L’interview révèle que Monsieur Cheikh Diallo1 a parfaitement raison : Karim Wade est le portrait craché de son père. C’est déjà du Me Wade tout cru. Ses premiers propos dévoilent au grand jour les défauts qu’il en a hérités : nombrilisme, suffisance, prétention démesurée, mensonge sans état d’âme, ruse, duplicité, goût immodéré du lucre et des bains de foules, etc. Le « je » favori de son père est revenu plusieurs fois dans l’interview : « Je remercie les populations qui m’on accueilli, qui m’ont salué, qui se sont mobilisées autour de ma personne, etc. » On l’a même entendu donner des allures messianiques à son discours. « Je vous ai entendues, et je prendrai en compte vos préoccupations », lançait-il en direction des populations, comme si le pouvoir lui était déjà acquis. Il s’est enorgueilli du bilan « largement positif » de la gouvernance de son père, et a rappelé « les réussites éclatantes » dans les domaines « des infrastructures, de la santé, de l’éducation et de l’agriculture ». Cette autosatisfaction ne mérite vraiment pas qu’on s’y attarde : ce garçon ne vit pas dans la même planète que nous. Laissons-le dans ses lubies et passons à d’autres considérations !
L’ex-futur maire de Dakar s’est laissé vite grisé par les foules et se croyait déjà au sommet. Aucun homme politique, son père de président excepté, n’est capable de mobiliser les foules qu’il a drainées pendant sa tournée à travers le pays. Il est même allé, comme son père d’ailleurs, jusqu’à déclarer qu’il n’y a pas d’opposition au Sénégal. Les électeurs ont apporté un cinglant démenti à leur allégation. Interrogé sur sa fortune alléguée et les moyens immenses qu’il a déployés pendant la campagne électorale, Karim Wade a donné des réponses qui frisent non seulement le ridicule, mais attestent du mépris dans lequel il nous tient. Il a été un grand banquier et sa fortune proviendrait des bonus que lui versait sa banque. Quand même ! Karim Wade oublie-t-il que le Sénégal est un petit village où tout le monde se connaît ? De nombreux compatriotes vivent quand même à Londres, et ont toujours remis les choses à l’endroit, concernant le véritable emploi que ce garçon occupait dans la capitale britannique ! Et puis, où était-il avec sa fameuse fortune quand son père, exilé en France, était réticent à rentrer au pays pour préparer l’élection présidentielle de février 2000 ? Les Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily et consorts sont quand même encore vivants ! Me Wade n’avait plus un rotin et serait même cousu de dettes ! Où étaient alors Karim Wade et sa supposée fortune ? Pourquoi n’était-il pas aussi généreux qu’aujourd’hui ? Ce garçon nous raconte donc manifestement des histoires. Sa fortune ne vient pas du tout, comme il l’a prétendu, de son expérience professionnelle. Son jumeau Abdoulaye Baldé a été trahi par sa langue, quant à l’origine de leurs fortunes.
Quant aux avions qui le transportaient lui et sa forte délégation – quelle indécence dans ce pays où la dépense quotidienne devient un casse-tête pour des millions de compatriotes ? –, il répond que ça ne coûte pas très cher et que certains de ces avions ont été gracieusement mis à sa disposition par des amis qui avaient des compagnies aériennes. Des amis, certainement comme ceux de son père qui avaient pris en charge la rocambolesque rénovation de l’avion de commandement ! Nous en avons assez de ces amis sans visage. Des avions mis à la disposition de Karim Wade et à lui seul ! Pourquoi pas à la disposition de Talla Sylla ou de Aly Haïdar ? Ce geste de générosité sélective, s’il a existé, est manifestement suspect.
