Abdoulaye Wade veut briguer un troisième mandat successif et a tenté de modifier la Constitution à sa guise, ce qui a soulevé un tollé général au sein de la classe politique sénégalaise, y compris dans son propre entourage qui le soupçonne de vouloir imposer son fils Karim Wade comme futur président du pays.
Au pouvoir depuis 2000 et âgé de presque 82 ans, Abdoulaye Wade a été contraint de retirer son projet de réforme constitutionnelle grâce à une impressionnante mobilisation de la rue. Les manifestations avaient été initiées par le mouvement «Y'en a marre» qui a pu réunir autour de lui de nombreux acteurs politiques et associatifs le 23 juin dernier et créer ainsi une nouvelle dynamique dans le pays.
Outre en fait les partis politiques traditionnels qui sont dans leur rôle de jouer aux opposants, en prévision de la présidentielle de 2012, de plus en plus en plus de voix ont lancé un appel à la raison au chef de l'Etat qui semble être aveuglé par la soif du pouvoir pour laquelle sont, malheureusement, connus la plupart des dirigeants africains. Le Rassemblement islamique du Sénégal (RIS) a fait son entrée en jeu et a ouvertement pris position contre Wade.
Des intellectuels sénégalais ont aussi exprimé leur inquiétude de voir leur pays sombrer dans le chaos parce qu'un seul homme a voulu garder le pouvoir entre ses mains contre la volonté du peuple, qui a été déçu en dix ans de règne sans résultats apparent sur le terrain.
Les Sénégalais ont investi la rue en fait non pas pour dénoncer les velléités dynastiques du président, mais pour crier leur ras-le-bol contre la dégradation de leur cadre de vie, principalement, et le chômage endémique qui contraint de nombreux jeunes à risquer leur vie dans la mer en émigrant clandestinement vers l'Europe.
Les manifestations contre les coupures du courant électrique à travers tout le pays ont provoqué des manifestations massives le 13 juillet dernier et ont failli tourner à l'émeute, bien que des incidents aient été enregistrés lors d'affrontements entre manifestants et services de l'ordre.
Il faut rappeler que les Sénégalais ont également manifesté dans le passé contre les inondations et les accidents ferroviaires et routiers en raison de l'absence d'entretien et de l'inexistence d'un minimum pour éviter ces catastrophes naturelles et humaines.
La présidentielle de 2012, le seul enjeu ?
Tout en exprimant leur solidarité avec le M23, le Rassemblement islamique du Sénégal (RIS) a estimé que les citoyens sénégalais doivent rester vigilants. «Le RIS appelle à la vigilance et à la détermination de tous les citoyens, afin que les acquis de ces réussites éclatantes et mémorables du peuple soient conservés, pour un véritable changement en 2012», a indiqué le Rassemblement dans un communiqué rendu public la semaine dernière.
La résolution des problèmes auxquels est confrontée la population n'émane pas du simple départ d'Abdoulaye Wade de la tête de l'Etat, estime le RIS. «Le vrai changement pour le RIS ne signifie pas uniquement le départ de Wade de la tête du pays, mais il consiste à proposer un projet alternatif crédible et à exiger un contrat social solide entre le peuple et les candidats à la présidentielle de 2012 afin d'éviter toute possibilité de confiscation du pouvoir», résume le Rassemblement islamique dans sa vision du mouvement des tenants et aboutissants de la véritable lutte du M23 qui refuse que son combat soit récupéré par tel ou tel candidat à la prochaine échéance électorale.
Le M23 se considère comme un mouvement de veille et veut le rester afin de pouvoir dénoncer tout dérapage de la part de n'importe quel dirigeant politique qui aura la mission de présider aux destinées du Sénégal pour les années à venir.
Pour conclure, davantage de Sénégalais sont conscients que l'enjeu principal, c'est la sauvegarde des acquis de la République qui passe d'abord par l'alternance au pouvoir. La présidentielle du 26 février 2012 n'est en fait qu'un moyen pour assurer cette alternance à laquelle Abdoulaye Wade ne semble pas du tout branché. Wade a promis le changement, mais il a déçu.
Aujourd'hui, il est de plus en plus contesté et la rue exprime fortement ce mécontentement. Va-t-il donc finir par céder où prendra-t-il le risque de résister à la volonté populaire et mettre ainsi le Sénégal en péril ?
