Des milliers de personnes, y compris la reine Rania, ont défilé vendredi à Amman pour condamner l'exécution du pilote jordanien par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) que le gouvernement a promis de détruire.
Le chef de la diplomatie Nasser Joudeh affirmé à la chaîne américaine Fox News que les frappes jordaniennes avaient ciblé jeudi des objectifs de l'EI aussi bien en Syrie qu'en Irak. C'est la première fois que le royaume fait état de raids aériens en Irak.
Après la prière hebdomadaire musulmane, une foule des manifestants a appelé à punir l'EI, en arborant des drapeaux jordaniens et des photos du pilote Maaz al-Kassasbeh, brûlé vif par l'EI qui l'avait capturé en décembre après le crash de son avion en Syrie.
"Nous sommes tous Maaz", "Nous sommes tous la Jordanie", "Oui à la punition, Oui à l'éradication du terrorisme", affirmaient des pancartes, en signe de soutien également au roi et à l'armée dans leur lutte antijihadistes.
La reine Rania, un keffieh à damiers rouge et blanc sur les épaules, a participé à la manifestation, tout comme des représentants de partis politiques, de la société civile et des militants.
"Nous sommes ici pour exprimer notre colère. Nous sommes tous des soldats au service de notre commandant et sommes prêts à combattre Daech (acronyme en arabe de l'EI) pour venger notre pilote", a dit à l'AFP l'un des manifestants à Amman, Youssef Al-Soud, 40 ans.
- Frappes jordaniennes en Irak -
L'atrocité de l'exécution a poussé l'ensemble des Jordaniens à se ranger derrière leur gouvernement, donnant une "légitimité populaire" à la participation du royaume aux frappes de la coalition internationale contre l'EI.
Mardi, ce groupe, responsable d'atrocités dans les régions qu'il occupe en Syrie et en Irak, a franchi un nouveau palier dans l'horreur en diffusant une vidéo montrant le pilote enfermé dans une cage en métal, puis brûlé vif à l'essence.
Le roi Abdallah II a promis une "riposte sévère" à cette exécution avant de se rendre jeudi chez la famille du pilote à Karak, à 120 km d'Amman, pour offrir ses condoléances.
Le même jour, des dizaines d'avions jordaniens ont mené des frappes contre des camps d'entraînement et des dépôts d'armes de l'EI, dans le cadre de l'opération "Martyr Maaz".
Ces frappes "ne sont que le début de notre vengeance", a déclaré le chef de la diplomatie Nasser Joudeh à la chaîne CNN. "Tout membre de Daech est une cible. Nous les pourchasserons et nous les éradiquerons".
Alors que Fox News lui demandait si les avions jordaniens avaient mené jeudi des raids en Irak et en Syrie, il a répondu: "C'est vrai. Aujourd'hui plus en Syrie qu'en Irak (...) Ils sont en Irak et en Syrie et par conséquent il faut les cibler n'importe où qu'ils se trouvent".
La Jordanie jusque-là avait dit participer depuis septembre aux frappes de la coalition en Syrie.
- Faciliter les opérations de secours -
Dans une première mesure de représailles, la Jordanie a pendu mercredi deux jihadistes irakiens condamnés à mort y compris une femme dont la libération avait été réclamée par l'EI.
Avec la terrible exécution du pilote, l'EI, fort de dizaines de milliers de combattants, a voulu dissuader ses ennemis arabes et occidentaux de poursuivre leur lutte antijihadistes, d'après des experts.
Selon le quotidien gouvernemental Al-Ittihad d'Abou Dhabi, les Emirats arabes unis ont suspendu, après la capture du Jordanien, leur participation aux frappes en Syrie en raison du manque de moyens de sauvetage des pilotes et du non-armement des tribus sunnites d'Al-Anbar (Irak) pour faire face à l'EI.
Après ce premier reproche, Washington a positionné dans le nord de l'Irak des équipes de sauvetage pour faciliter d'éventuelles opérations de secours de pilotes, selon un responsable américain.
L'EI a revendiqué l'exécution de nombreux otages dont deux Japonais, trois Américains et deux Britanniques.
Accusé de crimes contre l'humanité, l'EI a profité de la guerre en Syrie et de l'instabilité en Irak pour s'emparer de larges pans de territoire sur lesquels il impose ses propres lois.
Ses atrocités sont à chaque fois condamnées par une communauté internationale horrifiée mais qui pour le moment semble incapable de les stopper.