Elles sont géologues, conductrices d’engins lourds, potières, mareyeuses, agricultrices. De Goudomp à Dagana, en passant par Oussouye, Dakar, des femmes ont fini par briser toutes les barrières, déconstruire les stéréotypes. Des métiers qui étaient exclusivement réservés aux hommes sont aujourd’hui la chasse gardée des femmes. À travers cette série de portraits, reportages, « Le Soleil » met en avant ces femmes leaders à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes célébrée chaque 8 mars.
GOUDOMP
Quand des mareyeuses tiennent leur ménage
Dans le département de Goudomp, les femmes font partie de la frange de la population la plus active. Elles tiennent l’économie de la zone et font vivre des familles. Dans un environnement connu pour l’importance de sa production halieutique dominée par des hommes, des femmes parviennent à y évoluer avec succès.
GOUDOMP – Pendant que Goudomp est plongé dans une nuit calme et que sa population dort, une autre partie de la ville vit. Au large du fleuve de la Casamance, les activités ne s’arrêtent pas. Assises sur la rive, seaux et bassines posés çà et là, des femmes de tous les âges attendent que des pirogues accostent pour se procurer du poisson qu’elles iront revendre tôt le matin à Ziguinchor. « Elles sont là à toute heure de la nuit », confie un pêcheur d’un certain âge. Quelques-uns de ces pêcheurs qui ont ramené très tôt du poisson à cette heure déversent leurs produits sur la plage. Le groupe de femmes se rue vers les pirogues, chacune se procurant la variété qu’elle désire. Pour les gens de la mer, la pêche a été bonne… Une ambiance bon enfant s’est installée sur la plage, malgré la pénombre qui habille d’un voile triste le spectacle qu’offre cette zone. Ce soir, ce sont des poissons du genre : « Tambadiang », « wass », « thialo » qui ont été pris aux filets des pêcheurs. Les bonnes femmes marchandent pendant que d’autres prennent à crédit et doivent payer après leur prochain passage sur les lieux. Une grande solidarité prévaut ainsi entre les femmes et les pêcheurs.
Balayée par la brise marine, la plage sent l’odeur du poisson frais un peu partout. Dans cet environnement, la silhouette d’une dame se dégage. Taille moyenne, Sokhna Kane, la cinquantaine bien sonnante, est assise en compagnie de ses collègues mareyeuses dont certaines, comme notre interlocutrice, sont accompagnées de leurs filles. Ces dernières sont déjà impliquées dans la vente de poissons. Après avoir pris sa commande, ses filles l’aident à rapporter le produit à la maison. Sokhna Kane est très connue à Goudomp et dans toute la Casamance à travers son activité de mareyeuse. Elle la tient de son pater qui fut un célèbre pêcheur à Goudomp avec la même popularité que sa fille. Analphabète, car n’ayant pas fréquenté l’école française, elle accompagnait son père depuis ses 13 ans. Et dans cette frénésie de la vie, elle a toujours vécu dans cet univers marin. Et quand son père fut gagné par la vieillesse et la maladie, elle a naturellement pris le relais en réussissant à évoluer dans le milieu où tout le monde la connaissait déjà. « J’étais très proche de mon père. Il avait emmené mes frères et sœurs au Djolof dès le bas-âge. Alors je me devais de me battre pour ne dépendre de personne lorsqu’il ne pouvait plus travailler. C’est ainsi que j’ai pris en charge la famille », a-t-elle raconté.
