La migration, loin d’être un simple phénomène transitoire, constitue une réalité structurelle, influencée par des facteurs économiques, politiques et climatiques. Pourtant, les politiques publiques, tant nationales qu’internationales, peinent à répondre aux défis complexes qu’elle soulève, alimentant ainsi des violations systémiques des droits fondamentaux.
Une situation critique : les chiffres et réalités alarmants
En 2024, près de 60 216 migrants ont rejoint l’archipel espagnol des Canaries de manière irrégulière dont 57 738 par voie maritime, un chiffre record qui met en évidence l’incapacité des politiques actuelles à freiner les flux migratoires. Parallèlement, des Sénégalais expulsés d’Algérie, de Tunisie, se retrouvent bloqués dans les camps de l’OIM au Niger, dans des conditions extrêmement difficiles, privées d’accès aux soins, à l’eau potable et à une alimentation adéquate.
La situation des migrants sénégalais bloqués dans le désert du Niger est particulièrement préoccupante. 42 à ASSAMAKA, plus d’un mois, et 41 à Agadez près de 5 mois.
Ils subissent des conditions de vie inhumaines, exposées à des risques accrus de maladies et de privations. Des membres de leurs familles et proches témoigneront pour partager la souffrance de leurs proches et rappeler l’urgence d’une intervention immédiate.
Le paradoxe sénégalais : financement massif, manque de résultats
Le Sénégal, bénéficiaire de financements considérables via le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique et d’autres mécanismes, n’a pas su transformer ces ressources en solutions durables. Les projets menés, davantage orientés vers les attentes de l’Union Européenne que vers les besoins réels des populations, engendrent frustrations et critiques.
Détournements et inefficacité
• Les fonds destinés à la lutte contre la migration irrégulière et au développement local souffrent souvent d’une gestion opaque et de détournements, exacerbant la méfiance des communautés.
• Les migrants de retour et les associations locales, censés être les principaux bénéficiaires de ces programmes, dénoncent leur marginalisation et l’absence de résultats tangibles.
Manque de solutions structurelles
• Plutôt que de promouvoir des initiatives alignées sur les contraintes structurelles du Sénégal, ces projets visent principalement à satisfaire les objectifs sécuritaires des bailleurs de fonds.
Recommandations pour un changement de paradigme
1. Garantir une gouvernance transparente et responsable
L’ADHA invite le Président de la République à ordonner un audit national et international des institutions publiques et privées ayant bénéficié de financements liés à la migration ou au développement. Cet audit devra :
• Identifier les détournements et dysfonctionnements ;
• Sanctionner les responsables conformément aux lois nationales et internationales ;
• Restaurer la crédibilité du Sénégal auprès des partenaires et citoyens.
2. Adopter des politiques nationales adaptées aux besoins locaux
• Revoir le système éducatif, conformément à l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), pour offrir aux jeunes une formation adaptée aux réalités économiques.
• Renforcer le droit du travail, souvent bafoué, pour garantir des conditions de travail décentes et réduire l’exode économique.
3. Placer les droits humains au cœur de la gestion migratoire
• L’État sénégalais doit respecter ses engagements en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.
• Les migrants bloqués dans les camps de l’OIM au Niger doivent bénéficier d’un rapatriement immédiat, dans des conditions respectant leur dignité et leurs droits fondamentaux.
4. Réorienter la coopération internationale
• Les financements de l’Union Européenne doivent s’aligner sur les besoins structurels et conjoncturels du Sénégal, plutôt que sur des priorités sécuritaires.
• Une approche participative incluant les migrants, la société civile et les acteurs locaux doit être adoptée pour garantir l’efficacité des programmes.
5. Mobiliser la société civile et les citoyens
• Les organisations de la société civile doivent se tenir à l’écart de toute gestion opportuniste des financements, en assurant une vigilance accrue contre les détournements.
• Chaque citoyen a un rôle à jouer pour promouvoir une culture de responsabilité et de transparence.
Vers un avenir inclusif et respectueux des droits humains
L’ADHA rappelle que, conformément à l’article 13 de la DUDH, “toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État”, et que les restrictions actuelles ne doivent jamais justifier des violations des droits fondamentaux.
En cette Journée internationale des migrants, nous exhortons l’État, les partenaires internationaux et la société civile à agir avec courage et détermination pour faire de la migration une opportunité humaine et économique, et non une source d’injustice et de désespoir.