Karim Wade ment donc manifestement à propos de sa fortune et de ces avions qui lui seraient prêtés. Il ment à propos des explications qu’il a données sur la gestion de l’Anoci. Il ne nous prend vraiment pas au sérieux quand il ose prétendre que « c’est l’une des agences les mieux gérées au Sénégal ». Cette agence, qui est une monstruosité en matière de bonne gouvernance, ne peut pas être bien gérée. Une agence domiciliée au cœur de la présidence de la République, et ayant comme pilote et copilote le fils du président et le Secrétaire général de la présidence de la République, ne peut être qu’un symbole de mauvaise gestion. Ce monstre n’existe dans aucune démocratie avancée. Karim Wade nous prend aussi pour des moins que rien quand, chaque fois, pour nous convaincre, il allègue que les milliards de l’Anoci ne sont pas directement ceux de l’Etat, mais bien ceux des bailleurs de fonds. C’est ainsi que, pour se dédouaner des huit milliards de dépassement du budget initial du fameux tunnel, il nous jette à la figure que l’excédent n’a pas été pris en charge par le budget national, mais par le Fonds koweitien. Et alors ? Qui d’autre que le contribuable sénégalais va-t-il payer ces huit milliards et tous les autres qui sont engloutis dans l’Anoci ?
Karim Wade est revenu plusieurs fois, comme un leitmotive, sur le rapport financier et le rapport d’activités qu’il va déposer auprès du président de la République. Au doute exprimé par l’un des journalistes sur la suite qui pourrait être réservée à de tels rapports par le président Wade, Wade fils a le toupet, vraiment le toupet de répondre que « le président de la République a des principes et des valeurs et que les Sénégalais le connaissent » et que, s’il était en faute, il n’hésiterait pas à le sanctionner. Quel gros mensonge ! Oser prétendre que Me Wade que nous pratiquons depuis bientôt dix ans a des valeurs et des principes ! Des deux choses l’une : où ce garçon ne connaît vraiment pas son président de père, où il nous prend pour de sacrés imbéciles. Nous voyons quand même Me Wade à l’œuvre depuis déjà de longues années ! Nous connaissons surtout sa position par rapport à la corruption et à la mauvaise gestion qu’il entretient manifestement ! Il ferme carrément les yeux sur les différents forfaits des hommes et des femmes de sa mouvance, notamment des chefs de collectivités locales. Il recycle sans état d’âme les plus mauvais gestionnaires du Parti socialiste et les nomme au niveau le plus élevé de l’Etat et de son Parti. Son nom est cité dans des affaires les plus louches et les plus nauséabondes, affaires dont la moins grave lui coûterait au moins la destitution dans une démocratie normale. Avec un tel homme, que vaudront les rapports financiers et d’activités que son fils chéri va déposer entre ses mains ?
A propos des hôtels en construction sur le domaine maritime, il donne aussi des explications qui ne convainquent que ses vassaux, les « conrcétistes ». Ce sont des investisseurs étrangers qu’ils (son jumeau et lui) sont allés chercher qui les construisent, et que ce n’est pas l’Anoci qui leur a donné les terrains mais bien le service des domaines. Bien sûr ! Tout le monde le sait, ça. Mais, c’est sur injonction du père et du fils que le service des domaines s’exécute. Et puis, dans quelles conditions les terrains sont-ils mis à leur disposition ? Leur sont-ils vendus ou cédés sous forme de bail ? Qui sont ces investisseurs sans visage ? Où Karim Wade et son jumeau les ont-ils dénichés ? Pourquoi eux et pas d’autres ? Les Wade peuvent-ils nous donner des assurances quant à l’origine de ces centaines de milliards qui sont investis chez nous ? Et si ces milliards étaient de l’argent sale à recycler ? Peut-on nous certifier que, tout au long du processus, il n’y a eu de valisettes bourrées de fric nulle part ? C’est à ces questions-là qu’il convient que les Wade répondent. Sinon, le reste n’est que blabla dont nous ne saurions nous contenter.
Karim Wade nous annonce aussi l’arrivée massive des investisseurs arabes. Les arabes, encore les arabes, toujours les arabes ! Mais, qu’ont-ils de vraiment plus attrayant que les investisseurs potentiels des autres pays riches ? Où sont les Français ? Les Allemands ? Les Japonais ? Les américains ? Les Canadiens ? Les Anglais, etc ? Il est vrai que les concitoyens de ces derniers sont très regardants par rapport à l’utilisation à l’étranger du moindre euro, du moindre yen, du moindre dollar, de la moindre livre. L’attrait irrésistible des Arabes sur les Wade, c’est probablement la souplesse et la compréhension dont ils feraient montre dans les affaires. Ils seraient surtout particulièrement généreux – Abdoulaye Baldé ne dira pas le contraire – et ne sont pas astreints, comme les premiers, à justifier les milliards qu’ils investissent à l’étranger. Nous avons donc besoin de savoir qui vient investir, dans quelle condition il investit et quelle est l’origine de son argent. Nous devons surtout veiller à ce que notre pays ne devienne pas la destination préférée de l’argent sale venu d’on ne sait où.