Sur ses débuts, elle explique que ce fut à une époque où le poisson ne se faisait pas rare et où avec la modique somme de 1000 FCfa, on pouvait acquérir une bassine remplie de poissons qu’elle allait vendre à Ziguinchor. À son retour de la capitale régionale et après avoir écoulé sa marchandise, elle s’occupait de ses tâches ménagères en cuisinant pour la famille. Une vie qu’elle a menée pendant plus de 20 ans avant de voir ses filles grandir et la soutenir. Elle était encouragée par un époux pêcheur qui comprenait son travail en l’aidant. Dans sa grande concession qui se trouve à quelques poignées de mètres du fleuve, Sokhna a pu construire un imposant bâtiment avec le minimum de confort à l’intérieur. Elle y a même installé un climatiseur. La bravoure d’une femme qui, à force de courage, a réussi à s’imposer dans un environnement souvent dominé par des hommes. Ces derniers reviennent de la mer à n’importe quelle heure pour appeler les femmes à venir récupérer leurs produits. « Ils nous appellent même à 3 h ou 4 h du matin pour nous informer qu’ils ont accosté. On sort à cette heure pour aller récupérer le produit et se préparer à aller à Ziguinchor à 5 h. On met de la glace pour éviter que le poisson ne pourrisse. Nous nous battons pour ne pas dépendre que de nos époux ou nos parents », insiste-t-elle sur le combat continu qu’elle entreprend tous les jours pour survivre sans dépendre de personne. Elle n’est pas la seule. Ce sont des centaines de femmes à Goudomp qui s’activent dans ce commerce et se lèvent à l’aube pour écouler leur marchandise à Ziguinchor. « Si on arrive à trouver du poisson, on gagne beaucoup d’argent. Mais actuellement, le poisson se fait rare », dit-elle. Son constat sur la rareté du poisson est reconnu par plusieurs gens de la mer qui ne cessent de se plaindre. Plusieurs phénomènes que notre interlocutrice énumère expliquent cet état de fait. Il s’agit de la salinisation, de la destruction de la mangrove, de l’utilisation des filets non certifiés à la pêche. Un problème qui a fini d’installer l’inquiétude chez les gens de la mer et les mareyeurs.
Au quartier Doumassou, appelé aussi Escale, le secteur des Walo-Walo, on constate la présence massive de Peuls. Assise à la devanture de leur maison, Awa Sarr discute avec une partie de sa famille dont son époux en profitant de la brise marine de la nuit. La quadra, à qui on aurait donné plus que son âge, est aussi une brave dame vendeuse de poissons. Sa fille s’active dans la vente des crevettes. Cette dernière, à 23 ans, est l’une des plus grandes commerçantes de cette zone. Awa Sarr confie qu’elle est d’une famille de pêcheurs. Elle fait savoir que son père était l’un des plus célèbres pêcheurs en Casamance. « Le plus souvent, nous vendons à perte. Aujourd’hui, nous avons besoin d’usines de stockage du poisson. Car, tous les jours nous sommes obligées de vendre notre poisson en le bazardant à Ziguinchor. Si on ne le fait pas, on ne peut le rapporter à Goudomp parce que le produit va pourrir », s’est-elle désolée. Elle soutient que l’État devrait soutenir les pêcheurs en leur octroyant de bonnes pirogues, des filets adéquats pour que les mareyeuses reçoivent du bon poisson à revendre.
Sa fille, Aissatou Diop, assise à ses côtés, et manipulant son téléphone, discute avec ses clients. Elle se déplace le plus souvent à Ziguinchor. Elle confie qu’il arrive qu’elle ait à sa disposition plus de 200 kg de crevettes par jour. Ce qui équivaut à cinq bassines remplies. « Il m’arrive d’acheter le kg à Goudomp à 2000 FCfa et de le revendre à Ziguinchor à 1500 FCfa pour ne pas rentrer avec le produit. Certaines personnes prennent à crédit d’autres achètent moins cher », dit-elle, sollicitant des autorités des camions frigorifiques. La demoiselle confie qu’elle a laissé des millions entre les mains de personnes qui n’arrivent pas à la rembourser. « Je ne regrette pas d’avoir fréquenté l’école. Le plus important dans la vie pour moi, c’est la réussite. Elle ne s’acquiert pas seulement à l’école. Que l’État nous soutienne dans nos projets, ce serait la meilleure manière de donner du travail aux jeunes. Mon rêve aujourd’hui, c’est de payer un terrain soit à Goudomp soit à Ziguinchor de préférence et le construire », dit-elle.
Bineta Ndiaye est assise sur un banc, les bras croisés causant avec une amie. Elle a la même doléance que les autres. La trentaine, elle s’active, elle aussi, dans la vente du poisson. « Nous ne faisons que cela depuis qu’on est à Goudomp. Donc, il faut qu’on nous appuie pour qu’on évolue », conclut-elle. Cycle de vie de braves femmes qui disent ne jamais baisser les bras et ne dépendre de personne.