Fait à Dakar, le 18 décembre 2024
Signataires
M. Djibril Diagne Solution Président Mouvement Yeurmande
M. Adama Mbengue Président Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA)
Collectifs des Parents des migrants bloqués au Niger
Une situation critique : les chiffres et réalités alarmants
En 2024, près de 60 216 migrants ont rejoint l’archipel espagnol des Canaries de manière irrégulière dont 57 738 par voie maritime, un chiffre record qui met en évidence l’incapacité des politiques actuelles à freiner les flux migratoires. Parallèlement, des Sénégalais expulsés d’Algérie, de Tunisie, se retrouvent bloqués dans les camps de l’OIM au Niger, dans des conditions extrêmement difficiles, privées d’accès aux soins, à l’eau potable et à une alimentation adéquate.
La situation des migrants sénégalais bloqués dans le désert du Niger est particulièrement préoccupante. 42 à ASSAMAKA, plus d’un mois, et 41 à Agadez près de 5 mois.
Ils subissent des conditions de vie inhumaines, exposées à des risques accrus de maladies et de privations. Des membres de leurs familles et proches témoigneront pour partager la souffrance de leurs proches et rappeler l’urgence d’une intervention immédiate.
Le paradoxe sénégalais : financement massif, manque de résultats
Le Sénégal, bénéficiaire de financements considérables via le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique et d’autres mécanismes, n’a pas su transformer ces ressources en solutions durables. Les projets menés, davantage orientés vers les attentes de l’Union Européenne que vers les besoins réels des populations, engendrent frustrations et critiques.
Détournements et inefficacité
• Les fonds destinés à la lutte contre la migration irrégulière et au développement local souffrent souvent d’une gestion opaque et de détournements, exacerbant la méfiance des communautés.
• Les migrants de retour et les associations locales, censés être les principaux bénéficiaires de ces programmes, dénoncent leur marginalisation et l’absence de résultats tangibles.
Manque de solutions structurelles
• Plutôt que de promouvoir des initiatives alignées sur les contraintes structurelles du Sénégal, ces projets visent principalement à satisfaire les objectifs sécuritaires des bailleurs de fonds.
Recommandations pour un changement de paradigme
1. Garantir une gouvernance transparente et responsable
L’ADHA invite le Président de la République à ordonner un audit national et international des institutions publiques et privées ayant bénéficié de financements liés à la migration ou au développement. Cet audit devra :
• Identifier les détournements et dysfonctionnements ;
• Sanctionner les responsables conformément aux lois nationales et internationales ;
• Restaurer la crédibilité du Sénégal auprès des partenaires et citoyens.
2. Adopter des politiques nationales adaptées aux besoins locaux
• Revoir le système éducatif, conformément à l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), pour offrir aux jeunes une formation adaptée aux réalités économiques.
• Renforcer le droit du travail, souvent bafoué, pour garantir des conditions de travail décentes et réduire l’exode économique.
3. Placer les droits humains au cœur de la gestion migratoire
• L’État sénégalais doit respecter ses engagements en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.
• Les migrants bloqués dans les camps de l’OIM au Niger doivent bénéficier d’un rapatriement immédiat, dans des conditions respectant leur dignité et leurs droits fondamentaux.
4. Réorienter la coopération internationale
• Les financements de l’Union Européenne doivent s’aligner sur les besoins structurels et conjoncturels du Sénégal, plutôt que sur des priorités sécuritaires.
• Une approche participative incluant les migrants, la société civile et les acteurs locaux doit être adoptée pour garantir l’efficacité des programmes.
5. Mobiliser la société civile et les citoyens
• Les organisations de la société civile doivent se tenir à l’écart de toute gestion opportuniste des financements, en assurant une vigilance accrue contre les détournements.
• Chaque citoyen a un rôle à jouer pour promouvoir une culture de responsabilité et de transparence.
Vers un avenir inclusif et respectueux des droits humains
L’ADHA rappelle que, conformément à l’article 13 de la DUDH, “toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État”, et que les restrictions actuelles ne doivent jamais justifier des violations des droits fondamentaux.
En cette Journée internationale des migrants, nous exhortons l’État, les partenaires internationaux et la société civile à agir avec courage et détermination pour faire de la migration une opportunité humaine et économique, et non une source d’injustice et de désespoir.
Fait à Dakar, le 18 décembre 2024
Signataires
M. Djibril Diagne Solution Président Mouvement Yeurmande
M. Adama Mbengue Président Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA)
Collectifs des Parents des migrants bloqués au Niger