Karim Wade a aussi « catégoriquement » réfuté l’idée selon laquelle il convoquerait des ministres. « Je n’ai jamais convoqué un ministre, je n’ai jamais convoqué un fonctionnaire. En général, je ne donne pas des instructions », a-t-il répondu. Ce garçon ne sait peut-être pas qu’il est suivi tous les jours, pas à pas. Il a des conseillers spéciaux sur l’étendue du territoire national et dont on se demande d’ailleurs, au fond, sur quel budget ils émargent. Il compte dans son entourage des ministres qui le représentent dans des cérémonies, courent derrière ses cortèges et crient à tue-tête son miraculeux nom. Des ministres qui ne seraient même pas membres d’un cabinet ministériel dans une démocratie qui se respecte. L’un de ses ministres vassaux, Mme Innocence Ntap Ndiaye, qui souhaite la mort à tous ceux qui n’aimeraient pas son mentor, a eu à déclarer ce qui suit : « Même dans mes rêves les plus profonds, je n’ai jamais pensé à cette nomination au poste de ministre. » Mme le Ministre d’Etat – oui, elle sera bien Ministre d’Etat quelques mois après – faisait cette déclaration, en larmes, lors d’un meeting de remerciement au président de la République, tenu au Quartier Tilène de Ziguinchor, le samedi 7 juillet 2007. Ce sont de tels personnages qui grouillent et grenouillent autour de Karim. Ce dernier en dispose comme il veut, peut les convoquer, les envoyer, etc.
Un autre mensonge de Karim Wade, c’est lorsque l’un des journalistes évoque son éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2012. Il balaie d’un revers de main et affirme, comme pour dire que cela n’a rien d’inédit : « Je connais de grandes démocraties citées dans le monde en exemples où le fils succède à son père. » Il ment, il ne connaît aucun exemple de ce type dans le monde démocratique. S’il pense Georges W. Bush, il se trompe. Ce dernier est devenu président des USA, huit ans après le départ du pouvoir de son père. Et c’est lui qui s’est frayé son propre chemin en devenant, entre temps, le gouverneur de l’important Etat du Texas. Son père, même aux affaires, ne pourrait rien pour lui. Des successions directes de fils à leurs pères sont possibles au Congo, en Guinée équatoriale, en Lybie, au Gabon, etc. Ce n’est possible nulle part ailleurs dans une démocratie qui se respecte.
A la question de savoir s’il envisageait de perdre les élections locales qui se préparaient pour le surlendemain, il répond, catégorique : « Je suis un gagnant, je suis un battant ; je suis quelqu’un qui n’a jamais perdu dans la vie, que ce soit professionnel ou lorsque je faisais les études. Pour moi, il n’y a pas de défaite possible. » Nous avons vraiment intérêt à nous méfier comme de la peste de ce garçon qui se prend déjà pour un dieu. Je pensais naïvement qu’il n’était donné qu’à Dieu de réussir toutes Ses Entreprises. Karim Wade est donc plus qu’un homme normal, plus qu’un prophète. C’est la perfection, l’infaillibilité, puisqu’il réussit tout ce qu’il entreprend. C’est donc un dangereux concurrent à Dieu. Il est vrai qu’avec sa grosse fortune, xama tul lu ko të : il se croit capable de décrocher la lune. Heureusement que les électeurs lui ont apporté le démenti le plus cinglant et l’ont fait descendre sans ménagement de son Olympe. Ce lundi 23 mars 2009, il devrait se trouver, avec son père, dans leurs tout petits souliers. Tous les deux se sont engagés à fond dans les élections locales du 22 mars 2009. Ils ont décrété l’inexistence de l’opposition qu’ils n’ont rencontrée nulle part dans leur bruyante randonnée à travers le pays et ont prédit une victoire écrasante à leur coalition. A l’arrivée, ils ont tout perdu. S’ils étaient tant soit peu habités par le ngor et le jom, qui sont la marque distinctive des grands hommes, des hommes de bien, ils tireraient de leur cuisante défaite la seule leçon qui vaille : la démission immédiate de leurs fonctions. Il est vrai que, de ces gens-là, on ne devrait s’attendre à rien de grand et de noble.