Samba DIAMANKA (Correspondant)
AÏDA DIOP NDIAYE, GÉOLOGUE
Femme de tête en terrain miné
Aïda Diop Ndiaye est en terrain connu lorsqu’il s’agit de parler de géologie. Elle maitrise son sujet sur le bout des doigts. Bien qu’évoluant dans un métier dit masculin, la géologue ne se laisse pas faire et milite pour déconstruire les stéréotypes dans le secteur : mine de rien !
Aïda Diop Ndiaye est la présidente du Réseau national des femmes du secteur des mines, du pétrole et du gaz (Women in mining in Sénégal). Au siège du Women in mining in Sénégal (Wim), elle est sur tous les fronts. La trentenaire suit une réunion en ligne. Quelques minutes plus tard, elle nous reçoit dans son bureau. Les tons gris de ce lieu laissent penser à une certaine froideur. Mais que nenni ! Les photos accrochées au mur témoignent de l’attachement de la présidente pour la promotion des femmes dans le secteur extractif. Cette militante est bien loin du style formel. Elle reçoit en taille basse wax, accompagné d’un foulard parfaitement noué. Cette tenue colorée contraste avec son teint d’ébène. Rien ne laisse penser que Aïda Diop Ndiaye évolue dans la géologie. Et pourtant, elle en a fait du chemin quitte à marcher sur des champs de mine rien que pour vivre sa vocation.
Des diplômes. Aïda Diop Ndiaye en a à la pelle. La trentenaire a très tôt su faire preuve de persévérance. Une qualité qu’il lui a fallu pour avancer dans son milieu. Après des études scientifiques, elle a suivi une formation en sciences naturelles et enchaîné avec un master en géologie. Sa quête du savoir se poursuit avec un master en qualité, sécurité et environnement, des formations en Afrique du Sud, en Australie sur l’économie minière et énergétique, sur le genre, le leadership, le développement du secteur extractif, sur la gouvernance des industries extractives. Des efforts qui finissent par faire sortir de terre des distinctions. « J’ai été lauréate du hackaton Min’Ovation 2018. Je fais partie du top 100 des femmes les plus influentes dans le secteur minier à travers le monde et 5e sur le classement Africain en 2020 d’après le Wim du Royaume-Uni. J’ai également fait partie des 15 femmes leaders de référence pour l’autonomisation économique des femmes en 2023 par le Ministère de la Femme », dit-elle avec fierté. En dépit de ses récompenses qui motivent la présidente du Réseau national des femmes du secteur des mines, du pétrole et du gaz, les préjugés sont sortis de terre. Comme un caillou dans la chaussure !
Secousses d’une vocation
« Le fait que cela soit des secteurs à dominance masculine nécessite du courage, de l’engagement pour montrer que la femme a sa place dans ces secteurs. Cela nécessite également d’être prête à faire face aux préjugés », révèle-t-elle sans sourciller. À ses débuts, Aïda Diop Ndiaye a dû essuyer quelques remarques. « Je me rappelle qu’il y avait des interrogations par rapport à mon choix de carrière, des inquiétudes liées à mon rapport à la féminité », se souvient-elle, la mine déconfite. Mais, la géologue a compris que cela ne doit pas être un facteur bloquant. « C’est avant tout un métier qu’on assume. Car, le travail n’a pas de sexe. C’est d’ailleurs, une des missions du Wim, à savoir amener à jeter un autre regard sur le secteur », dit-elle avec conviction.
Le potentiel de la femme n’a pas de limites. En terre, sur mer, dans les airs ou encore sous la terre, elle est toujours prête à repousser tous les obstacles pour baliser son chemin. C’est la conviction d’Aïda Diop. De technicienne géologue dans la région de Kédougou où elle faisait de la cartographie de terrain, elle est passée à cheffe de département d’une entreprise minière. Un destin tracé à coup de pioche qu’elle s’évertue de transmettre à la jeune génération à travers le Réseau national des femmes du secteur des mines, du pétrole et du gaz (Women in mining in Sénégal).
