Depuis une quinzaine de jours environ, un nouveau produit le« Khess Petch » a fait son apparition sur les panneaux publicitaires de la capitale sénégalaise. La première image du voyageur qui débarque à Dakar par l’aéroport LSS, est ce panneau publicitaire qui vante les mérites du Xeesal en faisant la promotion de ce nouveau produit qui éclaircit la peau en 15 jours. En parcourant la capitale sénégalaise, on ne dénombre pas moins de 100 panneaux publicitaires de 12 m2. Le coût de la production et de l’affichage de ces panneaux est de 5.000.000 de francs CFA soit l’équivalent de la somme dépensée pour effectuer 100 séances d’IEC sur les méfaits de la dépigmentation artificielle.
Ce produit comme son nom l’indique a des propriétés dépigmentantes. Sa particularité résiderait dans la rapidité de ses effets : un éclaircissement de la peau en 15 jours.Rien d’étonnant puisqu’il s’agit d’un corticoïde de forte activité : le propionate de Clobetasol. Or cette substance est un médicament utilisé couramment en dermatologie pour le traitement de nombreuses dermatoses aigues ou chroniques et comme tout médicament ne devrait être dispensé que sur prescription médicale ! Un tube de « Khess Petch » de 50g coûte 1000 F CFA dans une boutique spécialisée en cosmétiques au marché de Yoff ; l’équivalent de ce même produit est vendu en officine en tube de 30g au prix de 3700 FCFA !
L’ordre des pharmaciens et l’ordre des médecins devraient s’offusquer que le boutiquier du coin exerce leur métier en toute illégalité. Au-delà des ordres professionnels de la santé c’est le Ministère de la Santé qui est interpellé. Son autorité est rudement malmenée par toutes ces publicités mensongères sur des produits sanitaires.
Mais que les consommatrices ne se leurrent surtout pas « Khess Petch » n’est pas différent des autres cosmétiques dépigmentants commercialisés sur le marché sénégalais : « Vit Fée », « L’abidjanaise », « Euro » ; ils sont tous fabriqués à base de corticoïdes.
Pour en revenir au produit « Khess Petch », il contient en outre des substances allergisantes comme le propylène glycol et le parabène mais aussi le clotrimazole un autre médicament actif sur les mycoses. Par ailleurs sur l’emballage du produit, très attrayant du reste, figurent certaines indications dermatologiques telles que l’eczéma, le psoriasis, les allergies cutanées. Enfin, le produit aurait la capacité de « restaurer les conditions physiologiques cutanées rapidement ». Ce qui est tout à fait contraire à la réalité. En effet les corticoïdes provoquent à la longue une fragilité cutanée, une destruction des fibres élastiques, une inhibition de la synthèse de la mélanine…. Nous ne reviendrons pas ici sur les risques sanitaires encourus par l’usage au long cours de ces médicaments (eh oui ces corticoïdes sont bien des médicaments), puisque les professionnels de la santé largement relayés par les médias les ont déjà rapportés. Cependant, il est nécessaire de rappeler que récemment, le 02 Juin 2012, l’association A.I.I.D.A organisait, en partenariat avec l’association Nationale des randonneurs pédestres, une randonnée piétonnière pour le retrait des corticoïdes du marché des cosmétiques en raison justement des nombreuses complications médicales associées à l’usage des corticoïdes. Au cours de cette randonnée pédestre activement soutenue par le Ministère de la Santé et de l’action Sociale un rapport d’expertise sur la dépigmentation artificielle communément appelée xeesal était remis aux autorités sanitaires.
Trois mois après, une publicité, présente un médicament le propionate de Clobetasol comme un produit cosmétique. Or, comme toute spécialité pharmaceutique, ce produit est régi par la loi 65-33 du 19 mai 1965 du Code de la Santé Publique relative à la préparation, à la vente et à la publicité des spécialités pharmaceutiques. A ce titre, le Ministère de la santé est interpellé pour le retrait de « Khess Petch » mais également de tous les cosmétiques à base de dermocorticoïdes du marché sénégalais. Les textes législatifs qui réglementent les médicaments au Sénégal permettent un retrait immédiat de ces cosmétiques.
En dehors du Ministère de la Santé et de l’action Sociale, c’est la nouvelle Assemblée nationale dans son rôle de protecteur du citoyen qui devrait prendre un engagement fort pour légiférer définitivement sur la cosmétovigilance à l’instar de ce qui a été fait pour la pharmacovigilance.