mody niang
L’ex-futur maire de Dakar s’est laissé vite grisé par les foules et se croyait déjà au sommet. Aucun homme politique, son père de président excepté, n’est capable de mobiliser les foules qu’il a drainées pendant sa tournée à travers le pays. Il est même allé, comme son père d’ailleurs, jusqu’à déclarer qu’il n’y a pas d’opposition au Sénégal. Les électeurs ont apporté un cinglant démenti à leur allégation. Interrogé sur sa fortune alléguée et les moyens immenses qu’il a déployés pendant la campagne électorale, Karim Wade a donné des réponses qui frisent non seulement le ridicule, mais attestent du mépris dans lequel il nous tient. Il a été un grand banquier et sa fortune proviendrait des bonus que lui versait sa banque. Quand même ! Karim Wade oublie-t-il que le Sénégal est un petit village où tout le monde se connaît ? De nombreux compatriotes vivent quand même à Londres, et ont toujours remis les choses à l’endroit, concernant le véritable emploi que ce garçon occupait dans la capitale britannique ! Et puis, où était-il avec sa fameuse fortune quand son père, exilé en France, était réticent à rentrer au pays pour préparer l’élection présidentielle de février 2000 ? Les Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily et consorts sont quand même encore vivants ! Me Wade n’avait plus un rotin et serait même cousu de dettes ! Où étaient alors Karim Wade et sa supposée fortune ? Pourquoi n’était-il pas aussi généreux qu’aujourd’hui ? Ce garçon nous raconte donc manifestement des histoires. Sa fortune ne vient pas du tout, comme il l’a prétendu, de son expérience professionnelle. Son jumeau Abdoulaye Baldé a été trahi par sa langue, quant à l’origine de leurs fortunes.
Quant aux avions qui le transportaient lui et sa forte délégation – quelle indécence dans ce pays où la dépense quotidienne devient un casse-tête pour des millions de compatriotes ? –, il répond que ça ne coûte pas très cher et que certains de ces avions ont été gracieusement mis à sa disposition par des amis qui avaient des compagnies aériennes. Des amis, certainement comme ceux de son père qui avaient pris en charge la rocambolesque rénovation de l’avion de commandement ! Nous en avons assez de ces amis sans visage. Des avions mis à la disposition de Karim Wade et à lui seul ! Pourquoi pas à la disposition de Talla Sylla ou de Aly Haïdar ? Ce geste de générosité sélective, s’il a existé, est manifestement suspect.
Karim Wade ment donc manifestement à propos de sa fortune et de ces avions qui lui seraient prêtés. Il ment à propos des explications qu’il a données sur la gestion de l’Anoci. Il ne nous prend vraiment pas au sérieux quand il ose prétendre que « c’est l’une des agences les mieux gérées au Sénégal ». Cette agence, qui est une monstruosité en matière de bonne gouvernance, ne peut pas être bien gérée. Une agence domiciliée au cœur de la présidence de la République, et ayant comme pilote et copilote le fils du président et le Secrétaire général de la présidence de la République, ne peut être qu’un symbole de mauvaise gestion. Ce monstre n’existe dans aucune démocratie avancée. Karim Wade nous prend aussi pour des moins que rien quand, chaque fois, pour nous convaincre, il allègue que les milliards de l’Anoci ne sont pas directement ceux de l’Etat, mais bien ceux des bailleurs de fonds. C’est ainsi que, pour se dédouaner des huit milliards de dépassement du budget initial du fameux tunnel, il nous jette à la figure que l’excédent n’a pas été pris en charge par le budget national, mais par le Fonds koweitien. Et alors ? Qui d’autre que le contribuable sénégalais va-t-il payer ces huit milliards et tous les autres qui sont engloutis dans l’Anoci ?