Déterrer le potentiel des femmes
Aïda Diop Ndiaye a trouvé aux mines les chemins du succès et depuis, la géologue laboure la voie pour ses sœurs. À travers le réseau créé en 2012, la présidente est à pied d’œuvre pour plus de place au soleil pour les femmes du secteur. Mais, cela n’a rien d’étonnant car, la trentenaire a très tôt hérité du militantisme. À l’âge de sept ans, elle accompagnait sa mère dans les combats pour la cause féminine. La continuité d’un destin déjà tout tracé. « J’ai participé et contribué à l’élaboration de la réforme du Code minier de 2016 ; ce qui a permis d’avoir des résultats phares dans la prise en compte de la dimension genre », explique la présidente du Wim. Le réseau a su mettre en place plus de cinq réseaux communautaires de femmes qui polarisent plus de 50.000 femmes et jeunes leaders. « L’objectif est d’encourager les femmes à aller dans la synergie pour pouvoir capter plus les opportunités de marché », estime Mme Ndiaye. Depuis 2016, le Wim a également mis en place un programme de mentorat pour initier aux filières scientifiques et sensibiliser sur les opportunités professionnelles du secteur avec plus d’une dizaine de clubs dédiés. « Le fait que nous soyons sous-représentées dans ce secteur nous a poussées à œuvrer pour préparer la relève », reconnait-elle.
L’une des particularités du Wim est la production de rapports. Avec des techniciennes qui sont au cœur de la création, la recherche constitue le point de départ de leurs interventions. « Nous arrivons à développer cet indice genre dans les industries extractives et à renforcer les données désagrégées sur le sexe et de suivre l’évolution de la situation des femmes dans le secteur à travers des dimensions en termes de gouvernance, de représentation, d’intégration dans les politiques publiques, entreprenariat, impact local, artisanat minier », informe-t-elle.
Aïda Diop Ndiaye ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et se dit plus que jamais déterminée à militer pour l’autonomisation économique des femmes, une plus grande présence des femmes dans le secteur et la déconstruction des préjugés dans le secteur : comme marcher sur un terrain miné !
Arame NDIAYE
FATOU BINTOU DIOP, CONDUCTRICE D’ENGIN À LA CSS
Quand la passion dépasse les limites
Elle est considérée comme l’une des pionnières de la conduite d’engins lourds de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css). Fatou Bintou Diop a l’art de conduire les gros engins. Sa passion pour ce métier fait d’elle un parfait exemple de réussite dans un secteur largement dominé par les hommes.
Ibrahima MBAYE (Correspondant)
DAGANA – Au volant de son engin de la marque allemande John Deere, Fatou Bintou Diop a trouvé sa voie. À 46 ans, elle est conductrice d’engins lourds à la Compagnie sucrière sénégalaise (Css). Elle fait partie, depuis 2016, des premières conductrices de l’entreprise. Derrière sa mine joviale, se cache une femme dégourdie, rompue à la tâche dans un secteur largement dominé par les hommes. Loin des clichés et des considérations qui placent souvent les femmes dans les seconds rôles, Fatou Bintou Diop vient rompre ces stéréotypes grâce à son courage et sa détermination dans un métier qui nécessite un savoir-faire méticuleux. Sa passion pour les engins lourds remonte à sa tendre enfance. La petite Fatou manifestait un réel plaisir à conduire des machines ainsi que des camions. Inspirée par une Malienne qui faisait la liaison Dakar-Bamako, elle se donnait la peine de suivre ses œuvres à travers la télé. « J’ai été inspirée par une femme qui conduisait un grand camion sur l’axe Dakar-Bamako puisque la conduite d’engins était une véritable passion pour moi », se souvient-elle. Après son mariage, la mère de famille n’a jamais voulu abandonner son rêve de devenir conductrice d’engins. Avec l’aide de son mari, elle parvient à conduire et à obtenir un permis de conduire. Une fois le permis en poche, Fatou Bintou voit son rêve se concrétiser peu à peu jusqu’à ce que la Css fasse un appel à candidatures pour recruter des femmes pour la conduite de tracteurs.
« C’est une opportunité que je ne pouvais pas rater, l’ancien directeur André Froissard, à travers sa politique, valorisait et encourageait les femmes à se lancer dans ce métier. En effet, trois jours après le dépôt des dossiers, j’ai été finalement recrutée à la suite d’un test », explique-t-elle. Aussitôt, Fatou Mané pour les intimes commence-t-elle sa carrière au service transport canne. Là-bas, elle atterrit, pour la première fois, dans un environnement constitué d’hommes. « Au début, c’était un peu difficile, car tu attires l’attention dans un milieu qui ne t’es pas du tout familier. Il a fallu s’armer de courage pour en sortir », dit-elle. Après six mois passés à transporter la canne à sucre, Fatou Bintou est affectée à la ferme mécanique, puis au service social. Elle faisait le tour des villages à bord d’un tracteur pour les ravitailler en eau potable.
