinément de souscrire à ce qu’il considérait lui-même comme une escroquerie politique et un folklore pathétique : pour moi, en effet, ce pouvait être tout, mais guère des négociations de paix.
Certes, je soupçonnais ou suspectais Atepa d’être de mon avis. Mais il se devait d’être loyal à l’égard du président de la République, dont il était alors un conseiller spécial loyal. Et il s’y est tenu. A mes dépens, donc, à moi son jeune frère, doublé de son ami, il était resté loyal à Me Abdoulaye Wade, sans équivoque aucune, mais alors aucune !
Inutile que j’évoque ici à quel point j’avais été, alors, à plaindre.
Par conséquent, que l’on ne vienne pas, aujourd’hui, nous dresser, de manière si diabolique, contre Atepa, encore moins nous convaincre que Atepa se serait essayé à je ne sais quel exercice de déloyauté à l’égard du président de la République, Me Abdoulaye Wade. Non ! Non ! Non !...Soixante dix sept fois sept fois ‘‘NON !’’
Tout le monde en convient, Atepa a toujours revendiqué sa qualité de chrétien catholique. Qu’il souffre jusque dans sa chair, et même plus que tous les autres chrétiens réunis du Sénégal, du fait de sa proximité relativement intime avec le chef de l’Etat, suite aux propos méprisants et insultants du président Wade à l’égard de la communauté chrétienne, celui-ci devrait être le premier, sinon le seul, à le COMPRENDRE, à COMPRENDRE Atepa. Mais qu’il le soupçonne, un temps soit peu, de déloyauté à l’égard de l’institution qu’est la présidence de la République, quand Me Wade sait ce qu’il sait, je trouve cela petit, au mieux ; et sans nom, au pire.
Monsieur Robert Sagna, ancien ministre d’Etat, ancien ministre de la République pendant 22 ans sans discontinuité et ancien maire de Ziguinchor pendant près de deux décennies, aujourd’hui leader du parti RSD/TDS, disait de Wade, le temps d’une campagne électorale (c’était à la dernière présidentielle), qu’il n’aimait pas la Casamance. Eh bien, moi je dis, au vu des derniers développements dans l’exercice de son magistère, que Me Wade n’aime pas le Sénégal.
…3/…
Sinon, comment comprendre cette propension, peut-être même cette aptitude – pour Me Abdoulaye Wade, fût-ce de manière conjoncturelle, voire à la carte ou à la tête du client – à éprouver la plus grande aversion pour les seuls vrais conseillers qui savent, en l’occurrence, lui donner des conseils non courtisans, au nom de la République et dans le seul intérêt de la République ?
Le journaliste et politologue, Babacar Justin Ndiaye, aime à rappeler, à l’intention de tous et de chacun, sans exclusive aucune, qu’un conseiller technique ou spécial, et même spécieux, c’est fait pour boxer les idées, les convictions et, surtout, surtout, les préjugés de leurs mentors. Moi Biagui, j’y crois, profondément, fatalement.
Villeurbanne, le 16 janvier 2010
Jean-Marie François BIAGUI
Secrétaire Général du MFDC
Très perplexe quant à l’idée de rencontrer le président de la République sans y associer quelques uns de mes collaborateurs, j’acceptai tout de même la main tendue du chef l’Etat. Tout simplement parce que cette main tendue du chef de l’Etat m’était parvenue, ès-qualités, par l’intermédiaire de Atepa. Parce que c’était Atepa. La suite relève du secret d’Etat, et j’entends m’y conformer. J’entends le respecter, en dépit de ce que je suis réputé être un non-républicain par excellence.
En septembre 2004, à la veille de l’assemblée générale extraordinaire du MFDC, prévue le 18 du même mois et convoquée par les tous Responsables Représentatifs de toutes les régions et de tous les départements de la Casamance Naturelle, pour statuer sur les malentendus qui opposaient alors le président du MFDC à son secrétaire général, tandis que j’embarquais à bord d’un avion d’Air Sénégal International, à destination de Ziguinchor à cette même fin, je fus débarqué puis conduit au ministère de l’Intérieur.
Monsieur Cheikh Saadibou Fall était alors ministre de l’Intérieur. En présence du patron national de la police, Monsieur Chékhou Cissé, le ministre m’informa de la décision du président Wade de me rencontrer illico, pour affaire me concernant, avant de s’envoler pour un sommet de la CEDEAO, où il était plus qu’attendu.
Ainsi, à la présidence de la République, je suis d’abord accueilli par le directeur de cabinet, Monsieur Kader SOW, assisté de Atepa. Sans plus tarder, mes interlocuteurs me « cuisinèrent » dans le but de m’aider à me faire à l’idée que je n’étais pas le bienvenu à Ziguinchor à ce moment là, pour des raisons de sécurité. Aussitôt, je compris que je n’avais plus que mes yeux pour pleurer…
1/…
Un peu plus tard, le Président Wade s’introduisit dans la salle d’accueil où nous l’attendions, puis…
* Dites moi, Monsieur Biagui, vous voulez vous rendre à Ziguinchor pour les besoins de l’assemblée générale extraordinaire (AGE) du MFDC, mais il parait que, là-bas, votre vie est en danger…
* Monsieur le président, voulez-vous que je sois honnête ?
* Oui, Monsieur Biagui, vous êtes là pour ça.
* Eh bien ! Monsieur le président, ceux qui, au cœur de l’Etat, le soutiennent, sont ceux-là mêmes qui managent mes tueurs potentiels… Il suffirait qu’ils lèvent le doigt, à l’intention de leurs valets, qui éprouvent par ailleurs la plus grande révérence à leur égard, pour leur demander en l’occurrence de ne pas tuer Biagui, et Biagui ne le sera pas.
