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Les autorités kényanes ont de leur côté fait état d'un mort et de quatre blessés et le ministre de l'Intérieur, Joseph Nkaissery, a qualifié de pure "propagande" le bilan avancé par les islamistes.
"L'armée et la police contrôlent totalement la situation et une opération majeure est en cours", a assuré le chef de la police, Joseph Kipchirchir Boinnet, dans un communiqué publié dans la soirée. "Tous les policiers manquants ont été retrouvés (...)", a-t-il affirmé.
Selon des sources policière et sécuritaire, les policiers ont été victimes d'une embuscade alors qu'ils étaient en patrouille. L'attaque est survenue en deux temps dans la nuit de lundi à mardi près de la frontière somalienne dans les environs du village de Yumbis, à quelque 70 km au nord-est de Garissa.
Selon ces mêmes sources, un engin piégé a d'abord explosé au passage d'une patrouille de police, suivi de brefs échanges de tirs. Un convoi de quatre véhicules de police a été envoyé en renfort et est tombé dans une embuscade. Les quatre véhicules ont été détruits par des tirs de lance-roquette RPG des assaillants.
Une source policière s'exprimant sous couvert d'anonymat a expliqué que l'incident avait eu lieu "dans la zone la plus isolée de Garissa, pas très loin de la frontière avec la Somalie", justifiant les "difficultés à avoir des informations précises".
- Raids shebab -
L'attaque attribuée aux shebab est intervenue quelques jours seulement après un nouveau déploiement de forces de sécurité kényanes dans la région, visée par plusieurs raids des islamistes liés à [Al-Qaïda]url:https://fr.news.yahoo.com/al-qaida/ ces dernières semaines.
La semaine dernière, le village de Yumbis lui-même avait déjà été le théâtre d'une incursion shebab: selon la presse kényane, les insurgés, lourdement armés, avaient donné une leçon d'islamisme aux habitants et hissé leur drapeau sur un poste de police laissé à l'abandon. Un incident similaire avait eu lieu dans une mosquée de la zone quelques jours plus tôt.
La région de Garissa, comme les autres zones kényanes frontalières de la Somalie - Mandera, Wajir et jusqu'à Lamu et Mombasa sur la côte -, sont le théâtre d'attaques récurrentes, d'ampleur variable, des shebab.
Les islamistes, qui avaient aussi revendiqué l'attaque sanglante du centre commercial Westgate de Nairobi (67 morts en septembre 2013), ont promis une guerre impitoyable au Kenya tant qu'il ne retirerait pas ses troupes lancées dans le sud somalien à leur poursuite fin 2011.
Voisines d'une Somalie livrée au chaos depuis plus de deux décennies, dont elles sont séparées par 700 km de frontière poreuse, ces régions de l'Est kényan, pauvres, longtemps négligées, peuplées majoritairement de somali et de swahili musulmans stigmatisés, sont devenues une cible privilégiée des islamistes: ils y trouvent relais, terreau propice à la radicalisation et pour toute opposition un appareil sécuritaire souvent faible et corrompu.
Depuis l'attaque contre l'université de Garissa le 2 avril, dans laquelle 142 étudiants ont trouvé la mort, la zone est restée particulièrement instable.
Pour tenter d'endiguer les attaques islamistes - en 2014, des raids sanglants menés à Mandera et Lamu avaient déjà fait plus de 160 morts -, les autorités ont promis de renforcer la sécurité, et même de construire un mur ou des pans de mur le long de la frontière pour empêcher les incursions shebab.
Ces annonces laissent sceptiques les analystes, convaincus que des cellules shebab sont déjà implantées au Kenya, où elles recrutent et opèrent sans avoir besoin de passer la frontière. Les observateurs dénoncent même, en général, une politique kényane contre-productive en matière de contre-terrorisme, et notamment une stigmatisation des populations somali et musulmanes qui ne fait qu'exacerber les tensions.
afp