La rigueur dans le travail
Après plusieurs années passées entre différents services, Fatou Bintou intègre le service développement (Dvt), un département de la Css réputé pour ses travaux d’aménagement des sols. De là, elle parvient à confirmer ses aptitudes et à braver les limites au même titre que les hommes. Dans son service, elle est décrite comme une employée exemplaire, rompue à la tâche. « C’est une battante, elle se donne à fond pour aboutir à de meilleurs résultats. D’ailleurs, elle est souvent à la hauteur de nos attentes. Quelques fois, elle fait le travail mieux que les hommes. Ce qui confirme, aujourd’hui, que les femmes sont capables de réussir dans ce secteur. Je l’encourage à continuer dans cette dynamique », témoigne Ablaye Mbengue, contremaitre au service développement de la Css, avant d’encourager les filles à se lancer dans le domaine de la conduite des engins lourds. Avec l’avancée des technologies sur les machines, une mise à niveau s’impose, et Fatou Bintou l’a très trop compris. Un prétexte qui, selon elle, justifie aujourd’hui ses différentes participations aux sessions de formation souvent initiées par la direction de la Css. « C’est une activité qui nécessite une perpétuelle mise à niveau, car la technologie avance à grand pas, donc il faut être au même niveau », explique-t-elle.
Un métier éprouvant, mais passionnant
La conduite d’engins lourds a été longtemps une affaire d’hommes, mais aujourd’hui Fatou Bintou est parvenue à casser les préjugés. D’après elle, certains n’admettent pas qu’une femme conduise un si gros engin qui est parfois dangereux, d’autres, dont ses collègues, l’encouragent et la chouchoutent. Cependant, la native de Richard Toll reconnaît, malgré tout, une certaine contrainte liée souvent aux préoccupations familiales. « Physiquement, c’est dur, et ça va être difficilement compatible à la vie de femme. Tu dois te lever tôt pour t’occuper des enfants avant de venir travailler, mais c’est une question de choix, voire des sacrifices », a- t-elle déclaré. L’amour de son métier lui a valu une reconnaissance de ses pairs. Aujourd’hui, divorcée et mère de trois enfants, dont deux filles et un garçon, Fatou Bintou Diop témoigne avec fierté sa passion pour la conduite des machines, qui, selon elle, a beaucoup contribué à son épanouissement et son indépendance. « C’est grâce à ce métier que je suis parvenue à construire ma propre maison, à acheter un véhicule, mais également à entretenir ma mère et mes sœurs. Je rends grâce à Dieu », raconte fièrement Bintou Diop.
La dame de fer, comme l’appellent certains, encourage les femmes à aller au-delà de leurs limites, c’est-à-dire montrer à la face de l’opinion qu’elles sont capables de réussir dans ce domaine au même titre que les hommes. « J’encourage les filles à se former dans ces métiers, c’est une opportunité de faire une belle carrière » plaide-t-elle.
EVELYNE MARIE-ROSALIE BASSÈNE, FORMATRICE EN POTERIE
Une « reine » de l’argile à Edioungou
Il y a des personnes qui peuvent évoluer dans leur environnement immédiat et profiter pleinement des opportunités que leur offre la nature. Evelyne Marie-Rosalie Bassène en fait partie. Potière et formatrice à Edioungou, dans le département d’Oussouye, cette dame qui a eu à bénéficier du soutien constant de l’État du Sénégal vit de son art avec lequel il nourrit toute sa famille. Cette brave dame n’hésite pas à braver la chaleur à la recherche de l’argent dans l’argile.
Par Gaustin DIATTA (Correspondant)
ZIGUINCHOR – Le 08 mars ! C’est la Journée internationale qui consacre les droits des femmes. Nous y voilà. En milieu urbain, des femmes qui, pour la plupart, connaissent leurs droits se donnent rendez-vous quelque part pour célébrer ensemble la journée qui leur est dédiée. Elles se réunissent pour discuter, par exemple, d’une thématique qui concerne le meilleur être. Ailleurs, c’est l’inverse. Dans certaines contrées rurales, elles peuvent ne pas être au courant de cette journée du 08 mars.
