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Kofi Annan appelle el-Assad à agir d'urgence

Rédigé par leral.net le Mercredi 30 Mai 2012 à 09:16 | | 0 commentaire(s)|

En mission à Damas, Kofi Annan a exhorté mardi Bachar el-Assad à prendre des « mesures courageuses » pour appliquer « pleinement » le plan de sortie de crise de l'ONU.



En mission à Damas, Kofi Annan a exhorté mardi Bachar el-Assad à prendre des «mesures courageuses» pour appliquer «pleinement» le plan de sortie de crise de l'ONU, en particulier le retrait de l'armée des villes et la libération des insurgés arrêtés depuis le début de la révolte contre le régime syrien. Mais, selon la télévision officielle, el-Assad lui a répondu que le succès de son initiative dépendait de «la fin du terrorisme (…) et de l'arrêt de la contrebande d'armes». Allusion au rôle que jouent l'Arabie saoudite et le Qatar, qui alimentent en armes - via le Liban - les opposants au pouvoir syrien.

«J'ai besoin que le président (el-Assad) agisse maintenant, et que les autres partis fassent leur part du travail», a déclaré M. Annan lors d'une conférence de presse à Damas, après le massacre de Houla, où 108 personnes ont été tuées vendredi soir. Un massacre condamné dès samedi par le Conseil de sécurité de l'ONU après «les bombardements par les chars et l'artillerie gouvernementale». «Moins de 20 des 108 assassinats peuvent être attribués à des tirs d'artillerie et de chars», a précisé mardi un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme. Pour Rupert Colville, «la plupart des autres victimes (…) ont été sommairement exécutées lors de deux incidents différents», qui ont été perpétrés par des chabiha, les miliciens prorégime. Parmi les tués figurent 49 enfants et 34 femmes. «Et le bilan risque d'augmenter», prévient Rupert Colville. «Les miliciens alaouites sont entrés dans les maisons des dirigeants de l'Armée syrienne libre, et ils se sont acharnés contre leurs enfants», affirme l'opposant Kamal Labouani, de passage à Paris. Depuis, «je suis en contact avec des opposants à Houla qui ne parlent que de vengeance contre les chabiha», s'alarme M. Labouani.

Damas, qui impute ces «violences terroristes» à des activistes islamistes, s'est efforcé de convaincre Kofi Annan de sa version des faits, comme ce dernier a pu s'en rendre compte, dès son arrivée lundi, lors de sa rencontre avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid el-Mouallem. Ce dernier expliqua à son hôte «la vérité sur ce qui se passe en Syrie et les attaques contre l'ordre qui visent à semer le chaos», selon l'agence officielle Sana. «Ceux qui sont responsables de ces crimes brutaux devront en répondre», avait assuré Kofi Annan, avant d'arriver à Damas. Ce mercredi, le régime doit publier les résultats d'une commission d'enquête conjointe armée justice, qu'il a mise en place après la tragédie de Houla. M. Annan, qui effectue sa deuxième visite en Syrie depuis le début de son mandat, en mars, doit également rencontrer des représentants de l'opposition et de la société civile.

Dialogue de sourds
Alors que la violence a encore fait au moins 19 tués mardi à travers le pays, la rencontre el-Assad-Annan peut-elle être autre chose qu'un dialogue de sourds? Après le drame de Houla et les pressions redoublées sur Damas, certains voient dans la récente décision du président russe, Vladimir Poutine, d'ordonner à un cargo transportant des armes en Syrie de rebrousser chemin un signal fort que son allié syrien ne peut désormais plus ignorer. «Bachar est coincé, veut croire un collaborateur de Kofi Annan. Il pourrait céder sur un ou deux points, que ce soit le renforcement de la mission des observateurs déployés sur place ou la création de corridors humanitaires.»


Par Georges Malbrunot