Le thème de cette édition 2012 porte sur « L’eau et la sécurité alimentaire ». Cette thématique retenue est celle de l’eau nécessaire pour nourrir une planète en forte croissance démographique.
L’Office du Lac de Guiers dont la mission est d’assurer la gestion durable des principales réserves stratégiques d’eau douce du Sénégal (le Lac de Guiers, la réserve de Bango) ainsi que la planification et le suivi de la ressource dans l’axe Gorom Lampsar et dans les trois marigots, avait voulu, en rapport avec les autres dépositaires d’enjeux, décliner dans la région nord la célébration de cette journée du 22 mars.
Cependant, compte tenu du contexte électoral qui rend difficile voire impossible la mobilisation des acteurs, cette initiative de l’Olag portée par son programme de Communication, Plaidoyer et Partenariat sera différée jusqu’après les élections présidentielles. Néanmoins, l’OLAG se propose de publier cette contribution pour persuader l’opinion nationale et internationale du potentiel existant dans la zone du Lac de Guiers et qui pourrait contribuer efficacement à l’atteinte de l’objectif de sécurité alimentaire au Sénégal.
La célébration de la journée mondiale de l’eau est une initiative née de la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) à Rio de Janeiro. Elle se fait chaque 22 mars et permet de mettre en lumière certaines thématiques liées à l’eau dans le monde. Elle permet d’attirer l’attention du public sur une question fondamentale de la problématique de l’eau afin de susciter le désir d’agir.
Le thème de cette année, 2012 : Eau et sécurité alimentaire Selon le 4e rapport de l’Onu sur l’eau dans le monde, présenté lundi 12 mars 2012 à l’ouverture du forum mondial de l’eau tenu du 12 au 17 mars à Marseille, l’accroissement de la population - qui passera à 9 milliards en 2050 - et le réchauffement climatique aggravant inondations et sécheresses, menacent les ressources alimentaires si rien n’est fait.
Pour répondre à la hausse de 70% de la demande alimentaire afin de nourrir les 9 milliards d’humains attendus en 2050, la consommation mondiale d’eau pour l’agriculture devrait bondir de 20%, selon l’Onu.
La situation agricole dans le monde plus particulièrement en Afrique et notamment au Sénégal, enseigne des rendements de cultures sous pluies assujettis à la régularité ou non et à l’importance de la pluviométrie, des productivités de cultures irriguées fonction de la maitrise de l’eau très improbable.
La sécurité alimentaire devient ainsi subordonnée à la sécurité en eau, socle incontournable de ce dernier et du développement socioéconomique. En effet, la notion de sécurité alimentaire comprend trois dimensions essentielles : la disponibilité, l’accès, et la stabilité au niveau des pays, des ménages et des individus. La disponibilité peut être assurée par une combinaison des offres intérieures, des importations et aides alimentaires. L’accès dépend à la fois du niveau des revenus, des distributions alimentaires gratuites, de l’état des infrastructures, et de la performance des systèmes de commercialisation et de distribution.
La réalisation de la sécurité alimentaire durable en Afrique sub-saharienne demande une croissance rapide du secteur agricole. Plusieurs auteurs estiment qu’un taux de croissance annuelle de 4% du secteur agricole est nécessaire pour accroître les disponibilités alimentaires et stimuler une forte croissance économique, permettant la création d’emplois et des revenus nécessaires à une amélioration de la sécurité alimentaire (Cleaver, 1993, pp.116-17).
Au Sénégal, l’État a mené depuis plusieurs décennies, une politique de maîtrise de l’eau visant à mettre à la disposition des divers utilisateurs, une eau en quantité suffisante et de qualité appropriée selon les usages. Il dispose de ressources en eau fortement tributaires des conditions pluviométriques, donc fragiles et mal réparties. Les ressources en eau qui constituent un important potentiel hydraulique sont mal réparties, car trop éloignées des grands centres de consommation et des pôles de développement.
Le lac de Guiers, un important potentiel d’eau de surface Les eaux de surface constituent la plus grande partie des réserves pour le secteur primaire.
Situé sur la rive gauche dans la zone du delta du fleuve Sénégal, le lac de Guiers est une dépression de 50 km de long avec une largeur maximale de 7 km. Il couvre une superficie d’environ 250 km2, avec un potentiel de 400 millions de m3 lorsque le plan d’eau est au niveau moyen de 1,25 m IGN. Le lac de Guiers constitue une vaste réserve d’eau douce exploitée principalement à des fins agricoles et de production d’eau potable pour la ville de Dakar et des établissements humains le long de la conduite d’eau. Le système du lac de Guiers a une dimension socio-économique permettant le développement des activités agricoles, d’élevage et de pêche. Le développement de ces activités socio-économiques dépend en grande partie de la disponibilité des ressources en eau.