Karim Wade est revenu plusieurs fois, comme un leitmotive, sur le rapport financier et le rapport d’activités qu’il va déposer auprès du président de la République. Au doute exprimé par l’un des journalistes sur la suite qui pourrait être réservée à de tels rapports par le président Wade, Wade fils a le toupet, vraiment le toupet de répondre que « le président de la République a des principes et des valeurs et que les Sénégalais le connaissent » et que, s’il était en faute, il n’hésiterait pas à le sanctionner. Quel gros mensonge ! Oser prétendre que Me Wade que nous pratiquons depuis bientôt dix ans a des valeurs et des principes ! Des deux choses l’une : où ce garçon ne connaît vraiment pas son président de père, où il nous prend pour de sacrés imbéciles. Nous voyons quand même Me Wade à l’œuvre depuis déjà de longues années ! Nous connaissons surtout sa position par rapport à la corruption et à la mauvaise gestion qu’il entretient manifestement ! Il ferme carrément les yeux sur les différents forfaits des hommes et des femmes de sa mouvance, notamment des chefs de collectivités locales. Il recycle sans état d’âme les plus mauvais gestionnaires du Parti socialiste et les nomme au niveau le plus élevé de l’Etat et de son Parti. Son nom est cité dans des affaires les plus louches et les plus nauséabondes, affaires dont la moins grave lui coûterait au moins la destitution dans une démocratie normale. Avec un tel homme, que vaudront les rapports financiers et d’activités que son fils chéri va déposer entre ses mains ?
A propos des hôtels en construction sur le domaine maritime, il donne aussi des explications qui ne convainquent que ses vassaux, les « conrcétistes ». Ce sont des investisseurs étrangers qu’ils (son jumeau et lui) sont allés chercher qui les construisent, et que ce n’est pas l’Anoci qui leur a donné les terrains mais bien le service des domaines. Bien sûr ! Tout le monde le sait, ça. Mais, c’est sur injonction du père et du fils que le service des domaines s’exécute. Et puis, dans quelles conditions les terrains sont-ils mis à leur disposition ? Leur sont-ils vendus ou cédés sous forme de bail ? Qui sont ces investisseurs sans visage ? Où Karim Wade et son jumeau les ont-ils dénichés ? Pourquoi eux et pas d’autres ? Les Wade peuvent-ils nous donner des assurances quant à l’origine de ces centaines de milliards qui sont investis chez nous ? Et si ces milliards étaient de l’argent sale à recycler ? Peut-on nous certifier que, tout au long du processus, il n’y a eu de valisettes bourrées de fric nulle part ? C’est à ces questions-là qu’il convient que les Wade répondent. Sinon, le reste n’est que blabla dont nous ne saurions nous contenter.
Karim Wade nous annonce aussi l’arrivée massive des investisseurs arabes. Les arabes, encore les arabes, toujours les arabes ! Mais, qu’ont-ils de vraiment plus attrayant que les investisseurs potentiels des autres pays riches ? Où sont les Français ? Les Allemands ? Les Japonais ? Les américains ? Les Canadiens ? Les Anglais, etc ? Il est vrai que les concitoyens de ces derniers sont très regardants par rapport à l’utilisation à l’étranger du moindre euro, du moindre yen, du moindre dollar, de la moindre livre. L’attrait irrésistible des Arabes sur les Wade, c’est probablement la souplesse et la compréhension dont ils feraient montre dans les affaires. Ils seraient surtout particulièrement généreux – Abdoulaye Baldé ne dira pas le contraire – et ne sont pas astreints, comme les premiers, à justifier les milliards qu’ils investissent à l’étranger. Nous avons donc besoin de savoir qui vient investir, dans quelle condition il investit et quelle est l’origine de son argent. Nous devons surtout veiller à ce que notre pays ne devienne pas la destination préférée de l’argent sale venu d’on ne sait où.
