«Absurde», «trop bête», «décevant», «honteux», «De qui se moque-t-on?»… les déceptions se multiplient à Londres, trois jours après une cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques pourtant unanimement saluée. Côté tribunes, l'organisation anglaise ne semble pas avoir été aussi parfaite. C'est le sentiment de nombreux Londoniens et visiteurs, interloqués face aux centaines de sièges inoccupés sur plusieurs sites olympiques. Pour la gymnastique, autour du gazon mythique de Wimbledon, et même pour la populaire natation… peu de sports ont échappé au phénomène. «C'est le cas sur les qualifications du matin, mais le soir, c'est archi-plein, a toutefois constaté à l'Aquatic Center Igor Huzon, le président d'Eventeam (billetterie officielle pour la France).
La situation colle pourtant difficilement avec le discours du comité organisateur anglais (Locog) et les billetteries officielles, qui déclarent depuis des mois être à court de billet. Une pénurie artificielle pour vendre plus cher? La déduction est trop rapide. La disposition des places vides (par blocs entiers) laisse plutôt croire à une désertion des «invités»: hauts cadres des sponsors, clients invités par les entreprises, VIP gracieusement conviés par le comité organisateur…
Enquête ouverte en urgence
Des privilégiés qui feraient donc la fine bouche. Suffisant pour provoquer la colère des dizaines de citoyens lambda n'ayant pu se procurer le précieux sésame. Avec 12 % des places réservées aux comités olympiques nationaux, 8 % aux sponsors, et 5 % aux fédérations internationales et au CIO, les sièges restants sont très convoités. Face à la grogne montante, le président du Locog, Sebastian Coe, a réagi en expliquant que la plupart des sites étaient «pleins à craquer», et que les sponsors «n'y étaient pour rien».
«Tous les clients invités et VIP se sont manifestés» confirme-t-on chez Eventeam, qui se charge aussi de leur transport. Selon Seb Coe, ces sièges vacants sont ceux réservés à la «famille olympique»: les athlètes, les fédérations sportives, quelques médias, qui soit ne se sont pas déplacés, soit sont trop occupés en ce début de compétition… pluvieux et avare en médaille.
Cette tentative de désamorcer la colère des Anglais ne masque pas un embarras certain du côté des organisateurs. Sebastian Coe a déclaré que le phénomène n'était «pas rare dans les phases préliminaires» des JO et «n'allait pas durer». Mais à côté, le Locog a lancé en toute urgence une enquête pour comprendre le fin mot de cette situation. L'enjeu en terme d'image est crucial, à la fois pour les supporteurs ayant payé leur place au prix fort, mais aussi pour prouver que les recettes de billetterie du Locog ont été optimales. Avec 8,8 millions de tickets mis en vente (75 % pour le public) et près de 500 millions d'euros de recettes attendues, la billetterie ne représente que 7,5 % des recettes espérées de ces Jeux. Mais elle n'a cessé de provoquer des polémiques très mauvaises en terme d'image, avec notamment un système assez obscur d'attribution en Grande-Bretagne.
L'agacement gagne les athlètes
Tout aussi embarrassant, les athlètes eux-mêmes commencent à montrer leur mécontentement, comme ce tennisman indien qui a tweeté sa colère de ne pas arriver à acheter de place pour sa femme pour son match du lendemain. «Toujours pas, alors que les lieux sont vides ici. Absurde!» s'est-il ainsi écrié sur son compte.
En attendant que la lumière soit faite, les plus chanceux sont les militaires et leurs familles, ainsi que les étudiants et professeurs anglais qui se sont vu attribué gratuitement hier des places pour venir combler les tribunes trop dégarnies. Si cette situation perdurait, le Locog a précisé qu'il réfléchirait à un (improbable) système de réattribution des places vacantes 30 minutes avant le début des épreuves. Une solution déjà testée à Roland-Garros, où le code-barres sur les billets permet de connaître en temps réel les présents dans l'enceinte, et de satisfaire les déçus le temps que les absents arrivent. «Sur un événement comme celui-ci où les problèmes de transport peuvent expliquer les sièges vides, un tel système serait très délicat à mettre en place» tempère toutefois Igor Juzon.
Par Olivia Derreumaux
La situation colle pourtant difficilement avec le discours du comité organisateur anglais (Locog) et les billetteries officielles, qui déclarent depuis des mois être à court de billet. Une pénurie artificielle pour vendre plus cher? La déduction est trop rapide. La disposition des places vides (par blocs entiers) laisse plutôt croire à une désertion des «invités»: hauts cadres des sponsors, clients invités par les entreprises, VIP gracieusement conviés par le comité organisateur…
Enquête ouverte en urgence
Des privilégiés qui feraient donc la fine bouche. Suffisant pour provoquer la colère des dizaines de citoyens lambda n'ayant pu se procurer le précieux sésame. Avec 12 % des places réservées aux comités olympiques nationaux, 8 % aux sponsors, et 5 % aux fédérations internationales et au CIO, les sièges restants sont très convoités. Face à la grogne montante, le président du Locog, Sebastian Coe, a réagi en expliquant que la plupart des sites étaient «pleins à craquer», et que les sponsors «n'y étaient pour rien».
«Tous les clients invités et VIP se sont manifestés» confirme-t-on chez Eventeam, qui se charge aussi de leur transport. Selon Seb Coe, ces sièges vacants sont ceux réservés à la «famille olympique»: les athlètes, les fédérations sportives, quelques médias, qui soit ne se sont pas déplacés, soit sont trop occupés en ce début de compétition… pluvieux et avare en médaille.
Cette tentative de désamorcer la colère des Anglais ne masque pas un embarras certain du côté des organisateurs. Sebastian Coe a déclaré que le phénomène n'était «pas rare dans les phases préliminaires» des JO et «n'allait pas durer». Mais à côté, le Locog a lancé en toute urgence une enquête pour comprendre le fin mot de cette situation. L'enjeu en terme d'image est crucial, à la fois pour les supporteurs ayant payé leur place au prix fort, mais aussi pour prouver que les recettes de billetterie du Locog ont été optimales. Avec 8,8 millions de tickets mis en vente (75 % pour le public) et près de 500 millions d'euros de recettes attendues, la billetterie ne représente que 7,5 % des recettes espérées de ces Jeux. Mais elle n'a cessé de provoquer des polémiques très mauvaises en terme d'image, avec notamment un système assez obscur d'attribution en Grande-Bretagne.
L'agacement gagne les athlètes
Tout aussi embarrassant, les athlètes eux-mêmes commencent à montrer leur mécontentement, comme ce tennisman indien qui a tweeté sa colère de ne pas arriver à acheter de place pour sa femme pour son match du lendemain. «Toujours pas, alors que les lieux sont vides ici. Absurde!» s'est-il ainsi écrié sur son compte.
En attendant que la lumière soit faite, les plus chanceux sont les militaires et leurs familles, ainsi que les étudiants et professeurs anglais qui se sont vu attribué gratuitement hier des places pour venir combler les tribunes trop dégarnies. Si cette situation perdurait, le Locog a précisé qu'il réfléchirait à un (improbable) système de réattribution des places vacantes 30 minutes avant le début des épreuves. Une solution déjà testée à Roland-Garros, où le code-barres sur les billets permet de connaître en temps réel les présents dans l'enceinte, et de satisfaire les déçus le temps que les absents arrivent. «Sur un événement comme celui-ci où les problèmes de transport peuvent expliquer les sièges vides, un tel système serait très délicat à mettre en place» tempère toutefois Igor Juzon.
Par Olivia Derreumaux