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Kébémer : Une commune en panne d’imagination

En délibérant sur le projet de budget de 2025 de la Commune, les autorités municipales auraient dû présenter leurs excuses aux Kébémeroises et aux Kébémérois, pour leur gestion catastrophique. Avant de revenir sur le projet de budget, il y a lieu de rappeler que le budget est un exercice de planification, par lequel, l’administration parvient à identifier les objectifs et les moyens pour les atteindre.


Rédigé par leral.net le Lundi 6 Janvier 2025 à 17:55 | | 0 commentaire(s)|

Kébémer : Une commune en panne d’imagination
« Un des principes qui fondent un budget, est sa sincérité. En effet, un budget doit être basé sur les possibilités réelles de mobilisation, sans exagération, ni augmentation des prévisions de recettes et des dépenses. Ce budget présenté au Conseil municipal et probablement adopté, est loin des standards en matière de préparation de budget, tant sur le plan de la forme que sur le fond.

Sur la forme, le budget ne recoupe pas les préoccupations des jeunes, des femmes et des artisans. Les secteurs à même de soutenir les couches les plus vulnérables, sont délaissés, notamment ceux générateurs de revenus.

On se contente simplement de reproduire les différentes rubriques chaque année, sans se préoccuper aucunement de l’évolution économique et sociale de la ville.

D’ailleurs, comment peut-on élaborer un budget sans indiquer les taux de réalisation de l’année écoulée, qui doivent constituer la référence ? Ces données omises à dessein ou par incompétence sur la situation d’exécution budgétaire, sont le signe que les règles élémentaires d’élaboration d’un budget ne sont pas respectées.

Le budget 2025 de la Commune de Kébémer est évalué en recettes et dépenses, à 607 millions FCfa, dont 37% en dépenses d’investissement. Si on le compare aux années passées, on observe une baisse tendancielle des ressources, depuis 2021.

Cette baisse est illustrée par les produits du budget de fonctionnement, qui sont passés de 575 millions FCfa en 2021, à 380 millions en 2025. Il en est de même du budget d’investissement, qui continue à stagner autour de 200 Millions FCfa par an, encore qu’en réalité, une chute drastique des investissements est notée. D’ailleurs, le montant indiqué sur le budget d’investissement n’est qu’une illusion. Le report de crédit de 90 millions FCfa qui le sous-tend, ne correspond à aucune réalité, dès lors que les ressources sont en baisse constante. En fait, le budget d’investissement réel est de 137 millions FCfa, soit 22% en valeur relative. Une somme très dérisoire pour les besoins en investissement de la ville.

Si on examine le détail des produits du projet de budget, on observe une baisse continue des ressources propres depuis des années. Les produits d’exploitation et les produits domaniaux ont baissé respectivement, de 19% et de 18%. On constate que la Commune n’est même pas capable de recouvrer les recettes attendues. En réalité, les autorités municipales ont baissé les bras depuis des années, se contentant de gérer le quotidien.

Sur les rubriques de dépenses, je vais citer un seul exemple : Alors que la ville ne dispose que d’un tracteur, la rubrique ateliers et garage est dotée d’un budget conséquent de 30 millions de francs Cfa environ. Sur le budget d’investissement, la situation est semblable. Il n’y a aucune réalisation concrète. On se contente de reporter des investissements irréalisables, faute de ressources.

Les projets d’extension des réseaux électriques et d’eau sont toujours dotés, sans qu’aucune évaluation n’ait été faite sur le nombre de mètres linéaires réalisés. Je m’en arrête là. Il n’y a pas lieu d’énumérer toutes les incohérences relevées dans ce budget. Pour conclure sur ce point, il y a lieu d’attirer l’attention des autorités administratives chargées de son approbation, que ce budget en dégradation continue n’est pas sincère.

Si vous vous promenez en ville, vous constaterez aisément son impact sur le fonctionnement des infrastructures communales : un marché engorgé et menaçant ruine, une voirie sans programme d’entretien ou de réhabilitation, une gare routière très mal entretenue, une décrépitude des bâtiments municipaux, une place de l’Indépendance, place symbole, jadis réputée par sa beauté et très enviée par les autres communes, transformée en terrain de jeu et enfin, une salle des fêtes sans aucune commodité.

Sur le plan social, culturel et éducationnel, le budget ne prévoit aucune dotation en fournitures scolaires et aucun soutien à la formation des jeunes, des femmes et des artisans. Les factures d’eau des écoles ne sont plus prises en charge par la mairie, en attestent de récurrentes coupures dans certaines écoles.

Sur le volet santé, KEBESANTE qui constitue une réussite indéniable, avec plus de 3 000 consultations par an, est très peu soutenue.

En ce qui concerne l’environnement, la saleté encombre les rues, heureusement que la SONAGED et les populations viennent en appoint. Les animaux domestiques ont fini d’envahir la ville, vadrouillant dans la saleté et les tas d’immondices, laissant pantois les autorités municipales, qui se contentent d’observer une dégradation du cadre de vie sans réaction.

La ville de Kébémer, est en réalité, une ville en faillite.

Pourtant, la commune de Kébémer est un carrefour, bien positionnée sur la RN2, à 150 km de Dakar. A l’ouest, il y a Lompoul avec la mer, le maraichage, le tourisme et les mines. A l’Est, Touba présente un marché important. La ville ne profite pas de ses atouts.

Les populations qui y habitent malgré tout, sont dans l’effort continu. C’est grâce à leur résilience et à leur volonté, qu’elles parviennent à s’en sortir, de par leurs propres moyens. Elles n’ont pas tort. Elles n’ont rien à attendre de la Commune.

Les atouts de la ville, je le répète, ne sont pas du tout exploités. Les possibilités de faire de cette ville, un pôle économique et culturel attractif, sont ignorées. Un plan communal de développement bien étudié et bien pensé, avec les compétences locales et de la diaspora, aurait permis de mettre en place une planification stratégique, capable de dégager une vision à long terme.

Il ne faudra pas se voiler la face. Kébémer est une des rares communes, sinon la seule du Sénégal, à voir chaque année, son budget baisser. On est train d’observer un déclassement de la Commune. D’une commune urbaine depuis les années 50, elle est en passe de devenir une communauté rurale.

Les populations de Kébémer, surtout les jeunes, doivent refuser ce fatalisme, un autre destin est possible.
Le temps du sursaut est arrivé. »






AMADOU KEBE
AND SUXALI KEBEMER


Ousmane Wade