La République Démocratique du Congo (RDC) traverse des défis majeurs en matière d’éducation, de sécurité et de justice sociale. Parmi ces défis, l’émergence des « kulunas », ces jeunes délinquants souvent impliqués dans des actes de violence, est un problème récurrent dans plusieurs grandes villes du pays, notamment Kinshasa. Ces jeunes, issus de milieux souvent défavorisés, symbolisent en quelque sorte les conséquences d’une éducation absente, d’un système de protection sociale défaillant et d’une crise structurelle de l’État.
L’État comme garant de l’éducation
Dans un État de droit, l’éducation est un droit fondamental. L’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que « toute personne a droit à l’éducation ». En RDC, cependant, ce droit est compromis par l’instabilité politique, les conflits armés, la pauvreté et un manque d’infrastructures adéquates. L’éducation reste une promesse lointaine pour une grande partie de la population, notamment dans les zones rurales et les quartiers urbains précaires.
L’État, en tant que garant de l’éducation, se doit de mettre en place les conditions nécessaires pour que chaque enfant puisse bénéficier d’une éducation de qualité, quels que soient ses origines sociales et géographiques. Mais dans un pays où les écoles sont souvent mal financées, où le nombre d’enseignants qualifiés est insuffisant, et où les enfants sont parfois contraints de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles, cette promesse reste une utopie pour des millions d’enfants congolais.
Le phénomène des Kulunas : un miroir des échecs de l’État congolais.
Les « kulunas » sont souvent décrits comme des jeunes des quartiers populaires de Kinshasa et d’autres villes qui se retrouvent pris dans un cycle de violence, de marginalisation et de désespoir. Leur comportement, souvent agressif et délinquant, est perçu par certains comme une réponse à l’abandon systémique de l’État, à la pauvreté, au manque d’opportunités et à l’absence d’éducation.
Ces jeunes ne sont pas nés criminels. Ils sont le produit d’un environnement où l’accès à l’éducation et à des opportunités de développement personnel est limité. Ils sont, en quelque sorte, les enfants de l’inefficacité d’un système éducatif qui échoue à répondre à leurs besoins fondamentaux.
Au lieu de traiter les kulunas comme des criminels, il est impératif de comprendre que la délinquance juvénile, dans ce contexte, n’est qu’une conséquence d’une éducation défaillante, d’un chômage élevé et d’une exclusion sociale. L’État, qui devrait être leur protecteur, se retrouve souvent à les considérer comme une menace à la sécurité publique, sans chercher à résoudre les racines profondes du problème.
L’État doit-il condamner à la mort ses enfants ?
La question posée, à savoir si l’État doit « condamner à la mort » ces jeunes, est extrêmement provocante, mais elle soulève une interrogation essentielle sur le rôle de l’État dans la protection et la réinsertion des jeunes en difficulté.
En réponse, il est évident que l’État ne peut pas et ne doit pas condamner à la mort ses enfants, qu’ils soient des victimes de la pauvreté, de l’ignorance ou de la violence. La véritable responsabilité de l’État consiste à leur offrir une alternative : un système éducatif fonctionnel, des programmes de réinsertion sociale, des opportunités économiques et des structures de soutien psychologique. Plutôt que de faire de la répression une solution, l’État devrait investir dans la prévention, la réhabilitation et la création d’opportunités pour ces jeunes. La mort, qu’elle soit physique ou sociale, ne doit pas être une option pour un enfant, qu’il soit délinquant ou non.
L’urgence d’une réforme profonde
L’État congolais se trouve à un carrefour crucial. S’il veut éviter de « condamner à mort » ses enfants, il doit repenser son modèle éducatif, social et économique. Les kulunas ne sont pas une menace à éliminer, mais des victimes d’un système qui a failli à ses devoirs. Investir dans l’éducation, dans des politiques publiques inclusives et dans des programmes de réinsertion est non seulement une obligation morale, mais aussi une nécessité pour l’avenir de la RDC.
Le ministre de la Justice, héro ou inconscient des prérogatives de l’état envers les jeunes ?
SALL MAMADOU OUMAR,PATRIOTE PASTEF NORMANDIE.
Source : https://www.xalimasn.com/letat-leducation-et-le-ph...