Karim Wade a aussi « catégoriquement » réfuté l’idée selon laquelle il convoquerait des ministres. « Je n’ai jamais convoqué un ministre, je n’ai jamais convoqué un fonctionnaire. En général, je ne donne pas des instructions », a-t-il répondu. Ce garçon ne sait peut-être pas qu’il est suivi tous les jours, pas à pas. Il a des conseillers spéciaux sur l’étendue du territoire national et dont on se demande d’ailleurs, au fond, sur quel budget ils émargent. Il compte dans son entourage des ministres qui le représentent dans des cérémonies, courent derrière ses cortèges et crient à tue-tête son miraculeux nom. Des ministres qui ne seraient même pas membres d’un cabinet ministériel dans une démocratie qui se respecte. L’un de ses ministres vassaux, Mme Innocence Ntap Ndiaye, qui souhaite la mort à tous ceux qui n’aimeraient pas son mentor, a eu à déclarer ce qui suit : « Même dans mes rêves les plus profonds, je n’ai jamais pensé à cette nomination au poste de ministre. » Mme le Ministre d’Etat – oui, elle sera bien Ministre d’Etat quelques mois après – faisait cette déclaration, en larmes, lors d’un meeting de remerciement au président de la République, tenu au Quartier Tilène de Ziguinchor, le samedi 7 juillet 2007. Ce sont de tels personnages qui grouillent et grenouillent autour de Karim. Ce dernier en dispose comme il veut, peut les convoquer, les envoyer, etc.
Un autre mensonge de Karim Wade, c’est lorsque l’un des journalistes évoque son éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2012. Il balaie d’un revers de main et affirme, comme pour dire que cela n’a rien d’inédit : « Je connais de grandes démocraties citées dans le monde en exemples où le fils succède à son père. » Il ment, il ne connaît aucun exemple de ce type dans le monde démocratique. S’il pense Georges W. Bush, il se trompe. Ce dernier est devenu président des USA, huit ans après le départ du pouvoir de son père. Et c’est lui qui s’est frayé son propre chemin en devenant, entre temps, le gouverneur de l’important Etat du Texas. Son père, même aux affaires, ne pourrait rien pour lui. Des successions directes de fils à leurs pères sont possibles au Congo, en Guinée équatoriale, en Lybie, au Gabon, etc. Ce n’est possible nulle part ailleurs dans une démocratie qui se respecte.
A la question de savoir s’il envisageait de perdre les élections locales qui se préparaient pour le surlendemain, il répond, catégorique : « Je suis un gagnant, je suis un battant ; je suis quelqu’un qui n’a jamais perdu dans la vie, que ce soit professionnel ou lorsque je faisais les études. Pour moi, il n’y a pas de défaite possible. » Nous avons vraiment intérêt à nous méfier comme de la peste de ce garçon qui se prend déjà pour un dieu. Je pensais naïvement qu’il n’était donné qu’à Dieu de réussir toutes Ses Entreprises. Karim Wade est donc plus qu’un homme normal, plus qu’un prophète. C’est la perfection, l’infaillibilité, puisqu’il réussit tout ce qu’il entreprend. C’est donc un dangereux concurrent à Dieu. Il est vrai qu’avec sa grosse fortune, xama tul lu ko të : il se croit capable de décrocher la lune. Heureusement que les électeurs lui ont apporté le démenti le plus cinglant et l’ont fait descendre sans ménagement de son Olympe. Ce lundi 23 mars 2009, il devrait se trouver, avec son père, dans leurs tout petits souliers. Tous les deux se sont engagés à fond dans les élections locales du 22 mars 2009. Ils ont décrété l’inexistence de l’opposition qu’ils n’ont rencontrée nulle part dans leur bruyante randonnée à travers le pays et ont prédit une victoire écrasante à leur coalition. A l’arrivée, ils ont tout perdu. S’ils étaient tant soit peu habités par le ngor et le jom, qui sont la marque distinctive des grands hommes, des hommes de bien, ils tireraient de leur cuisante défaite la seule leçon qui vaille : la démission immédiate de leurs fonctions. Il est vrai que, de ces gens-là, on ne devrait s’attendre à rien de grand et de noble.
mody niang