À Edioungou, village situé dans la commune d’Oukout où la « révolution potière » est bien en marche depuis plusieurs siècles, les femmes travaillent sans relâche. La poterie est un art au féminin qui s’y transmet de génération en génération. Un savoir-faire qui promeut en même temps, l’autonomisation des femmes.
Dans cette bourgade voisine immédiate de Djivente, un autre village de la commune d’Oukout, on manipule l’argile, on en fait des canaris, des marmites traditionnelles, de beaux objets d’art, etc. C’est le vécu quotidien de bon nombre de femmes de cette localité. Elles gagnent dignement leur vie grâce à l’argile. Evelyne Marie-Rosalie Bassène qui est pratiquement au bout de sa carrière parvient à réaliser de belles œuvres vendues à bon prix. Très jeune, elle s’est lancée dans cet art qui nourrit la femme à Edioungou.
Ancienne pensionnaire du juvénat, cette mère de famille qui a abandonné très tôt les études a, très rapidement, su faire un choix dans sa vie. Pour elle, il était hors de question de dire adieu à l’école et de rester les bras croisés sans ne rien faire au risque de devenir une femme au foyer. Elle décida, alors, de donner plein de sens à sa vie. La formule était simple : côtoyer sa maman pour acquérir des compétences dans le domaine de la poterie aux fins de pouvoir asseoir plus tard, sa propre autonomie. « J’ai acquis ce savoir auprès de ma mère. C’est une riche expérience qui se transmet de génération en génération. Cela fait plusieurs décennies que j’ai commencé ce travail. Parce qu’étant plus jeunes, nous jouions avec l’argile qui nous permet aujourd’hui de gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de nos familles respectives. Ce travail n’est pas du tout facile. Mais, je rends grâce à Dieu », soutient-elle, sans le moindre le regret.
Un métier à l’ancestrale
Avant d’embrasser cette carrière dans la poterie, Evelyne Marie-Rosalie Bassène avait des notions assez vagues. À force de côtoyer sa mère, elle a pu emmagasiner plusieurs expériences. Après avoir passé quelques années aux côtés de sa maman pour apprendre les bases du métier, elle a bénéficié du soutien de l’État du Sénégal qui lui avait octroyé une bourse. C’est ainsi que les portes du Royaume chérifien s’ouvrent à la jeune femme qui voulait à tout prix réussir une belle carrière dans la poterie. Elle intégra l’École des arts du Maroc. Elle y passa trois années. Loin de son pays natal et de ses parents, Marie-Rosalie Bassène dit avoir profité pleinement de cette formation qui lui a permis d’être plus apte à se lancer dans son métier. Elle est revenue du Maroc plus forte. « Je suis revenue au Sénégal avec mes diplômes de qualification. En même temps, j’y ai obtenu le diplôme de l’entrepreneuriat féminin. Et c’est comme cela que je suis devenue formatrice. Aujourd’hui, ça marche très bien. La poterie reste notre activité principale », renseigne la mère de famille.
La poterie est un métier qui nourrit la femme dans le village d’Edioungou. Cependant, tout le travail se fait à l’aide d’un matériel ancestral. Pour réaliser ses œuvres, Evelyne Marie-Rosalie Bassène fait usage de vieilles coupelles en fer et en terre, d’un morceau de plastique pour le montage des pièces et d’une ficelle pour la décoration. Hier, elle avait abandonné ses études pour se consacrer à la poterie. Aujourd’hui, elle se réjouit de faire partie de cette cohorte de femmes d’Edioungou qui ne vivent que pour et grâce à cet art.