* Très bien, je vous comprends, Monsieur Biagui. Moi-même, quand j’étais dans l’opposition, combien de fois avais-je été « tué »…Vous allez donc vous rendre à votre AGE…
C’est alors que Atepa, appuyé on ne pouvait plus solidairement par Monsieur Kader Sow, sortit de sa réserve…
* (Atepa et Kader Sow) : Monsieur le président, quand nous savons ce que nous savons, nous n’avons pas le droit de prendre le moindre risque… Le pays a besoin de ce garçon…
* (Le président) : Vous avez raison, donc Monsieur Biagui, vous êtes assigné à résidence à Dakar jusqu’à nouvel ordre…
Atepa, faut-il le rappeler, a toujours dit, à qui voulait l’entendre, que j’étais son ami, doublé de son jeune frère. Ce qui est rigoureusement vrai.
Aussi, au regard der ce qui précède, si Atepa venait à dire, publiquement, qu’il aurait eu, par moments, à m’aider matériellement à titre personnel, quand bien même ce serait vrai, publiquement, je le nierais, sans sourciller.
Mais si Atepa déclarait qu’il a pu, jadis, avec Monsieur Kader Sow, contribuer à me sauver la vie, je n’aurais plus qu’à courber l’échine : tout simplement, parce que ce serait vrai, fondamentalement.
Certes, tous les deux, Atepa et Monsieur Kader Sow, l’avaient fait pour moi. Je leur en demeure éternellement et incommensurablement reconnaissant. Mais ils l’avaient fait, aussi, du moins par certains égards, pour le pays. En tous les cas, ils l’avaient fait, principalement, pour le président Wade.
…2/…
Au demeurant, si je tiens à faire ce témoignage, c’est précisément parce je n’aime pas, mais alors pas du tout, viscéralement, l’injustice. Je n’aime pas, non plus, tout autant, le défaut délibéré d’honnêteté intellectuelle. Je n’aime pas, on ne peut plus foncièrement, la tortuosité sous toutes ses formes.
J’entends donc balayer d’un revers de main, banalement, quoique avec gravité et radicalité, les accusations proférées contre Atepa quant à sa loyauté à l’égard du président de la République. Et pour cause : souffrez-en encore, Mesdames, Messieurs, même si j’en suis profondément désolé…
A la veille de l’ouverture des négociations de Foundiougne, le 1er février 2005, entre l’Etat et le MFDC, Atepa avait pris sur lui-même de s’embrouiller avec Biagui, secrétaire général du MFDC, c’est-à-dire avec moi-même, au motif que Biagui refusait obstinément de souscrire à ce qu’il considérait lui-même comme une escroquerie politique et un folklore pathétique : pour moi, en effet, ce pouvait être tout, mais guère des négociations de paix.
Certes, je soupçonnais ou suspectais Atepa d’être de mon avis. Mais il se devait d’être loyal à l’égard du président de la République, dont il était alors un conseiller spécial loyal. Et il s’y est tenu. A mes dépens, donc, à moi son jeune frère, doublé de son ami, il était resté loyal à Me Abdoulaye Wade, sans équivoque aucune, mais alors aucune !
Inutile que j’évoque ici à quel point j’avais été, alors, à plaindre.
Par conséquent, que l’on ne vienne pas, aujourd’hui, nous dresser, de manière si diabolique, contre Atepa, encore moins nous convaincre que Atepa se serait essayé à je ne sais quel exercice de déloyauté à l’égard du président de la République, Me Abdoulaye Wade. Non ! Non ! Non !...Soixante dix sept fois sept fois ‘‘NON !’’
Tout le monde en convient, Atepa a toujours revendiqué sa qualité de chrétien catholique. Qu’il souffre jusque dans sa chair, et même plus que tous les autres chrétiens réunis du Sénégal, du fait de sa proximité relativement intime avec le chef de l’Etat, suite aux propos méprisants et insultants du président Wade à l’égard de la communauté chrétienne, celui-ci devrait être le premier, sinon le seul, à le COMPRENDRE, à COMPRENDRE Atepa. Mais qu’il le soupçonne, un temps soit peu, de déloyauté à l’égard de l’institution qu’est la présidence de la République, quand Me Wade sait ce qu’il sait, je trouve cela petit, au mieux ; et sans nom, au pire.
Monsieur Robert Sagna, ancien ministre d’Etat, ancien ministre de la République pendant 22 ans sans discontinuité et ancien maire de Ziguinchor pendant près de deux décennies, aujourd’hui leader du parti RSD/TDS, disait de Wade, le temps d’une campagne électorale (c’était à la dernière présidentielle), qu’il n’aimait pas la Casamance. Eh bien, moi je dis, au vu des derniers développements dans l’exercice de son magistère, que Me Wade n’aime pas le Sénégal.
…3/…
Sinon, comment comprendre cette propension, peut-être même cette aptitude – pour Me Abdoulaye Wade, fût-ce de manière conjoncturelle, voire à la carte ou à la tête du client – à éprouver la plus grande aversion pour les seuls vrais conseillers qui savent, en l’occurrence, lui donner des conseils non courtisans, au nom de la République et dans le seul intérêt de la République ?
Le journaliste et politologue, Babacar Justin Ndiaye, aime à rappeler, à l’intention de tous et de chacun, sans exclusive aucune, qu’un conseiller technique ou spécial, et même spécieux, c’est fait pour boxer les idées, les convictions et, surtout, surtout, les préjugés de leurs mentors. Moi Biagui, j’y crois, profondément, fatalement.
Villeurbanne, le 16 janvier 2010
Jean-Marie François BIAGUI
Secrétaire Général du MFDC