Pour sa part A.I.I.D.A a pris toute sa responsabilité pour diagnostiquer et proposer un traitement de ce fléau que constitue le Xeesal.
Nous osons espérer au sein de l’association A.I.I.D.A que le Nouveau Type de Député prendra à bras le corps ce phénomène non pas en s’attaquant aux libertés individuelles (comme l’a décrété Yaya Jammeh) mais en protégeant les populations par la réglementation de la commercialisation des produits dépigmentants, en instituant une loi sur la cosmétovigilance.
La définition d’un cadre législatif adéquat permettra aux autorités douanières de disposer de garde-fous leur permettant d’effectuer en toute liberté leur travail de gardien de l’économie car le marché des cosmétiques a un impact majeur sur l’économie de la santé.
En définitive c’est la responsabilité de l’Etat qui est engagée ; pour sa part l’association A.I.I.D.A qui fête cette année ses 10 ans d’existence a sonné l’alerte. Elle n’a cessé d’interpeller les autorités de ce pays pour régler définitivement ce phénomène qui pose un véritable problème de santé publique. Certes les enjeux économiques sont colossaux, l’impact psychologique sur les pratiquantes (lié au sevrage) important mais il est plus qu’urgent, même si d’autres urgences comme les inondations préoccupent nos gouvernants, que les autorités de ce pays endossent enfin le combat de A.I.I.D.A dans l’œuvre de salubrité publique, comme nous le disait Feu le Pr Ibrahima Diop Mar, qu’elle mène. Il n’est également pas vain qu’il faille convoquer des voix outre-tombe comme celle du regretté et vénéré Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh qui comparait le xeesal à un acte de désobéissance à l’ordre divin.
Il faut, également, saluer l’engagement et le courage des médias qui n’ont cessé depuis une décennie de participer à toutes les activités d’information sur ce fléau avec une mention spéciale pour la RTS qui a diffusé, la semaine dernière, un documentaire émouvant « cette couleur qui me dérange » de Khardiata Pouye Sall et relance opportunément le débat sur ce phénomène vieux de 40 ans !
Restons mobilisés car l’espoir est permis !
Professeur Agrégé Fatimata Ly
Présidente de l’Association Internationale d’Information sur la Dépigmentation Artificielle.
Dermatologie EPS 1 Institut d’Hygiène Sociale de Dakar (ex polyclinique)
FMPOS Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Email : contactaiida@yahoo.fr
Ce produit comme son nom l’indique a des propriétés dépigmentantes. Sa particularité résiderait dans la rapidité de ses effets : un éclaircissement de la peau en 15 jours.Rien d’étonnant puisqu’il s’agit d’un corticoïde de forte activité : le propionate de Clobetasol. Or cette substance est un médicament utilisé couramment en dermatologie pour le traitement de nombreuses dermatoses aigues ou chroniques et comme tout médicament ne devrait être dispensé que sur prescription médicale ! Un tube de « Khess Petch » de 50g coûte 1000 F CFA dans une boutique spécialisée en cosmétiques au marché de Yoff ; l’équivalent de ce même produit est vendu en officine en tube de 30g au prix de 3700 FCFA !
L’ordre des pharmaciens et l’ordre des médecins devraient s’offusquer que le boutiquier du coin exerce leur métier en toute illégalité. Au-delà des ordres professionnels de la santé c’est le Ministère de la Santé qui est interpellé. Son autorité est rudement malmenée par toutes ces publicités mensongères sur des produits sanitaires.
Mais que les consommatrices ne se leurrent surtout pas « Khess Petch » n’est pas différent des autres cosmétiques dépigmentants commercialisés sur le marché sénégalais : « Vit Fée », « L’abidjanaise », « Euro » ; ils sont tous fabriqués à base de corticoïdes.