Lyes Menacer
La Tribune
Au pouvoir depuis 2000 et âgé de presque 82 ans, Abdoulaye Wade a été contraint de retirer son projet de réforme constitutionnelle grâce à une impressionnante mobilisation de la rue. Les manifestations avaient été initiées par le mouvement «Y'en a marre» qui a pu réunir autour de lui de nombreux acteurs politiques et associatifs le 23 juin dernier et créer ainsi une nouvelle dynamique dans le pays.
Outre en fait les partis politiques traditionnels qui sont dans leur rôle de jouer aux opposants, en prévision de la présidentielle de 2012, de plus en plus en plus de voix ont lancé un appel à la raison au chef de l'Etat qui semble être aveuglé par la soif du pouvoir pour laquelle sont, malheureusement, connus la plupart des dirigeants africains. Le Rassemblement islamique du Sénégal (RIS) a fait son entrée en jeu et a ouvertement pris position contre Wade.
Des intellectuels sénégalais ont aussi exprimé leur inquiétude de voir leur pays sombrer dans le chaos parce qu'un seul homme a voulu garder le pouvoir entre ses mains contre la volonté du peuple, qui a été déçu en dix ans de règne sans résultats apparent sur le terrain.
Les Sénégalais ont investi la rue en fait non pas pour dénoncer les velléités dynastiques du président, mais pour crier leur ras-le-bol contre la dégradation de leur cadre de vie, principalement, et le chômage endémique qui contraint de nombreux jeunes à risquer leur vie dans la mer en émigrant clandestinement vers l'Europe.
Les manifestations contre les coupures du courant électrique à travers tout le pays ont provoqué des manifestations massives le 13 juillet dernier et ont failli tourner à l'émeute, bien que des incidents aient été enregistrés lors d'affrontements entre manifestants et services de l'ordre.
Il faut rappeler que les Sénégalais ont également manifesté dans le passé contre les inondations et les accidents ferroviaires et routiers en raison de l'absence d'entretien et de l'inexistence d'un minimum pour éviter ces catastrophes naturelles et humaines.
La présidentielle de 2012, le seul enjeu ?
Tout en exprimant leur solidarité avec le M23, le Rassemblement islamique du Sénégal (RIS) a estimé que les citoyens sénégalais doivent rester vigilants. «Le RIS appelle à la vigilance et à la détermination de tous les citoyens, afin que les acquis de ces réussites éclatantes et mémorables du peuple soient conservés, pour un véritable changement en 2012», a indiqué le Rassemblement dans un communiqué rendu public la semaine dernière.
La résolution des problèmes auxquels est confrontée la population n'émane pas du simple départ d'Abdoulaye Wade de la tête de l'Etat, estime le RIS. «Le vrai changement pour le RIS ne signifie pas uniquement le départ de Wade de la tête du pays, mais il consiste à proposer un projet alternatif crédible et à exiger un contrat social solide entre le peuple et les candidats à la présidentielle de 2012 afin d'éviter toute possibilité de confiscation du pouvoir», résume le Rassemblement islamique dans sa vision du mouvement des tenants et aboutissants de la véritable lutte du M23 qui refuse que son combat soit récupéré par tel ou tel candidat à la prochaine échéance électorale.
Le M23 se considère comme un mouvement de veille et veut le rester afin de pouvoir dénoncer tout dérapage de la part de n'importe quel dirigeant politique qui aura la mission de présider aux destinées du Sénégal pour les années à venir.
Pour conclure, davantage de Sénégalais sont conscients que l'enjeu principal, c'est la sauvegarde des acquis de la République qui passe d'abord par l'alternance au pouvoir. La présidentielle du 26 février 2012 n'est en fait qu'un moyen pour assurer cette alternance à laquelle Abdoulaye Wade ne semble pas du tout branché. Wade a promis le changement, mais il a déçu.
Aujourd'hui, il est de plus en plus contesté et la rue exprime fortement ce mécontentement. Va-t-il donc finir par céder où prendra-t-il le risque de résister à la volonté populaire et mettre ainsi le Sénégal en péril ?
Lyes Menacer
La Tribune