«Je sais qui m'a envoyé ici. C'est Jacob Zuma, l'illettré Jacob Zuma!» Julius Malema n'y est pas allé de main morte mercredi quand il s'est adressé à un bon millier de ses partisans venus l'acclamer devant le tribunal de Polokwane, au nord de Johannesburg. Inculpé de blanchiment d'argent par la justice sud-africaine, l'ancien chef de la Ligue de la jeunesse de l'ANC (Congrès national africain) va tout faire pour politiser un procès qui pourrait lui coûter sa carrière politique. Mais au-delà des guerres de factions au sein du parti au pouvoir depuis 1994, les mois à venir pourraient éclairer le contribuable sud-africain sur les tenants et aboutissants de marchés publics truqués dans la province du Limpopo (nord du pays).
Ratanang Trust, société familiale dont les actionnaires sont la grand-mère et le fils de Julius Malema, aurait «bénéficié de revenus provenant d'activités illégales». L'affaire porte sur une quinzaine de paiements effectués entre 2009 et 2011 et représentant l'équivalent de cinq millions d'euros. Selon McIntosh Polela, porte-parole des Hawks, l'unité spéciale de la police qui a mené l'enquête, l'accusé risque quinze ans de prison ainsi qu'une amende pouvant aller jusqu'à 10 millions d'euros.
«Juju», suspendu du parti au pouvoir pour indiscipline, savait que la justice était à ses trousses. Le fisc sud-africain aurait mené une enquête parallèle pour non-paiement d'impôts de plus d'un million et demi d'euros. Le mandat d'arrêt qui lui avait été signifié la semaine dernière n'a donc pas vraiment créé de surprise. Il tombe simplement au moment où l'«enfant terrible» du parti démultiplie ses attaques contre le président Jacob Zuma.
«Mafia du Limpopo»
S'il n'a plus les moyens de s'adresser officiellement aux camarades de l'ANC, Malema ne se gêne pas pour attirer l'attention sur les ratés de l'Afrique du Sud post-apartheid. Ces dernières semaines, il s'est fait acclamer par des mineurs en grève furieux contre le gouvernement. Peu après la fusillade policière qui a fait 34 morts parmi les grévistes de la mine de platine de Marikana le 16 août, il a appelé à la démission de M. Zuma et à l'extension des grèves. À la demande de ses avocats, le juge a laissé Malema en liberté contre une caution d'environ mille euros avant de renvoyer l'affaire au 30 novembre. Le procès reprendra donc moins d'un mois avant la grande conférence élective de l'ANC, où Jacob Zuma remettra en jeu son titre de président de l'ANC, avant Noël. Elle sera l'occasion d'un sérieux bras de fer entre différentes factions du parti au pouvoir. «Nous démentons catégoriquement que l'ANC, sa direction ou son président, Jacob Zuma, aient joué un quelconque rôle dans ces accusations», s'est empressé mercredi de déclarer Jackson Mthembu, porte-parole de l'ANC.
Politique ou pas, le procès fait désormais obstacle aux ambitions présidentielles du jeune tribun. Julius Malema devra prouver qu'il n'est en rien lié à ce que l'on surnomme déjà la «mafia du Limpopo». Quatre de ses partenaires en affaires sont pourtant inculpés. L'an dernier, un audit national a révélé que les autorités provinciales du Limpopo étaient dans le rouge pour plus de 300 millions d'euros…
Par Caroline Dumay
Ratanang Trust, société familiale dont les actionnaires sont la grand-mère et le fils de Julius Malema, aurait «bénéficié de revenus provenant d'activités illégales». L'affaire porte sur une quinzaine de paiements effectués entre 2009 et 2011 et représentant l'équivalent de cinq millions d'euros. Selon McIntosh Polela, porte-parole des Hawks, l'unité spéciale de la police qui a mené l'enquête, l'accusé risque quinze ans de prison ainsi qu'une amende pouvant aller jusqu'à 10 millions d'euros.
«Juju», suspendu du parti au pouvoir pour indiscipline, savait que la justice était à ses trousses. Le fisc sud-africain aurait mené une enquête parallèle pour non-paiement d'impôts de plus d'un million et demi d'euros. Le mandat d'arrêt qui lui avait été signifié la semaine dernière n'a donc pas vraiment créé de surprise. Il tombe simplement au moment où l'«enfant terrible» du parti démultiplie ses attaques contre le président Jacob Zuma.
«Mafia du Limpopo»
S'il n'a plus les moyens de s'adresser officiellement aux camarades de l'ANC, Malema ne se gêne pas pour attirer l'attention sur les ratés de l'Afrique du Sud post-apartheid. Ces dernières semaines, il s'est fait acclamer par des mineurs en grève furieux contre le gouvernement. Peu après la fusillade policière qui a fait 34 morts parmi les grévistes de la mine de platine de Marikana le 16 août, il a appelé à la démission de M. Zuma et à l'extension des grèves. À la demande de ses avocats, le juge a laissé Malema en liberté contre une caution d'environ mille euros avant de renvoyer l'affaire au 30 novembre. Le procès reprendra donc moins d'un mois avant la grande conférence élective de l'ANC, où Jacob Zuma remettra en jeu son titre de président de l'ANC, avant Noël. Elle sera l'occasion d'un sérieux bras de fer entre différentes factions du parti au pouvoir. «Nous démentons catégoriquement que l'ANC, sa direction ou son président, Jacob Zuma, aient joué un quelconque rôle dans ces accusations», s'est empressé mercredi de déclarer Jackson Mthembu, porte-parole de l'ANC.
Politique ou pas, le procès fait désormais obstacle aux ambitions présidentielles du jeune tribun. Julius Malema devra prouver qu'il n'est en rien lié à ce que l'on surnomme déjà la «mafia du Limpopo». Quatre de ses partenaires en affaires sont pourtant inculpés. L'an dernier, un audit national a révélé que les autorités provinciales du Limpopo étaient dans le rouge pour plus de 300 millions d'euros…
Par Caroline Dumay