Pour en revenir au produit « Khess Petch », il contient en outre des substances allergisantes comme le propylène glycol et le parabène mais aussi le clotrimazole un autre médicament actif sur les mycoses. Par ailleurs sur l’emballage du produit, très attrayant du reste, figurent certaines indications dermatologiques telles que l’eczéma, le psoriasis, les allergies cutanées. Enfin, le produit aurait la capacité de « restaurer les conditions physiologiques cutanées rapidement ». Ce qui est tout à fait contraire à la réalité. En effet les corticoïdes provoquent à la longue une fragilité cutanée, une destruction des fibres élastiques, une inhibition de la synthèse de la mélanine…. Nous ne reviendrons pas ici sur les risques sanitaires encourus par l’usage au long cours de ces médicaments (eh oui ces corticoïdes sont bien des médicaments), puisque les professionnels de la santé largement relayés par les médias les ont déjà rapportés. Cependant, il est nécessaire de rappeler que récemment, le 02 Juin 2012, l’association A.I.I.D.A organisait, en partenariat avec l’association Nationale des randonneurs pédestres, une randonnée piétonnière pour le retrait des corticoïdes du marché des cosmétiques en raison justement des nombreuses complications médicales associées à l’usage des corticoïdes. Au cours de cette randonnée pédestre activement soutenue par le Ministère de la Santé et de l’action Sociale un rapport d’expertise sur la dépigmentation artificielle communément appelée xeesal était remis aux autorités sanitaires.
Trois mois après, une publicité, présente un médicament le propionate de Clobetasol comme un produit cosmétique. Or, comme toute spécialité pharmaceutique, ce produit est régi par la loi 65-33 du 19 mai 1965 du Code de la Santé Publique relative à la préparation, à la vente et à la publicité des spécialités pharmaceutiques. A ce titre, le Ministère de la santé est interpellé pour le retrait de « Khess Petch » mais également de tous les cosmétiques à base de dermocorticoïdes du marché sénégalais. Les textes législatifs qui réglementent les médicaments au Sénégal permettent un retrait immédiat de ces cosmétiques.
En dehors du Ministère de la Santé et de l’action Sociale, c’est la nouvelle Assemblée nationale dans son rôle de protecteur du citoyen qui devrait prendre un engagement fort pour légiférer définitivement sur la cosmétovigilance à l’instar de ce qui a été fait pour la pharmacovigilance.
Pour sa part A.I.I.D.A a pris toute sa responsabilité pour diagnostiquer et proposer un traitement de ce fléau que constitue le Xeesal.
Nous osons espérer au sein de l’association A.I.I.D.A que le Nouveau Type de Député prendra à bras le corps ce phénomène non pas en s’attaquant aux libertés individuelles (comme l’a décrété Yaya Jammeh) mais en protégeant les populations par la réglementation de la commercialisation des produits dépigmentants, en instituant une loi sur la cosmétovigilance.
La définition d’un cadre législatif adéquat permettra aux autorités douanières de disposer de garde-fous leur permettant d’effectuer en toute liberté leur travail de gardien de l’économie car le marché des cosmétiques a un impact majeur sur l’économie de la santé.
En définitive c’est la responsabilité de l’Etat qui est engagée ; pour sa part l’association A.I.I.D.A qui fête cette année ses 10 ans d’existence a sonné l’alerte. Elle n’a cessé d’interpeller les autorités de ce pays pour régler définitivement ce phénomène qui pose un véritable problème de santé publique. Certes les enjeux économiques sont colossaux, l’impact psychologique sur les pratiquantes (lié au sevrage) important mais il est plus qu’urgent, même si d’autres urgences comme les inondations préoccupent nos gouvernants, que les autorités de ce pays endossent enfin le combat de A.I.I.D.A dans l’œuvre de salubrité publique, comme nous le disait Feu le Pr Ibrahima Diop Mar, qu’elle mène. Il n’est également pas vain qu’il faille convoquer des voix outre-tombe comme celle du regretté et vénéré Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh qui comparait le xeesal à un acte de désobéissance à l’ordre divin.
Il faut, également, saluer l’engagement et le courage des médias qui n’ont cessé depuis une décennie de participer à toutes les activités d’information sur ce fléau avec une mention spéciale pour la RTS qui a diffusé, la semaine dernière, un documentaire émouvant « cette couleur qui me dérange » de Khardiata Pouye Sall et relance opportunément le débat sur ce phénomène vieux de 40 ans !
Restons mobilisés car l’espoir est permis !
Professeur Agrégé Fatimata Ly
Présidente de l’Association Internationale d’Information sur la Dépigmentation Artificielle.
Dermatologie EPS 1 Institut d’Hygiène Sociale de Dakar (ex polyclinique)
FMPOS Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Email : contactaiida@yahoo.fr