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Journée mondiale de la presse: Dégringolade de la liberté de presse et des journalistes, menacés, persécutés et emprisonnés...

Rédigé par leral.net le Mercredi 3 Mai 2023 à 18:55 | | 0 commentaire(s)|

La Journée mondiale de la presse est célébrée ce mercredi, un peu partout dans le monde. Leral.net a fait une immersion dans l’univers d’un passionnant métier en décadence. Ce constat fait, démontre que le Sénégal qui fut un modèle dans le traitement et la pratique libre du métier de journaliste, dégringole et fait une chute libre dramatique. Il passe de la 73e à la 104e place mondiale. Une perte de 31 places, occasionnée par des abus et un mauvais traitement des journalistes, régulèrement emprisonnés pour divers délits d’opinion. Reportage...


Journée mondiale de la presse: Dégringolade de la liberté de presse et des journalistes, menacés, persécutés et emprisonnés...
La presse perd sa vitesse de croisière dans son dynamisme et son évolution. Certains journaliste, investis d'une mission d’information, sont souvent traqués, bâillonnés et humiliés, dans la pratique habituelle de leur métier. Souvent victimes de maltraitance et d’abus, ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer le sort réservé aux valeureux acteurs de la presse. Aujourd’hui, avec la célébration de la Journée mondiale de la presse, rien n’empêche de tendre le micro à des acteurs, des citoyens et des analyses, pour comprendre les enjeux qui freinent la bonne dynamique de la presse sénégalaise.

Ainsi, Abdourahmane Sow, étudiant en journalisme, pense qu’en 2022, le Sénégal était à la 73e place du classement mondial de la liberté de la presse. Un an après, il se retrouve à la 104e position. Cette chute montre que le Sénégal dégringole et perd 31 places. Cette situation de nette régression veut tout dire, il est très difficile de parler de la liberté de la presse dans le contexte actuel au Sénégal. Il évoque les multiples arrestations arbitraires de journalistes et des interpellations qui n’honorent pas la démocratie symbolisée par la liberté d'expression.

Existence de brebis galeuses


Abdourahmane Sow, très au fait de la pratique journalistique et des multiples réalités gravitant autour, déplore l’existence de brebis galeuses, avec un comportement douteux et très compromettant de ce nobre métier. Ces journalistes malintentionnés, sans aucune maîtrise, ne respectent pas les règles les plus élementaires du métier de journaliste. « Ces personnes n'exercent pas correctement le journalisme », déduit-il. Par contre, il reconnaît qu’il y a d’autres journalistes, dignes, qui respectent l'éthique et la déontologie journalistique. Ces derniers, donnent des informations justes et vraies. Et, il se limitent seulement, sur les faits, renseigne Abdourahmane.

Cette situation chaotique et regrettable vécue présentement, indispose certains. Ndèye Marie Diouf, journaliste à Ifaada TV, est plus que désolée. Elle se 'désole du fait que les jounalistes n’ont plus le droit de parler ou d'écrire en toute liberte, sur ce qui se passe dans le pays. La liberté de faire des chroniques ou des entretiens, suivant le ressenti, n’est plus possible. « Nous sommes comme dans une jungle. Dire le contraire des attentes du gouvernement ou de l’Etat, expose à des risques. Nous sommes attaqués directement. Donc, impossible de parler de la liberté de presse en ce moment au Sénégal », insiste Ndèye Marie Diouf.

D’après elle, si tous les journalistes pratiquaient l’éthique et la déontologie, on n'aurait pas à dire que certains journalistes ne se conforment pas aux règles journalistique. Mais, elle conteste et matraque ces personnes qui se disent des journalistes, alors qu’elles ne les sont pas. Ces dernières, regrette-t-elle, s’illustrent dans la mauvaise pratique et une méconnaissance totale des règles.

Ailleurs, Birane Diop souligne qu’il serait exagéré de dire que le Sénégal n'a plus la liberté de la presse. Force est de constater que des journalistes sont menacés, agressés, arrêtés et emprisonnés depuis près de deux ans. Cela est bien dommage. « L'arrestation du journaliste Pape Alé Niang est un parfait exemple de la difficulté des journalistes sénégalais à exercer leur métier. Les autorités doivent savoir que le rôle des journalistes n'est pas de garder des secrets vis-à-vis du gouvernement », relève Birane Diop.

Politique éditoriale des rédactions

Notre interlocuteur évoque la politique éditoriale des rédactions, qui exige une posture et un comportement. En tant professionnel dans ce domaine, il exhorte au respect de chaque ligne éditoriale. Mais cela, constate-t-il, n’empêche pas d'aller voir plus loin. Les articles commandés sont souvent placés en pôle position. L'information sera publiée et démentie le même jour. Cela réduit la crédibilité de certains médias. « Les journalistes ont besoin d'une raison pour prendre leurs distances avec certains patrons de presse, qui ont souvent des appartenances politiques », conseille-t-il.

Aminta Diouf indique que la situation actuelle de la presse au Sénégal, est déplorable. Le rapport du classement de liberté de la presse, édition 2023, publié par Reporters Sans Frontières (RSF), affirme que le pays de la Téranga passe de la 73e à la 104e position dans le classement mondial. Ce rapport montre que les journalistes font face à des intimidations, des menaces. Et, le pire, c'est l'emprisonnement de gens qui ne font qu'exercer leur métier. Alors, c'est inquiétant et désolant dans un pays qui se dit démocratique.

Ainsi, il est possible de parler de liberté de presse, malgré la mauvaise posture actuelle. Il a été exige de revoir et de privilégier la pratique du métier dans la paix et la sérénité. « C'est à nous de redorer le blason de ce noble métier, l'exercer dans l'éthique et la déontologie comme l'aurait voulu Mame Less Camara et d'autres pionniers de ce métier. Soyons alors juste dans nos propos, sincères dans nos analyses et objectifs dans nos idées », recommande-t-il.

Omar Guèye, journaliste à "Walfadjri", croit en la liberté de la presse. Mais, il précise qu’on est dans une République, un pays démocratique, qui permet à tous les citoyens de faire le métier du journalisme, de suivre une formation, d’avoir un diplôme et d’exercer dans les meilleures conditions. Comparant la presse d’autrefois à celle d’aujourd’hui, il constate une nette différence dans la pratique et une volonté manifeste de restreindre la liberté de la presse. « La liberté de la presse permet à la démocratie de marcher dans les conditions optimales. Les sujets d’enquêtes et d’investigation permettent de contribuer au recadrage des dérapages de gestion, de contrôler l’État et d'aider à lutter contre la corruption », décrypte-t-il.

Sous ce registre, il précise que les journalistes, loin d’être n’importe qui dans le pays, font leur métier. « On a la chance d’avoir des journalistes très responsables. Ils ont une formation, des diplômes et respectent les règles d’éthique et de déontologie journalistiques. Donc, je pense que les journalistes sont très responsables. Avant de publier des informations, le journaliste s’informe d’abord, va à l’information et fait le travail de recoupement et de vérification nécessaire », conclut-il.

Amath Thiam
Leral