TAKIA NAFISSATOU FALL CARVALHO, DR ISSA TALL DIOP, KHADY NDAO DIAGNE ET RACINE SENGHOR
Des leaders offerts en modèle par Mariama Nianthio Ndiaye
Pour cette année 2024, l’écrivaine Mariama Nianthio Ndiaye a choisi la magistrate Takia Nafissatou Fall Carvalho, la neurologue Dr Issa Tall Diop, la magistrate Khady Ndao Diagne et l’homme de lettres, Abdoulaye Racine Senghor pour les offrir en modèle d’engagement pour la cause des femmes. Elle a célébré, hier, à Dakar, ces leaders, au cours d’une cérémonie
Mariama Nianthio Ndiaye, écrivaine, par ailleurs présidente de l’Association Littérature, Jeunesse et Leadership a célébré, hier, l’excellence au féminin. À la veille de chaque 8 mars, Mme Sy sort une contribution : « Parcours de leaders engagés pour la cause des femmes ». Dans cette 7e contribution, l’agent en service à la Cour des comptes met en avant « trois femmes leaders engagées et un féministe du genre masculin ». Il s’agit de Takia Nafissatou Fall Carvalho, de Dr Issa Tall Diop, de la magistrate Khady Ndao Diagne et d’Abdoulaye Racine Senghor.
Dans cet ouvrage de 72 pages, Mariama Nianthio Ndiaye loue les qualités et performances de ces hommes et femmes leaders. Elle les offre en modèle pour tous les jeunes sénégalais. Mme Sy présente Takia Nafissatou Sylla comme une magistrate, romancière et poète. Mme Sylla est auteur de trois ouvrages : « Mes joies de vivre », « comme un ciel d’hivernage » et « larmes d’une colombe apaisée ».
Dr Issa Tall Diop est la directrice de l’hôpital Albert Royer. Neurologue de formation, elle est décrite par Mme Mariama Nianthio Ndiaye comme une femme avec une « force mentale incontestée », une femme « compétente » qui bénéficie surtout d’une « bonne réputation dans son milieu ». Malgré sa mobilité réduite, Dr Issa Tall Diop, elle s’est battue pour arriver à ce stade. Dans l’ouvrage, Dr Issa Tall Diop plaide la cause des personnes à mobilité réduite. Selon elle, au Sénégal beaucoup pensent que la place d’un enfant en situation de handicap est la rue pour aller mendier. Dr Issa Tall Diop qui garde les séquelles de la poliomyélite depuis l’enfance, a su compter sur ses parents qui ont toujours accompagné leur fille dans les études. Toutefois, la neurologue informe qu’il n’est pas facile pour une personne vivant avec un handicap de faire ses études au Sénégal. Mme Diop révèle avoir été soulevée par son père pour s’asseoir afin de passer son examen d’entrée en sixième. Elle a aussi raté un examen qui devait se passer dans un bâtiment à étage parce qu’elle devait prendre les escaliers. Avant d’arriver, parce qu’elle devait se reposer après quelques marches, le professeur avait déjà fermé la porte. Pour elle, il y a beaucoup de barrières qui font que les enfants vivant avec un handicap ne peuvent pas percer dans les études au Sénégal.
Khady Ndao Diagne, magistrate à la Cour des comptes, est spécialiste en genre, égalité homme/femme et droits de l’homme. Dans ce chapitre, Mariama Nianthio Ndiaye présente Khady Ndao Diagne comme « une force tranquille », un « manager hors-pair ».
Abdoulaye Racine Senghor n’est plus à présenter. Homme de culture et de lettres, Abdoulaye Racine Senghor est aujourd’hui le président du Conseil d’administration du Musée des civilisations noires. Le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal a beaucoup apporté au monde des lettres. Il a été désigné par Mariama Nianthio Ndiaye comme leader « Her for She » 2024.
En présence du sous-préfet de Dakar-Plateau, Djiby Diallo, du magistrat à la Cour des comptes, Alioune Niane et de beaucoup d’autres invités, Mariama Nianthio Ndiaye a célébré, hier, ces « valeureux » leaders. « Nous sommes dans une société avec des valeurs. Il faut faire la promotion de ces hommes et femmes qui incarnent des valeurs », a expliqué Mme Sy. Selon elle, la contribution de ces leaders à la valorisation des femmes et des filles dans tous les aspects de la vie a été hautement appréciée. Des leaders qu’elle a choisis sur la base de leurs parcours respectifs mais aussi leur contribution dans l’amélioration de l’égalité des chances.