Un potentiel agro-sylvo-pastoral
La maitrise de l’eau avec l’avènement de barrages a permis le développement du secteur primaire comme l’agriculture, l’élevage et la pêche dans la zone du lac de Guiers.
L’agriculture est l’activité économique dominante dans la zone du lac avec un potentiel de terres irrigables estimé à plus de 100.000 ha. Elle est essentiellement une agriculture irriguée privée, pratiquée sur une superficie totale estimée en environs à 15.000 ha. Les agro-industriels consomment environs 275 millions de m3 d’eau / an, et les agriculteurs privés 400 millions de m3 d’eau / an.
La patate douce est la principale culture irriguée avec 40% des superficies cultivées dans la zone du lac de Guiers. A côté de la patate douce, les autres cultures irriguées dominantes sont l’arachide, le manioc, l’oignon, la tomate et la pastèque. D’autres spéculations telles que l’aubergine, le gombo, le maïs, le chou et le piment connaissent aussi un développement notable, mais les surfaces mises en valeur varient fortement en fonction des années agricoles.
Il convient de noter le cas particulier de la riziculture, qui bénéficie d’une place importante en termes de superficies mises en valeur (1.800 ha), mais qui n’est pratiquée que dans la partie nord de la zone, autour des villages de Pakh et Colonat. Les aménagements hydro-agricoles en périphérie du lac de Guiers sont essentiellement des petits périmètres organisés en exploitations familiales d’environ 5 à 10 ha. Ces périmètres sont irrigués à partir de chenaux amenant l’eau du lac.
L’élevage des bovins et des petits ruminants constitue une activité importante dans la zone qui a une vocation pastorale affirmée de par l’étendue des pâturages naturels. Les populations de la zone du lac ont toujours intégré la place de l’élevage à travers, notamment, la définition de couloirs d’accès du bétail à l’eau du lac.
L’élevage est généralement pratiqué selon le mode traditionnel du type extensif, plus ou moins transhumant chez les Peuls, plus ou moins sédentaires chez les Wolofs. Les activités d’élevage sont envisagées principalement par le biais d’augmentation de la taille des troupeaux et la productivité n’est pas placée au premier rang des préoccupations. L’alimentation est basée essentiellement sur les pâturages naturels et les résidus de récolte. L’élevage est surtout important en termes d’épargne.
La pêche constitue la troisième activité productive dans la zone du Lac. Durant les dernières décennies, elle a connu un net recul lié notamment au développement des végétaux aquatiques envahissants. Face à cette situation, beaucoup d’actifs se sont progressivement tournés vers d’autres secteurs, en particulier l’agriculture. La pêche est de type artisanal avec l’utilisation du filet épervier comme principal matériel utilisé. Elle est pratiquée toute l’année, mais la période de pointe se situe entre avril et mai. Elle est exclusivement le fait des hommes et, surtout, des jeunes à qui elle procure des revenus supplémentaires.
L’Office du lac de Guiers (OLAG), pour une gestion rationnelle des ressources en eau
L’Office du lac de Guiers (OLAG) est créé par la loi 2010-01 du 20 janvier 2010, comme établissement public à caractère industriel et commercial exclusivement chargé de la gestion du lac de Guiers et des plans d’eau du système d’affluents et de défluents du delta.
En posant cet acte, l’Etat entend mettre en œuvre une politique hardie de contrôle, de suivi et de protection de la ressource dont la pérennité est tributaire d’une gestion rationnelle et efficiente impliquant l’ensemble des acteurs concernés, notamment l’Etat, les collectivités locales, le secteur privé, les populations.
Le Lac de Guiers joue un rôle fondamental dans différents usages de l’eau aussi bien au niveau de sa périphérie (alimentation en eau pour les grands aménagements agricoles, agricultures irrigués, élevages, pêche, alimentation pour les populations autochtones…) qu’au niveau national (alimentation en eau potable pour les grandes villes, Dakar particulièrement).
L’OLAG a pour objectifs de :
• Définir une politique de gestion intégrée des ressources en eau ;
• Elaborer un plan pour une gestion intégrée et durable des ressources en eau et leur environnement sur la base d’une approche participative ;
• Sensibiliser tous les acteurs sur les avantages à tirer d’une gestion concertée et rationnelle des ressources en eau ;
• Créer un système utilisateur pour une participation responsable des acteurs ; Elle s’assigne également le défi de la performance dans la maitrise et l’usage de l’eau par une gestion participative.
Le thème de la journée mondiale de l’eau de cette année qui porte sur l’eau et la sécurité alimentaire interpelle directement l’Office dans la mesure où la question des enjeux de l’agriculture irriguée est au cœur des préoccupations de la gestion de l’eau dans le delta.
Madické DIAGNE
Chargé de la Communication, du Plaidoyer et du Partenariat
Office du lac de Guiers (OLAG)