Aliou Ngamby NDIAYE
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Pour cette année 2024, l’écrivaine Mariama Nianthio Ndiaye a choisi la magistrate Takia Nafissatou Fall Carvalho, la neurologue Dr Issa Tall Diop, la magistrate Khady Ndao Diagne et l’homme de lettres, Abdoulaye Racine Senghor pour les offrir en modèle d’engagement pour la cause des femmes. Elle a célébré, hier, à Dakar, ces leaders, au cours d’une cérémonie
Mariama Nianthio Ndiaye, écrivaine, par ailleurs présidente de l’Association Littérature, Jeunesse et Leadership a célébré, hier, l’excellence au féminin. À la veille de chaque 8 mars, Mme Sy sort une contribution : « Parcours de leaders engagés pour la cause des femmes ». Dans cette 7e contribution, l’agent en service à la Cour des comptes met en avant « trois femmes leaders engagées et un féministe du genre masculin ». Il s’agit de Takia Nafissatou Fall Carvalho, de Dr Issa Tall Diop, de la magistrate Khady Ndao Diagne et d’Abdoulaye Racine Senghor.
Dans cet ouvrage de 72 pages, Mariama Nianthio Ndiaye loue les qualités et performances de ces hommes et femmes leaders. Elle les offre en modèle pour tous les jeunes sénégalais. Mme Sy présente Takia Nafissatou Sylla comme une magistrate, romancière et poète. Mme Sylla est auteur de trois ouvrages : « Mes joies de vivre », « comme un ciel d’hivernage » et « larmes d’une colombe apaisée ».
Dr Issa Tall Diop est la directrice de l’hôpital Albert Royer. Neurologue de formation, elle est décrite par Mme Mariama Nianthio Ndiaye comme une femme avec une « force mentale incontestée », une femme « compétente » qui bénéficie surtout d’une « bonne réputation dans son milieu ». Malgré sa mobilité réduite, Dr Issa Tall Diop, elle s’est battue pour arriver à ce stade. Dans l’ouvrage, Dr Issa Tall Diop plaide la cause des personnes à mobilité réduite. Selon elle, au Sénégal beaucoup pensent que la place d’un enfant en situation de handicap est la rue pour aller mendier. Dr Issa Tall Diop qui garde les séquelles de la poliomyélite depuis l’enfance, a su compter sur ses parents qui ont toujours accompagné leur fille dans les études. Toutefois, la neurologue informe qu’il n’est pas facile pour une personne vivant avec un handicap de faire ses études au Sénégal. Mme Diop révèle avoir été soulevée par son père pour s’asseoir afin de passer son examen d’entrée en sixième. Elle a aussi raté un examen qui devait se passer dans un bâtiment à étage parce qu’elle devait prendre les escaliers. Avant d’arriver, parce qu’elle devait se reposer après quelques marches, le professeur avait déjà fermé la porte. Pour elle, il y a beaucoup de barrières qui font que les enfants vivant avec un handicap ne peuvent pas percer dans les études au Sénégal.
Khady Ndao Diagne, magistrate à la Cour des comptes, est spécialiste en genre, égalité homme/femme et droits de l’homme. Dans ce chapitre, Mariama Nianthio Ndiaye présente Khady Ndao Diagne comme « une force tranquille », un « manager hors-pair ».
Abdoulaye Racine Senghor n’est plus à présenter. Homme de culture et de lettres, Abdoulaye Racine Senghor est aujourd’hui le président du Conseil d’administration du Musée des civilisations noires. Le vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal a beaucoup apporté au monde des lettres. Il a été désigné par Mariama Nianthio Ndiaye comme leader « Her for She » 2024.
En présence du sous-préfet de Dakar-Plateau, Djiby Diallo, du magistrat à la Cour des comptes, Alioune Niane et de beaucoup d’autres invités, Mariama Nianthio Ndiaye a célébré, hier, ces « valeureux » leaders. « Nous sommes dans une société avec des valeurs. Il faut faire la promotion de ces hommes et femmes qui incarnent des valeurs », a expliqué Mme Sy. Selon elle, la contribution de ces leaders à la valorisation des femmes et des filles dans tous les aspects de la vie a été hautement appréciée. Des leaders qu’elle a choisis sur la base de leurs parcours respectifs mais aussi leur contribution dans l’amélioration de l’égalité des chances.
Aliou Ngamby NDIAYE
Source : https://lesoleil.sn/journee-internationale-des-dro...